Enseignement du sport, avis

Salut,

Alors je vais pas faire un ènième post pour râler, bien que j'en ai bien envie…! (mais ce serait pas raisonnable, parce que pour ça il faudrait que je me documente un peu…).

Ça pourrait être sous forme de sondage. Mais je sais même pas quelle question poser, clairement…


Je me demande ce que vous pensez de l'enseignement du sport en France, et dans d'autres pays, et de ses conséquences sur notre société.

Vous vous imaginez que j'en ai un avis très négatif (évidemment!).
Mais au lieu de donner mon avis très négatif et d'insulter les profs de sport qui sont responsables de tout y compris de la hausse des prix de l'immobilier , je vais juste donner mon témoignage, qui ne finit pas de m'étonner moi-même…!

Voilà j'ai 31 ans, et:

- l'année dernière un ami m'explique comment on nage la brasse, le crawl… j'avais jamais vu ces techniques… j'ai appris tout autre chose… alors que c'est la vraie manière ce que mon ami me montre… je dois redécouvrir la natation j'y avais rien compris!
- hier je joue au basket. Même de loin je marque, je ne comprends plus rien… ça fait 15 ans que j'ai pas joué et j'ai l'impression d'être meilleur! Du coup je vais tester le foot pour voir si je déteste toujours autant ça… à mon avis non!!
- j'ai une condition physique terriblement meilleure qu'il y a quinze ans - même si je suis trop spécialisé sur le vélo et un peu moins souple, je suis incomparablement plus fort et plus endurant
- je me rappelle qu'en cours de sport je me décourageais et me dévalorisais tout le temps, et comme tout était compétition et jugements, j'étais bien content des rares exceptions - saut en hauteur et randonnée en montagne - pour lesquelles j'étais quasiment le meilleur de la classe… mais c'est absurde cette manière de réagir, ça m'a pas fait progresser…!
- il y avait tout le temps des gens plus grands et forts, qui ont de l'avance niveau croissance et force et habileté, pour vous écraser. Du coup quand j'ai joué au rugby j'ai aimé prendre de l'élan pour en renverser un - mais ça m'a pas fait progresser non plus…
- on fait courir les gens, et après on applique des barèmes de notation idiots, on ne prend pas en compte la progression, la technique, etc…
- le foot c'est pratique quand les gamins savent tous y jouer. Le prof de sport a la paix pendant une heure, mais moi qui ne comprenais rien au foot je courais derrière le ballon et ne progressais pas…
- au final je me suis mis au sport bien plus tard, avec le vélo, quelques années après avoir fini le lycée. Au début comme moyen de transport et défi personnel, et après comme passion et moyen de transport, et enfin comme travail, en plus. Je serais curieux de voir si ceux qui étaient avec moi en classe sont toujours aussi bons… peut-être pas… et je serais tellement ravi de faire courir avec moi quelques profs de sport, pour voir comment ils courent

J'avais fait de l'équitation 4 ans dans un club. Il y avait pas mal de frimeurs. J'ai rien compris à leur jargon technique, pourtant je progressais doucement, je commençais à être à l'aise. Les parents se sont plaints des moniteurs trop cons, alors la dernière année on a eu un super instructeur qui a remis en place pas mal de frimeurs qui avaient une mauvaise technique, et m'a permis d'apprendre plus vite que les trois années précédentes!

Je ne sais pas quels étirements faire, comment s'assouplir plein d'articulations, etc, etc… j'aurais aimé apprendre ça, c'est vital!

Bonsoir,
Tout d'abord un bref aperçu de mon parcours professionnel:
- 7 ans comme vacataire en tant que prof d'EPS et plus ou moins en parallèle:
- 6 ans comme entraîneur de canoë-kayak bénévole
- puis 10 ans entraineur canoë-kayak professionnel
- depuis 8 ans j'ai changé radicalement d'orientation professionnelle mais j'ai toujours la chance de faire faire du sport à mes camarades de boulot

Il convient  de bien comprendre la différence entre professeurd'eps et de sport. Les premiers enseignent en ecole, collèges et lycées les activités sportives qui sont des moyens d'apprendre (et non pas une finalité) le vivre ensemble, la maîtrise de soi, le respect des règles etc... 
Les seconds enseignent dans le monde associatif et fédéral et sont donc spécialisés dans un sport, une discipline... Ici Le sport est une finalité. On considère dailleurs les professeurs de sports plutôt comme des entraîneurs ou bien ont des places de directeur technique national etc... Certains sont les fonctionnaires du ministère de la jeunesse et des sports et sont chargés de développer le sport et le monde associatif.

En EPS, les actions des profs sont régies par les programmes scolaires émanant de directives gouvernementales faisant suite comme en 1960 ou les français n'ont ramené que 5 médailles des JO et pas une en or ( le président De Gaulle a dailleurs fortement développé la construction de sites sportifs, gymnases et piscines) ou bien après mai 68 et toutes les dérives liees aux découvertes en psychologie ( l'enfant roi, le négativisme du sport de haut niveau etc...). Plus récemment la loi Jospin qui impose un fort taux de réussite au bac pour une classe d'âge. Il est vrai qu'à une époque, les évaluations en EPS ne se faisaient que sur la performance et un barème chiffré. Depuis plus de 10 ans les progrès, l'investissement personnel sont pris en compte à tel point que la logique interne de chaque sport n'existe plus et la performance est relayée au second plan ( par exemple réaliser 5 x 500 mètres en athlé en un temps choisit par l'élève, cette discipline n'existe pas en athlé à part en EPS). 
De plus les moyens pédagogiques ont eux aussi fortement évolués, on utilise différentes méthodes selon ce que l'on cherche à enseigner, selon le niveau des élèves, les moyens dont on dispose etc... Les méthodes employees a l'heure actuelle sont plus que jamais abouties ( on n'apprend plus a nager sur un tabouret en dehors de l'eau ce qui était on ne peut plus débile, mais pas à l'époque).
Le recrutement des profs est lui aussi différent meme s'il est toujours basé sur le principe du concours. Ce dernier ne reflète pas bien ce que l'on attend d'un prof et de surcroît les candidats sont de moins en moins nombreux et moins motivés par l'intérêt des enfants que le leur ( vive les vacances pendant lesquelles on peut travailler comme entraîneur de sa discipline, moniteur de cool etc...). 
Donc il est normal que ton expérience peut être par moment négative (comme certains de mes exemples) mais n'est pas le reflet de tous les enseignants et du travail formidable dont ils font preuve.

En ce qui concerne le monde associatif français, il est la proie d'une singularité toute particulière: le bénévolat et les subventions. Sans ces 2 aspects, le sport en France ne serait pas à ce niveau. En même temps, ils nuisent a son développement car tous les bénévoles ne sont pas formés, ni meme compétents et pourtant ils entrainent nos enfants et organisent le sport en France. Et on voit bien certaines dérives; les salaires minables des entraîneurs de club, le maintien en vie des clubs grace aux subventions et non pas grace à leurs résultats, compétences ou meme grace aux cotisations payées par les adhérents. Et puis il faut reconnaître l'existancede la cooptation, c'est a dire que les entraîneurs sont choisis partis les athlètes memes s'ils sont de piètres pédagogues.

Ton analyse ne prend pas en compte l'évolution des progrès réalisés par tes enseignants et moniteurs d'équitation. Tout le monde évolue, progresse et il est fort probable que certains soient devenus meilleurs avec le temps et l'expérience et qu'ils n'aient pas été au top quand tu étais leur élève.
Jai moi meme été mauvais quelques fois et pourtant en situation d'enseignement. L'essentiel etant d'en prendre conscience et de progresser pour être meilleur.

Il faut aussi comprendre l'évolution des disciplines sportives pour intégrer que ce qui etait vrai il y a un certain temps ne l'est plus maintenant. En natation par exemple, on revient sur le "S" que la main doit réaliser en crawl lors du passage dans l'eau au moment de la propulsion. Maintenant le mouvement est rectiligne pour certains dont M.Phelps. En sprint en athlé, les hommes ne sont plus tous des surbodybuildés etc... 

Il faut aussi se méfier de ses sensations et des souvenirs et ne pas idéaliser (ou inversement) ses exploits passés. Il faut aussi comprendre que l'on progresse tant que lon a pas atteint son potentiel et ceci quel que soit son âge meme si passé 50 ans cest bien plus compliqué (fonte musculaire, capacités cognitives restreintes  etc...). Il est donc normal de progresser meme en n'ayant pas pratiqué une discipline car d'autres activites sont complémentaires et ont pu t'aider a progresser sans meme que tu t'en apercoives. Et puis il y a des différences entre la pratique à 16 ans et a 31, il n'y a plus les mêmes intérêts et les memes contraintes.

Voilà, tout n'est pas si simple et les interactions nombreuses. 

Bonne route a toi.

Merci dadou...de ce commentaire bien étayé..
Papy volant

J'oubliais, 
Dans chaque corporation, on retrouve plus ou moins le reflet de la société, des bons, des mauvais, des consciencieux, des je m'en foutistes etc... L'enseignement n'y échappe pas.

Sans oublier ce que l'on est lorsque l'on est enfant, ado etc... Et notre perception du monde et des gens qui nous entourent, notre jugement défectueux et puis notre mémoire selective.

Et puis les étirements ne sont pas la panacée:
http://expertise-performance.u-bourgogne.fr/pdf/stretching1.pdf

Je ne dis pas que j'adhère, mais c'est une piste.

Voilà voilou, merci.

C'est très intéressant, merci pour l'avis!

Je pense que c'est vraiment important que ça progresse, parce que ça encouragera du monde à aimer le sport!

Je ne suis pas prof mais, j'ai pratiqué la compétition de haut niveau.
Pour moi Dadou a parfaitement résumé le sujet (rien a dire de plus)

bravo et merci dadou!

J'ai quand-même des trucs à ajouter  

dadou a écrit:

passé 50 ans c'est bien plus compliqué (fonte musculaire, capacités cognitives restreintes  etc...).

Et donc dans 2 mois je vais devenir rabougri et con?  

L'éducation nationale part en couille : ma fille (maigre comme un clou) en 6è fait de la.... lutte !
- fille - lutte - maigre - 6è. Cherchez l'intrus.

lutte libre ou gréco-romaine?

Et pourquoi pas? La lutte "française" n'a rien à voir avec les combats de sumotori, où les femmes japonaises débarquent aussi, soit dit en passant, et avec des gabarits "normaux"!

Je dis ça parce que j'ai eu (au collège) un prof d'EPS fan de lutte (c'est rare), qui a même réussi moyennant moult manœuvres, à faire financer l'installation d'un vrai tapis de lutte bleu avec les cercles dans une salle annexe du gymnase. Initiation fort amusante. D'une certaine façon, c'est moins violent/traumatisant que le judo. Il y a moins de chutes spectaculaires (et parfois douloureuses), mais plus de technique au sol.

Disons que ma fille n'a pas le profil ni physique ni psychologique de la lutteuse. Elle c'est plutôt danse de même que ses copines. De même que mon fils c'est plutôt foot de même que ses copains. Je vois déjà sa tronche si on lui demandait de faire de la danse classique à l'école.

hube68 a écrit:

Et donc dans 2 mois je vais devenir rabougri  

Ben si tu entretiens ton corps il n'y a pas de raison.  
J'ai fait mon tour de France à 50 ans et personnellement,
j'étais bien plus musclé et fort à la cinquantaine qu'à 20 ans.

rico a écrit:

Disons que ma fille n'a pas le profil ni physique ni psychologique de la lutteuse. Elle c'est plutôt danse de même que ses copines. De même que mon fils c'est plutôt foot de même que ses copains. Je vois déjà sa tronche si on lui demandait de faire de la danse classique à l'école.

Mais justement rico, c'est intéressant de s'essayer à une activité vers laquelle on n'irait pas spontanément. C'est l'occasion d'apprendre des choses sur soi-même. Ce serait quand même dommage de s'encroûter si jeune.
Par ailleurs apprendre la lutte n'est pas inintéressant pour une jeune fille, ça pourrait servir de succédané de cours d'auto-défense pour femmes.

Moi j'aurais adoré faire de la danse classique en primaire ou au collège. Je détestais (déteste toujours) le foot.
Disons qu'on peut comprendre qu'une petite midinette n'apprécie pas la lutte. Et c'est pas d'en faire toute une année qui va changer la donne. De même que plus je faisais de foot à l'école plus je détestais. Non mais chabizar est-ce que je te force à faire du VD moi ?

Rico, l'Education Nationale oblige aussi ta fille à faire des math, du français, de l'histoire, etc .... Quelle aime ou pas.

Relis ce que Dadou a écrit .

rico a écrit:

Non mais chabizar  est-ce que je te force à faire du VD moi ?

Oui mais j'ai essayé, j'ai goûté avant de me faire une opinion. C'est bien différent du fait d'avoir des a priori sur quelque chose qu'on n'a pas encore essayé.
J'ai eu la chance de tâter du judo, du piano, de la danse classique, de la danse moderne, du kayak, de la céramique, et enfin de la menuiserie en autodidacte. Hé bien pourquoi pas de la lutte gréco-romaine ou de la boxe thaï si on m'avait proposé ? Ca ouvre l'esprit. Ca permet de se situer en connaissance de cause. Pourquoi j'aime si et pourquoi j'aime pas ça.

J'ai peu de chances de me tromper en affirmant qu'un fort pourcentage de jeunes filles n'aimera pas la lutte et inversement pour les garçons. Ah mais j'y pense mais oui mais c'est bien sûr : on veut imposer l'égalité homme/femme dès le plus jeune âge, ceci expliquant cela. Bof on n'est plus à une ineptie près chez "Education Nationale et cie".

1. J'ai peu de chances de me tromper en affirmant qu'un fort pourcentage de jeunes filles et de jeunes garçons préféreraient rester à glander chez eux que de faire des math, de la SVT, du français, de l'histoire, de l'anglais etc....

2. L’égalité homme/femme s'impose de fait et bien évidement depuis le plus jeune age. Je ne comprends même pas que l'on puisse mettre en cause cela et surtout que l'on considère que c'est une ineptie.
Ton fils vaut mieux que ta fille?

Et il est normal que l’éducation nationale donne le même enseignement à tous sans discrimination de sexe, d’ailleurs sans discrimination de quoi que ce soit.

ah rico
Tu es conscient que "midinette" est un terme, sinon péjoratif, du moins peu flatteur ?

jno33 je plussoie
rico c'est ton côté "manif pour tous" qui se réveille ?

Pour autant que je me souvienne, l'éducation nationale, je parle dans les années 60-70 , a été assez efficace pour me faire détester le sport
(un pensum dont je n'étais jamais exempté   ).
Je ne sais pas si c'est la faute de l'éducation nationale ou bien la mienne. J'ose espérer que dans ce domaine les choses ont évolué dans les écoles depuis.

J'ai commencé petit à petit à apprécier le sport seulement vers l'age de 20 ans.
Maintenant j'en ai... (voir mon profil, ça change chaque année   ) et je fais pas mal d'exercice quasiment chaque jour.

Ce n'est pas grâce à l'éducation nationale mais, par exemple, celle-ci m'a ouvert l'esprit (un peu) à la musique classique,
par l'entremise d'un professeur de musique passionné. Comme quoi il y a aussi de beaux exemples...

Un homme n'est pas une femme et vice versa. On ne fera jamais aimer le foot aux filles ou la danse classique aux garçons sauf quelques exceptions qui confirmeront la règle. C'est de cette égalité impossible dont je parle et dont l'éducation nationale fait fi. Et plein d'autres exemples mais ce n'est pas le sujet ici. Nier les différences intrinsèques à la fois culturelles et innées, propres à chacun des deux sexes voilà dans quoi vous tombez.
Ma fille à l'âge d'être une midinette, pré ado, il y a un temps pour tout.

J'imagine que dans le collège de ta fille, Rico, ils ne doivent pas lui faire faire de la lutte à tous les cours et toute l'année.
Ca doit être une discipline, parmi plusieurs autres plus traditionnelles dans les écoles, qu'il font juste découvrir avec quelques rudiments.
Dans d'autres établissements, ce pourra être du tir à l'arc ou de l'escalade en salle, selon les possibilités locales.

Après, le coup de parler d'égalité garçons-filles:
Ils sont égaux dans le sens qu'ils sont des élèves à l'école pour bosser, et différents en général comme peuvent l'être des
garçons et des filles, avec des caractéristiques différentes, tant physiques que psychologiques.

Ils/elles peuvent être intéressés/intéressées  par le foot, le rugby, le basket, la danse, l'escalade, le tir à l'arc,
même si certains sports attireront plutôt une majorité de filles, et d'autres de garçons.

Pas que la lutte non bien sûr. Du roller aussi comme quoi y'a pas que du négatif hein, ah ça, ça m'aurait vraiment plus de mon temps du roller.

Didier33 a écrit:

Pour autant que je me souvienne, l'éducation nationale, je parle dans les années 60-70 , a été assez efficace pour me faire détester le sport

Moi c'est tout le contraire le sport a été ma porte de sortie.  
Ping-Pong,
tir à l'Arc,
Basket en fauteuil,
Natation,
Plongée sous marine,
Haltérophilie,
Ju-Jitsu,
kayak
Handbike,
sont les sports que j'ai pratiqués a différente période de ma vie.

C'est un inventaire à la Prévert, Patrick!
De mon temps  à Albi, c'était plutôt mini basket, saut en hauteur, sempiternel foot, courir autour du stade, un peu de piscine etc...
Evidemment, tu avais toujours le premier en sport    , chouchou du prof (là, c'est aussi de la mauvaise foi   ),  alors que moi j'étais nul...

Je n'ai jamais été très copains avec les profs Didier.
Quant au sport,
je me suis bien débrouillé mais, il m'est déjà arrivé d'être le dernier!
comme par exemple en athlétisme ou sur une couse à pied handi, je me suis fait pulvériser.