Tous vaccinés anti covid

DE L’USAGE DU MEPRIS ET DE L’HUMILIATION DANS LE DISCOURS.

Pour commencer, je n’ai pas les capacités Universitaires pour affirmer que mon discours recèle la vérité. Autodidacte, je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même si les quelques notions dont je dispose ont été mal ou pas bien  digérées. Si ma vie scolaire a été courte, les accidents de la vie m’ont poussé à m’interroger, chercher des réponses dans les livres, enfin, ceux qui  étaient à ma portée. Ma vie se résume à peu de choses dont les péripéties sont plus communes qu’il n’y paraît. Si c’était des livres, les titres principaux en seraient : « Tout le Monde n’a pas la chance de naître orphelin », puis « Poil de carotte a épousé Cosette » et enfin « C’est qui  ce vilain petit canard qui ne deviendra jamais un Cygne »..Et la liste est loin d’être exhaustive. La vie n’est pas un long fleuve tranquille et si la première partie de ma vie d’adulte s’est déroulée dans une naïveté des plus béates, une rupture brutale dans cette continuité a nécessité davantage d’introspection. J’ai maintenant une vision des choses et des interactions humaines bien difficiles à expliquer en quelques mots…Outre ma dyslexie qui impose des relectures correctives, il m’arrive encore de me demander où est parti ce fichu verbe dans cette fichue phrase  à laquelle je n’y comprends moi-même plus rien. Pour ce texte bien trop long, cela m’a pris du  temps de rassembler des idées. Rassurez-vous je ne suis pas le futur philosophe, ces idées ne sont bien souvent que le fruit de mes lectures. A vous de déterminer si ces fruits sont amers car encore trop verts, ou bien mûrs. C’est de toute façon ma vision du moment,  bâtie sur du sable, et destinée à évoluer dans le temps et en fonction du vent …


Pour moi, l’ironie dans un discours qui n’est pas destinée à l’autodérision est dangereuse d’emploi. Souvent, le mépris y est corollaire à l’humiliation et joue le rôle d’articulation argumentaire pour créer une forme de division. Cette division y est caractérisée par le rejet de l’Autre dans une classe inférieure et par la construction de l’impression d’appartenir à une classe supérieure. Puis ce processus  d’ostracisation ne peut qu’aboutir au fil des répétitions qu’à la déshumanisation des individus ciblés par ces discours.

La relation instaurée par le mépris est une forme de déséquilibre entre une personne ou un groupe de personnes évaluées comme « ayant une faible valeur» face à un autre qui s’arroge le pouvoir de pratiquer une « discrimination» sur autrui, elle peut être raciale, sexuelle ou sociétale.
L’origine de cette dévalorisation est généralement attribuée à la « soit disant race », au sexe ou pratiques sexuelles, aux croyances , à l’incompétence , à l’anormalité ou aux manquements moraux de la personne ou groupe de personnes visées. Les relations sociales sont alors caractérisées par l’intolérance et l’indifférence aux traitements subits. En général, le mépris est associé à un regard dirigé vers le bas, le sentiment recherché étant alors l’humiliation. Il est assez facile d’établir les critères justifiant cette relation de cause à effet. D’abord la raisons du mépris et de l’humiliation est attribuée à une transgression de valeurs, une incompétence présumée, l’appartenance à des minorités, etc. Elle est accompagnée de la  présence de jugements de valeur négatifs qui justifie de repousser l’objet du mépris ou de l’humiliation dans une classe inférieure,  cela se traduit par un manque (ou absence) de respect de l’individu en conséquence. On peut donc définir les préjugés comme étant la source d’attitudes hostiles envers une personne (ou un groupe social), mis en place par des discours dévalorisants ou alarmants. Alors que les stéréotypes, quant à eux, sont basés sur des connaissances et des croyances relatives à des personnes ou des groupes sociaux particuliers. Fabriquer et faire circuler des stéréotypes négatifs crée en retour des préjugés, incitant par conséquence à l’hostilité envers le groupe ciblé. De fait, de tels processus réduisent l’identification d’un individu à celle de l’appartenance à une communauté ici méprisée ou redoutée.


Ces deux processus, préjugés et stéréotypes, sont au cœur des propos méprisants, insultants et humiliants qui construisent le « discours aliénant » qui amène dans certaines circonstances les foules jusqu’au Lynchage. L’on y arrive par le mépris et la métaphore.


Le mépris présent dans le discours racial, sexiste ou autrement discriminatoire s’exprime souvent indirectement par l’humour, la présupposition, les métaphores, l’ironie, qui permettent de faire circuler des significations humiliantes de manière efficace car difficilement attaquables, en dépit de leur fort impact négatif. Cette forme de discours a une fonction de négation de l’Autre. C’est le principe même du sarcasme ou du mépris .La métaphore elle, est une façon de parler par ressemblance; elle consiste en une déformation du sens des mots. Une proximité inédite entre deux idées est créée en dépit de leur distance logique et cette nouvelle proximité permet de distordre la réalité, afin de focaliser l’attention des interlocuteurs sur certains aspects de l’objet du discours et en en occultant les autres. Les personnes politiques par exemple utilisent des métaphores pour faire référence à leurs propres qualités et aux défauts de leurs adversaires, afin d’orienter le public vers le point de vue qui les favorise. Les analogies approximatives, et les remarques ironiques peuvent être extrêmement négatives pour ceux qui  en sont la cible alors que parallèlement elles créent aussi une représentation positive de ceux qui adhèrent aux idées qu'elles transportent.
Ces « images » sont donc des rouages dans la création de groupes de population antagonistes et font partie intégrante du discours de haine.


Les préjugés et l’ironie aident à consolider à la fois la cohésion d’un groupe et  son l’hostilité envers l’autre. Le fait de représenter l’Autre en tant que « sous-humain » permet par exemple de légitimer toute violence verbale ou physique, et l’un des moyens d’inclure dans cette catégorie des êtres humains est de les ériger comme étant une menace pour le « bien-être » ou les « valeurs communes » (du moins considérées comme telles).


Les notions de menace et de danger sont au cœur du discours, et les métaphores employées symbolisent l’abjection que l’on doit ressentir. L’analyse des discours permet d’identifier la métaphore à une menace ou du danger. Ces métaphores deviennent alors les  prémices implicites, dans le cas présent, à la lecture du fait que les anti-passe et les réfractaires au vaccin ne peuvent être que des  Gaulois grognons, des Amish anti-science ou des complotistes violents. Les impressions négatives alors induites peuvent potentiellement déclencher des émotions négatives telles que la peur, la colère  ou le dégoût, comme nous le constatons dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Ces émotions conduisent au refus de la présence de ces réfractaires et à l’acceptation de traitements très sévères envers elles (perte de droit à la parole, exclusion, suppression de compte sur ces mêmes réseaux et maintenant restriction de Liberté de circuler ou  d’accès). Elles sont aussi la justification d’attitudes méprisantes et humiliantes. Comme je l’ai expliqué précédemment, ces deux communautés sont démarquées par leurs différences d’opinions, morales, scientifiques ou sociales. Le groupe des exclus est présenté comme essayant de s’insérer pour poser un danger physique (invasion du corps par la maladie) à la communauté. Leurs normes scientifiques et leurs valeurs sociales sont incompatibles avec celles de l’autre groupe qui se considère comme dominant. Pour eux, « les autres » mettent en danger le corps de la nation, et le danger ultime serait qu’ils soient finalement plus nombreux qu’eux. D’où l’obligation vaccinales sous jacente.

Voici les quelques Métaphores que j’ai réussi à  discerner.
La première métaphore concerne la maladie elle-même. Le discours officiel présente « la vaccination » comme étant le seul acte médical valable auquel doit se soumettre impérativement tout bon citoyen pour être considéré comme libre et responsable. La déviance transfère les réfractaires dans la catégorie des « personnes infectieuses » spécifiquement responsable de la propagation de la pandémie en faisant fi du  fait que même vaccinés l’on peut transmettre ce virus.
Puis il y a le « fardeau économique » puisque le comportement des réfractaires obligera les « bons citoyens » à subir de nouveaux confinements, ce qui  a pour effet de transférer ces « brebis galeuses » dans la catégorie des « asociaux ». Même si la principale raison évoquée est d’éviter l’engorgement des hôpitaux dont la capacité d’accueil ne cesse de diminuer même pendant cette pandémie.
Ensuite, argument suprême, « la destruction de la Nation ». Rien de mieux que des asociaux pour mettre ainsi la Nation à genoux, ce qui les transfère aussitôt dans la catégorie des « ennemis de la Nation ».
La métaphore suivant fait référence à la violence, puisque tout comme pour les Gilets Jaunes tout est fait pour faire accroire au « bon citoyen » que les manifestations n’ont d’autre but que satisfaire la violence des participants et voilà donc les réfractaires transférés dans la catégorie des « voyous et Barbares ».
Enfin, il ne reste plus qu’à se servir de la métaphore de « l’injustice sociale » retournant ainsi cet argument contre ceux qui l’utilise pour protester. La référence implicite affirme que les droits de la majorité sont bafoués par la dictature d’une minorité et transforme immédiatement les opposants en « antisociaux ».

Cette polarisation eux contre nous est typique du fondement des antagonismes amenant à la guerre entre les peuples Dans le cas présent, l’antagonisme est différent cependant puisque les réfractaires appartiennent quand même au groupe national : ils symbolisent donc l’ennemi à l’intérieur du groupe. Il ne manque plus qu’une référence animalière à  ces discours pour permettre de déshumaniser définitivement l’autre. L’histoire nous apprend que considérer les victimes en tant qu’animaux a permis de déshumaniser les personnes étiquetées, mais a également contribué à désensibiliser les acteurs comme les spectateurs qui en viennent à les traiter comme des ordures. Ainsi ces discours d’apparences comiques contribuent-ils à légitimer des appels à prendre des mesures punitives contre les (sous) individus ainsi ciblés.

Les objets ou les sujets qui font peur sont généralement perçus à la fois comme puissants et méprisables. Contrairement à la compassion, qui suppose une ouverture au point de vue de l’autre et une propension à dépasser ses intérêts égoïstes, le mépris et la peur rendent les individus intolérants, et capables au nom de leur insécurité (réelle ou supposée), de désirer la perte de dignité de l’autre ou sa perte tout court. Mépriser la personne différente permet de rabaisser cette entité, qui nous domine par la peur qu’elle instaure en nous. L’humiliation de l’autre nous semble d’ailleurs être l’aboutissement logique du mépris. Les propos ironiques et les métaphores observées mettent en place mépris et humiliation afin de dominer l’Autre mais « en douceur », et de le remettre « à sa place ». Il ne s’agit donc pas seulement de rire de l’autre mais aussi de convaincre de son infériorité les tiers ainsi que la cible des propos. De plus, grâce à leurs fonctions de catégorisation et de simplification, les deux figures de style (ironie et métaphore) créent ou influencent le rapport à l’autre : Elles ont donc une influence non négligeable dans les interactions entre les différents acteurs sociaux. Entraînant une certaine connivence, elles renforcent la cohésion des biens pensant contre le groupe réfractaire. L’étude de ces discours montre comment l’impensable ou l’ambigu est compris comme un impératif. Il faut guérir la Nation donc vacciner tout le Monde. Cette action doit être organisée et régulée conformément à certaines croyances sociétales quant à ce qui est considéré comme normal et naturel. Donc, ce qui est hors norme met en danger l’ordre social et doit donc être « géré » ou « recadré » par l’obligation, même si pour cela l’on doit utiliser un discours de mépris et d’humiliation.
On ne peut que constater le rôle du discours méprisant dans la montée de la violence, discours qui construit peu à peu la victime ciblée et humiliée comme un être hors de la catégorie humaine ; ce processus de déshumanisation exploré par les spécialistes de génocide par exemple est basé au départ sur des emplois langagiers, entre autres procédés mis en œuvre. Nous pouvons identifier l’attitude de mépris et son corollaire l’humiliation comme jouant un rôle fondamental dans les changements cognitifs opérés pour aboutir à faire commettre des atrocités par des citoyens lambda. L’altération de l’identité est en fait le changement de la perception de l’humanité de la victime potentielle.
Pour commencer l’on doit présenter la perception de l’individu  réfractaire comme étant de nature différente. Pour cela les discours mettent l’accent sur les différences et non les ressemblances, ce qui crée une polarité dans la population. Cette catégorisation lentement divergente aboutit à distinguer deux groupes, un groupe qui appartient à la société et un autre qui n’y appartient plus. Puis il faut construire négativement cette différence. Sur la base de différenciations triviales et arbitraires, la polarité évolue en catégorie supérieure (nous)/inférieure (eux). Les citations et les termes les plus fréquents trouvés dans les commentaires pointent un discours infériorisant l’Autre. Ce processus aliénant permet de ne plus voir l’Autre comme simplement différent, mais comme inférieur, et le »nous » comme intrinsèquement supérieur justifiant ainsi l’antagonisme. Le mépris et l’humiliation sont au cœur de cette polarisation. Il convient de procéder à  la déshumanisation de l’Autre par l’interprétation de cette infériorité en une non-appartenance au groupe humain. Cette déshumanisation verbale s’accompagne  de métaphores qui justifient des humiliations verbales, puis des appellations et propos qui peuvent conduire à des humiliations physiques, des actes de violence. On y concoure en mettant en avant la mise en danger que pose l’individu réfractaire au groupe dominant par des possibilités imaginées. De fait une des métaphores évoque la propagation de la maladie pandémique par leur faute. Ces caractéristiques relèguent les victimes dans un domaine « en dehors de l’Etat constitutionnel et de toute obligation morale » ; on condamne les autres à « la mort sociale ». Cette mort sociale peut accélérer et intensifier les actes de mépris, de violence, d’humiliation qui deviendra moralement acceptables et peut-être même souhaitables. Enfin cela se prolonge par la non-culpabilité du tortionnaire puisque seules les victimes seront à blâmer. Car en raison de ce qu’elles sont, elles mériteront ce qu’elles subiront. Désigner les réfractaires, comme étant les principaux responsables de la propagation des variants impliquent ainsi une urgence, une situation de survie qui permet tout et ne pardonne rien. Cette dernière étape réduit à néant tout sens de la responsabilité dans l’esprit des auteurs.


Les discours encourageant l’exclusion sociale se construisent à partir d’un certain nombre de stratégies qui constituent un processus d’ostracisation, qui finira par être atteint sous l’effet de fréquence et d’accumulation des références méprisantes, humiliantes et insultantes, ayant pour objectif l’exclusion du groupe, voire à une exclusion de l’humanité. Cette exclusion est ressentie par les victimes, voulue par les bourreaux, et trop souvent acceptée par la majorité silencieuse.
Dans ce processus, les idées énoncées dans mes différents paragraphes caractérisent non seulement les commentaires en ligne des réseaux sociaux mais sont aussi perceptibles à tous les niveaux des institutions, car il s’agit essentiellement de la stabilité sociale, de l’identité nationale et de la continuité historique, voire de survie, comme évoqué précédemment. Toute exploitation de sentiments négatifs pour renforcer la cohésion et l’allégeance politique afin de promouvoir l’unité nationale et l’homogénéité sociale aggravera alors l’hostilité à l’égard de ceux qui sont perçus comme n’appartenant pas à l’identité nationale dominante.
Cependant, j’espère que comprendre le mépris et l’humiliation, à la base de ces discours, comme un processus et non comme des sentiments ou des émotions, permettra d’espérer voir des personnes intervenir au cours de ce processus afin de le contrecarrer.