Récit de mon Paris Brest Paris 2011
Ce Pbp a été une formidable découverte mais il m’a fallu puiser dans le plus profond de moi pour terminer ! Même si je n’avais pas d’inquiétude sur le plan physique (musculaire) avec une bonne prépa en plus des 4 brevets, comment j’allais supporter l’absence de traitement médical. Depuis mon accident en 2007, je prends tous les soirs, un médoc qui apaise les douleurs du bassin ou autres …et me permet de dormir. Je prévois donc d’en emporter mais de me passer d’en prendre.
Je partirais en 84h00 le lundi matin, en profitant au maximum de la nuit du dimanche au lundi. Lymass et Rayspid, mes compagnons de trajet, partant le dimanche après midi (1 nuit de plus sur le bent).
Tout est bien prêt le dimanche soir, un peu plus de 4kg dans les sacoches. Au camping, il ne reste plus grand monde pour les départs du lundi. Réveil à 4h00, bon petit déjeuné et direction le gymnase. De nombreux lapins occupent la route dans la base de loisirs…pas de gamelle avant le départ (j’en prendrais suffisamment …..Plus tard). Je retrouve les visages connus sur la ligne… Marcel, Malric, Cycloutil , Jean Lou et Flo, une bonne soixantaine’’ de vélos spéciaux ‘’ mais bien moins qu’au départ de 17h00.
Ca démarre à ‘’donf’’ derrière les motos. Je tente de suivre jusqu’au petit jour, puis je me replace dans un rythme plus cool…nous ne sommes pas aux 24h00. Peu après Mortagne, premier orage d’une longue série. Pointage à Villaine accompagné d’un sandwich. Je grelotte, remplissage des bidons difficile, je dois demander à un passant de me les revisser. Je repars sans attendre…il me faut bien 15 bornes pour ne plus claquer des dents !!! Retour de Jean Lou et Marcel …je m’accroche mais pas bien longtemps , il me manque 1 à 2 km/h dans les bosses ; je fais l’élastique et de peur que ça ‘’pète’’ ….la route va être longue. La seule belle éclaircie du jour, ce sera avant Fougéres, j’en profite pour une pause, interpellé et accueilli par une famille à Lavaré…chocolat au lait et de délicieuses pâtisseries maison dont des madeleines aux éclats de rhubarbe confite. Promis, je m’arrêterais au retour, si le stand est ouvert. Nouvel orage avant Fougères, une dizaine de centimètres d’eau dévalent dans les rues ; je demande des palmes pour continuer !!!le bent est déjà lourd, s’il faut, en plus, trimballer des flotteurs !!! Nouveau départ avec le Dodo pour la sortie de Fougéres. la nuit tombe tout comme cette satanée flotte à mon arrivée sur Tintinéac . pointage et cantine pour tenter d’avaler un peu de chaud, ça passe difficilement mais faut se forcer…ce qui est très rare chez le Gruig !!!. je repars alors que les premiers coursiers sont déjà là pour le retour !!! Apres 5 km, gros coup de barre. J’ai du mal à garder les yeux ouverts. Impossible de tenir …il en reste, encore 80 jusqu’à Loudéac, même si la pluie s’est calmée. Je me traine pour atteindre Bécherel. 2 spectateurs sur le bord de la rue alors que la soirée est bien avancée. Je m’arrête et demande un lieu pour m’abriter un peu, pour un petit somme…moue de mon interlocuteur qui me propose aussitôt sa maison juste à coté. Un peu gêné, je ne voudrais déranger. Un thé, douche chaude, 1heure de dodo dans le clic clac, un nouveau thé et un petit moment de discutions avec Yvon et sa fille. Il a même pris le temps de passer toute ma tenue au sèche linge. Certains ne l’auraient pas fait dans la famille !!!! Je repars, revigoré et sec en n’oubliant pas une bonne poignée de mains et en laissant mon adresse mail pour un contact ultérieur. J’en ai les larmes aux yeux en traversant Becherel. Je roule bien, seul, mais à Médréac, nouvelle rincée sur quelques km, pas de tonnerre ni d’éclairs mais la flotte est accompagnée de grénisse. A Saint Méen , 3 VD m’accompagnent. A Illifaut, alors que je m’écarte pour des VD arrivant en face, gamelle sur un ralentisseur plastique rouge. Pas de bobo apparent sauf le bout des doits qui ont frappé le sol. Les 3 vd m’attendent alors que les autres ont tiré la route. Décidément, nous ne sommes pas dans le même monde !!!! un nouvel orage se profile, je commence à lâcher prise avec les Vd , écœuré par tant de flotte. Dans une descente, je manque charger un chien de chasse (bleu de Gascogne), certainement apeuré par l’orage et parti en vadrouille. La Chèze, plus qu’une dizaine pour Loudéac. Je tente de m’accrocher à de nouveaux VD mais les gambettes sont faibles. Il ne pleut plus vers 4h40, je pointe et repart aussitôt vers le campement Afb dont j’ai vu la banderole au passage. Un bon ¼ d’heure pour trouver le n° 46, alors que je suis passé devant dans l’impasse. Heureusement, je vois le Quest briller dans la nuit. Petit grignotage et Jean Pierre me conduis à la tente pour une bonne heure de sommeil. Le froid me transperce, je me dévêtis et me love dans une couverture. Réveil avant l’appel de J-P, tenue sèche sortie de la sacoche. Je découvre mon portable noyé…un peu les boules, pas que je sois accro mais pour rouler seul, ça peut être utile. Café, tartines et je ré enfourche pour la boucle sur Brest. Le temps est couvert mais c’est déjà mieux qu’hier. Genoux et chevilles font ressentir les premières douleurs mais les jambes tournent. Je dépasse maintenant des VD et quelques couchés partis dimanche. Cantine à Carhaix sur le coup de midi , reparti avant 13h00. Je croise Malric puis à nouveau seul sur la boucle par Huelgoat, avant la nationale et le roc Trévezel . Arrêt au sommet pour enfiler un coupe vent. Mireille arrive dans l’autre sens. Un petit coucou, elle continue, je me lance aussitôt dans la descente. Il y a beaucoup de monde en face….Bandicot, Marcel, Sillicomollet…. Peu de vent, légèrement en face jusqu’à Brest. Photo sur le pont à la sortie de Plougastel…ce sera la seule.
. La traversée de Brest est vraiment merdique au milieu de la circulation et longer le port de commerce n’étant pas très ludique !!!! C’était suffisamment stressant sur la montée du roc avec les camions et leurs chauffeurs aux semelles de plomb !!!! Pointage et nouveau sandwich accompagné d’une banane. Je me traine de la bouffe depuis le départ ; faudrait attaquer les réserves, pas la peine de les rapporter à SQY. Départ à 18h00, j’ai 5 heures de capitalisées mais comme ca va pas aller en s’arrangeant, route. Avant Landerneau , je suis à plus de 75 dans la descente et obligé de freiner car le revêtement est très dégradé. De longues cotes et montée finale dans les nuages au Trévezel, puis éclaircie aussi rapide au sommet. La nuit tombe …mes 2 feux rouges ne veulent plus fonctionner, certainement remplis d’eau (constaté au démontage au retour). Je retourne ma lampe de casque pour éclairer sur l’arrière jusqu’à Carhaix. 2 Américains m’accostent et me proposent de m’arrêter. ‘’ wait a moment, i gives you a spare’’ . aussitôt arrêté, il fouille dans sa sacoche de guidon, me dégotte un petit feu clignotant à clipper , l’épingle à la sacoche, remonte sur sa bicyclette en me laissant juste lui lancer un ‘’tank you’’. 22h00 , Carhaix, Rayspid est prêt à repartir. Pause diner avec Jean Lou et Flo…Pates jambon (reste que ca de tout façon) 1 coca, 2 cafés. Ils hésitent pour la pause puis optent de tirer jusqu’à Saint Nicolas du Pélem ou il y a couchage. Je décide pour ma part de continuer encore, après avoir avalé un énorme bol de café allongé d’un peu de lait. Je reprends Rayspid et nous allons rouler ensemble jusqu’à Loudéac. Ca fait du bien de rouler à 2, même si nous sommes assez occupés à suivre la route, avec aucun marquage et 2 éclairages faiblards. Je reste au maximum devant lui car ses bandes réfléchissantes cousues sur ses sacoches me défoncent le ‘’ciboulot’’. Nous atteindrons Loudéac un peu avant 5 heures et vite une pause sommeil au relai AFB . Je trouve le sommeil plus difficilement. La fin de nuit me parait plus froide. Je me réveille et rendors plusieurs fois, le froid me tenaille. Pour compléter, une sinusite est bien installée. Nouveau départ au petit jour après un café et quelques tartines. Je n’oublie pas de graisser la chaine qui en a bien besoin. La brume est bien présente mais ca ne dureras pas. Enfin un peu de soleil. Le Dodo me dépasse à nouveau. N ème retrouvailles au pointage de Tintinéac. Pour changer, sandwich rillettes. Ne faut pas trainer pour être à Villaines avant la nuit. Du coté de Dingé, possibilité de cueillir des cèpes. Ils ont poussé sur le bord de la petite route, mais pas le temps de flâner. Le soleil tape fort maintenant. Je me tire la bourre avec des Vd qui ressentent le vent légèrement défavorable. C’est vrai, ils ne sont plus fringants comme au 1er jour, même dans les bosses. J’arrive avec eux à Fougeres. Repas avec Jean Lou et Flo. 5mn de sieste dans la pelouse. Je reprend la route en les laissant à la recherche de rayons pour la roue ar. Rayspid qui est maintenant hors délai , ne veut m’accompagner. Il va le faire ‘’tranquillou’’. Distributeur bancaire en partant pour quelques espèces. Les Vd contrent un vent latéral venant de gauche mais moi, je ne le sens pas !!! ca m’inquiète. Hors mis l’italien qui est complètement ‘’destroy’’ , assis sur une cuisse, et compense en penchant sur la droite, les autres rien. Pas possible, le soleil ma tapé sur la courge !!! je m’arrose la tete mais rien n’y fait. Maintenant, en penchant la tête à droite le phénomène disparait. Pause à Lavaré , toujours au même stand, mais il n’y a plus de madeleines. Je me contenterais du chocolat au lait. La focale ne veut plus se mettre au neutre…je suis obligé de pencher la tete de plus en plus longtemps pour tenter de rouler droit. Je commence à gamberger…en fait tout penche, la route, les maisons, les panneaux, l’horizon. Je me cale avec quelques Vd qui me servent de repère sur la chaussée. Le monastère de Lassay les châteaux est difforme. Je verrais bien à Villaines la juhel. J’y suis peu avant la nuit. Je pointe mais oublie le livret sur le comptoir en remballant le matos dans la pochette zippée. Le contrôleur (1 voisin agenais), ayant remarqué mon cuissard du conseil général de la Haute Garonne, me retrouve rapidement. Je fais une halte au contrôle médical pour une douleur persistante aux adducteurs. Petit massage mais je ne signale pas ce pb de vision, de peut que le toubib ne conseille d’arrêter. Apres son petit examen général, petit tape sur l’épaule…’’c’est bon, tu vas finir’’. Cantine avec Spaghettis bolognaises et riz au lait. On nous porte même le plateau. Il y a un bruit infernal dans le réfectoire, pas la peine de s’attarder. Le public est énorme, un speaker encourage tous les partants. Test de lumière, gilet, je ne clipse qu’une pédale tellement il y a de monde, de peur d’enfourcher un spectateur. Une longue nuit s’annonce, je crains avec ma vue. Les Vd ressemblent à des sapins de noël, tellement ils ont de feux ar..2, 3 et même 4 avec d’innombrables bandes reflechissantes.Ca me fous le tournis. Je ralentis chaque fois pour qu’ils prennent une bonne cinquantaine de mètres. Je zigzague sur la route, me force à surveiller le rétro, essaye de prendre l’axe de la chaussée pour repère et garder l’un équilibre précaire. Plusieurs petites gamelles viendront couper ma progression. Pas de gros dommages, mais le bras bien pincé sous le siège. Un café offert par des spectateurs. J’atteins Mamers vers 1h00. Le club cyclo local me propose le gite et couvert. La butée étant à 5h20 à Mortagne, pourquoi ne pas en profiter. 1 heure et quart de sommeil dans la salle des fêtes ou les piliers et boiserie font penser à ces vieux cinémas. Il fait bon et le lit m’accueille comme les bras de Morphée. Le grincement de la porte me fait ouvrir les yeux , c’est déjà pour moi ? Effectivement. La salle est maintenant bondée alors qu’il y avait pas mal de places, une heure plus tôt. Le très sympathique président m’a déjà préparé un grand café que je descends avec quelques biscuits. Sur les derniers kilomètres, de nombreux participants s’étaient ‘’posés’’ là ou ils tombaient…mais maintenant, il y en a vraiment partout. Une Xantia noire à capoté dans le fossé d’en face. J’ai peur pour un cycliste mais non, personne autour. Nous repartons, 2 japonais s’étant aussi arrêtés. Mortagne en vue, je franchis le dernier raidillon sans vaciller alors que je l’avais imaginé à pied, à l’aller. Contrairement à l’aller, c’est bien calme au remplissage des bidons. J’avale la dernière banane. Elle a eu le temps de murir. Pas plus de pause, je commence a avoir froid. Au lever du jour, dans le perche, il fait 6°. Je m’arrête pour enfiler les jambières mais comme des chaussettes et rajoute le corsaire, encore humide pour protéger les genoux. Je les supporterais 3 bonnes heures. J’ôte l’ensemble un peu avant Dreux. Le soleil se lève pleine poire, même avec les lunettes, c’est pénible. A l’entrée de Dreux, je frôle la gamelle à cause d’une fissure sur la route, ou la roue avant se loge. Pas de dégâts mais encore une bonne frayeur !!! Pointage rapide, il me tarde d’en finir. Rencontre avec Papy Volant dans la montée de Gambais. Je passe pour la 1ere fois le 22 dents à l’avant. Bonne pioche pour finir le tupet. Comme je sens le gros coup de mou arriver, je sors une boite de thon en salade. Le salé passe encore. Je rajoute une grosse gorgée de lait concentré en tube. C’est reparti. Plusieurs passages sur des pavés disjoints manquent me désarçonner. C’est long tres long, ces dernières bornes…le panneau des 10….ces feux dans Saint Quentin qui n’en finissent pas. Et je me les prends tous !!!! Enfin le rond point en vue, relâchement, quelques sanglots arrivent, je n’y croyais plus… le passage de la planche me désoriente, je déchausse. Les larmes reprennent sous les acclamations du public. Géjon est là m’encourage même s’il m’appelle Bernard !!!je regagne le tapis pour entre sonner une dernière fois la puce. Il me faut plusieurs minutes pour sécher les larmes. Marcel immortalise l’instant.
. Je me rends au pointage. C’est dans la boite pour environ 80 heures. La tête bourdonne. Tout est toujours penché….il y a vraiment beaucoup de monde. Je n’ai qu’une hâte, regagner le camping, encore quelques km. Enfin le calme, il n’y a pas grand monde en traversant la base de loisirs. Je me couche aussitôt car les autres ne sont pas là et Pitchoun est déjà parti. Grosse sieste de 3h puis douche froide, pas le choix. Bandicot arrive avec Mireille vers 17h. Nous partons aux courses alors que Mireille entame un roupillon !!! Raymond, Raymond n’est toujours pas arrivé ? Persuadée d’avoir déjà passé la nuit et d’être vendredi matin … Il arrivera avant la nuit, le Raymond. Apres une bonne nuit de sommeil, la vue reviendra d’aplomb et nous regagnerons Toulouse.
Pour résumer, ce qui m’a bien plu dans ce périple :
Aller au bout du bout pour terminer. L’accueil de la population. Une grosse organisation à la hauteur de l’évènement. La gentillesse de certains compétiteurs ( et particulièrement les étrangers). Le relai AFB à Loudéac…
Ce qui m’a déçu : le coté mercantile de l’épreuve, reste plus qu’à faire payer l’eau des bidons, les WC et l’usure de la chaussée. Le danger de rouler sur certains ‘’grands axes’’et la traversée de Brest. Le package à moutons de Loudéac est –il utile ? le surplus de signalétique à l'arrière de certains VD qui aveugle meme avec une faible lumiere projettée.
bon pour 2015, j'ai encore un peu de temps pour y penser...
Merci à tous ceux que j'ai croisé et qui m'ont encouragé
Alain