un peu de lecture ... elle est homologuée !
DIAGONALE DUNKERQUE MENTON : 1211 kms départ le mardi 04 septembre 2012 à 16h00, arrivée avant le samedi 08 septembre 2012 à 20h00 soit 100 heures
DEPARTEMENTS : Nord, Pas de calais, Somme, Aisne, Marne, Aube, Cote d’or, Saône et Loire, Ain, Savoie, Hautes alpes, Alpes de haute Provence, Alpes maritimes
CONTROLES : Dunkerque, Ervillers, Soissons, Anglure, Chatillon sur Seine, Auvillars sur Saône, Bourg en Bresse, Aix les bains, St Michel de Maurienne, Guillestre, St Sauveur sur Tinée, Menton
CARTES POSTALES : Steenvoorde, Sospel
MACHINE : vélo horizontal, Löw racer Optima Baron, équipé « randonneuse » avec pneus 40*406 AV et 40*559 AR, mousse sur siège résine, guidon oscillant, 2 rétroviseurs, 1 fanion, appuie tête, sacoches spécifiques 10L, freins à disques AV/AR, dérailleur av manette tournante, pédalier triple 51*38*26, dérailleur arrière manettes à gâchettes,
cassette 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 26, 30, 34
Le vélo est prêt depuis 24h, tout est bien enroulé sous sac plastiques et enfoui dans les sacoches.
Dernière nuit un peu agitée, le trac est bien là, d’autant plus qu’à la première tentative au mois d’août, j’ai explosé dans le col du Télégraphe avec un trafic devenu insupportable.
Je suis bien conscient que le choix de mon parcours va provoquer des difficultés pour réussir le challenge et j’ai juste modifié la descente vers St Michel de Maurienne pour avoir plus roulant et surtout trouver des commerces ! Le reste du parcours est identique car voir les montagnes, sentir les sommets, prendre les descentes, en prendre plein la vue, tel est le but.
Tout est au vert, dès que le voyage débute le relâchement du aux vacances s’opère.
Aucun problème particulier pendant les déplacements en train, le petit tour de vélo dans Paris pour rejoindre la Gare du Nord, et pour l’accès au commissariat de police de Dunkerque.
Là j’ai la surprise d’y retrouver avec bonheur un ami couché. De nouveau « Zapilon » avec son tricycle couché qui va me faire l’immense honneur de partager un bout de route pour sortir de l’agglomération.
Puis c’est au tour de « W-Jean-Marie » sur deux roues, couché aussi qui arrive à l’Hôtel de police venu pour faire connaissance et m’encourager en partageant une dizaine de kilomètres ensemble.
Séance de photos et de convivialité, de fraternité.
La météo est exactement la même que celle du mois d’août lors de la première tentative !
De plus les prévisions sont favorables, le temps doit passer au beau fixe sur l’ensemble de la France ! Seul hic : les Alpes sont encore enneigées et j’espère donc que le réchauffement des prochains jours va provoquer la fonte et surtout permettre la réouverture de certains cols à emprunter.
Tamponnage effectué auprès d’un Agent de Police, encouragements et remerciements.
C’est parti à l’heure prévue : rien de tel pour rester calme et en confiance.
Tout de suite je ressens le vent qui pousse gentiment dès la sortie de Dunkerque.
C’est donc un vent du Nord qui maintient une température avoisinant les 20°c et des conditions idéales pour du cyclotourisme.
Ballade avec les 2 amis, on papote et c’est agréable, puis au revoir à Jean Marie au passage devant chez lui.
Jean lui m’accompagne jusqu’à la première pause de 3 minutes du 17ème kilomètre.
Tout le parcours est fait de très courtes pauses à cette distance environ … je vous laisse calculer le nombre sur l’ensemble du parcours.
Nous y discutons et picorons du ‘figolu’ pour notre plus grand plaisir (et un peu pour faire durer).
Le stock est important et de toute façon ce coup-ci je traverse des villes et villages suffisamment denses pour trouver des commerces et ravitailler facilement.
J’écoute les derniers conseils attentivement et nous nous séparons. Ce fut court mais c’est super motivant et gratifiant de vivre ce genre de rencontre.
Je vous remercie les amis pour votre gentillesse, et comme on dit toujours, ‘bonnes routes’ !
Donc deuxième départ pour la seconde étape, la vitesse de croisière s’installe, le vent portant atténue tous les faux plats montants encore peu nombreux.
A Steenvoorde je dépose la carte postale dans la boîte aux lettres à 50m de la trace … aucun temps perdu puisque je connais déjà l’endroit …
5 mn de pause, le temps d’avaler un autre biscuit et de détendre les jambes.
Ensuite c’est reparti pour l’étape suivante, avec la facilité liée au vent dans le dos …
La soirée s’annonce douce et sans effort, quelle chance de pouvoir rouler ainsi, aussi décontracté.
Premier arrêt obligatoire devant une barrière SNCF … le train passe et ça repart …
Tiens ! Un cycliste me prend en photo sur la droite et à la sortie du passage à niveau.
Quelques instants plus tard il est dans les rétroviseurs, il vient à ma hauteur et se présente : il s’agit du ‘Sariste’ Jérôme des environs de Béthune, il est super content de rouler au côté d’un vélo couché, il a un coup de pédale impressionnant, des périples dans tous les sens, bref il n’a plus rien à se prouver ! Quelle pêche !
Evidement je suis heureux d’être l’acteur de l’évènement et avoir un ‘sariste’ sur sa route c’est un coup de booster à mon moral déjà très bon !
Et à propos de booster, ah ben l’accélération est fatale mais bien sûr de temps en temps Jérôme m’attend !
Nous discutons et plaisantons comme ci nous nous connaissons depuis toujours !
Jérôme est curieux et agréable, ses questions sont précises, ses conseils sont avisés, son humour chaleureux, bref une personne qui mérite d’être connue.
Arrivés pas loin de La Bassée nous croisons « chti géant » sur vélo couché qui vient à ma rencontre, il va mettre un certain temps à nous rejoindre après avoir fait demi-tour dans le trafic et aussi parce que l’allure est vive avec ce vent qui a forci un peu.
A la Bassée un drapeau rouge à la main sur le bord de la route « Denifess » nous arrête pile poil sur la pause programmée. Retrouvailles sympathiques, (le vélo nous permet de nous voir et connaître un peu plus une fois par an en moyenne), brefs papotages et poses photos et déjà au revoir à Denis venu son tricycle couché, merci pour cette courte visite.
C’est donc reparti, dans La Bassée Jérôme va nous quitter pour voir son dentiste qui lui veut voir un vélo couché en action ! Et donc on se dit salut pendant la photo en dynamique …
Au revoir Jérôme et conserve ta pêche communicative ! Et aussi merci pour cette rencontre.
Christophe va continuer à m’accompagner jusqu’à Lens. Nous devons si tout va bien nous retrouver au rassemblement de Bracieux à la Toussaint.
A un carrefour nos routes se séparent. Encore merci les gars pour ces instants précieux, courts mais intenses.
Le moral est optimum, la soirée se déroule avec toujours la perspective de rouler longtemps, longtemps, longtemps. Ce plaisir qui me berce, cette douceur de l’atmosphère … l’air qui continue à me pousser … une première nuit idéale s’annonce … Grand moment de plénitude.
Donc tout baigne ! J’ai l’occasion de gouter à une première vraie côte à Vimy et voir le premier soleil couchant derrière le Mémorial Canadien.
Faubourg d’Arras, Arrgh !!! Ce véhicule sur le bord de la route … de quoi avoir la nausée … la même que la mienne du boulot !
C’est la première fois que ce genre de désagrément m’arrive, mais je reste zen et je prends le temps de la photo.
Positiver, il faut que je trouve des arguments pour positiver :
1) savoir qu’un collègue est chez lui plutôt qu’au travail à c’t’heure c’est une pensée agréable !
2) je vais avoir de bonnes raisons de parler vacances au boulot !
3) inutile de chercher d’autres arguments, je suis déjà reparti et c’est signe que je ne suis pas affecté !
Et toujours la douceur, un simple coupe vent pour passer la nuit … pour passer les nuits … car la suite est une immense descente de plusieurs jours avec le vent dans le dos pour atteindre St Michel de Maurienne. Le parcours n’est pas top d’un point de vue trafic, mais bien roulant et pittoresque, au niveau de Val Suzon notamment avec sa côte qui m’oblige à mettre pied à terre. La traversée de Dijon est faite sans encombre, hyper facile en début de nuit.
Et puis dès la sortie de la ville, un vent d’une violence inouïe (Le départ du Mistral ?) même plus la peine de pédaler sur les plats et c’est tout plat pour descendre vers Louhans !
J’en suis perturbé, je ne sais plus comment poser les jambes sur le vélo, quelle force utiliser, la fréquence de confort est très difficile à conserver … Je vais inévitablement me fatiguer, me lasser, et ensuite tomber dans les bras de Morphée pour la première fois.
Je n’ai pas de plan étapes à proprement parler. Une portion de 17 kms en est une. A tous les contrôles j’accorde 30 minutes et j’avise s’il est nécessaire d’y dormir ou pas. Si besoin de dormir, aucune hésitation, j’utilise une bâche de jardinage retaillée et j’y reste chaud coupé de l’humidité et/ou du vent. Faut juste que je trouve un coin sans herbe et ajuster la sonnerie du téléphone. Ce sont donc des séquences de 20 minutes puis roule pénard ! Ma feuille de route prévoie des arrêts de 2h30 (cycle entier) qu’à partir des 800 kms environ. C’est certainement une méthode atypique comme m’a dit Jérôme.
Dans la vallée de la Maurienne à Aiguebelle je fais le ravitaillement qui doit tenir jusqu’à Guillestre !
Proche de St Michel de Maurienne, je dors un premier cycle entier à l’ombre de grands arbres.
Puis petite toilette (3l d’eau sur le vélo) pendant laquelle le mental reste concentré sur l’énorme motivation à franchir le Galibier … je suis dans ma bulle … j’y suis bien.
Basculer vers Briançon, je l’imagine comme un point de non retour. Cette idée est centrale dans le choix du parcours car je suis convaincu que la suite ne sera que du bonheur à monter et descendre vers Menton ! Et je suis de nouveau aux commandes de ma randonneuse, en pleine forme et toujours avec un vent violent dans le dos. (Quelle baraqua !)
Je me rends chez ma sœur et mon beau-frère situés à St Michel, avec la pancarte à ne pas oublier de photographier (j’ai du faire 200m de trop pour l’avoir omise !)
Retrouvailles depuis le mois d’août et forcément ils m’encouragent de nouveau … et la nuit tombe … concentration maximale, monter le Galibier, ce magnifique tas de cailloux sans trafic et avec le paysage éclairé par un croissant de lune, c’est motivant. Au revoir à vous deux et à très bientôt.
Puis c’est la grande aventure qui recommence, fini le vent qui m’a carrément aidé, place à la gestion de l’effort, à la solitude, au chaud et au froid, à tout ce qui fait le charme des parcours en temps limités. Le col du télégraphe ne va pas me poser de problème particulier. Le rythme est lent, les jambes tournent bien, la forêt est remplie de biches.
Au sommet je passe tout ce qui peut me maintenir chaud à l’exception de mes gants et polaire pour descendre sur Valloire. La nuit est bien installée et le village est paisible … tous les commerces sont fermés
J’y rencontre deux personnes qui sont sur le point de se quitter et qui m’interpellent : ‘vous allez où comme ça ?’ Ah ben je m’arrête net, je discute avec eux, bien sûr ils hallucinent, je prends le temps d’expliquer la notion des diagonales et l’un deux est cycliste et aussi moniteur de ski, il habite au dernier village avant la réelle montée du Galibier et va me proposer de m’y attendre sur le bord de la route pour m’offrir Café ou Thé ! Ce n’est pas poli de refuser et puis l’idée m’en donne envie ! C’est aussi cela les points positifs qui vous font aimer les longues distances … j’ai donc bien discuté et bu un bon café pour le coup ! Merci Christophe et si tu lis sache que tu m’as fait réellement plaisir par ta gentillesse … et je te souhaite de réaliser un jour l’aller/retour Valloire/Nice !
Le col du Galibier, ah te voilà, la bise est sèche, froide, maintenant je monte vers ‘ce point de non retour’, c’est absolument magique, je suis saisi de frissons de bonheur, les reflets du rayonnement lunaire sont magnifiques. Ces instants sans aucune présence, ce silence dans le bruit des cascades, j’y suis bien. Maintenant c’est la rampe jusqu’au col … 200m après la courbe de Plan Lachat les muscles sont douloureux … je pousse le vélo … une pause active qui va perdurer toute la nuit … impossible de continuer plus de 100m sur le vélo … trop raide, trop lourd et je ne suis pas assez affuté, mais je reste serein et certain de le franchir !
« Galibier je vais te franchir et ensuite je me retape dans la journée au fil des kms de descente jusqu’à Guillestre » ou encore « Si je ne vais pas dans le ‘rouge’ je suis à Menton un jour ! »
Le mental bosse pour moi, la marche est efficace et relativement rapide, même pas froid mais pas chaud non plus. Et c’est là que prend toute l’importance du guidon oscillant, quelque soit le pourcentage il se met automatiquement à la bonne hauteur et le couple résistant est très facile à gérer, une main pour tenir le vélo vertical et une autre pour effectuer la poussée provoquée par l’arrière des cuisses. (Méthode testée et approuvée lors du 1000 du sud 2011). Aucune douleur ou compensation à gérer. Vers le sommet j’entends les clochettes des brebis et moutons en alpage, l’éclairage lunaire me fait croire qu’il y a plein de neige au sommet … illusion … des Rochers … un tas de cailloux !
Bien avant le levé du jour je bascule de l’autre côté !
« Oui … Menton je vais te voir un Jour … » Je suis un brin remonté ! Je suis seul sur la route, aucune voiture ne m’a dépassé ou croisé durant la montée ! J’ai les gants mais je ne sais plus quand j’ai voulu protéger les mains de cette petite bise. Le haut du Galibier à vélo ce sont des souvenirs d’ado et aussi un certain BCA en tricycle couché en 2009 mais dans l’autre sens. Quoi qu’il en soit je prends le temps de manger en me maintenant chaud avant cette immense descente d’environ 70 kms pour atteindre le prochain contrôle.
Bien emmitouflé avec les sur-chaussures, 2 pantalons + 1 pantalon coupe vent, la polaire, la veste de pluie/vent ‘FFCT’, sous casque, gants de motard, le visage protégé par les 2 tibias qui fendent l’air et les lunettes jaunes, c’est parti pour une descente prudente sur le Lautaret, puis dans les premières lueurs du jour je vais dormir 20 minutes dans un magnifique abri/bus/chalet avant d’atteindre Briançon, puis le contrôle de Guillestre.
Pause longue à la terrasse d’une boulangerie/bistro pour prendre un très copieux petit déjeuner. Combien de calories ? Ah ben je m’en moque ! Tout va partir dans les pédales car la journée sera délicieuse, Col de Vars puis de la Bonnette (la route a bien été ré-ouverte la veille !) Quelle baraqua !
La vie locale est très vive, je fais le ravitaillement puis de nouveaux signes de sommeil apparaissent, donc encore 20’ avec Morphée façon marmotte au soleil !
Oui mais ce n’est pas le tout de faire du gras, il faut continuer, et c’est sans me forcer que la randonneuse va s’arracher de cet agréable ville. Maintenant les paysages sont synonymes de vacances dans le sud, et j’ai toujours un petit vélo dans la tête pour atteindre Menton …
Le col de Vars, comment le décrire, paysages magnifiques, montée pas trop pentue, versant ombragé puis ensoleillé.
Au début c’est à vélo, à vélo, à vélo, à vélo
Puis c’est devenu à vélo, à vélo, à vélo, à pieds
Et puis au moins 5 kms à pieds, à pieds, et à pieds
Puis c’est franchi ! Je suis toujours remonté et enthousiasmé par l’efficacité de cette pratique.
Le mental tiens bon, « c’est une très belle balade, Menton je te sens », c’est qu’à vol d’oiseau c’est à côté … et puis la liste des cols à franchir s’amenuise !
Descente sur Jausiers, avec très peu de circulation, et très content d’y trouver de nouveau de quoi ravitailler. Je ne manque pas la terrasse ensoleillée d’un café pour y engloutir des tranches de poulet et finir ce bon repas par un bon café ! La gourde de ‘figolu’ est elle aussi pleine et c’est donc sereinement que je me lance sur la route de La Bonette, la plus haute d’Europe, alt. 2802m …
Il s’y trouve des pancartes qui vous l’indiquent assez fréquemment des fois que vous y seriez passés trop rapidement … Et donc toute l’après-midi à en prendre pleins les yeux, c’est majestueux, c’est un immense bien être que de me trouver dans des situations pareilles et dans des lieux exotiques et sublimes. J’ai eu un petit égarement en poussant jusqu’à prendre une douche dans cette chaleur. De l’eau il y en a partout, rafraichit et bien réveillé je continue la route majestueuse. Je la cherche, je ne la devine pas, mais où est donc le col ?!
Ah oui bien sûr le physique montre des signes de fatigue, ben qu’à cela ne tienne, je trouve le moyen de dormir par 2 fois dans des coins qui sont presque la pour m’inciter à dormir …
Dans cette longue montée, l’alternance pédalage/marche à pied est efficace ! J’arrive à tenir assez longtemps avant de céder à la poussette du vélo.
Et cette grimpette va se durcir dans le sens ou c’est bientôt la tombée de la nuit et que le vent est très frais. Je suis distrait par les bergers qui sont en train à priori de recenser les bêtes. Ils y a aussi d’autres touristes qui regardent la scène et des petits signes d’encouragements naissent à mon passage à leur hauteur.
Alors évidement en haut c’est l’extase, j’y suis … et je n’y reste pas ! Gla-gla dans ce vent à décorner les bœufs. Mais bon je me mets très rapidement tout ce qui peut me tenir chaud, et zou je bascule de l’autre côté.
La nuit est tombée juste en haut après un lent couché de soleil remarquable. Descente pas si simple que je vais faire relativement prudemment mais à vive allure dans toutes les portions droites. A St Etienne de Tinée je prends en photo le vélo et la pancarte …. Erreur cette ville était contrôle sur la première tentative.
En la traversant j’y trouve par bonheur une pizzeria encore ouverte ! Donc suite logique : je me réchauffe gratis ou presque et je m’envoie une excellent pizza végétarienne, pourquoi pas ! Donc bien repu et bien reposé je reprends la route pour St Sauveur sur Tinée la ville contrôle suivante située avant la montée du col St Martin.
Cette portion de 30 kms est la suite logique de la descente du col de la Bonette, et c’est donc sans pédaler que je roule à une vitesse relativement rapide sur des lignes droites qui suivent le flanc de la montagne. A 3 kilomètres de St Sauveur, je vois dans l’éclairage lointain de ma bicyclette un peu de cailloux sur le côté gauche, un caillou au milieu et un autre complètement à droite de la chaussée …. Je suis au centre à vive allure … petit changement de trajectoire pour éviter celui du milieu et passer sur la droite … et ben non derrière le caillou central s’en cache un autre et le choc est inévitable …Eclatement instantané de la roue avant, couchage immédiat sur la gauche et commence une glissade latérale pour passer à l’arrêt dans un bruit de frottement.
Je sors du vélo, je me mets debout, je n’ai rien, juste l’avant bras gauche qui me brule un tout petit peu, éclairage à la frontale et constat des dégâts : les 3 pantalons déchirés, la veste froid/pluie emmanchure déchirée, sur-chaussure gauche déchiquetée, sacoche déchirée, jante enfoncée, pneu correct, chambre à air HS. Le temps de faire le point et je sens une brulure sur le haut de la cuisse gauche. Pas de boiterie, pas de forte douleur donc pas d’inquiétude. Je remonte à pied au point d’impact pour nettoyer la route, j’y retrouve le caillou central qui est assez imposant (20 à 30 centimètres de diamètre) et un autre est cassé en 3 morceaux. Pas de doute j’ai bien percuté un obstacle infranchissable. La jante du vélo en atteste, pourvu que je puisse remplacer la chambre à air pour repartir sans avoir de problème de rayonnage. J’aperçois les lumières de St Sauveur devant et dans le bas, il ne me vient pas à l’idée de faire la réparation ici, la zone semble dangereuse, les pancartes montrent des risques d’éboulements … je me tire vite de la zone.
Je réalise progressivement en descendant à pied vers St Sauveur que j’ai pour la seconde fois beaucoup de chance. Me revient en mémoire une magnifique glissade identique lors d’un BRM à Auffay. Plus de peur que de mal ce jour là, et ce coup ci je n’ai même pas eu le temps de réaliser. Et le mental (boosté par l’approche de Menton) qui continue à positiver « Difficile de faire un soleil finalement sur ce type de vélo, et tant que l’on ne percute rien ben c’est rassurant » … Au village je vais sous les lampadaires constater que la roue n’est finalement pas morte malgré son enfoncement. S’il y a un peu de voile, les freins à disques eux fonctionnent très bien. Tous les rayons sont là en bon état, le pneu aussi, la dynamo fonctionne parfaitement … je suis soulagé … gros dodo bien mérité …
Sous le balcon d’une entrée de garage face à la boulangerie, et bien emmitouflé dans la bâche je sombre dans un long sommeil … le bruit du village au matin va me réveiller.
Dépannage au réveil, remplacement illico de la chambre à air et bien sûr après le petit déjeuner ! Contrôle du cadre, rien n’a bougé. Ouf l’aventure n’est pas finie.
Et ben je remonte à la pancarte toute proche pour la photo contrôle et aussi souvenir qui n’a pas été faite de nuit. Et je positive encore : « tout ce vent dans le dos sur 900 kms …. Et pas de blessure ni de casse sévère … Et l’environnement qui est magnifique … Et toujours Menton au fond du tiroir … Et ce vélo qui me ramène toujours. » Tous les signes sont là pour la réussir, je suis de nouveau gonflé à bloc ! « Cette journée doit finir à Menton », ce leitmotiv je me l’incruste dans la conscience et zou c’est reparti !
Le col St Martin est très long mais pas de quoi me faire marcher de trop. J’alterne toujours mais il me semble que je suis plus souvent sur la bicyclette qu’à pieds. D’ailleurs c’est à vélo que je rattrape deux cyclistes équipés de VTT de descente au top avec lesquels je vais causer un peu (c’est qu’après plusieurs jours c’est du bonheur de faire la causette, d’autant plus que je n’y connais rien à cette discipline).
Cette distraction va me permettre d’être en haut très décontracté. Quelques photos en roulant et zou au revoir sur le sommet avec son immense parking, pour une descente au maximum de mes possibilités et toujours avec prudence. Il fait jour, je respecte le code de la route, je ne dépasse pas les vitesses limitées à 70kms/h, mais bon je n’ai pas de compteur, juste une trace à suivre et une carte en cas de panne électronique.
Et me voilà descendu à Roquebillière pour un dernier ravitaillement, au pied du Col de Turini distant de 20 kms … je commence à fatiguer … alors je me restaure de nouveau et après un bonne pause, c’est donc assez facilement que je reprends la route. Mais après 5 kms je dois faire une pause forcée tellement les cuisses chauffes. Je pousse un moment et je reprends très lentement ma vitesse d’escargot. A la moitié du parcours un bruit infernal parcours la montagne, je me suis arrêté dans mon élan car à l’épingle à droite j’ai peur de faire partie d’un jeu de quille …Trois Lamborghini vont me doubler qui semblent se tirer la bourre ! C’est comme une course de côte, le spectacle et le danger sont sur la route, et quelle pollution sonore … Ensuite ce sera un peu plus laborieux pour le roulage, je double la ration de ‘figolus’ mais l’énergie semble absente. Je peine un peu, la fréquence de confort est devenue difficile à tenir. Le sommet semble interminable. Le mental va puiser dans tout ce qui peut être utile. Du coup je pense à tous ceux qui seront contents à la réussite de ce challenge. Et lorsque je veux ralentir la marche à pied, une petite force m’aide à pousser et rester à bonne allure. C’est ici que je vous dis un grand MERCI pour vos encouragements.
Et ben j’ai donc trouvé mes limites, et le sommet dans le rouge sans doute … deux grands verres de lait chaud à l’auberge … une photo du magnifique banc que la propriétaire me prête pour 20 minutes et je sombre sans difficulté pour un sommeil réparateur.
Au réveil de nouveau frais comme un gardon mais pas trop, je me lance dans la descente sur Sospel pas toujours roulante, la carte postale à ne pas oublier, le ravitaillement en eau et une dernière pâtisserie et c’est déjà reparti sur la route de Castillon. La motivation est très forte et la forme est revenue. La grimpette est courte et j’ai le sentiment qu’il est temps que ça s’arrête. Je suis super prudent et concentré dans la descente sur Menton, le GPS me dirige droit à la Police.
L’agent connaît bien son affaire et va tout faire en téléphonant. Une routine pour lui. Il est vrai que mon dossier porte le numéro 12192. Ensuite c’est probablement comme pour beaucoup de diagonalistes, la descente à la plage … et là commence une autre aventure … la chaleur des dalles sur la croisette va provoquer une hernie au pneu qui finalement aura eu une déchirure qui vient de s’ouvrir ! Quelle baraqua !
Je dégonfle au maximum et je monte à pied au camping St Michel, là haut la vue est splendide …
et la prochaine aventure (suivez les reflets du sapin ....)