2ème étapeVite allongé dans mon duvet et le bivy, la nuit fut bonne quoique un peu courte dans tous les sens du terme. Couché vers 1h00, réveil programmé pour 5h00, mais lentement avec les premières lueurs vers 4h00, j'ouvre les yeux, profite de l'air frais à travers la moustiquaire encore 1h00 pour profiter de la quiétude de ma tanière, dehors il y a de l'activité...
Sortant de mon sarcophage, j'enfile mes vêtements avec hâte, les habitants du lieu sont menaçants, non pas sur deux pattes, ni quatre, mais avec des ailes et ont commencé comme des pyranas à me dévorer : je viens de faire la rencontre avec les midges, les moustiques à côté sont inoffensifs.
J'avale mon petit déjeuner en marchant, l'immobilisme étant source de piqures très urticantes. Vite remballer le campement, et prendre la route !
Aujourd'hui les premières bosses, et cela devrait être mon heure de vérité, çà passe ou çà casse. Le plus gros pourcentage devrait être au programme de cette journée, en avant ! Quelques kilomètres de plat le long de la côte, et puis c'est le début de la première rampe, longue, puis la route se redresse, un peu plus de 10%, tranquillement je prends un rythme de croisière.
La route sur cette péninsule est un immense roller coaster, les dérailleurs sont mis à rude épreuve, les côtes sévères succèdent à des descentes abruptes et à chaque virage sur ces petites routes parfois légèrement gravillonnées, les virages secs obligent à la plus grande prudence. Certains coureurs poussent déjà les vélos dans les raidillons. La route longe la côte, les paysages splendides se succèdent.
Dans un petit village, j'arrive dans un pub, deux cyclo repartent et m'indiquent qu'un excellent petit déjeuner est servi ici. Allez chiche, une petite pause pour prendre des forces pour la suite et gouter à un véritable full Irish Breakfast. Délicieux, roboratif, que dire de plus ? Rien, un repas parfais pour un cyclo... Je repars direction Malin Head, le point le plus au nord de l'Irlande. Le coin est magnifique :
Le temps de grignoter et d'échanger, mais il faut repartir.
Je profite d'une pause vers la fin de la matinée, je me suis arrêter avant le mur de la journée, et j'en profite pour appeler ma moitié. Un cycliste me passe et me lance "The Monster". Bien beau à regarder, mais la vue doit être encore plus belle là haut... Go !
Certains poussent les vélos, pour économiser leurs genoux. Je suis toujours assis, les pieds sur les pédales, bien calé au fond du siège, la barre non la chaîne tout à gauche... la route se redresse, un virage, deux, je ne peux plus regarder le compteur et voir l'inclinaison, mais elle continue de progresser. Je pose un pied à terre pour faire baisser le rythme cardiaque, je repars en manquant de tomber, zigzague et reprends un cap, le col est là au bout de la roue, à portée, çà passe, je suis toujours sur le vélo, j'ai l'impression d'être dans un four, çà y est ! Je prends un peu d'eau, échange avec un photographe qui m'indique que la descente est raide, et m'incite à la prudence. Le Mamore Gap est derrière moi, alors je vais continuer...
Le paysage était beau à la montée mais l'effort tellement intense que je ne me suis pas arrêté pour faire des clichés, et au col la vue est moins dégagé... tant pis. Je file dans la descente, le revêtement est granuleux, et j'hésite à lâcher les watts, et de toute façon je n'ai jamais été un descendeur... ce n'est pas les grenoblois qui me diront le contraire, hein les 3G ?
Je traverse Leterkenny et je me dirige dans le creux d'une superbe vallée en direction d'un faux col, vers le Glenveagh National Park où m'attend une partie en gravel en direction d'un lac.
J'attaque sur le vélo, mais les gravillons deviennent un peu plus gros et je finis comme les autres coureurs par pousser le vélo pour ne rien casser. Sympa ce passage à pied, cela fait du bien aux jambes.
Le parcours se poursuit à travers le parc d'un château avant de retrouver le bitume. Peu de commerce dans le coin, il faut rejoindre la côte...
Après une belle descente j'arrive dans un village sur la côte. Devant un commerce quelques coureurs mangent sur le trottoir, il est encore ouvert. J'arrive au rayon traiteur, où tout est rangé. Je vois bien que la serveuse est en train de nettoyer ; elle finit par demander si quelque chose me ferait plaisir, et ressort ses préparations pour me faire deux sandwichs quelle gentillesse ! Et souvent les commerçants se plieront en quatre pour nous servir...
Le soleil décline et je ne veux pas réitérer ma recherche de camp à la frontale, alors je reprends ma marche en avant. De village en village le long de la côte.
Sur un ressaut j'aperçois une bâtisse désaffecté, je m'écarte de la route, pose le vélo. Un muret près du parking de cet ancien hotel m'abritera pour la nuit à l'abri de la brise. Les envahisseurs locaux arrivent, par colonies entières et me voilà en train de monter mon camp en gesticulant, j'avale en courant ou presque un casse croute, un fruit... Je fais le compte rendu de ma journée à mon PC de course resté au pied des Alpes, puis je vais m'abriter dans mon refuge. J'ai trouvé un beau coin de bivouac avec vue sur mer, les guides diraient avec vue imprenable. Cette journée s'est finalement bien passée, le moral est au beau fixe, tout va bien.
Demain un gros morceau en vue, un peu plus long, un poil moins pentu... L'organisateur avait prévenu, le Donégal c'est beau mais difficile...