PARIS BREST PARIS 2019 / Au bout du Bout
Rambouillet / Brest /St Nicolas du Pelem
745 km – 45h34 roulé – 11h09 d’arrêts – 16.4 moy roulée – 13.1 moy globale
Préambule
2015 chute 15 jours avant le PBP, fracture de la cheville. 2 ans de big galère avec opération en juillet 2017. Fini la randonneuse pour la longue distance, au-delà de 60 km, douleur à la cheville. J’ai donc découvert le monde du vélocouché, la cheville ne fait pas le même travail, pas d’appui du corps dessus. Seule solution pour pouvoir continuer ma passion. Après 2 ans de préparation de réglages multiples et d’équipements divers, me voilà au départ du PBP à Rambouillet.
Nouveau lieu de départ ! c’est vrai l’espace est là, tellement, qu’il faut marcher marcher pour atteindre « le cœur de l’organisation » avec un manque certain de flêchage à l’intérieur du site et la difficulté pour les personnes PMR ou d’un âge certain à marcher aussi longtemps… C’est pour moi le point négatif de ce site. Le jour du départ idem, faut trouver où l’on part ? pas d’indication des zones visibles…
Points positifs, poubelles et toilettes à profusion sur le site
L’accueil des bénévoles, l’espace contrôle « vélos spéciaux »
Je retrouve l’ambiance des départs , les Amis, les cyclos qui me reconnaissent du DVD 2011 et qui nous indique que si ils sont là aujourd’hui c’est grâce à nous, nous les avons marqués…. Ca me donne des frissons et suis heureuse d’avoir pu contribuer avec ma juju à de nouvelles passions !
La pluie s’est enfin arrêtée après 2 jours de déluge ouf ! on part au sec.
17h15 ca y est en route, le départ est rapide mais sans heurts, il est temps le stress intense des jours précédents étaient devenus insupportable, le départ sonne l’aboutissement de 2 ans de préparations !
6ème PBP, 5ème vélo différent…. Mais là en VC, je n’ai pas d’expérience hormis les BRM, vais-je réussir ce PBP ? vais-je tenir le dénivelé ? passer les grosses bosses ?
Le trajet jusqu’à Dreux est plutôt facile malgré le vent ¾ face ou face…..je suis entouré de vélos, j’arrive à accrocher un peu les groupes.
Mortagne 23h11 je mange vite un sandwich maison, plein de bidon et je repars. Mon prévi me faisait arriver à23h27.. j suis dans mes clous… Je me sens bien mais je comprends que je vais devoir optimiser la moindre minute d’arrêt car je n’aurais à priori pas beaucoup de marge … La nuit se passe très bien et la traversée du Perche ne me pose pas de souci, le Vélo fonctionne bien, pas de douleur spécifique à part le fait que je glisse du siège ….. la nouvelle mousse en serait-elle la cause ? je tente de m’agripper aux groupes, je suis lâcher dans les cotes, mais les dépassent dans les descentes et je reprends donc ma place sans problème. La nuit va se passer de mes sauts de groupes en groupes, aucun coup de barre, Vilaine est déjà là ! 5h06 j suis hors de mon prévi avec 2h de retard ! oups , soit j’ai fais une erreur sur le tableau…. Soit la réalité est là .. je vais pas pouvoir beeaucoup dormir sur ce PBP ! L’inquiétude me gagne sérieusement, j’suis à l’arrache totale, le GPS de nuit est parfait en VC car je vois la trace de la route et me permet de descendre au mieux et sans inquiétude. Même si j’ai un super éclairage qui m’aide énormément. Un ptit dej vite fait et je file vers Gorron où le stand AFV a organiser un accueil, j’y arrive à 8h32, je suis la dernière des VC du club, mais ils sont là à m’accueillir avec de grands sourire et de prévenance, me voilà devant un bol de soupe et de pain. Mais je traîne pas…. Et je repars vers Fougères, il fait beau, la nuit n’a pas été très froide, j’ai toujours beaucoup de monde autour de moi, jamais esseulée, je regarde les plaques qui me doublent et qui me permet de me situer dans mon avancé… les plaques G J K sont déjà à ma hauteur, je cravache je cravache, les jambes suivent pour le moment, pas de soucis..
Fougères 10h44 (au lieu de 8h51) ça confirme… une vitesse en deçà de 19 de moy que j’avais préconisé… tamponnage du carnet je file vers Tinténiac 14h35 2 Amis me font la surprise d’être là c’est super chouette, je mange un sandwich avec eux et repart vers Loudéac que j’atteins à 21h03, je n’ai toujours pas sommeil ! et tant mieux car je vise St Nicolas pour pouvoir me reposer un peu. J’y mange vite fait et repars. Là je sais que le morceau le plus coriace du PBP est à ma pied, il va me falloir m’accrocher pour passer ce parcours compliqué jusqu’à Carhaix … les bosses se font plus raides, la nuit nous enveloppe une nouvelle fois avec une lune « orange » presque pleine et il fait froid… et humide je mets tout ce que je peux sur moi mais je grelotte, je m’accroche à mon rêve, pense que les autres aussi sont dans la difficulté , qu’il ne faut rien lâcher, beaucoup de mes proches et Amis espèrent que j’irai au bout.. faut pas décevoir !.... et je roule roule roule , toujours presque à bloc je n’économise rien pour rester dans les délais impartis aux contrôles. Un peu avant St Nicolas du Pelem, je retrouve mon Amie Pierrot, qui lui tombe de sommeil ! nous allons ensemble au contrôle et décidons d’y dormir 1h. Nous y arrivons à 2h20 , l’accueil est très chaleureux, le dortoir très « ronfleur » mais plus chaud que Loudéac au premier abords , j’ai un lit de camp confortable avec un drap.. pas de couverture, malgré boules quies et masque de nuit, impossible de trouver le sommeil qui me fuit et me fuit…. Je passe l’heure à tenter de trouver ce sommeil si réparateur, en vain, une heure plus tard je me lève direct il faut repartir malgré tout. Je laisse la liberté à Pierrot, puisqu’il voulait faire seul ce PBP et moi aussi… même si au fond de moi je sais que j’aurai peut- être mieux avancé en étant avec lui, car on se connait par cœur… mais faut respecter les choix de chacun et je le vois disparaitre dans la nuit et surtout le brouillard qui s’est levé, il est tellement intense qu’il nous faut rouler sur la ligne blanche centrale pour suivre la route ! le trajet vers Carhaix est vraiment dangereux avec ce brouillard , j’ai un peu peur, et tente de me convaincre que je ne risque rien avec l’éclairage et gilet de sécurité….mais je suis dans l’obligation de réduire ma vitesse pour pouvoir avancer sans chute. (d’ailleurs je vais apprendre à Carhaix une femme a été accidenté sur ce parcours) pas grave à priori mais ca refroidit sérieusement mes ardeurs à avancer coute que coute.
Carhaix 6h45 toujours pas sommeil, mais le brouillard me fais trop flipper, je préfère opter pour tenter une nouvelle fois de dormir un peu…je me pose dans le couloir coté « toilettes » ou quelques personnes dorment à terre, je m’enveloppe dans ma bâche….. peine perdue 20 mn plus tard toujours les yeux grands ouverts.. je reprends mon vc et part vers Brest ! pour la première fois depuis mon premier je vais vers Brest sans avoir trouvé la moindre minute de sommeil… je n’ai pas eu le moindre coup de pompe , j’ai seulement les yeux qui fatiguent et ma vision s’en ressent un peu…les Monts d’Arrhés sont en vue et je croise les gars sur le retour, ca fait du bien, même si je vois bien le trajet restant à parcourir ! je croise rouedevelo qui me fait un signe , et ensuite philippe (vélofasto) qui me souhaite « bon courage » .. sur le moment je me dis « j’ai l’air si mal » . .. ? j’ai juste oublié que la montée vers Brest est i n t e r m i n a b l e !!! et pour couronner le tout il se met à bruinasser dur sur le pont de Brest ! (il est 12h20) non mais sans blague ! je prend toutefois le temps d’une photo pour immortaliser mon passage de mon métabike et repars vers le contrôle qui se perd dans les méandres de la traversée de Brest ! je DETESTE cette fin de parcours « aller » la traversée est hyper dangereuse et les véhicules nous frôlent pleine balle, et nous coupent la route sans gêne. Je peste tout ce que je peux et fini enfin par arriver au contrôle à 12h57 !...
Je pointe et repars, ca y est je rentre, le moral est toujours là malgré que je ne suis plus du tout dans ma perspective de route (j’aurais du y pointer à 7h du matin).. mais je suis pas hors délai des contrôles et c’est le principal.. toujours pas sommeil, cela m’inquiète fortement c’est complètement dingue, mais je reste concentré je suis persuadé dans ma tête de tenir maintenant jusqu’à Paris, le plus dur ayant été d’arriver à Brest…
Je repars et croise Sébastien tout serein qui mange des crêpes, s’arrêtent repars, tout sourire ! comment font ils tous ? pourquoi moi suis-je toujours le nez dans le guidon, à devoir tout donner, jamais rien lâcher, jamais sereine dans mes délais ? comme sur les brevets , pourquoi ? qu’est ce qui pêche dans ma préparation ? A coté de quoi suis-je passé dans ma préparation ? est ce l’âge ? comment savoir ? bien de participants et participantes sont plus âgés que moi.. alors ????
Les kilomètres défilent lentement, les jambes deviennent douloureuses et un mal aux bas du dos fait son apparition, je passe mon temps à me recaler au fond du siège, à rabaisser mes fringues pour éviter les plis dans le dos, mais rien n’y fait la douleur devient infernale, je me bourre de doliprane mais rien n’y fait, je m’arrête pour soulager la douleur du bassin, je peste contre cette mousse qui était soit disant très confort pour la longue distance, c’est la grosse déception et pour la première fois je regrette amèrement ma randonneuse, jamais je n’ai souffert sur ce vélo ! je découvre l’inconfort total de mon métabike , maudit tous les trous et bosses de la route je tente de limiter au maximum mes « repositionnement » car j’ai plus de forces dans mes cuisses et donc je les garde pour rouler. !!
La remontée vers Carhaix se fait tant bien que mal, je ne veux plus rejoindre Paris dans les délais je suis trop short, plus de pression, juste finir ce Défi , ce sera déjà très bien , « A l’impossible nul n’est tenu » il est 13h30 quand j’atteins le contrôle ! des Amis me font la surprise d’être là et m’accompagne au restaurant il me faut un vrai repas, je leur fais part de mon incapacité à dormir ! cela devient irréel, ils me conseillent de m’allonger dans un coin, ce que je fais sur la pelouse, dans ma bâche, après leur départ, mais rien de rien… je repars comme un zombie, je sens bien que cela me dessert , mais que faire ? ? ma vision n’est pas très claire, ma vitesse de progression s’étiole parce que mon esprit part en divagation mais je veux pas lâcher je tente de rallier St Nicolas où je sais que le dortoir m’attends !
La nuit m’enveloppe une fois de plus , mais là le froid est tellement insupportable que je craque littéralement, mes douleurs dorsales me sont insupportables, et je n’ai plus la force de me recaler, je zizague sur la route, maudissant ce vélo, je manque de tomber x fois tellement je suis en équilibre précaire dans les côtes et pour la première fois je suis seule !! aucune lumière devant, derrière, je crains de mettre perdue et j’envisage même de jeter le vélo dans le fossé tellement je souffre et l’imaginable se produit .. je vois un homme dans les branches hautes d’un arbre, je le regarde, me dit que c’est pas possible, je regarde encore, mais si toujours là … je perds pied, je vois quelqu’un à coté de moi, puis plus rien, ma baume se met à tanguer devant moi, mon dérailleur change de place et mon vélo se met à flotter ! je m’arrêtes de nombreuses fois pour vérifier mon vélo, j’ai l’impression qu’il part en morceau, les hallucinations sont là, je me parle toute seule, je craque littéralement, dans ma tête je sais que c’est fini, si je dors pas, je met ma vie en danger… mais je veux pas arrêter je veux arriver à Paris , c’est mon dernier, jamais abandonné pour une mauvaise raison, c’est pas possible j’suis pas hors délai dans les contrôles, c’est inconcevable ce qui m’arrive. …j’arrive à St Nicolas à 1h35 , contrôle secret aussi au retour, j’appelle véro, qui va me rejoindre, en attendant je me réchauffe comme je peux et tente de dormir, je suis si fatiguée des yeux mais le sommeil me fuit , véro est là , me met dans la voiture avec un duvet et me laisse une heure pour dormir.
C’est foutu , 5h du matin je met fin à ce défi, 46 heures sans dormir, n’est pas une option pour finir en sécurité. J’ai bien réfléchis , pour la première fois, j’ai trouvé mes limites je suis allé au bout du Bout. Au bout de moi-même, au bout de mes souffrances, au bout de mon Rêve. Je n’est pas de regret, j’ai tout donné, certains le comprendront pas, mais il appartient à chacun de savoir où sont ses limites, nul ne peut se prévaloir de juger ceux qui abandonnent, à chacun sa Montagne à gravir ! j’aurais aimé allez au bout, mon physique m’en a empêché il me faut l’accepter.
Véro m’a ramené à Rennes , j’y ai dormi 4h et suis reparti sur le parcours, à Gorron, voir mes Amis de l’AFV et retrouvé mon ami Pierrot sur le parcours pour continuer de l’encourager, j’ai posé ensuite la voiture à 15 bornes de Villaine et proposer le ravito qui m’était destiné à tous ceux qui le souhaitaient, j’ai été heureuse de finir « bénévole » sur le parcours, Pierrot a profité de ce ravito et je l’ai laissé finir son dernier PBP…
Voilà j’ai échangé avec Sébastien et d’autres sur mon ressenti du VC, il s’avère que mon vélo ne semble pas être du tout bien réglé .. alors je compte sur ceux qui m’aideront à trouver la position parfaite pour la longue distance…
Je vais profitez maintenant des vélo horizons pour vivre le vélo autrement, vivre le cyclocamping avec mon azub, laisser les brm de côté, j’ai annoncé la fin pour moi de mes participations futur au PBP .. mais au fond de moi, quelques jours après la flamme « vit » encore…. Alors seul l’avenir décidera de ce qui se passera, si un jour je fini par trouver la position parfaite qui me permettra de rouler sans effort sur un VC qui sait ce qui se passera ….
cath