Départ à 5:00. Cette-fois-ci, contrairement au BRM 300, je suis au départ à l’heure: un 400 ca prend un certain temps et j’aimerais finir avant la tombée de la nuit.La météo est annoncée mauvaise avec un fort vent ( 50 kmh avec des rafales à 70-80) et il doit tourner durant la journée de telle sorte que nous devrions plus ou moins toujours l’avoir contre nous et le tout accompagné d’averses, puis de pluie et d’orages.
Au départ les routes sont mouillées mais il ne pleut pas. Le vent est modéré défavorable et il fait plutôt bon. Après avoir salué Gilles (qui est parti à 2:00 en vélo pour être au départ à 5:00 et qui rentrera après son BRM de la même façon) je pars à 5:00, les autres quelques minutes plus tard mais comme je vais de toutes façons rouler tout seul je décide de ne pas différer.
Direction Molsheim par quelques bosses et une première averse de 5 minutes puis remontée de la vallée de la Bruche pour aller monter le col du Hantz. Dans la montée du col je suis rejoint par deux VD. Je ne m’accroche pas: ce sont deux du groupe de jeunes qui a bouclé les BRM 200 et 300 à un rythme d’enfer. La longue descente de la vallée qui mène vers Raon l ‘Étape me permet tout de même de les rejoindre juste au contrôle.
Nous repartons ensemble pour aller monter le col de la Chipotte mais dès le pied Ils sont trop rapide pour moi. Le vent souffle à présent très fort. Dans les faux plats qui mènent à Epinal je les vois en permanence à moins d’un km de moi à lutter comme moi contre le vent debout. 19 kmh sur plat, je n’arrivais guère à faire mieux et impossible de les reprendre. Quant à eux ils n’ont visiblement pas envie de sacrifier une minute trente alors qu’à trois nous roulerions mieux. Finalement je les rejoins dans la traversée d’Epinal. Apparemment ils ont suivi la trace Openrunner. Je roule avec un Garmin mais sans GPS. C’était pourtant facile : 7ème pont ou passerelle en longeant la Moselle à droite puis de l’autre côté à gauche.
La longue côte à la sortie d’Epinal leur permet de reprendre de l’avance. Je n’essaie même pas de m’accrocher, les montagnes russes vers Xertigny sont raides et même si je devais tenir celle-ci, les raidards qui suivent ne me laisseraient aucune chance. Les bosses sont abritées du vent et dès qu’on approche du sommet on est scotché. J’aime bien repasser par ce tronçon qui me rappelle une victoire en compet il y a environ 40 ans maintenant. Enfin Xertigny. Le tronçon pour rejoindre Bains le Bains est normalement plutôt descendant mais aujourd’hui avec ce vent c’est reparti pour une galère: les faux-plats montant ont l’air de vraies côtes et dans les descendant je suis à fond à 30 kmh. Bains les Bains Km 160. Contrôle rapide et remplissage de bidons.
Prochaine destination Luxeuil. Le vent est maintenant ¾ défavorable mais on roule souvent dans des forêts et on souvent bien plus abrité. Ca va mieux mais entre Raon et Bains les Bains je me suis bien entamé pour une moyenne de rien. La bosse avant Luxeuil reste un bon petit morceau. Comme je sais qu’après Luxeuil on s’oriente un peu plus à l’est et que le vent sera plutôt favorable ¾ arrière ca me redonne le moral.
C’est effectivement le cas et je rejoins assez facilement Brest (environ Km 200) puis Melisey lieu du prochain contrôle. Cérémoniel habituel avec coup de tampon, achat d’une bouteille d’eau, remplissage des deux bidons avec eau et poudre, petit sandwich, SMS à Muriel et aujourd’hui exceptionnellement à Philippe, un collègue de travail qui voulait suivre mon avancée.
Au menu le petit col de la Chevestraye. Au pied je retrouve mes deux ouvreurs qui se sont probablement attardés un peu plus que moi au contrôle. Au bout de 500 mètres de montée ils repartent en tête. Péripétie, ce qui m’inquiète c’est le ciel de plus en plus noir et le vent de plus en plus violent même s’il est de dos. A peine arrivé à Fresse (milieu de la montée), c’est le déluge: eau en trombes, grêle, rafales horribles. Je m’arrête 5 minutes pour mettre mon imper et attendre que l’ouragan se calme un peu. C’est parti pour 80 Km sous la pluie battante, des bosses sans fin et des descentes au ralenti. Seul le vent reste de dos sur ce tronçon. Il fait froid maintenant. La température est passée de 14-15° à moins de 8 et trempé en plus : grosse galère. Je me force tout de même à boire régulièrement le contenu glacé de mes bidons. Peu après Rougemont le Château la pluie se calme. Jusqu’à Soultz encore quelques bosses mais plus faciles.
Il y a quatre ans sur le même parcours à ma première tentative dans Soultz j’étais tombé en restant accroché sur des pavés sensés délimiter des traces de parking au bord de la route et qui émergeaient d’un centimètre. Ca s’était arrêté là : pédale droite HS totale. Cette fois-ci je suis les indications centre-ville et me retrouve en pleine zone de travaux. Petit passage de cyclo-cross puis de cross tout court. Des passants me disent où je peux retrouver une boulangerie que je rejoins juste avant la fermeture (alsacienne à 16 :30…). Je ne sais pas quelle allure j’avais mais l’expression de la dame traduisait un mélange de pitié et d’incompréhension quand je lui ai dit ce que je faisais. Je ne m’attarde pas et trouve facilement la sortie de Soultz, bien indiquée.
La commence le vrai moment de bonheur de cette randonnée : une traversée en diagonale de la plaine d’Alsace pour rejoindre Neuf-Brisach. Le vent soufflait à nouveau de dos à fond : il fait tout de suite moins froid et surtout je filais à 45-50 à l’heure. Vu ce qui s’annonce à l’horizon je n’ai aucune raison d’aller aussi vite mais ce qui est pris est pris et de toutes façons il fallait y aller, alors autant se faire un petit plaisir. D’abord je me perds dans le passage de Neuf-Brisach : Biesheim, village suivant est indiqué dans toutes les directions. Finalement je me retrouve sur la route EDF qui longe le Rhin, parallèle à celle que je dois prendre mais plus à l’est. Je la prends néanmoins histoire de sortir de ce labyrinthe et retraverse vers la bonne route quelques kilomètres plus loin.
Comme récompense pour la route retrouvée la pluie recommence à tomber, fort, et le vent vire totalement de sens et est à nouveau défavorable et souffle très fort. Comment dans une plaine le vent peut-il changer de sens à ce point-là en l’espace de quelques kilomètres. Mystère… Il n’en reste pas moins que ce sera ce final tout plat de 80km qui sera la partie la plus pénible puisqu’elle combine vent fort défavorable et forte pluie. Dans un premier temps direction Marckolsheim lieu du dernier contrôle. Je revois les deux Garmin boys devant moi à moins d’un kilomètre à nouveau. Ils ont dû s’attarder un peu plus que moi à Soultz et repasser devant moi à l’occasion de mes errances autour de Neuf-Brisach.
Je bénis chaque village et chaque bout de forêt que je traverse pour m’abriter un peu du vent. Cela me permet de monter à 30 kmh. Autrement je navigue à 24-25 en m’appliquant. Que c’est long cette plaine ! Enfin Marckolsheim. Pointage chez Wok Express. Objectif repartir au plus vite afin d'éviter de se rafraîchir. A peine sur le vélo me voilà hélé sur la gauche de la route. Les randonneurs de Strasbourg avaient organisé un contrôle sur place. Je n'avais pas capté cette info et crie que j'ai déjà pointé et continue mon chemin. Je me connais: 10 minutes d'arrêt là en plein air et je vais trembler de tout mon corps sans moyen de contrôler. Alors autant rouler. Du coup je me retrouve devant mes deux compères qui eux étaient au contrôle organisé. Ils me rattraperons probablement plus tard.
L'enfer continue. J'ai du mal à rester sur le vélo par moment tellement ca souffle et que d'eau. Je me concentre sur l'atteinte du village suivant, jusqu'à Plobsheim. Enfin j'y suis. Changement de direction vers l'est pour contourner Strasbourg et peu après fin de la pluie. Le vent lui reste bien présent. Comme d'habitude aux alentours de Strasbourg il faut rester plus qu'attentif aux voitures. Pas très sensibles aux vélos dans ce qui se veut la capitale des pistes cyclables… Quelques ponts et légers faux-plats permettent aussi quelques instants de roue-libre, un vrai bonheur.
21:08 arrivée. C'est plus tard que prévu. J'avais ciblé 20:30 au départ mais compte-tenu de la météo j'avais révisé sur 21:00. Les 8 minutes me font un peu bisquer (les 4 km supplémentaires de Neuf-Brisach…). En fait on s'en fout. Je discute 5 minutes avec Bernard et Béatrice qui organisent ces brevets et y consacrent bien du temps puis m'éclipse un peu comme un voleur. Il me faut une douche chaude. 5 minutes à trembler de tout mon corps jusqu'à la maison et ca y est.
Muriel avait préparer une excellente soupe aux légumes. J'en ai pris double dose. Je ne crois pas avoir mis 2 minutes pour m'endormir.
Bilan: un brevet très éprouvant mais dimanche en dehors de mon tendon d'achille droit qui se rappelle régulièrement à mon souvenir ca allait bien. J'espère qu'il va se remettre. Une semaine de repos lui sera accordée et au bonhomme aussi.
Sujet: Strasbourg Brest Strasbourg - BRM 400 de Mundolsheim 
