De retour d’un premier séjour en petite montagne en tri. Nous avions prévu d’y aller avec Papy volant qui n’a pas pu venir au dernier moment, ce que je regrette beaucoup, j’y suis donc allé seul, privé de l’assistance technique et spirituelle du Révérend Père Volant.
Camp de base dans un mobil home - ce qui permet de bien récupérer la nuit - à l’excellent petit camping d’Aubusson d’Auvergne, dans les monts du Forez, bon point de départ pour rayonner sur les routes de la région et monter ses premiers petits cols. Sans réseau ni internet, très bien pour couper. Bonne météo.
Papy me disait depuis longtemps que l’endroit était idéal pour s’initier à la montagne. Leçon n° 1 : toujours l’écouter
. Les routes y sont parfaites pour débuter : variées, montées longues et régulières, pourcentages moyens d’environ 6% (8-9 fréquents), quelques passages plus raides jusqu’à 12-14, beaucoup de petites routes tranquilles et assez sûres pour s’offrir de belles descentes-récompenses, de jolis paysages et de beaux villages, des lumières somptueuses et, ce qui ne gâte rien, des gens très agréables partout partout. Et des vaches.
La perspective de monter un peu raide et longtemps m’inquiétait un peu au vu des misérables petites côtes de par ici et de mes faibles moyens. Pour tout dire, je ne faisais pas le malin. Tout s’est très bien passé d’entrée. On change sa perception du temps, on trouve un rythme et on monte tranquillement et assez facilement durant des heures sans s’arrêter
(« Monter une pente de 3 km comme si elle en faisait 10 », qu’y disait). 5 jours avec de petits trajets quotidiens de 55 km et 1100 m de D+, le 6e avec le gâteau, le col du Béal par une belle journée, 70 km et 1500 m de D+. Très frais à l’arrivée de cette journée et à la fin de la semaine, content le gugusse de son vol d’essai. Avec quand même une journée à la ramasse sous la flotte et la brume au milieu.
Quelques routes : la montée initiatique par la D311 d’Aubusson à Vollore Montagne et au col du Pertuis, mon premier col
, vers les Bois Noirs, les débuts dans le bruit du torrent sont bien jolis et la descente retour une des plus plaisantes de cette semaine, je me suis surpris à remonter plusieurs fois à Vollore juste pour le plaisir de la reprendre ! La jolie route de Viscomtat au col des Sagnes en passant par la Courtade (la descente par Cornillon en empruntant la petite route au nord est assez délicate). La D41 d’Aubusson au Trévy, petits passages gratte-cul, ça tape un peu dur autour du Trévy parfois, c’est bien. La montée de la D317 vers la 101 qui m’a mis un mauvais jour à l’agonie. La belle montée tranquille d’Augerolles en passant par Olmet et Le Brugeron pour monter au Béal. La paisible D41 vers la Renaudie (paisible, je me suis fait courser par 2 grrrros chiens, heureusement en début de descente
!) et les environs de La Chamba. La montée vers ND de l’Hermitage. La jolie église de la Chabasse sur la D87 croisée alors que je faisais du D+ en rab suite à une erreur d’aiguillage sous le cagnard. Les routes du soir d’été vers Thiers.
On découvre : préparation des journées (cartes IGN pour les repérages de la végétation et des pentes et carte Michelin pour la route), la météo, l’habillement, le brouillard à couper au couteau durant des heures, les développements, le rythme à prendre, les sensations nouvelles, l’euphorie des fins de montées, les descentes foufou (au début
), les qualités et défauts de la machine. La régularité des pentes, les pourcentages moyens, l’assez bonne qualité des routes permettent de bien se jauger et de faire disparaître les craintes : ça donne envie de repartir.
Une chose m’a surpris, le cœur. En 3-4 jours, entre 5 et presque 10 battements gagnés en montant.
Côté vélo : le Gekko avec garde-boues et porte-bagages pesait avec sacoche, eau, outils et vêtements environ 26-27 kg à la louche. Équivalents plateaux utilisés 22-34 en montée et 46-61, cassette 11-32 derrière (1,08 m mini). Big Apple gonflés entre 2,5 et 2,7.
La machine s’est très bien comportée. Le petit développement permet de passer partout, une longue montée tranquille se fait 22x21, pédalage 85-90/mn, 80 quand ça peine en passant sur le 26 ou le 32. Si je dois aller dans des coins plus durs, il faudra prévoir plus grand que 32 derrière. Le 61, c’est bien dans les virages en descente pour garder du contrôle.
C’est en descente que j’attendais la machine. Je lis souvent que le Gekko lève facilement la patte, je l’ai bien poussé, il me semble qu’il prévient quand il approche des limites, je me sens toujours assez tranquille avec, on sent bien venir ces limites. Cela écrit, ce n’est clairement pas une machine sportive, faut pas pousser trop quand même ou donner de grands coups de guidon. Sur de bonnes routes larges, on peut aller vite en se sentant en sécurité. Où il faut faire attention, c’est sur les petites routes dégradées avec peu de visibilité dans les virages. Le Gekko n’est pas suspendu, il n’est pas collé à la route, il danse parfois la samba et dans ces cas-là on se demande un instant comment il va retomber. Ça tape très sévèrement aussi parfois dans les trous, d’autant qu’avec les alternances rapides d’ombre et de lumière de sous-bois avec les lunettes, on ne voit souvent pas grand chose des obstacles, trous, morceaux de bois…
J’ai quand même moins fait le foufou à la fin qu’au début, virages sans visibilité sur des routes minuscules pris trop vite, trop large, dérapages et quelques face à face olé-olé avec des voitures en sortie de virage, ça calme, on devient rapidement raisonnable. J’ai aussi vite appris à ne pas me déconcentrer en cas de fatigue passagère ou de longue descente endormissante (on dit ?).
Les freins BB7 standard sont très efficaces en les sollicitant brièvement pour ralentir de loin en loin ou freiner en entrée de virage avant de tourner légèrement au frein. Je pense que je réfléchirai au montage de disques plus grands à la première occasion, il m’a semblé qu’ils faiblissaient un peu lors de la descente de plus de 20 km par grosse chaleur du dernier jour, même sans trop les solliciter, je serais plus tranquille avec des disques plus gros.
Sous la pluie, c’est sportif, il faut la jouer fine. Je ne sais pas si c’est la géométrie ou les pneus, mais il y avait de la savonnette dans l’air, je me suis bien amusé avec quelques belles glissades.
Parti sans l’appuie-tête qui ne me sert à rien chez moi, il m’a bien manqué pour monter longtemps.
Un chose à prévoir impérativement, c’est un feu arrière de brouillard puissant (Bontrager, René ?). Mon Reelight clignotant est bien trop riquiqui, une heure et demie de brouillard à couper au couteau dans la montagne avec 20 m de visibilité, ça use les oreilles à guetter le bruit des moteurs montant derrière.
Quelques belles images : la visite chaque matin à ND d’Espinasse et à son très beau petit cimetière, ah, les noms sur les tombes de village, à deux pas du camping, la lumière magique trois minutes un soir d’été sur le Grun de Chignore et la chaîne du Forez, la montée vers Vollore Montagne le long du torrent, des détails, une place de village, une vieille dame suivie d'une cohorte de chats, des chiens fantômes dans la brume épaisse, les nuages dont on ne se lasse pas là-bas, le plaisir quand tout est accordé, le corps, l’esprit, le paysage, les petits compte-rendus quotidiens à Coach28 et ses retours…
Merci encore à Papy volant pour la découverte et pour avoir permis que cette première expérience de petite montagne ait été un tel plaisir sur ces jolies routes.