- Henri GEIST a écrit:
- La création massive d'emploi c'est le principe de l'EDR (Employeur en Dernier Ressort) défendu par de nombreux économiste surtout dans le monde anglo-saxon.
J'ai bien regardé ce truc de l'Employeur en Dernier Ressort.
Elle consiste en période de dépression économique à soutenir l'économie (et les personnes) en employant les gens pour un bas salaire (l'auteur dit que ce serait « donc proche du montant du Smic en France », formulation habile pour que chacun imagine que ce serait un peu au dessus ou un peu au-dessous selon ce qu'il attend), en tout cas ça doit être assez bas pour que que les gens quittent ensuite ces emplois parce qu'on leur offrirait des salaires plus haut dans le privé.
L'idée d'un emploi de repli pour tout le monde est intéressante, (je dirais même plus, un cadre où on puisse venir et être employé, logé tout de suite sans condition, quoiqu'alors avec de l'argent en rab, mais pas un salaire aligné sur ceux qui sont réclamés par l'employeur et qui se logent eux-même)
Mais en France, on a entre 10 et 15 % des salariés au SMIC. L'idée que tant de personnes vont se voir proposer des salaires nettement plus élevés quand la croissance va revenir repose sur plusieurs prémisses à vérifier ! Ces hypothèses sont :
- que la croissance revienne forcément
- et au point où l'économie privée en vienne rapidement à réclamer de la main-d'œuvre payée substantiellement au dessus de ce salaire « proche du montant du Smic »
C'est compté dans l'équilibre de la proposition d'ailleurs, il faut que ça arrive pour le montage tienne.
Et puis comme je parlais précédemment des divers services d'assistance, en maison de retraite par exemple, qui ont besoin de présence humaine, ce sur quoi tu as enchainé avec cette proposition d'y mettre des chômeurs avec un salaire, ça veut dire dans ce cadre, qu'ils y sont le temps de la dépression économique, mais qu'on ne doit pas les retenir quand il y a une reprise économique (pour alterner les périodes de déficit et renflouement du côté de l'État).
Donc finalement, les infirmières, aide-soignantes ou enseignants serait secondés, assistés, soulagés en temps de crise, et puis quand l'économie tournerai bien à nouveau, on leur dirait que c'est fini. Est-ce crédible ? Acceptable socialement ?
Mais surtout, qu'est-ce qui arrive s'il n'y a plus de croissance ? Et si le privé ne réclame jamais un nombre significatif de ces salariés payés à ce niveau en leur offrant plus ? Ben ça va coincer, voire s'effondrer.
Cette proposition me semble du même tonneau que pas mal d'autre propositions d'économistes qui tortillent pour tenter à tout prix de chercher l'astuce pour retrouver leur situation de référence, la croissance des trente glorieuses. Ils cherchent et se contorsionnent pour trouver (ou plus souvent ils clament avoir la solution) pour joindre les deux bouts sans perdre une once de notre train de vie, voire de sa croissance (puisque notre train de vie est nettement au dessus de celui de la fin de ces trente glorieuses).
Des boomers quoi (quelque-soit leur date de naissance).
La croissance qu'on va retrouver et qui va tout rattraper, c'est l'ingrédient dont ils ont besoin autant que d'œufs pour faire une omelette, et ils la surestiment en permanence. Quand elle était à 3 ou 4 % au début des années 1990, ou trouvait que c'était bien le minimum, et certain disaient qu'il y avait le moyen de la pousser à 10 %. Quand elle est à 0,5 %, on suppose que c'est passager, que la croissance normale est à 3 %. Et si on allait plutôt vers 0 voire en dessous, et qu'on n'y puisse rien ?
Alors tous ces montages qui parient sur la croissance s'effondrent, l'effet de levier devient un coup de massue.
Et puis quand ces développements d'économistes où ils tirent déjà très fort sur la corde pour boucler leurs proposition sont reprises et simplifiées en oubliant les contraintes qu'ils contenaient, alors ça devient carrément des histoires de père Noël en effet.
Ici, j'imagine que les « économiste anglo-saxon » font cette proposition en pensant sans doute à des bas salaires à l'américaine, l'auteur du blog glisse vers un salaire « proche du montant du Smic », et des adeptes non économistes entendent des emplois payés comme tout le monde. Ils présentent ça dans des cycles économiques où ces « employés en dernier recours » doivent se résorber hors crise, et les non économistes vont interpréter qu'on rend service à l'économie voire à l'État en lui réclamant de financer ces salaires supplémentaires de façon permanente.
Donc une idée de départ déjà fragile, tracée sur le fil du rasoir peut-être (à moins qu'elle ne soit déjà impossible avec ses propres exigences et à notre époque), puis on tire encore un peu sur la corde et elle est finit d'être sapée de perdre son équilibre...