J'ai plié les gaules dans ma ville natale, avec quelques douleurs mineures à l'intérieur du genou gauche et une inflammation des tendons d'Achille, surtout le gauche, en raison d'une part de la fatigue, d'autre part de chaussures avec des cales SPD qui commencent à être usées et ont du légèrement se dérégler.
Première fois que j'abandonne un "BRM", même si là c'était quand même un format différent des BRM classiques. Le délai alloué était de 40 heures, comme pour un BRM 600 (qui se déroule en général exclusivement sur routes assez roulantes, sans trop de zig-zags), mais là il s'agissait de boucler 6
50 km, avec des routes souvent peu roulantes, des chemins, des voies vertes et pistes cyclables avec chicanes, de nombreux passages "gravel" (entre 20 et 30 km) et des raidillons sévères dans les côteaux de Touraine...
Le lien de suivi avec les trackers GPS (https://mymotion.dotvision.com/stages/32387/player) propose un replay qu'on peut mettre en accéléré jusqu'à x500.
Bien que cela m'ait complètement grillé pour la suite, je garde un bon souvenir des 124 premiers km réalisés comme une cyclosportive, à plus de 30km/h en compagnie (souvent en tête) du peloton d'une 30aine de concurrents (sur presque 60 au départ), d'autant que je suis parti avec 4'30" de retard sur eux à cause d'un problème de pédales et que j'ai du partir à fond (sans échauffement et après avoir m'être couché seulement une heure dans ma voiture...) pour les rattraper au bout de 10 km...
Un de mes compagnons de route plutôt agréablement surpris par mon trike, l'a dans son compte-rendu traité de "Ferrari à pédales" !
Le premier raidillon combiné au premières gouttes de pluie m'ont fait perdre le contact avec ce peloton qui s'est éparpillé. S'en est suivi un agréable ravito non annoncé par l'organisateur devant le château de Chambord, où j'ai fait 21 mn de pause (ravito + tourisme + causette avec des curieux intrigués par mon trike + panne de smartphone...).
Puis j'ai rejoint Blois tranquillement en mode touriste et en solo, sans guidage (car smartphone hors service).
Le temps de "pointer", d'arpenter la ville pour trouver une boutique pour résoudre mon problème de smartphone puis de déjeuner (en en profitant pour recharger mon phare avant en vue de la nuit suivante), j'ai fait une pause de 76 mn à Blois, là où la plupart des autres concurrents (je le vois seulement maintenant grâce au replay) ont filé sans faire de pause ou presque. Grosse erreur : avoir terminé mon déj sans prendre de café...
S'en est suivi un gros coup de barre avec des vitesses d'escargot inavouables, me convaincant de faire une pause sieste sous un arbre au km163, 40mn qui n'ont servi qu'à me faire doubler par quelques-uns des rares participants qui étaient encore derrière moi, mais malheureusement pas à me redonner d'énergie, ou si peu...
Dans les interminables portions gravel dans les côteaux de Touraine (que certains ont zappé sans être pénalisés, je l'ai appris à l'arrivée...),
je me suis fait rattraper par 3 des derniers participants, Mickaël, Cédric et Raphaël, que j'ai accompagnés jusqu'au pointage à la cathédrale de Tours, km230,
avant de s'offrir ensemble un dîner de pâtes, soit 1h09 de pause. Bien qu'ayant cette fois-ci pris un café, il n'était que peu de chose par rapport à la quantité de fatigue et le peu de sommeil accumulés les jours précédents... Ce qui m'a valu de perdre le contact dès le km243 avec mes 3 compagnons de route pourtant lents et de faire deux sorties de route (enfin de voie verte...), mes paupières se fermant toutes seules, avant de m'arrêter dès le km246 faire une pause de 1h50 pour dormir par terre dans une base de loisirs en bord de Cher. 2ème grosse erreur : avoir surestimé la température qu'il allait faire cette nuit là, et n'avoir donc même pas pris une couverture de survie qui m'aurait permis de faire mes pauses dodo sans avoir à lutter contre le froid et donc en préservant mieux mes ressources.
S'en est donc suivi une nuit cahotique à avancer comme un escargot seul dans la nuit étoilée, entre d'interminables et néanmoins insuffisantes pauses dodo
: 55 mn sur la banc métallique d'un arrêt de bus au km265, 44 mn sur mon trike au pied d'un panneau au bord d'une route forestière au km283, 2h38 sur la table en bois d'une pêcherie au km295. Puis vers 7h30 une pause café de 9 mn à la buvette du vide-grenier de Villegouin, km316 (là où l'organisateur accueillait les participants pour un ravito entre 15h30 et 1h du matin
) Ce café n'arrivant toujours pas à me réveiller, nouvelle pause au km340, dans un talus d'herbe agréablement exposé au soleil matinal. Après seulement 5 mn de sommeil (mais qui m'ont bizarrement semblé durer TRES longtemps), me trouve et me réveille André, un sympathique concurrent finistérien qui ferme la marche après avoir subi une chute et abîmé son vélo, son épaule et la peau de son jambon gauche. Son objectif est de rejoindre Châteauroux pour retourner en train au point de départ. Au km339, vraie pause de 30mn dans un bar avec André qui m'offre le café ; il essaye déjà de me convaincre d'opter aussi pour le train alors que je m'imaginais encore aller au bout qui à arriver largement hors délai dans la nuit de dimanche à lundi (l'organisateur attendant les participants à l'arrivée avant 22h...)
Après 350km seulement parcourus en 28h12
, arrivée à Châteauroux (ma ville natale), petite visite urbaine avec André (y compris l'église St André
) avant de rejoindre la gare.
André achète sa place pour l'Intercités de 10h55, pour rentrer via Paris vers Courville sur Eure, la ville de départ. J'hésite encore à continuer ou arrêter, je me dis que je peux prendre avec lui de train de 10h55 et plutôt que Paris, descendre à Orléans vers 12h, histoire de pédaler quand même les 90 km restant jusqu'à l'arrivée. Seul hic, ce train passe par Orléans mais ne s'y arrête pas. Les trains pour Orléans ne sont que tard dans l'après-midi... et vérification faite par la guichetière de la SNCF, n'ont finalement aucune place vélo.
Je me résous donc à prendre comme André l'Intercités de 10h55 jusqu'à Paris puis le TER jusqu'à Courville. La guichetière m'informe alors que la place vélo qu'elle a vendu à André... était la dernière disponible ! Elle accepte de me vendre le billet sans place à vélo, et de tenter de trouver malgré tout une place dans le wagon pour mon vélo, à mes risques et périls... Nous retrouvons dans le train Mickaël, un BRMiste expérimenté qui a malgré tout abandonné aussi, trouvant cette balade "Ultra Cycliste" bien plus dure qu'un BRM. Finalement, tout s'est bien passé à bord, bon accueil par le contrôleur, qui au lieu du tarif de 10€ en gare ou 20€ dans le wagon, coupe la poire en deux à 15 € (soit 5 € par roue, donc le même tarif que mes compagnons à 2 roues
) et ferme les yeux sur mon vélo "différent". Aucun problème à signaler non plus dans les gares parisiennes (Austerlitz puis Montparnasse) ni dans le TER vers Courville sur Eure où le contrôleur n'avait rien non plus à reprocher à mon trike.
Cette petite balade ferroviaire nous a permis de nous reposer, de "pointer" à la cathédrale de Paris, ce que n'ont pas pu faire les autres participants "Ultra Cyclistes"
, d'arriver à Courville sur Eure tranquillement dans l'après-midi, d'y rencontrer et échanger avec des "finishers" et d'y être accueillis aussi bien qu'eux (un grand merci à Cédric, l'organisateur consciencieux et passionné de cette première édition), avec repas complet, bière et un joli T-shirt. Ne manque que notre carton "BRM 600", c'est pas grave, ça ne nous empêchera sans doute pas de nous pré-inscrire au PBP 2023 si on en a envie...
A moins que je me laisse finalement tenter par le BRM600 de Bois d'Arcy les 17-18 septembre ? Sachant que je ne suis malheureusement pas dispo pour celui de ce week-end autour de Mayenne, où de nombreux autres vélocouchistes accompagneront sans doute Seb...