Deuxième objectif de l’année après Luchon-Bayonne, un grand tour d’Alsace en passant par les BPF pour apporter quelques points de plus aux Randonneurs Autonomes Aquitains. La région Alsace est l’une des plus faciles dans ce domaine puisqu’elle ne comporte que trois départements : Bas-Rhin, Haut-Rhin et … Territoire de Belfort. Aujourd’hui ce dernier est rattaché à la Franche-Comté mais la FFCT en est restée aux anciennes régions. Historiquement le Territoire de Belfort faisait bien partie de l’Alsace jusqu’en 1870. Après la défaite des Français et la signature de l’armistice la citadelle de Belfort sous le commandement du colonel Denfert-Rocherau résistait toujours (ainsi que celle de Bitche d’ailleurs à l’extrême opposé du massif Vosgien). En reconnaissance de la bravoure de la ville les Allemands avaient accepté de ne pas annexer cette partie francophone du Haut-Rhin qui resta française. Voilà donc bel et bien trois département à enchaîner en 2 jours, puisque c’était cela mon objectif : 730 km et 7 100 mètres de dénivelé.
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(Vue sur le début de la vallée de Villé depuis le haut de Triembach au Val)
Objectif rapidement abandonné : j’avais eu un bon pic de forme en mai mais début août la fatigue d’une année de travail très chargée était bien présente. De plus comme d’habitude quand nous sommes de retour chez mes parents il y a mille et une chose à faire en termes d’entretien de la maison et du terrain devenus trop grands pour eux de sorte que la première semaine de vacances n’en fut pas une… Je préfère être raisonnable et vais me contenter de l’Alsace d’aujourd’hui, Bas-Rhin et Haut-Rhin, soit 640 km et 6 000 mètres de dénivelé.
Le départ et l’arrivée auront lieu à Villé mon bourg d’origine niché dans une vallée vosgienne, tout au sud du Bas-Rhin à la limite du Haut-Rhin .
Vendredi matin, réveil à 5 heures et après un petit déjeuner rapide mais copieux, c’est le départ. N°22 a monté ses lumières et sacoches qui sont pleines de poudre Fenioux (ils pourraient les conditionner en sachets ce serait plus pratique que d’emporter des Tuperware…), mes habituels petits sandwiches, barres de céréales et fruits et surtout des vêtements chauds. La veille il faisait grand beau, mais pas très chaud et avec un fort vent du nord en fond de vallée. Traduction sur les crêtes vosgiennes exposées à tous les vents : il doit faire froid pour la saison la haut. En attendant ce n’est pas la haut que ca caille mais en bas… Je déballe rapidement mes jambières, sur-chaussures et mon coupe-vent.
5h45, il fait encore nuit. Bises à Muriel que je sens inquiète comme d’habitude quand je pars pour un truc un peu lourd à son goût. C’est parti par le fond de la vallée, direction Châtenois et la route des vins, pour aller rejoindre le pied de la montée du Haut-Koenigsbourg à Kintzheim. En 40 années de vélo j’ai du faire cette route des centaines de fois mais c’est la première fois de nuit. C’est aussi bien parce que avec le temps ce tronçon de fond de vallée ressemble de plus en plus à une autoroute aux heures les plus fréquentées. Après 14 km me voilà à pied d’œuvre et c’est parti pour 500 mètre de dénivelé dans la nuit finissante. Première montée du Haut-Koenigsbourg de nuit et surtout sans voir ni entendre une seule voiture. Je monte bien, même avec N° 22 chargé, et en cadeau je me réchauffe. Le jour se lève quand j’arrive en-haut ; la vue est toujours aussi belle sur la plaine d’Alsace et la Forêt-Noire. Rapide photo pour le BPF. Je referme les fermetures de partout parce qu’il fait toujours aussi froid et en plus la descente jusqu’à Orschwiller est rapide.
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(Châtenois sur la route des vins)
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(Le Haut Koenigsbourg vu d’avion)
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(Le même vu du bas)
Arrivé dans ce village je reprends la route des vins jusqu’à Riquewihr. Génial : quasiment aucune voiture pour ce qui en temps normal ressemble plus à une autoroute qu’à une route des vins, où les vélos sont tolérés à défaut d’y être interdits (pour l’instant, à moins que la pénurie de carburant ou l’inflation sur son prix…). Rapide photo BPF de Riquewihr sous les applaudissements de deux employés municipaux bien matinaux qui arrosent les fleurs. Je quitte ce haut lieu totalement « kitchisé » du tourisme en Alsace (pour ceux qui ne connaissent pas : il y a plein de magnifiques villages bien plus authentiques aux alentours : Zellenberg, Kientzheim,…) et repars vers la route des vins. Sigolsheim puis Kaysersberg : pour ceux qui aiment les pavés, passez par le centre sinon prenez la contournante. Moi je venais de faire ceux de Kientzheim justement et de n’en redemandais pas et je choisis la deuxième option.
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(Kientzheim)
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(Kientzheim)
A partir de la débute la deuxième bonne montée de la journée : le Lac Blanc puis le Col du Calvaire. En fait ce n’est pas le Calvaire, excepté les tous premiers kilomètres jusqu’à Hachimette où l’on côtoit les poids lourds qui préfèrent passer vers les Vosges par le col du Bonhomme, gratuit, plutôt que de passer par le tunnel de Ste Marie aux Mines, payant. A cette heure-ci il n’y en a pas encore trop et la petite dizaine de kilomètres de cohabitation jusqu’à la sortie de Hachimette est vite passée. Les choses sérieuse commencent avec la longue traversée d’Orbey. A la sortie se dresse la ligne droite de Pairis. C’est la passage le plus raide, mais cela passe bien. Il fait toujours frais et je monte couvert en dehors du coupe vent grand ouvert. Arrêt rapide 400 mètres après le virage qui marque la fin du raidard. Un cyclo allemand qui habite la a installé une petite fontaine et je refais le plein. Sympa ce gars que je ne connais pas ; en tous cas bien plus que toutes ces municipalités alsaciennes qui se sont toutes rendues compte que l’eau de leurs fontaines potable jusque-là ne l’était soudainement plus. Je n’ai toujours pas compris quelle étrange épidémie durablement incurable les a toutes touchées… C’est reparti direction Lac Blanc et cette partie bien que montante est moins dure. Arrivé au Lac Blanc, surprise le petit restaurant est déjà ouvert : pour ce BPF ce sera tampon plutôt que photo. Le gérant à l’air habitué puisqu’il me propose le tampon avant même que je le lui ai demandé. Encore un kilomètre et me voilà au col du Calvaire.
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(Le lac Blanc vu d’avion)
A partir de la navigation est d’une extrême simplicité : il suffit de suivre la route des Crêtes. Comme je le craignais à cette heure il fait encore bien froid mais le temps est au grand beau et les points de vue sont tous magnifiques. Tannet, col de la Schlucht, Markstein s’enchaînent porté par le vent du nord favorable. Ca monte et descend tout du long mais cela n’a rien à voir avec des cols même si l’on en passe quelques un au passage ; tout au plus des bosses. Reste la montée finale vers le Grand Ballon (point culminant des Vosges), mais le plus dur étant déjà fait il reste moins de 200 mètres de dénivelé à monter et ce n’est qu’une formalité. Grand-Ballon, rapide arrêt photo BPF. Je profiterai du panorama un peu plus bas (Forêt-Noire Alpes Bernoises) parce que la ca commence à grouiller de monde et il fait toujours trop froid à mon goût. La descente vers le col Amic puis vers Willer sur Thur est un grand plaisir à l’exception de quelques virages qui sont restés pavés.
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(Les crêtes vosgiennes exposées au vent)
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(Vue sur le lac de Longemer depuis la route des crêtes)
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(Le Grand Ballon Vue d’avion)
Willer sur Thur ; la c’est à nouveau une partie de cohabitation avec les poids lourds et les voitures qui commence jusqu’à la sortie de Thann. Ce n’est pas long mais ce tronçon a toujours été un enfer pour les vélos et cela se reconfirme. A la sortie de Thann je quitte cette jungle direction le Sundgau. Mais d’abord il est temps de ce dévêtir, enfin ! Me voilà en tenue d’été. Et là c’est un temps idéal : grand soleil 24-25° et toujours ce fort vent de dos. Je commence à redouter les quelques 130 km de remontée vers les nord que je vais avoir pour finir mais j’évacue cela rapidement de mon esprit. Pour l’instant c’est toujours direction sud pour rejoindre Ferrette dans une belle traversé du Sundgau. Cette partie de l’Alsace oubliée du tourisme de masse est restée très authentique et me fait immanquablement penser aux poèmes de Nathan Katz et à leur mélodie si douce. En attendant il faut continuer d’avancer et cette fois-ci soigner ma navigation. Nous sommes dans un paysage vallonné parcouru de nombreuses routes. La mienne n’est pas des plus compliquées et les traversées de villages plus charmants les uns que les autres s’enchaînent au rythme de courtes montées et descentes : Burnhaupt, Dannemarie, Seppois, Morschwiller… Vers les contreforts du Jura les bosses deviennent plus marquées, jamais très raides, mais plus longues. Mais les contreforts du Jura cela veut signifie aussi que Ferrette, le point le plus au sud de mon périple approche. J’y arrive vers 13h00-13h30. Même là il y a peu de monde. Il me faut un petit coup de tampon et impérativement de l’eau puisqu’il ne m’en reste plus du tout et que celle des fontaines est … « non potable ». J’opte donc pour un café restaurant dans lequel j’achète ma bouteille d’eau pour la recharge, un coca et une magnifique part de tarte à la myrtille qui me narguait pendant que je faisais la queue au comptoir. Ayant acheté tout cela je me sens le droit de m’installer à la terrasse pour manger mes sandwiches et ma part de tarte. Un petit SMS à Muriel pour dire que tout va bien, les mélanges de bidon étant faits il est temps de repartir.
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(Hagenbach)
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(Ferme Auberge à Strueth)
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(Saint Ulrich)
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(Ferrette ; fini le granit et le grès des Vosges ; ici c’est su calcaire et l’on entre dans le Jura)
Il s’agit à présent de remonter vers le nord mais avant il y a encore un peu de relief au programme pour rejoindre Hésingue en passant Werentzhouse et Folgensbourg. Peu après ce village il y a un magnifique point de vue vers la Forêt-Noire, Bâle, le Rhin… Je profite de la dernière descente et rejoins Hésingue.
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(Werentzhouse, en hiver (même le matin il ne faisait tout de même pas froid à ce point…)
Là commence réellement ma remontée vers le nord. Dans un premier temps il s’agit d’aller chercher le tampon suivant à Neuf-Brisach : 60 kilomètre plats comme la semelle d’un fer à repasser et avec 20-30 km/h de vent de face. J’ai choisi la route qui longe le Rhin pour éviter la trop grosse circulation. Cela rajoute quelques kilomètres mais permet d’avoir quelques aperçus sur le fleuve et sur la flore que l’on y trouve (pour un profiter vraiment ce n’est pas en vélo qu’il faut y aller mais en barque à fond plat, seul moyen de s’aventurer dans les zones marécageuses). En attendant tout cela rappelle plutôt mes 6 années de Pays-Bas à mon souvenir : plat à ne plus en finir, vent dans le nez, le Rhin aussi (ne le cherchez pas sous ce nom là-bas ; ils l’ont baptisé Waal, enfin son bras principal, un bras secondaire s’appelle bien oude Rijn (vieux Rhin)). Je décide de faire face au vent et de tenir une moyenne à trente afin de ne pas arriver à l’étape trop tard. Comme j’ai accumulé pas mal de fatigue ces derniers temps je voudrais dormir quelques heures parce que la journée de demain sera encore assez rude et il faut que je bricole les sacoches de N°22 qui comme lors de Luchon Bayonne me jouent des tours avec leur furieuse envie de remplacer mes patins de frein et de faire connaissance avec les rayons de la roue arrière. Le vent suffit, je n’ai pas besoin d’elles en plus pour me ralentir. J’avance à la mode néerlandaise, « raison à zéro, regard à l’infini », tout en essayant de happer la traînée des quelques poids lourds qui me doublent pour profiter d’une vingtaine de seconde de repos à chaque fois. Neuf-Brisach enfin. Magnifique citadelle de Vauban et super patron de bistro qui m’offre de l’eau en même temps qu’un coup de tampon sans même que j’aie à demander.
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(Le Rhin à Kembs)
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(L’église romane d’Ottmarsheim Photo DR)
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(Neuf-Brisach vue d’avion)
Se prépare une partie un peu plus pénible : il faut aller chercher un coup de tampon à Colmar vers 17h30-18h00 le soir. Forcément à cette heure il y a de la circulation. Je passe par Appenwihr, Sundhoffen et Horbourg-Wihr afin de retarder le plus possible le passage sur les routes très fréquentées. Ca marche très bien : il suffit simplement de ne pas rater le panneau « Colmar à Vélo » à la sortie de Neuf-Brisach. Si vous le rater vous arrivez aussi à Colmar mais par une route très fréquentée. De Horbourg je rejoins par cette grande route, longée de bandes cyclables à partir de là, Colmar, sans y entrer plus que cela puisque je rejoins immédiatement la route du stade vélodrome du Ladhof, lieu fréquenté lors de mes années de courses. 300 mètre après le vélodrome arrêt à une pharmacie pour le dernier tampon du jour. Le pharmacien commence à me poser toute une série de questions d’ordre médical auxquelles je ne comprends rien. Quand j’arrive enfin à en placer une je lui explique que j’ai juste besoin d’un tampon pour mon BPF et que je ne vois pas pourquoi il me pose toutes ces questions. Il revérifie le document des BPF et se confond en excuses : il avait confondu avec un document de la Sécurité Sociale qui ressemble vaguement aux cartons BPF…
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(Colmar)
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(Colmar encore)
Il ne me reste donc plus qu’à rentrer vers Villé. Je rejoins Houssen assez facilement (en termes de navigation) par la rue du Ladhof puis Benwihr. Là je sais ce qui m’attend : la route des vins dans le sens opposé par rapport à ce matin, vers 18h00 en plein mois d’Août autrement dit, l’autoroute des vins. Ca se confirme, pas la peine d’essayer de profiter des paysages, il n’y a qu’une seule chose à faire : surveiller les voitures. Seul point positif dans tout cela, c’en est fini de la plaine, j’ai à nouveau des bosses à avaler, vent de face certes mais je préfère cela à un détour pour aller de Colmar à Sélestat par la plaine. A Colmar j’ai 310 km dans les jambes et je finirai ma journée à 340. J’ai aussi écarté l’autre option , rentrer par la montagne, parce que demain il y a encore un bon morceau à faire. Enfin j’arrive à Châtenois et entier. La rentrée sur Villé par le fonds de la vallée est calme un vendredi soir entre 18h30 et 19h00 : les alsaciens commencent leur travail plutôt tôt et ne finissent pas trop tard et en plus nous sommes vendredi et au mois d’août.
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(Hunawihr, un peu à l’écart de la route des vins)
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(Vue aérienne du château de Thanvillé dans le val de Villé)
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(Vue sur le val de Villé vers le fond de la vallée)
19h10, me voilà arrivé. Il commence déjà à rafraîchir. Du coup je ne regrette pas d’avoir rayé le Territoire de Belfort de mon programme, cela m’aurait pris, les 6 coups de tampons compris, 4 bonnes heures de plus. Une petite heure de bricolage sur ces fichues sacoches, douche, plâtrée de pâtes, regarnissage des sacoches et à 22h00 je suis au lit. Le réveil est réglé sur 5h30 .
Je m’attendais à un réveil un peu difficile mais cela se passe bien. La météo s’annonce belle comme hier avec le même vent et, après avoir mis la main dehors, la même température fraiche le matin. Il va falloir commencer par monter le col du Kreutzweg mais je me couvre tout de même et pars en tenue d’hiver comme la veille. Les jambes sont un peu engourdies mais la montée du col va se charger de les réveiller. Elle est un peu irrégulière au début avec un petit raidard à l’entrée de Breitenbach et un bout soutenu à la sortie du village. Après ca j’ouvre tout sur les 400 mètres de faux plat qui suivent: je suis réchauffé.IL s’agit de prendre le rythme jusqu’au col. La montée est régulière jamais trop pentue (7-7,5% avec quelques passages un peu plus raides mais plus aucun moment de repos). Ce début de montée est partagé avec la montée du Champ du Feu depuis Villé et je la connais par cœur. Il ne faut pas la sous-estimer. J’en ai vu plus d’un vouloir crâner et au final s’y faire ramasser à la petite cuillère. J’avance régulièrement et l’échappée vers le Kreutzweg se présente rapidement et permet d’éviter le plus dur. La vue depuis le col est toujours splendide. Arrêt rapide pour tout calfeutrer et je me lance dans la descente vers le Hohwald. Ca caille dur mais c’est assez court. Je profite du paysage : ce côté du Kreutzweg (beaucoup plus facile) est magnifique et contraste avec la montée côté Villé, bien plus austère.
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(Descente du Kreutzweg vers le Hohwald)
Dans le Hohwald je n’oublie pas de mettre tout à gauche (30 x 28) pour passer le raidard juste après la bifurcation vers la Welschbruch. Le raidard passé c’est reparti pour 2,5 kilomètres à 7 % . Ca passe bien et me voilà au deuxième col de la journée (même si elle n’en porte pas le nom, la Welschbruch en est bien un). Re-calfeutrage pour la courte (3-4 kilomètres) descente durant lesquels il fait toujours aussi froid. Le faux-plat qui permet de rejoindre le mont Saint-Odile me réchauffe mais je me dis que le pire est à venir : la descente du mont vers Klingenthal, rapide et dans un vallon plein Nord. Avant cela j’arrive à l’un des hauts lieus de l’Alsace. A 7h40 du matin il n’y a personne et c’est très bien ainsi. Plus tard dans la journée il y aura foule comme tous les jours durant les périodes de congés par beau temps. Je m’arrête pour prendre la photo, preuve de mon passage. Sans être croyant, cet endroit est vraiment inspiré et il dégage une atmosphère très particulière. La vue sur la plaine d’Alsace et la Forêt Noire est superbe et les rochers de grès toujours aussi majestueux.
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(Le mont Sainte-Odile vue d’avion)
Je pars dans la descente, aussi froide qu’attendue pour rejoindre Klingenthal (lieu d’anciennes forges d’où ce joli nom « la vallée qui résonne » sauf que cela sonne bien mieux en allemand le « kling » évoquant bien le bruit du marteau sur l’enclume alors que résonner…). Une petite remontée pour sortir du village me réchauffe. Ensuite c’est la fin de la descente pour aller rejoindre la vallée de la Bruche. Je sors du massif du Champ du Feu et il n’y a plus vraiment de cols au programme. Par contre il me reste plus de 100 kilomètres de remontée vers le Nord du Bas-Rhin à effectuer sur un parcours où les kilomètres de plat se comptent sur les doigts d’une main. Les contreforts vosgiens sont en fait de vraies montagnes russes : le dénivelé de la journée est de 3 000 mètres environ, je viens d’en faire 1 000 environ en 50 kilomètres et sur les 100 à venir je vais en faire près de 2 000. Pour corser le tout le vent d’hier peu sensible dans le massif boisé est à présent bien de retour et de face.
Mon objectif suivant est le château du Haut-Barr qui surplombe Saverne. Je rejoins facilement Westhoffen par quelques bosses où le vent est plus contraire que la pente. A la sortie de Westhoffen je sais que cela sera différent : la bosse qui permet de rejoindre Wasselone se monte à une allure où le vent ne se fait plus sentir mais la pente elle est bien là. Bon ca ne dure qu’un kilomètre et c’est un horizon surmontable. Après Wasselone afin d’éviter la RN4 je remonte vers Obersteigen . La montée à proprement dit est longue de 4-5 kilomètres, irrégulière et facile à l’exception de deux passages.
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(Obersteigen)
Après une petite descente, direction Saverne par Reinhardsmunster et Thal-Marmoutier. A Saverne j’entame la montée de 3 kilomètres vers le château du Haut-Barr, magnifique ruine sur un éperon de grès, comme les Vosges du Nord en regorgent. Après une rapide photo je plonge dans la descente refaire un tour dans la civilisation (…) et me retrouve dans la cohue de Saverne un samedi matin. Il me faut de l’eau et il est temps de retirer sur-chaussures, coupe-vent, jambières et sous-casque. Les manchons ce sera pour plus tard. Une station service fait l’affaire. Comme j’ai aussi faim je m’y attarde un peu et avale quelques morceaux de sandwiches.
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(Le Haut-Barr)
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(Saverne)
C’est reparti direction le nord des Vosges du Nord. Mon prochain BPF est à Obersteinbach. Je connais toutes les bosses jusque là-bas. J’adore ce type de parcours et cette partie de Vosges est magnifique (tout comme le Palatinat qui la prolonge côté allemand). Après la bosse du Bastberg j’arrive à Bouxwiller et repasse sur la ligne d’arrivée de ma première victoire dans une course en ligne (certes en sens inverse mais avec une petite émotion tout de même). Je poursuis mes montagnes russes direction Niederbronn en passant par Ingwiller, Offwiller et Oberbronn, où je maudis la municipalité qui a eu l’idée de paver toute la rue principale. La montée à l’entrée est déjà bien raide pour un vélo-couché mais avec les pavés en plus, c’est un vrai délice. En guise de vengeance je fais une pause technique au pied du panneau de sortie.
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(Oberbronn)
J’enchaîne avec la plongée vers Niederbronn. J’en profite : la sortie du bourg direction Jaegerthal de l’autre côté du vallon commence par un sacré raidard comme on les aime un vélo couché. Il n’y a guère que dans ces fortes pentes où il m’arrive encore d’avoir un peu la nostalgie du vélo droit. C’est l’avant dernière montée avant l’arrivée à Obersteinbach et la perspective d’en avoir bientôt fini non pas des bosses mais du vent de face me donne des ailes. Me voici tout d’abord à Jaegerthal, berceau du groupe De Dietrich, où l’on peut encore voir les forges du tout début. Le passage au pied du château du Windstein me rappelle à mes souvenirs d’escalade dans les Vosges du Nord et surtout dans le Palatinat. Merveilleuses années ; une activité professionnelle prenante m’a contraint à faire un choix entre le vélo et l’escalade. Ce choix fut facilité par notre déménagement à Bordeaux où à part la pratique en salle il n’y a strictement rien à faire dans ce domaine. Grimper en salle ne m’intéresse pas : je pense que l’escalade peut avoir d’autres dimensions que purement gymniques et sans grand engagement.
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(Jaegerthal)
J’avale rapidement les 3 kilomètres vers le château du Wineck et glisse dans la descente vers Obersteinbach.
Il me faut un coup de tampon, de l’eau pour mes poudres et j’ai faim. Je me mets donc à la recherche d’un restaurant. Je repère bien quelques restaurants mais ils ont l’air plus destinés à des touristes allemands qui sortent leur BMW ou Audi qu’à un randonneur en vélo. Je m’apprête à faire demi-tour quand à la fin du village se présente un petit restaurant avec une patronne charmante qui fabrique et vend par ailleurs de belles poteries. Je commande mes eaux, une grosse part de tarte à la quetsche et un coca pas light pour une fois. Installé à l’ombre je me laisse une demi-heure de repos pour manger sandwiches et tarte, refaire mes bidons, passer un petit coup de fil à Muriel et retirer mes manchons. Je suis un peu en retard sur mon plan de route ; si les montées passaient bien, le vent a été usant et pénible. Seule consolation : je vais l’avoir de dos pour les 150 kilomètres restant excepté les 25 derniers. Je m’apprête à repartir quand je me fais aborder par des allemands qui s’intéressent à n°22. Ils sont plutôt sympathiques si ce n’est que comme d’habitude en Alsace ils m’abordent en allemand partant du principe qu’ici tout le monde doit parler leur langue. Ca m’agace mais c’est aussi l’occasion de parler un peu allemand, langue que j’aime, et nous partons dans les habituelles explications : non ce n’est pas plus dur que le vélo droit, non je n’ai pas mal à la nuque à cause de la position, ca roule en fait plus vite sur le plat ou sur des parcours moyennement vallonnés,…
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(Obersteinbach)
Je repars enfin direction Haguenau. Mon circuit idéal serait plutôt passé par Wissembourg pour ensuite repiquer sur Sessenheim mais je tiens absolument à passer par Oberhoffen sur Moder, village où est né et a vécu mon père jusqu’à la fin de la guerre. Cette fin il l’a passée en pleine poche de Haguenau terré dans une cave : Strasbourg à 30 kilomètres de là a été libéré en septembre 44 ; Oberhoffen fin mars 45, soit tout juste un mois et demi avant l’armistice ! Et pendant tout ce temps, les américains et les allemands faisaient du yoyo au niveau du village (pour ceux qui l’ont suivi la série américaine Band of Brothers retrace cette fin de la libération de la poche de Haguenau). Il n’en parle que très rarement et quand c’est le cas l’on perçoit chez ce protestant luthérien bon crin de l’émotion, chose que l’on n’exprime normalement pas. La filature que dirigeais mon grand-père a elle aussi été entièrement détruite et il a retrouvé un poste dans une autre filature à Villé et c’est là que mon père a rencontré ma mère.
Après quelques kilomètres vers l’ouest je repique plein cette-fois plein sud et vent de dos vers Haguenau. Je passe Lembach et Woerth sur une très belle piste cyclable (une vraie comme aux Pays-Bas, pas des ersatz pour donner bonne conscience aux municipalités). N° 22 file facilement à 35-37 à l’heure. J’essaie de ne pas trop forcer car j’ai encore pas plus de 100 kilomètres à avaler. Dans l’enthousiasme du moment je perd la D27 pour Haguenau. Quand je m’en rend compte, un peu perdu au milieu de nulle part, je décide d’y aller « au soleil » . Ma route non prévue me fait traverser Durrenbach et Walbourg puis rejoindre la D263. Le détour est très limité, la circulation sur la D263 très dense mais peu gênante : il y a une vraie bande d’arrêt d’urgence et je m’y sens en sécurité. Voilà Haguenau mais la route est barrée et la déviation envoie sur l’autoroute. Comme souvent la DDE n’a que guère de considération pour les 2 roues non motorisés… Je décide de passer par les travaux : la route était parfaitement praticable et je me demande encore maintenant pourquoi elle était déviée.
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(Haguenau)
Je trouve facilement la route de Schirrhein qui m’emmène tout droit sur Oberhoffen Camp et je reconnais l’emplacement de la maison où avait grandi mon père. A la place de la maison détruite que je ne connais que des photos souvenirs de la boîte à photo de mes parents se trouve maintenant un joli pavillon. Le temps fait son œuvre et c’est très bien ainsi. Aujourd’hui allemands et français vivent en paix et les querelles sur les moyens de sortir de la crise ne sont rien en comparaison des querelles d’antant. Je traverse Oberhoffen mais ne reconnais plus grand-chose. Nous y passions de temps en temps quand j’étais petit rendre visite aux cousins de mon père. Pour moi c’était un autre monde : on n’y parle pas le même alsacien que chez nous, c’était, je le ressentais confusément, plus moderne que chez nous dans notre vallée même si par-dessus tout j’adorais la visite chez Schan Onkel (prononcez Schen’n). Avec son fils Charles ils exploitaient une ferme. Schan et sa seconde femme Sophie (Sophie Tanta) étaient des gens remarquables : lui un vrai paysan, qui malgré les tracteurs et tous les équipements modernes, a toujours eu un cheval de trait (parce que un vrai paysan a un cheval) et elle d’une bonté et d’une gentillesse sans égales. Le pasteur ne s’y est pas trompé qui débuta son oraison funèbre par « Er war ein Bauer aus echtem Holtz und Stolz ». Tout était dit en une phrase.
Je repars direction Herrlisheim et la Wantzenau. Les 4 kilomètres entre Oberhoffen et Herrlisheim sont pénibles à cause de la circulation dense et sans bas-côté cyclable cette fois-ci. J’accélère afin de les laisser au plus vite derrière moi. Arrivé à Herrlisheim le route repart à nouveau plein sud et le vent qui n’a toujours pas faibli me pousse à nouveau. Je traverse Gambsheim et via La Wantzenau pars direction Strasbourg Robertsau.
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(La forêt du Rhin du côté de la Wantzenau)
Il me faut de l’eau et un coup de tampon. Je pensais faire cela à La Robertsau mais samedi vers 17H00 c’est un désert : plus un commerce d’ouvert et visiblement on n’y bois pas plus parce que le café ouvert qui aurait pu servir aussi bien à la boisson qu’au tampon reste introuvable. Je continue en passant devant la cité U où étudiant j’ai passé de nombreuses années, dernier étage au bout du couloir. Les murs étaient tellement carton pâte qu’il fallait choisir entre la limitation des nuisances sonores des voisins ou le froid hivernal. Je préférais encore le froid… Arrivée au quartier du parlement européen. Je trouve cette architecture moderne au bord de l’eau très agréable, la combinaison entre verre et eau est très réussie. Je n’ai aucune envie d’aller plus loin dans Strasbourg et ai repéré un passage cyclable qui doit m’emmener vers le port du Rhin d’où il est possible de rejoindre Plobsheim en longeant le Rhin à quelques encablures. Strasbourg ville cyclable… sans commentaires : après 20 minutes d’errance avec 2 anglais en vélo et aussi perdus que moi nous avons enfin trouvé comment rejoindre le pont de la route de Lübeck et retrouver notre route après l’avoir traversé. J’enchaîne par une traversée des zones industrielles portuaires. Rien de beau mais aucune circulation. J’arrive enfin vers le port du Rhin. Il y a quelques commerces maghrébins ouverts. Je commence par le salon de coiffure ou les deux figaros locaux me refusent obstinément tout coup de tampon. Visiblement ils craignent une arnaque avec un magistral détournement de l’empreinte de leur précieux caoutchouc… Toutes mes explications restent vaines. Je passe à l’épicerie d’à côté. La jeune femme voilée qui le tient me vend les bouteilles avec cette eau tellement attendue et me donne mon coup de tampon tout en s’intéressant à ce que je suis en train de faire. L’avenir de l’Islam lui aussi passe par la femme... Je me remets en route par la N4/route du Rhin pour rejoindre le carrefour avec la route du Havre qui longe le Rhin. Ce bout ne fait guère plus d’un kilomètre mais c’est un enfer : la piste cyclable n’est praticable qu’en VTT et il y a des travaux . Je décide au bout de 200 mètres de me remettre sur la route parce que je n’arrive pas à tenir en équilibre là-dessus. La circulation est infernale et je me fais klaxonner puis insulter par un chauffeur de bus de la CTS parce que je ne suis pas sur la piste cyclable qui pourtant à l’évidence est impraticable. Un vrai bourrin du style quand je suis dans mon droit je peux écraser qui ne l’est pas. Arrive enfin le carrefour de la route du Havre. Je tourne et je retrouve le calme absolu. Sauvé et grand blâme à la municipalité de Strasbourg qui se dit ville cycliste. Il est sûr que si cela se compte au nombre de kilomètres de soi-disant pistes ils ne s’en sortent pas si mal mais la qualité des indications et la sécurité laissent beaucoup à désirer.
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(Strasbourg)
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(Strasbourg)
La jonction entre la route du Havre et celle qui rejoint Plobsheim par les arrières est facile à trouver. Je passe près du plan d’eau sur lequel les voiliers et autres planches s’en donnent à cœur joie avec le vent qui ne faiblit toujours pas d’un pouce. Comme je ne suis plus abrité par la ville moi aussi j’en profite à nouveau, toujours cap au sud et n° 22 file direction Diebolsheim.
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(PLobsheim)
La circulation est peu dense un samedi en fin d’après-midi. Je croise 3 vélo-couchés qui tirent des bords dans l’autre sens mais chose rare nous ne nous arrêtons pas : je voudrais ne pas rentrer trop tard et eux visiblement sont pris dans leur effort. Depuis combien de temps luttent-ils ainsi contre ce vent debout ? A DIebolsheim, qui a bâti sa réputation sur ses 3 fleurs de village fleuri, plus rien n’est ouvert vers 18h00. Je prends n°22 en photo devant le panneau de sortie. Trois cent mètres plus loin la bifurcation que je devais prendre est barrée… sans indication de déviation. Je connais le coin mais après près de vingt années pendant lesquelles je fréquente plus les reliefs que la plaine je préfère assurer. Je cherches mes copies de cartes Michelin. En vain, je les ai oubliées. Je voyage toujours à l’aide de mes croquis qui tiennent dans mon porte document format poche de maillot cycliste et que je peux consulter tout en roulant pour ne pas avoir à m’arrêter à chaque carrefour. Bien-sûr je ne prévois pas ce type d’incident que je règle avec les cartes en fond de sacoche. Pour le coup c’est loupé. Je décide de traverser la plaine pour revenir vers les Vosges un peu plus au nord plutôt que de le faire plus bas. Demi-tour donc afin de goûter au vent de face. 1 kilomètre cà suffit, je n’en redemande pas. Virage à gauche donc pour prendre la route qui mène à Kogenheim via Neunkirch et Witternheim. Le vent est latéral mais les maïs déjà bien hauts et cela passe bien. L’Ungersberg se dresse à l’horizon et cela commence à sentir l’écurie. Après Kogenheim il y a encore quelques kilomètres de plat dans les champs et dès les premières pentes les vignes refont leur apparition. Pour l’instant les pentes sont douces.
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(Blienschwiller et au fond l’Ungersberg)
Après Blienschwiller ce sont à nouveau les Vosges et cela monte plus. C’est un vrai plaisir d’avoir à nouveau quelques pourcentages à se mettre sous les jambes après tous ces kilomètres de plat absolu. Je sens la fatigue mais je monte bien. L’enchaînement des bosses pour rallier Hohwarth et Triembach au Val se fait toujours sur le même modèle : accélération à fond dans les trois descentes afin de passer le plus possible sur l’élan la première moitié, la plus raide, de chaque remontée suivante. La vue sur le Val de Villé depuis le haut de Triembach reste égale à elle-même : magnifique avec en toile de fond les Champ du Feu, Climont, Altenberg et autant de grimpées à se mettre sous les jambes (surtout celle de L’Altenberg, redoutable en VC ; la descente est pire et vous fait regretter la montée). Après Triembach retour sur Villé vers 19H15 comme la veille.
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(Vallée de Villé)
C’est terminé et c’est toujours pareil : à la fois soulagement et une sorte de nostalgie. La route vous prend et on voudrait que cela ne s’arrête jamais. Bilan : 638 kilomètres et 5994 mètres de dénivelé (selon Openrunner). C’est aussi un soulagement : l’année dernière j’avais commencé la longue distance et réussi somme toute facilement tous mes brevets pour Paris-Brest mais lamentablement échoué à mi-parcours lors de ma première tentative. Alors que je craignais pour mes genoux, c’est mon estomac et mes intestins qui n’ont pas résisté à une première journée passée quasi intégralement sous le pluie battante assaisonnée par les spaghettis carbonara (très carbonara) de l’hôtel de Saint-Meen où j’ai dormi quelques heures la nuit de lundi à mardi. C’est tout ce qui lui restait, mes prédécesseurs avaient tout mangé. Ca m’apprendra à faire les départs du lundi matin tard. En tous cas le lendemain matin j’ai encore tenu une centaine de kilomètres et après je ne pouvais plus rien avaler. Et je n’ai d’ailleurs rien pu avalé durant trois jours complets : gastro carabinée. 635 kilomètres n’en font certes pas 1 260 mais cela m’a rassuré et mon état me permet d’envisager de continuer le lendemain. Le prochain PBP n’est pas pour l’année prochaine. Je vais en profiter pour réaliser un autre rêve de l’Est : un 1 000 km via Vosges, Jura et Forêt-Noire. Le parcours est tracé et tient dans les 16 000 mètres de dénivelé. L’objectif est de le terminer dans les délais d’un 1 000 Audax. La date : quelque part en Août, selon mes dates de congés et selon la météo parce que je me laisse le luxe d’essayer d’éviter la pluie. Je vais publier parcours et feuille de route pour ceux que cela intéresse même si tout cela n’a rien d’officiel.