Suivi GPS du BRM 400 d'Anderlecht (B), le 8 mai 2015

Après m'être débiné face à la météo le week-end dernier, je m'engage sur un brevet qui s'annonce plus clément... et d'un dénivelé plus roulant. Il sera possible de me suivre en temps réel sur cette carte : https://www.endomondo.com/workouts/user/18786646 , à partir de 18 heures ce soir et jusqu'en fin de matinée demain, si tout va bien.

Youpi !

Bon courage Jéjon !! =)
Merci de faire partager ton circuit et ton évolution !! =)

Apparemment, il est dans les temps qu'il prévoyait, voire un peu mieux.
Juste un souci avec le suivi cartographique qui semble avoir été réinitialisé en cours de route hier en soirée...

plus que quelques km, une dizaine environ...

13 heures 30, je rentre du boulot, je gare ce bon vieux Sucre d'Orge. Je n'ai encore eu le temps de rien préparer pour le brevet. Je sors le Zockra après avoir mis au four un reste de pâtes, puis rassemble mes effets tout en mangeant. Pas de liste sous les yeux ; je commence à être rôdé. Pourtant, le smartphone n'est pas chargé quand je dois partir ; heureusement que je dispose d'une nouvelle batterie externe de 8400 mAh. Il est quinze heures, je suis couché sur le vélo, sur le trottoir, lorsque Élisabeth me demande si j'ai bien ma lampe. Merdre ! L'Ixon est toujours au garage, et elle a fonctionné deux ou trois heures depuis sa dernière charge... Bon... Il faudra peut-être que je me confectionne une liste, finalement.

À 15h20, je suis dans le train. Oh, pas envie d'examiner la feuille de route. Je rêvasse à la fenêtre. De la gare de Bruxelles-Midi à Anderlecht, il n'y a que quelques kilomètres, et je suis au café "La clé du cimetière" à 17h30 pour l'inscription ; j'y retrouve quelques têtes connues, dont les frères Lammens, Geert et Koen, avec qui j'avais beaucoup roulé sur les brevets de 2007. Scott, l'Américain d'adoption belge rencontré à Villance sur le 300, est également présent. Il y a 25 inscrits.

Départ à 18 heures. Nous contournons le grand cimetière du Chant d'Oiseaux par de petites ruelles pour rejoindre à Ruisbroek le canal Bruxelles-Charleroi. Dès le km 5, je décide de rouler à mon rythme et pars seul. J'ai comme d'habitude sur le ventre la pochette transparente contenant la feuille de route, et au guidon le smartphone sur lequel tourne l'application Endomondo où j'ai chargé le fichier gpx du parcours. Au bout d'une douzaine de kilomètres, me voici rattrapé par six randonneurs, en plein centre de Tubize : un Hollandais, trois Flamands, notre Américain et un Wallon. Nous quittons le canal et ses 20 mètres d'altitude pour grimper progressivement à 180 mètres.

C'est la vaste campagne, les vanneaux et bergeronnettes printanières. Tout irait bien sous ces nuages gris sans menace, si je ne m'apercevais rapidement que le smartphone, poutant branché sur la batterie externe, se décharge progressivement. Un peu étonné, je présume que la charge ne compense pas la consommation, et décide de n'allumer l'écran qu'en cas de nécessité. Je suis donc gentiment le groupe, car la feuille de route me paraît complexe, difficile à suivre. Au km 46, cependant, je déraille en passant sous l'autoroute, et la chaîne bloquée m'oblige à tripoter le cambouis quelques minutes. On ne m'a pas attendu, et je repars en chasse pendant 10 kilomètres pour rejoindre les six à Péronnes, au km 55.

À Binche commence la longue piste cyclable du RAVeL : rectiligne et très plane, très roulante si chaque intersection avec les routes de campagne, parfois d'insignifiants chemins, n'était gardée par deux paires de barrières métalliques orange formant chicane. Les vélos droits se faufilent sans trop de difficulté, alors que mon empattement m'oblige à louvoyer péniblement, et les relances sont pénibles.

J'ai enfin remarqué que la charge du smartphone s'interrompait constamment. Il était temps de le remarquer, car la batterie interne n'affiche plus que 25 %. En dégageant un peu la batterie externe, placée dans ma poche-banane ventrale, je peux accéder à son bouton et relancer la charge à chaque coupure. Mais progressivement, la situation empire : les interruptions, qui me sont signalées par l'illumination automatique de l'écran du téléphone, se succèdent plusieurs fois par minute, et, bientôt, les charges ne durent plus que quelques secondes, voire dixièmes de seconde. Je m'énerve ! La perte du téléphone signifie l'obligation de suivre le groupe si je veux rouler à un rythme honorable : impossible de rouler plus vite qu'eux, car la consultation de la feuille de route, la nuit, me fera perdre un temps considérable par rapport à leurs GPS, et leur laisser prendre de l'avance m'empêchera, pour cette même raison, de les rejoindre ensuite. Le téléphone n'est plus chargé qu'à 20 % environ, et la chute s'accélère. Vers 10 %, la charge se met à baisser à vue d'oeil, à chaque seconde : 9, 8, 7 %... Au km 68, je coupe Endomondo et me prive donc du suivi, mais aussi du parcours visible à l'écran. J'éteins ensuite rapidement le téléphone lui-même, pour me laisser la possibilité d'encore téléphoner en cas de pépin.

Nous quittons la Belgique par Erquelinnes -- c'est un des villages les plus sinistres que je connaisse -- pour entrer en France par Jeumont. La route est vallonnée mais toute droite jusqu'au premier contrôle, à Solre-le-Château ; je peux donc me permettre de prendre quelques relais dans le groupe des sept.

la suite

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t'es pas en panne de stylo maintenant..
je suis tout attentif
que va devenir notre valeureux participant favori!!
Papy volant

Jéjon ! Jéjon ! Jéjon !!
Rah, ce talent de plume !!

Km 90, premier contrôle. Il est 21 heures 30, il commence à faire sombre. Nous enfilons les vêtements réfléchissants, ajustons les lampes. Je passe la frontale autour du cou : elle me servira éventuellement à lire la feuille de route, et remplacera (médiocrement) l'Ixon si celle-ci devait rendre l'âme avant l'aube. Dans la pochette de la batterie externe se trouve un autre câble, très court : 20 cm environ. Comme je suspecte depuis un moment un faux-contact dans celui utilisé jusqu'ici, je le teste et m'aperçois que le téléphone paraît de se charger normalement. Au moment de reprendre la route, je le rallume et relance le suivi Endomondo.

Dans la forêt se succèdent les toboggans ; c'est un régal pour un vélo aérodynamique, car les descentes me permettent de gagner assez de vitesse pour gravir la pente suivante avec peu d'efforts. C'est donc sans l'avoir souhaité que je quitte mes six compagnons -- même si la conviction que le téléphone tiendra le coup et me montrera la voie n'est certes pas pour rien dans mon abandon à cette vitesse grisante.

Est-ce dans la clairière de Trélon, d'Anor, ou même près de Hirson qu'éclatent soudain à mes oreilles les trilles du rossignol ? Elles ne me quitteront plus de la nuit : les bocages, les jardins, les rives de la Meuse en sont emplis et suffisent à meubler mon propre silence. Peu d'évènements sont donc à signaler : les pavés de Trélon (km 105) qui font basculer ma lampe sur son support, un bal populaire à Rouvroy-sur-Audry (km 162) qui m'oblige à grimper sur le trottoir sous les yeux perplexes des fêtards.

Dès Auvillers-les-Forges (km 146), cependant, j'ai aperçu dans mon rétroviseur quelques phares très blancs et scintillants : les six ne sont pas loin et, à la faveur des froissements du paysage, des ondulations des prés, des serpentements du bitume, ils se rappelleront régulièrement à mon souvenir. À Remilly-les-Pothées (km 165), ils sont tout proches : je compte environ trente secondes au moment de traverser la D2 (km 168). Mais nous arrivons en terrain plat... et je ne les entreverrai plus avant une heure.

Deuxième contrôle : Sedan, km 201. Il est une heure et demie. Il faut trouver la boulangerie Fabre et, comme elle est fermée à cette heure, répondre à une question probatoire, indiquer une date commémorative gravée sur le bâtiment qui lui fait face. Je suppose naïvement que ladite boulangerie se trouve sur le rond-point où s'interrompt la première et commence la deuxième traces GPS fournies par l'organisateur, juste après le Pont de Meuse. Je tourne un peu, vais jusqu'à la rue Gambetta, rien. La feuille de route indique l'avenue Général Margueritte, mais je ne la vois pas sur le téléphone : peut-être l'ai-je déjà dépassée ? Ah, j'aurais dû pointer dans ce kebab animé installé à l'entrée de la ville ! Comme je réfléchis au parti à prendre arrivent cinq de mes six compagnons, pas plus avancés que moi : ils ne savent pas non plus où se trouve la boulangerie. En la cherchant, nous trouvons un autre kebab en train de fermer. Les patrons, très sympathiques, apposent leur cachet, remplissent nos bidons et nous pressent de questions : ils sont d'abord totalement incrédules quand on leur expose notre périple.

Nous restons assez longtemps à Sedan : les autres s'étirent, mangent, n'ont pas l'air de vouloir redémarrer. Le randonneur manquant, un Flamand et le plus jeune d'entre nous, avait réservé un hôtel à Sedan : il a fait 200 km à très bonne allure mais ne repartira demain qu'à huit heures -- après tout, il peut rentrer à Bruxelles à 21 heures, dernier délai.

Nous quittons enfin Sedan — en passant, évidemment, devant la boulangerie Fabre. Dès Vivier-au-Court (km 213), le parcours se replie brièvement sur lui-même, se donnant un léger parfum brestois. Mes cinq compagnons ont disparu dans le rétroviseur, et je croise alors, pendant 10 kilomètres, d'abord un, puis deux, et enfin trois randonneurs qui ont donc entre 15 et 35 kilomètres de retard sur moi.

Après avoir retrouvé Charleville-Mézières, l'itinéraire bifurque au nord pour attaquer le relief : on passe rapidement des 150 mètres de la vallée de la Meuse à 300, puis aux 380 mètres d'altitude du plateau de Rocroi. La forêt est silencieuse, les jambes tournent aisément... Comme tout irait bien si je n'étais si fatigué ! Les paupières sont lourdes, je m'approche dangereusement du bord gauche de la route. Je pédale plus vite, mais que faire en descente ? Je chante à tue-tête, j'apostrophe les buissons, je décris le paysage à un interlocuteur imaginaire — rien n'y fait : toutes mes pensées se détachent de moi, acquièrent une vie propre, s'onirisent en nuées, m'enveloppent de leur brouillard...

Je dois m'arrêter. Où était-ce ? À Bourg-Fidèle, à Regniowez, à Nimelette ? Je ne sais plus. Je pose le vélo, éteins les lampes, fais les cent pas devant une église, peut-être. Il y a peut-être un parc, peut-être quelques buissons taillés. Dix minutes ne se sont pas écoulées que poignent deux lampes blanches : enfin, mon réconfort, mes sauveurs ! Ce sont Scott et Yves qui viennent me désensabler !

On s'y voit très bien... et on espère la suite.

Surtout pour l'histoire énervante de ce smartphone qui ne cesse de se vider, ce chargeur qui ne charge plus que quelques secondes... du vécu...
Pour Endomondo, j'ai fait le même constat lors de mon 300 (dont je n'ai encore presque rien raconté)... même avec une batterie externe je tiens tout juste 12h...

J'ai donc laissé tombé et j'utilise désormais uniquement une petite application qui me donne une trace très précise et bien lisible. En mode avion, la batterie a tenu très largement le 400 d'il y a 15 jours (dont je n'ai encore presque rien raconté)...

Pour le suivi, reste à envoyer un petit mot sur le forum de temps en temps ;-)

Sacrée "balade"

Sébastien, cela me fait penser que tu n'as pas répondu à tes dizaines centaines de milliers de followers par là https://velorizontal.1fr1.net/t16707p30-j-ai-teste-l-application-endomondo?highlight=endomondo

C'est reparti : décidément, il n'est rien de tel que la conversation avec les camarades pour chasser le sommeil. Nous devisons donc au fil des kilomètres sous le ciel qui pâlit ; Scott et Yves m'apprennent que le Hollandais est resté collé au bas de la première côte, après Charleville, que les deux Flamands, très fatigués, semblaient vouloir tâter alternativement des bas-côtés gauche et droit de la chaussée puis se seraient sagement arrêtés.

Les tourterelles et rouges-queues noirs commencent à chanter, puis ce sont les merles, les mésanges charbonnières. Dans la région de Chimay, le chant du rouge-queue à front blanc fait striduler chaque pommier en fleurs. À Froidchapelle (km 293), la feuille de route indique un contrôle dans un "commerce au choix" mais, à 5 heures 45, aucun ne paraît disposé à agrémenter notre carte de son cachet : nous nous prenons donc mutuellement en photo devant le panneau d'agglomération au moment de quitter le village. Nous venons d'essuyer une légère ondée, et Scott est fatigué. Il restera ici et cherchera un abri de fortune pour un petit somme ; Yves et moi continuons.

Juste après Solre-Saint-Géry (km 305), comme nous revenons sur nos pas pour avoir manqué l'entrée du RAVeL, un sentier latéral de cailloux et d'ornières, nous avons la surprise de voir un autre randonneur s'y engager avant nous : s'agit-il déjà de Scott, auquel cinq minutes de repos auraient suffi, ou qui aurait finalement décider de repartir aussitôt ? Non, c'est notre Hollandais ! Je peux alors faire la connaissance de Gerco, qui parle un peu français, mais un peu moins bien que moi le néerlandais, même si son accent me rend toujours ses premières phrases incompréhensibles. C'est un monstre physique dont la puissance musculaire ne compense malheureusement pas le poids en côte. Mais sur le RAVeL, ça roule ! Les lapins détalent en tous sens devant nous, un renard aux aguets connaît la frayeur de sa vie. Et moi, je relance comme je peux à chaque double chicane orange. Tiens, comme nous causions, Yves a disparu.

À Thuin et Lobbes, nous quittons un RAVeL pour un autre, qui nous emmène jusque Estinnes-au-Mont (km 343). Gerco, depuis quelque temps, voit apparaître au loin, entre les éoliennes, des bakkerijen (boulangeries) comme par mirage, et Estinnes nous en offre une. Je n'ai pas très faim, j'ai encore des provisions, mais je décide de rester avec lui... et les pâtisseries sont appétissantes. Comme nous les dégustons sur le trottoir, Yves nous rejoint : il nous dit s'être endormi sur le RAVeL, réveillé par les cahots du bas-côté.

[Edit : ajout du D+]

Nous repartons tous les trois. À Thieusies (km 361), décidément, le "Métropole" est toujours fermé. Il est 8 heures 55, aucun autre commerce n'est ouvert ; nous prenons des selfies. On ne s'attarde pas, chacun est pressé de rentrer, et la Hesbaye défile à bonne allure : Braine-le-Comte, Rebecq. À nouveau les alouettes, les vanneaux. À nouveau Yves a disparu. Dans le centre de Tubize, nous retrouvons pour vingt kilomètres le premier tronçon de ce brevet, et c'est enfin le canal jusqu'à Bruxelles.

Gerco et moi arrivons premier à 10 heures 30 exactement ; la "Clé du Cimetière" n'est heureusement pas verrouillée et nous pouvons nous restaurer parmi les vieux habitués du quartier. Yves, qui s'endormait encore au long du canal, ne tardera pas, puis quelques autres arriveront au compte-goutte au fil des deux heures passées à attendre Élisabeth venue visiter une expo non loin. Il fait très beau, les perruches à collier glissent d'arbre en arbre.

408 km et environ 2750 m de D+ :
- en 16 heures 30 : 24,7 km/h de moyenne totale.
- en 14 heures 39 sur le vélo : 27,9 km/h de moyenne roulée.
1 heure 50 d'arrêts : c'est bien. Fort bien, je trouve. Étonnant, en fait, car plusieurs longues pauses n'étaient pas souhaitées de moi (à Sedan et Estinnes).