Le parcours : https://www.openrunner.com/r/8559004
Des images là : http://jeanpba.homeip.net/?page=175&new&onglet=1
Mon CR: puisse-t'il donner envie...
Je voulais faire le BRM 300km de Nyons proposé par Pimprenelle mais malheureusement, ce ne sera que le weed-end prochain et nous sommes dans la famille à Saint Marcellin pour ce WE seulement.
Je vois qu'il y a aussi le BRM 400km de Grenoble et je m'y inscrit au cas où...
Je doute un peu de la faisabilité du truc car je n'ai que peu roulé depuis le début de l'année et surtout n'ai fait qu'un 200km en solo 15j auparavant... La météo annoncée, peu encourageante en début de semaine ne fait que s'améliorer. Je me motive et contacte Marcel pour lui demander s'il lui est possible de m'héberger la nuit d'avant : il a la bonne idée d'habiter à deux pas du départ.
Celui-ci est en effet prévu à 4h du matin. Je suis surpris de cet horaire qui offre une courte première nuit et qui, avec le délai autorisé des 27h pourrait nous faire passer une deuxième nuit sur le vélo.
Les deux précédents 400km faits (en 2014 et 2015) proposaient l'un un départ à 20h et l'autre à 17h. Cela dit, ce choix est plus que judicieux car on roulera de jour dans de beaux paysages, plutôt que de ne rien voir la nuit... ce qui sera très positif d'un point de vue plaisir des yeux et sécurité car il y avait de nombreux cailloux sur les chaussées ds les descentes... et on verra que finalement il sera possible de ne passer qu'une longue soirée plutôt qu'une nuit sur le biclou...
Accueil extra de Marcel qui me régale de sa potion magique : vin de noix et lasagnes maison. L'estomac délicieusement lesté de saines calories, une douche et hop ! dodo pour un lever à 3h. Malgré l'odeur de brioche qui embaume la cuisine, je ne peux avaler à ces heures trop matinales qu'un yaourt et un morceau de fromage, ainsi qu'une tasse de café... Marcel se lève pour me souhaiter bonne route.
J'arrive au point de rendez-vous pour la remise de la carte de route et le contrôle des éclairages du vélo par Jean-Philippe Battu, l'organisateur des brevets grenoblois ; une cinquantaine d'inscrits dont un autre vélo couché : Marau (Christophe) avec son Vendetta.
Le départ est donné à 4h du matin. Nous partons par la voie verte le long de l'Isère. Il est convenu que le groupe reste ensemble à allure régulée jusqu'à Voreppe au pied de la première difficulté, le col de la Placette... puis les fous seront lâchés.
Je laisse partir tout le monde car je tombe la veste avant la grimpette. L'allure avait beau être régulée, elle était déjà rapide et je transpire déjà ! En vélo couché, les montées sont l'occasion pour moi de travailler la patience... et de nuit, c'est d'autant plus facile que l'on n'a pas la même notion du temps qui passe qu'en journée. Je grimpe tranquillo à mon rythme et finis à quelques hectomètres du col par rattraper quelques cyclos dont Christophe.
La nuit étant douce, je ne me rhabille pas et entame la descente... Vavavoum ! Je double quelques cyclos, la descente n'étant pas technique, le vélo couché vionze dans la nuit noire...
Après les Echelles, on monte – patiemment ! Hihi ! - vers Saint Béron ; le jour se lève, les oiseaux chantent, les prés sont verts et les pissenlits les ponctuent de jaune... Je prends plaisir à voir le soleil se lever dans ce coin de Savoie que je ne connais pas.
Descente sur le Lac d'Aiguebelette le long duquel je croise sur la piste cyclable des athlètes asiatiques (équipe d'aviron ?), aussi surpris de voir un vélo couché que moi de croiser des gens en jogging à cette heure matinale. A Novalaise, j'aperçois des cyclos arrêtés devant un commerce mais je continue mon chemin à mon rythme.
En vélo couché et a fortiori sur des profils accidentés, il m'est impossible de rouler en groupe avec les vélos droits : je ne peux au mieux que faire l'accordéon... en descente ou faux-plats descendants, les jambes tournent toutes seules en récupération active et je file devant pour ensuite me faire rattraper et déposer dès que ça grimpouille !
Malric Leborgne, le concepteur des Zockra, m'avait conseillé lors d'une Vélorizon Val de Cher de pédaler tranquillement pour récupérer dans les descentes : mettre un grand braquet, se contenter d'accompagner sans appuyer plutôt que d'arrêter de pédaler et ça marche bien car, tout en se reposant, on garde de la vitesse et de l'élan pour la bosse suivante !!!Descente sur Yenne où je quitte la trace pour aller faire le plein des bidons en centre-ville dans un bistrot. Traversée du Rhône et montée à flanc de pente le long de la « Montagne de Chemilieu » : la montagne du Chat barre le paysage à l'Est et on domine le lit du Rhône. C'est beau ! Je me régale.
1er contrôle à Massignieu de Rives, joli village perché : je note l'heure de passage et réponds à la question secrète et vavavoum, petite descente... Je suis le Rhône jusqu'à Culoz sur une grande route au revêtement désagréable sur laquelle les voitures roulent vite.
On quitte à Culoz le lit du Rhône pour monter pendant une vingtaine de kilomètres à flanc de Grand Colombier... Je fais une pause « petit-déjeuner » dans une supérette de village (Gignez - km110) à tout faire : tabac – petite presse – charcuterie – fromagerie – épicerie : une tranche de jambon, un morceau de comté, un croissant, une banane que je mange en saluant quelques cyclos qui passent et en me chauffant au soleil. Je repars pour aller pointer à Billiat, 2ème contrôle.
Je me grise de la descente sur Bellegarde en V., avant ce que je pense être la grosse difficulté de la journée : les 45km de remontée de la Valserine jusqu'au plateau jurassien. Je merdoie un peu dans Bellegarde et m'offre un raidard inutile en centre-ville sous les sempiternelles et habituelles remarques des piliers de bistrots attablés au soleil.
N'ayant pas fait de « feuille de route », j'attaque sereinement la montée et regarde partir un jeune cyclo grenoblois, novice en LD, qui va bien plus vite que moi. Je travaille la patience et me fais plaisir en moulinant au plus confortable selon l'adage « qui va piano, va sano ; qui va sano, va lontano »... Comme fait exprès, on passe à Confort ce qui est une évidence roulant couché !
Je nourris mes yeux de la palette variée des verts des différentes espèces d'arbres qui peuplent les pentes. La température est idéale pour rouler, la route peu fréquentée. Jean-Philippe Battu me dépasse, me demande s'il peut me prendre en photo puis file devant. Je le rattrape à la faveur d'une descente... - Grrr, pensais-je, on débaroule ce que l'on vient de ramer à monter ! - , le laisse à Chezery-Forens où il ravitaille... et au bout d'un certain temps : Youpi ! Me voilà à Lelex puis Mijoux. J'arrive au 3ème contrôle au moment où en partent une cyclote et deux cyclos. Je réponds à la question secrète du contrôle, boit un coup et avale quelques fruits secs pour recharger les batteries avant les quatre derniers kilomètres d'une belle montée en grands lacets pour atteindre le haut du plateau jurassien. Je repars en compagnie d'un cyclo de Morestel avec lequel nous ferons quelques bouts de route ensemble. Les jambes vont bien et la montée est régulière et moins ardue que ce que je redoutais : je prends plaisir à clore cette première partie de parcours.
Quelques névés jouent les prolongations au milieu des arbres et c'est la descente sur Lajoux puis Saint-Claude. Par endroits, ça descend fort et je suis bien content de ne pas être ds l'autre sens !!! La prudence s'impose néanmoins car les Gorges de Flumen et le Saut du chien ne tolèrent pas la moindre sortie de route !
Je m'arrête à Saint-Claude en terrasse boire un Perrier-Menthe et manger mon casse-dalle : tranches de viande de Bison Couché... euh !... des Grisons, Comté acheté à la pause « petit-déj' » et un coockies en dessert pour un plaisir sucré.
Le compteur indique 190km... Restent encore 227km à faire : faut pô mollir alors zou !
Le redémarrage n'est pas trop difficile, car c'est faux-plat descendant malgré un vent contraire... On essaie avec le cyclo de Morestel, un cyclo de Pelussin dans la Loire et un de Voiron, de passer des relais mais cela ne fonctionne pas trop bien. La route est très fréquentée à cette heure-ci (axe Saint-Claude – Oyonnax) mais heureusement très large.
Avec le cyclo de Voiron, nous la quittons à Dortan pour rejoindre la vallée de l'Ain qui coule nonchalant et s'élargit à la faveur des barrages qui barrent son cours... Je me retrouve tout seul une nouvelle fois avant de partager quelques kilomètres avec le jeune cyclo grenoblois entrevu au sortir de Bellegarde. Dans la montée d'un très pittoresque cirque, la « Reculée de Corveissat », il m'abandonne à mon triste sort et patiemment, j'aborde le franchissement de petits monts et même du col de France. Je le retrouve à l'entrée de Jasseron, en train de répondre à la question secrète du 4ème contrôle. Nous sommes à 10km de Bourg en Bresse et dominons la Bresse. Nous faisons une pause café, allongé pour moi, pendant que les pros s'agacent à la télé sur le Tour de Romandie (??).
La portion suivante via Ceyzeriat est agréable avec une alternance de descentes et montées, dont une plus sévère vers Saint-Martin le Mont. Je roule en accordéon avec le cyclo de Pelussin. Nous atteignons, après avoir franchi l'Ain à Neuville/Ain, et une longue ligne droite plate, Ambérieu en Bugey. Les voitures sont nombreuses et certains automobilistes agressifs : nous sommes samedi soir et les c... sont de sortie !
Je quitte Ambérieu seul, pour une nouvelle fois, prendre patience en montant tout à gauche les quelques lacets de Bettant et descendre sur le joli village de Vaux en Bugey. Le parcours suit ensuite le Rhône via Lagneux, Glandieu et sa cascade où je m'arrête finir mes tranches de viande séchées. Je partage les dernières avec le jeune cyclo grenoblois qui vient de s'arrêter à mon niveau : il n'a rien à manger de salé et est écoeuré de barres sucrées... Le cyclo de Morestel et de Pelussin débaroulent pendant notre pause et poursuivent leur route. Nous repartons à la nuit tombée et je perds mon compagnon de route du moment, au premier resto croisé. Je retrouve les deux cyclos à Saint-Genix du Guiers (km 353) en train de pointer au dernier contrôle.
Le plus gros est fait et il semble raisonnable de prévoir une arrivée à Grenoble entre 0h30 et 1h30... Je repars avec le cyclo de Morestel qui, bien malgré lui, est souvent en danseuse, « mal au cul » oblige... Nous roulons ensemble jusqu'au Pont de Beauvoisin où il s'arrête répondre au téléphone. Je poursuis en moulinant davantage encore qu'à l'habitude, une douleur aiguë inconnue étant apparue face médiale de mon genou droit et me faisant douter pour la suite.
A Saint-Berron, je merdoie en voulant suivre ma trace gps au lieu de rester sur la grande et bonne route.
En effet, je retrace en tronçon d'une centaine de km les parcours officiels et ce coup-ci avec le nouvel Openrunner et le calcul de la route en mode « vélo route », ma trace m'envoie sur une petite route, en dessous de la route principale à suivre. Cette petite route est surement très bucolique de jour, mais de nuit, elle présente quelques inconvénients majeurs : ça grimpe sévère par moment, c'est étroit et il y a du sable par endroits me faisant redouter la chute. Je fais un morceau à pied en poussant le vélo : j'évite ainsi de tomber et ma douleur au genou s'atténue un peu. Au bout d'un certain temps de marche, j'aperçois juste au dessus de moi une lueur chancelante : le phare d'un cyclo ! Je rejoins enfin la bonne route des Gorges du Guier et les cyclo de Morestel et de Pelussin.
Nous roulons ensemble via Les Echelles et Saint-Laurent du Pont jusqu'au pied de la dernière ascension, le col de la Placette par son versant facile, et je les laisse filer : je m'arrête appeler ma femme pour la prévenir de mon arrivée prochaine, remplir mon bidon de guidon avec mon bidon de réserve, avaler une poignée de mon mélange de fruits secs et à peine reparti, enfiler ma veste de pluie : les premières gouttes d'une averse tombent mais ça ne durera pas longtemps.
Malgré le genou sensible, cette dernière montée se fait doucement mais se fait bien ; la descente sur route fraichement mouillée sera très prudente et tranquille.
Je ne retrouve pas à Voreppe la voie verte.
Faut dire que je teste sur cette portion de parcours une trace en coloris bleu sur le gps : c'est très con car les cours d'eau sont aussi en bleu... bilan j'ai suivi le petit ru au lieu de la trace et me retrouve au grand rond-point à l'entrée de l'autoroute !... Je demande aux gendarmes qui effectuent des contrôles s'ils peuvent m'indiquer la voie verte, mais ils ne peuvent me renseigner... alors pour éviter la nationale, je passe par le Chevalon de Voreppe puis les pistes cyclables ds Saint-Egrève et Saint-Martin le Vinoux. Je traverse l'Isère sous la Bastille et rejoins l'avenue Esclangon pour déposer ma carte de route dans la boite aux lettres d'arrivée.
Il est 0h45. Ma femme est là à m'attendre sous la pluie qui s'est remise à tomber. J'ai la mine réjouie du gonze qui en termine et va rentrer faire un bon dodo avec sa doudou !
En conclusion :
18h10 de roulade pour 20h45 de temps de parcours.
Merci à Jean-Philippe pour ces 415km de beaux paysages et de belles routes.
Merci à Marcel pour son accueil chaleureux et ses « magic lasagnes ».
Merci à la météo d'avoir été favorable : le lendemain aurait été autrement moins sympathique !
Heureusement qu'il n'y a pas eu de forts pourcentages sur le parcours car sinon, mon 34x36 en 622-25 au plus petit se serait avéré encore trop long pour ma petite cylindrée...
Un regret : ne pas avoir eu l'occasion de partager un bout de route avec Christophe et son Vendetta... mais ce sont les jambes qui commandent l'allure sur ce genre de longue roulade...