Compte rendu de mon premier vrai voyage à vélo (c'est-à-dire sans assistance).
Les photos viendront par la suite.Tout est parti d'un pari un peu fou avec un ami : Au départ il s'agissait d'aller trouver le refuge (cabane) du Grand Pot. Puis l'idée saugrenue (?) nous est venue d'y aller en vélo (peu importe la position, pourvu qu'on ai l'ivresse). Jusque là rien d'extraordinaire, ..... sauf que:
1. Le refuge se situe dans le Vercors, au dessus de Corrençon
2. nous sommes à St-Etienne, à 150km de là...
3. il est "caché" et ne figure sur aucune carte. Les coordonnées GPS sur le Web sont systématiquement modifiées et/ou effacées....
(et je partage ce point de vue, la recherche n'en est que plus exitante)4. le temps se rafraîchit de + en +... hors le refuge est à 1700m.
Ayant scruté le web et les cartes IGN (et autres) à l'affût du moindre indice, la cabane fut localisée, et il ne restait plus qu'à y aller.
C'est comme ça qu'on s'est retrouvés chargés de 25-30kg de bagages chacun, un mardi à 5h00 du mat'. avec comme objectif d'aller passer la nuit suivante de l'autre coté du Rhône...
Pré-départ:
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Mardi 27 octobre. 4h30. J'ai 8km de "chauffe" avant de rejoindre St-E, l'occasion de vérifier que le trike va tenir le coup.
Dès le départ, faire faire un 1/2 tour au trike en le levant par le porte-bagages apparaît bien plus difficile (lourd !) que d'habitude... «oups, c'est pas gagné» me dis-je. 2 (très) grosses cotes plus loin j'apprécie le 26/34 et je reprends espoir: même si doucement, "ça grimpe aux arbres".
Puis descente sur St-E.
Au début, pas trop de pb: Le Cruiser est loin d'être un modèle de rigidité, mais se comporte honorablement. La pente s'accroissant et la vitesse augmentant, il devient rapidement difficilement contrôlable... là je ne fais pas le fier et me dis que j'ai sans doute "poussé le bouchon un peu loin" niveau chargement.... ça devient de pire en pire,.......et.....flap, flap, flap je me rends compte que je suis à plat de l'ar. Ouf ! ce n'est "que" ça. Par contre, pas glop de sortir la roue ar avec tout le barda sanglé autour. Ce sera finalement trike couché sur le coté qui sera la meilleure position pour retirer le morceau de verre coupable et réparer.... de nuit, à la frontale, avec T° négative... :-(
Le Pilat:
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Saint-Etienne, 5h30. On attaque dans le noir et le froid la montée pour Le Bessat (Alt.1200). Montée longue mais magique avec les étoiles et le jour qui se lève (le froid aussi !!). Henri, qui a un bien meilleur niveau que moi, commence à s'inquiéter de ma faible vitesse ascensionnelle :
«- on va pas y arriver à cette vitesse».
«- t'inquiète........! »
Au sommet (col), pose et photos car superbe vue sur toute la chaîne des Alpes et du Vercors .... «c'est là-bas qu'on va !...»
On s'habille "chaud" et on attaque la descente... à "donf", comme d'hab' !
Au fur et à mesure qu'on descend, on rentre dans la forêt et froid & humidité nous incitent à "y aller mollo". De plus, le Trike semble avoir pas mal de balourd sur l'arrière, et la remorque (artisanale) d'Henri sautille bizarrement derrière son VTR (Vélo Toutes Routes)... Tant pis, on verra plus tard, trop froid pour analyser quoi que ce soit !
Arrivés à Bourg-Argental, malgré les tenues d'hiver, ce sont 2 "glaçons" qui se réfugient dans un bar histoire de se "shouter" aux croissants et chocolats chauds...!!! (glaglagla....)
On repart 1/2h plus tard, avec des couleurs et remotivés.
Les voitures nous dépassent avec beaucoup d'espace, c'est cool !.. sans doute le chargement du trike qui empêche de voir ce que c'est, et les force à la curiosité.
Après les faux plats globalement descendants, on attaque la grande "descente des Barges" (si, si... c'est le nom du lieu-dit!). Le Cruiser me semble difficile à contrôler et j'ai du mal à attaquer : j'ai l'impression que la masse des bagages fait fléchir le porte-bagage et le châssis. En fait, c'est le pneu AR qui n'est pas assez gonflé (suite à la crevaison de ce matin), mais ça, je ne le comprendrai que plus tard.
Traversée de la vallée du Rhône.
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Retour à des T° "normales" (c'est à dire agréables!!). Tout se passe bien. Passé la N7 c'est une succession de petites bosses et de hameaux agréables. Il fait beau, la moyenne augmente doucement : tout va bien....
A la sortie de Bren, une plaque d'acier recouvre partiellement la chaussée que la DDE est en train de restaurer. Je passe avec juste un petit soubresaut, et comme je suis en tête (pour une fois), j'attaque la descente qui suit au "taquet"... histoire de remonter plus facilement. Arrivé en haut de la bosse suivante, ne voyant pas Henri dans mon rétro, je me dis qu'il y a un pb, fais demi-tour, et refais le chemin inverse. Lorsque j'arrive vers la "plaque DDE", je vois la remorque d'Henri avec une roue à 45°. Gloups !! La soudure tenant la roue s'est cassée lors du passage sur la plaque. Heureusement un "local" s'est arrêté pour nous aider. il nous explique qu'il habite à 1km et a tout le matos nécessaire pour réparer/ressouder. 1h plus tard, nous quittons notre sympathique "sauveur" et pouvons reprendre la route.
Comme la "préparation" du voyage a été un peu "light", arrêt courses pour casse-croute à St-Donat-sur-l'Herbasse, ajout d'un carton de victuailles sur la remorque d'Henri, puis pause miam-miam un peu plus loin.
On repart, mais le rythme est faible, et je sens que "Riton" n'avance pas (alors que normalement je n'arrive pas à le suivre): verdict: mal au ventre... :-(
Après qques pauses, arrêt à la pharmacie de St-Nazaire-en-Royans. il est ~ 17h00, et lorsqu'on annonce au pharmacien qu'on monte dormir à Corrençon ce soir, il a du mal à nous croire, puis pris de pitié, retourne nous chercher qques échantillons de produits "vitaminants" (qui a dit EPO ?). Merci m'sieur !
Le Vercors
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à 17h30 nous sommes à Pont-en-Royans et attaquons la route des petits & grands goulets (gorges de la Bourne fermées). La nuit tombe rapidement. On rallume les loupiotes. La montée de la D518 est agréable: pas trop de voitures, pas froid et une belle lune qui éclaire bien.
Puis c'est la surprise: les grands goulets sont remplacés par un large tunnel moderne. Un peu de lumière dans ce monde de nuit ;-)
... Sauf que l'on n'avait pas prévu que (outre la pente) le tunnel est un vrai "frigo": un fort vent glacial descendant nous obligera à faire une pause à mi-distance, dans un abris pour nous réchauffer. La sortie est un soulagement en même temps que le vent disparaît. Ce sera ensuite un longue montée par St-Martin-en-Vercors et la D221 (route d'Herbouilly) le long de la barre rocheuse. Coup de pompe de ma part : j'en ai marre car cette montée semble sans fin, je sens mes forces qui diminuent lentement me faisant encore plus sentir le poids du chargement. Hors, on n'est pas encore arrivés....!
Une fois la barre rocheuse franchie, on coupe par les pistes (au départ de la station de ski de fond) et on attaque la montée au Pas de la Sambue. Pistes chaotiques, mais encore praticables. Il fait nuit, il n'y a plus personne, plus un seul bruit (à part qques animaux : chevreuils, loups ?). On commence à se sentir seuls au monde. c'est cool.
Passage du Pas de la Sambue (avec un petit remontant, oui, j'avoue) alors que les herbes commencent à bien givrer. Puis descente sur Corrençon (enfin, c'est plutôt de la "montagne russe"). La fatigue aidant (motivant ?), je retrouve un peu de forces grâce à l'adrénaline et me lance "à fond" sur les pistes descendantes: tout en contre-braquage sur les cailloux/graviers.... Banzaï !!
Arrivés au golf de Corrençon, on tourne à droite, et c'est la "dernière ligne droite avant l'écurie". il est minuit. Ouarf...on a juste 7h de retard sur notre estimation...!!! :-)
Henri m'avait dit «jusqu'à Carette, la piste est roulante» et en effet elle l'est...........sur 1-2km !! Ensuite, c'est 4-5km en tout-terrain "hard" (et de nuit !) : grosses montées, feuilles mortes, boue, dévers et surtout gros cailloux/rochers. Notre vitesse se réduit encore un peu (ah bon, c'était possible ?!). Le VTR d'Henri ne motrice plus rien (toute la masse est sur la remorque et pneu typé route), et le contraint à monter à pied. De mon coté, tout en me disant que le Cruiser ne fera pas mieux, j'attaque les pentes rocheuses et suis stupéfait de voir la facilité avec laquelle le trike grimpe sur les rochers malgré les pneus "route": toute la charge à l'AR crée un appuis sur la roue motrice qui, combinée au développement très court (et au pneu ar pas trop gonflé), permet de passer quasiment partout. Il y a cependant 2-3 passages où nous sommes obligés de nous mettre à 2 pour pousser/tirer les vélos, l'un après l'autre, tellement la pente est forte.
C'est complètement exténués et gelés (il fait -5°C), que nous arrivons au refuge de Carrette, alt.1355, à 02h30
Pour ne pas déranger ceux qui dorment déjà (veinards!), on avale une compote, on déplie le duvet et ...dodo !
Le lendemain matin, on est "tout cassés" ....!! on a fait en fait pas loin de 170km.
Pour se remonter le moral Henri nous fait une Tartiflette avec un bon p'tit blanc (oui, oui, on a monté 1kg de pommes de terre, 1 reblochon, les casseroles, et une bouteille.... et c'est pas tout, mais chuuuut..!!! [Nb: on a tout ramené]).
Ensuite, on cache les vélos, on prend les bagages sur le dos, et on monte à pieds au Grand Pot, alt.1700m. Refuge trouvé facilement : Objectif atteint !!!
Soirée cool à photographier le coucher de soleil et le paysage.
Retour
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Jeudi. On aurait du se lever (très) tôt pour refaire le chemin inverse, mais pas motivés du tout... ce serait bête finalement de repartir sans profiter de la beauté du site. Du coup, nous ne récupérons les vélos que vers midi et redescendons rapidement sur Corrençon car nous sommes à cours de liquide hydratant (de l'eau, quoi !). Re-chemin typé "off-road", mais de jour cette fois, et retour à la route & à la civilisation vers 13h00.
Petit bar/restaurant réparateur, et on repart direction Grenoble chercher un train qui nous ramènera ce soir à St-E.
Le passage du plateau de villard-de-lans est magnifique et agréable (soleil), puis on attaque les gorges du Furon. ça se rafraîchit au fur et à mesure que le soleil disparaît entre les parois rocheuses.
Comme j'ai pris la peine de regonfler le pneu AR, le trike se comporte bcp mieux ce qui me permet d'attaquer fort dans la descente sur Sassenage. Encore une fois : Banzaï !!!! :-)
Une fois en bas, c'est par un super réseau de pistes cyclables et voies vertes que l'on rejoint la gare de Grenoble. Ah s'il pouvait y avoir ça chez ''les Verts''.... ;-)
Ensuite train vers St-E via Lyon (le changement à Pare-Dieu avec un trike bien chargé et un VTT + remorque non moins chargé, fut mémorable: "vive" les escaliers).
à St-E, je laisse Henri et fini les qques km qui me restent en trike.... de nuit pour changer !
21h00. Repos moussaillon !
Conclusion
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- en trike, (presque) tout est possible: distance, chargement, pistes, ...etc.
- en trike, pas de mal au dos, poignets, fesses, etc....
- pas besoin d'être un super champion pour aller loin.
- c'était dur, mais faisable et vraiment génial. À refaire.... par temps chaud !
- la prochaine fois, j'emporte mon anorak !!
- faut vraiment que je trouve un moyen pour ne plus avoir froid aux pieds....
- trike avec chargement = pneu AR haute pression, sinon difficile à contrôler en descente
- trike avec chargement = motricité impressionnante.
- éclairages à led (BBB 9 LED). Génial !! un seul jeu de piles (rechargeables) pour tout le voyage et ça éclaire suffisament.
- mieux vaut retirer le fanion en off-road/forêt, sinon il risque de rester accroché dans un sapin (snif, snif, le mien est resté sur le GR91, entre Carrette et Corrençon )
Dis, à quand c'est qu'on recommence ?!