Salut,
Comme on me demande des détails sur mon trajet Amsterdam - Strasbourg (je ne voulais pas trop en dire, mais bon c'est vrai vous avez raison), j'en donne ici!
Voici deux photos de la machine à passer les kilomètres en purée, chargée de bagages.
Donc comme dit à peu près 40 kilos de bagages.
Beaucoup de nourriture. Trop.
Peut-être trois kilos de farine grossière de très bon épeautre dont je me suis débarassé qu'à Mainz, ce qui a fait beaucoup plaisir à mon hôte - c'était trop lourd - un kilo deux de quinoa, 500g de poudre d'amandes (quinoa et lait d'amande m'ont été très utiles), du sucre de canne intégral (très utile lui aussi), un mélange de graines (noisettes, raisins secs, amandes, etc… - très utile aussi), quelques bricoles inutiles au niveau bouffe avec tout ça (un kilo de miel - vite mangé pour alléger, des barres chocolatées artisanales de très haute qualité faites par un copain - vite mangées pour alléger, et deux-trois autres bricoles).
Au niveau bouffe il est bien mieux d'acheter sur place, ce que j'ai aussi un peu fait. A condition de bien se renseigner avant, ce qui n'est pas dur non plus. Je ne referai plus cette erreur d'emmener trop de bouffe.
Au niveau matos beaucoup de vêtements, dont presque tous ont servi. Pour camper, une couverture de survie sur laquelle je pose un matelas en mousse (on le voit sur la photo), puis sac de couchage direct.
Le sac de couchage n'est pas de très bonne qualité, donc pour avoir chaud (on a presque frisé le gel certaines nuits) j'ai utilisé des vêtements efficaces (chaussettes bio en laine et lin, bonnet en laine, gants de plongée, caleçon long en coton très chaud, multiples pulls et T-Shirt, K-Way, pantalons superposés, et tout ça dans le sac de couchage. Je n'ai eu aucun problème de froid avec tout ça.
Du matériel léger pour faire la cuisine (Penny Stove à alcool, la bouteille d'alcool à brûler - ne faites pas comme moi couvez la bouteille l'alcool froid ça ne brûle pas, casserole, cuillère en chêne de ma fabrication, thermos en verre… couteau Opinel efficace).
Et deux-trois autres bricoles un peu lourdes (appareil photo - j'ai choisi le Pentax MX parce que c'est solide, compact, et ne nécessite pas de piles pour faire des photos - j'ai hésité avec l'Alsaphot D'Assas 3 SHD lui aussi compact, réveil matin mécanique jaz - ne riez pas ça a été très utile pour me réveiller alors que le froid nous pousse le matin à rester dans son sac de couchage).
J'ai dormi toutes les nuits dans la forêt, très souvent au bord du Rhin, sauf les deux nuits à Mainz.
J'ai fait une première étape Abcoude - Venlo, en partant assez tard le matin (les exif me disent 10h du mat'), et en faisant une diagonale qui évite Nijmegen (même si c'est dommage parce que Nijmegen c'est très beau - mais je suis aussi passé par de jolis coins néérlandais).
Je suis arrivé à Venlo assez tard (vers minuit), et j'ai eu un premier problème de frein (le disque avant s'est dévissé du moyeu). Je n'avais pas la clé, j'ai serré comme j'ai pu avec ma clé allen, puis réglé ça dans un magasin de vélo le lendemain.
Ensuite je suis allé en Allemagne. Le deuxième jour a été plus cool, parce que j'ai dormi, et farfouillé à Venlo, et fait réparer ce frein (des Magura Clara). J'ai un peu galéré près de la frontière allemande pour traverser un chantier sur une piste cyclable qui a été coupée sous un pont autoroutier, barricadée, et sans indications, bien sûr.
Je me suis pas laissé avoir. J'ai viré tous les bagages, passé tout ça au-dessus de la barrière. Comme le baron est très léger, j'ai pu le passer au-dessus de la clotûre sans soucis.
J'ai dormi dans un parc naturel près de Düsseldorf.
Ensuite je suis allé de Düsseldorf jusqu'aux environs de Köln. J'ai rencontré près de Köln un gars en Scorpion Fx qui m'a beaucoup aidé en me montrant le chemin.
J'avais peur à chaque bosse, et du mal à le suivre quand il montait les pentes fortes (rampes, etc… à 2km/h)
J'ai dormi près de Köln, au bord du Rhin. Très joli. Mon frein avant a montré des signes de début de déconnitude.
Le lendemain je me suis levé tard, et je me suis acharné sur la chaîne. Je suis maniaque au niveau vélo, et la chaîne était un poil trop longue, ce qui posait problème un peu sur le petit plateau avant. Donc à coups de démonte-chaîne j'ai raccourci la chaîne sans aucun souci et sans utiliser de maillon rapide (mais le démonte-chaîne est de très mauvaise qualité, j'ai pesté contre ce gaspillage absolu de métal de faire des outils de merde, et dû m'y prendre à plusieurs fois pour avoir un travail convenable).
Cela fait, je suis allé jusqu'aux environs de Koblenz, avec un frein avant qui commençait à déconner.
Le disque arrière s'est desséré. Près de Koblenz j'ai perdu presque toutes les vis du disque arrière (je n'avais pas le temps de tout le temps serrer, et pas de clé torx).
Donc j'ai enlevé le disque arrière et la dernière vis, et rangé ça soigneusement dans mes sacoches.
J'ai discuté avec un commuter très sympa et très intéressé par mon vélo.
J'ai dormi au bord du Rhin, et me suis fait un quinoa au lait d'amandes mémorable.
Le lendemain j'avais un rendez-vous pour Mainz.
Je me suis levé un peu bizarrement, parce qu'un bonhomme avec une camionnette stationnée là regardait bizarrement. A un moment il est passé à côté de moi en téléphonant et sans rien me dire. En gros ça se traduit comme: "casse-toi avec ton sac de couchage je suis en train d'appeler les flics".
Il a dû être surpris par mon organisation quasi-militaire et la vitesse à laquelle j'ai pu partir, mais sans aucune précipitation (ça va pas, non?
)
Je me suis arrêté dans un bistrot pas sympa du tout pour enlever toutes les couches d'oignon en trop pour rouler en vélo. A Lahnstein je me suis gourré de route et je suis parti vers Bad Ems. Ce qui m'a fait découvrir une eau vraiment très étonnante!!! Très bonne, salée, pétillante!
13 km en arrière pour Lahnstein à nouveau, puis la route vers Mainz. Elle a été très pénible, parce que j'étais chargé et le frein avant depuis mon départ le matin freinait en permanance, ce qui me ralentissait sévèrement. En légère descente, là où il devrait accélérer tout doucement, il ralentissait. Et il fallait pousser pour arriver à 24km/h!
Je suis passé par Ingelheim (le bac qui traverse le Rhin). De Ingelheim à Mainz-Ebersheim où je me suis fait héberger j'ai dû subir des pistes cyclables difficiles, et de nuit, en devant foncer, et tout le temps demander la route aux gens.
Juste avant Ebersheim, une très sévère montée où il faut pousser le vélo.
J'ai été trop content d'arriver à peu près à l'heure (vers 23h)!
Je me suis bien reposé, et fait réparer le frein avant, et revisser le disque arrière. Les gens du magasin à Mainz m'ont remplacé le Clara par un Julie neuf. J'ai pas trop râlé, de toute façon j'ai préféré la fermer parce qu'ils m'ont pris en priorité et étaient sympa.
Ils m'ont donné une clé torx, et avaient l'air de vraiment beaucoup aimer le vélo. Ils ont dû l'essayer un peu, car ils ont réglé intelligemment le trajet des câbles. Ils ont été un peu rêveurs quand je leur ai dit que je pouvais tenir le 30 km/h sans aucun souci.
Ensuite j'ai fait Mainz - Bad Kreuznach.
Le lendemain je suis passé par les montagnes pour aller à Ludwigshafen. Rockenhausen, Marienthal… des coins paradisiaques. Ça montait sévère, mais le petit plateau avant de mon baron permet de grimper des murs à basse vitesse, et même chargé.
J'ai galéré avec les pistes cyclables allemandes, me suis bien fâché, puis j'ai dormi près de Speyer dans une magnifique forêt humide rhénane (j'ai mangé des jeunes pousses de Renouée du Japon et quelques graines, et dodo).
Le lendemain je suis retourné à Strasbourg. Dès que j'ai franchi la frontière, c'était d'un coup plus facile de rouler!
On peut en discuter, lancer un fil là-dessus, mais la conclusion politique de mon voyage est que la politique cycliste allemande est hypocrite et absolument épouvantable.
Je n'ai croisé aucune piste cyclable allemande qui me convienne entièrement sur tous les kilomètres que j'ai fait.
En Allemagne, ça ne pose pas de problèmes de baliser en tant que "piste cyclable" un chemin de terre défoncé, de ne pas indiquer quand il y a des travaux qui coupent une piste cyclable, de faire circuler piétons et cyclistes ensemble et d'avoir même un panneau pour ça, se moquant ainsi de la sécurité, de mettre des pistes cyclables sur des trottoirs entre des voitures garées et les portes des maisons sur des pavés défoncés, d'autoriser des tracteurs, camions et autres engins, par un panneau, à venir vous défoncer la piste cyclable, et j'en oublie beaucoup…
En plus, les routes pour voitures sont très serrées, il n'y a pas de bande sur le côté et de coolitude (pas de panneaux "partagez la route, 1m50", "pensez à nous, roulez tout doux" à l'entrée des villages)… et les automobilistes sont très agressifs avec les vélos qui roulent sur "leur" route, ce qui est très mauvais. Quand je suis arrivé en France tout s'est simplifié et j'avais une belle impression de liberté, en sachant que je ne suis pas obligé de me casser la tête, une carte suffisait pour me dire le trajet.
Malgré tout le bla bla bla, l'Alsace a vraiment 40 ans d'avance sur l'Allemagne. Le reste de la France je ne connais pas, donc je m'avance pas.
La Hollande a évidemment de sacrées bonnes pistes cyclables. Mais même si c'est beaucoup mieux que l'Alsace et l'Allemagne (et incroyablement sophistiqué - je détaille si vous voulez), il y a aussi des pistes défoncées sur des pavés.