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 le PBP d'Arnaud en VD

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ly masse
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MessageSujet: le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD EmptyMer 05 Sep 2007, 08:06

texte pompé sur le forum de velotrainer
un beau récit (arnaud un copain de dAb)

Une page blanche pour débuter mon récit, je ne sais par quel bout commencer tant l’aventure a été riche. Il faut revenir quelques mois en arrière et me souvenir de la motivation qui m’animait, les sacrifices que j’ai du faire, l’argent et le temps dépensés, les kilomètres que j’ai du avalé.
Ayant déjà réussi une fois PBP quelle pouvait être ma motivation pour l’édition 2007 ? Le refaire pour le « faire » ne m’aurait pas autant motiver que la première fois. La première fois reste la première, elle est unique, on découvre tout, on ouvre les yeux, on déguste, on savoure. Pour se relancer une nouvelle fois dans l’aventure il faut se trouver une motivation nécessaire, afin de pouvoir résister durant des mois à l’entrainement qu’on s’inflige, à la motivation qui doit rester intacte jusqu’au jour J.
Ma motivation pour ce PBP était en deux temps :
Le premier faire moins de 70h. Objectif largement réalisable étant donné l’acquisition de mon nouveau vélo en fin d’année dernière, en prévision même de ce PBP. 5kg en moins que mon ancien vélo ça compte. 4 ans de plus, une expérience d’un PBP, tous les éléments jouaient en ma faveur pour cet objectif.
Le second temps est arrivé plus loin dans la saison, je dirais plus exactement juste après le brevet de 600km, ou ma forme était telle que je pouvais prétendre viser les 60h sur PBP.
Tout se serait bien passer pour moi si deux faits ne s’étaient pas joins à la fête…
La météo, exécrable, défavorable, handicapante ; un tableau de marche erroné de ma part, faussant complètement ma progression et me faisant perdre moral au fil du temps.
Je vais dans mon récit vous narrer ce que j’ai vécu de l’intérieur, en essayant d’oublier le moins de choses possibles, pendant que c’est chaud dans ma tête !

Nous sommes lundi 20 Août 2007, c’est le midi je mange ma grosse plâtrée de pâtes, ma tranche de poulet « fleury michon » coupée en carré et mélangée avec les pâtes et de la sauce tomate, et du gruyère râpé pour garnir l’assiette. Des pâtes j’en ai mangé toute la semaine passée, et les semaines précédentes encore. J’en ai un peu ma claque ! Heureusement que j’adore ça !
Je n’ai pas bien dormi dans la nuit, ça fait deux nuits que je dors mal même, le stress monte et perturbe allégrement mon sommeil. Moi qui ai souffert en 2003 du sommeil me dit que je suis mal barré si je commence déjà mon PBP avec des lacunes à ce niveau là…
J’essai de faire une sieste dans l’après midi, mais impossible de véritablement m’endormir. Deux heures avant de partir je profite pour faire l’inventaire de mon équipement. Le vélo est prêt, plaque de cadre, lumière avant et arrière, pneus gonflés à 8kg. Ayant vu la météo je savais que j’aurais de la pluie, j’ai donc bricolé une sorte d’abris pour mon compteur, qui marche assez mal par temps de pluie. Ayant déjà eu la mauvaise expérience en 2003 d’un compteur qui rend l’âme (surchauffe dans une descente) j’ai préféré cette année assuré le coup en évitant tout pépins à ce niveau là. Le compteur c’est hyper important, surtout lorsqu’on veux réaliser un temps comme je souhaite le faire. On en devient presque dépendant.
Après ce bricolage je m’occupe de mon sac à dos. Ca fait également parti des nouveautés pour ce PBP. Exit les sacoches de 2003 et bonjour le sac à dos confortable et pratique. En 2003 j’avais pris trop de choses, cette année je n’apporterais que l’essentiel. A l’intérieur j’y ai mis : ma mini-pompe, trois chambres à air, ma seconde lampe cateye avant (au cas ou je chuterais et casserais celle sur le vélo) mes manchettes, mes gants courts, mon baudrier, mon téléphone portable, ma brosse à dent et dentifrice, un tube de Kamol, ma clé Halen, mon portefeuille avec mes documents de route, ma carte bleue et 50 euros en liquide, douze barres énergétiques overstims (dont six caféinés et six goût cranberry), une quinzaine de tubes overstims (coup de fouet, red tonic pour les nuits, antioxydant, etc…) et enfin quatres gâteaux overstims goût bacon (pour casser le goût du sucré) et goût ginseng/citron (pour son action tonifiante en prévision des nuits)
Le sac se ferme difficilement, je ne peux plus rien y mettre. Pas de cuissard de rechange, ni de maillot. Je me dis que de toute façon avec le temps annoncé mouiller pour mouiller, puant pour puant, autant s’alléger de quelques grammes et gagner un peu de place dans le sac. J’ai juste pris une paire de chaussette supplémentaire.
Il est temps de prendre mon bain maintenant. Bain que je savoure, j’essai de me détendre, je m’étire les jambes, je me masse.
En sortant quelques minutes plus tard je me sèche dans mon peignoir, avant de prendre mon tube de Kamol et de me masser les jambes avec. J’insiste bien au niveau de mes genoux sur lesquels j’ai déjà ressenti des douleurs tendineuses après mon 600Km. Je continue ensuite dans les crèmes et cette fois çi j’utilise ma crème spécial cuissard, que j’imbibe très généreusement dans la peau de chamois, puis sur mes fesses et les entrejambes. J’enfile ensuite le cuissard, avec cette désagréable sensation qui s’en suit ! Puis je met mon maillot de PBP 2003 qui m’a suivi durant tous les brevets. Je préfère laisser le maillot 2007 à la maison. Je ne le mettrais que si je le mérite, c’est à dire si je réussi ce PBP.
Les chaussettes, chaussures, les gants longs, le bandana puis les lunettes dessus. Je met ensuite ma veste de nuit et de pluie, qui me servira également de baudrier. Ca y est je suis paré pour l’aventure. Je n’arrive toujours pas à me détendre, je crois d’ailleurs que je ne me détendrais qu’au moment de m’élancer. Je n’avais pas le souvenir d’être aussi stresser en 2003. Es ce moi qui me met de la pression tout seul ? Ou bien ai je oublier le stress de 2003 ?
Il est temps de partir. Mon vélo est déjà mis dans la 206 break de ma sœur, qui m’accompagnera jusqu’à Guyancourt. Etant donné que je n’aurais pas le temps de manger sur place, j’emporte avec moi un gâteau overstims et une banane que je mangerais sur la route, ainsi qu’une bouteille d’eau. De toute façon je n’ai pas faim, mon ventre est noué de stress et j’aurais peur de tout régurgiter. Mais au moment de partir je m’aperçois que j’ai oublié quelque chose : ma gourde ! Je bondi de la voiture comme un fou furieux, me traitant moi même de blaireau sur le chemin de la cuisine. En effet je l’avais laisser dans le frigo et ça m’est complètement sorti de la tête. Enfin prêt ou je l’espère…nous démarrons et quittons Viry. Le temps est vraiment pourri, je rumine sur mon siège l’été désastreux que nous avons eu cette année. J’aurais tellement aimer avoir du beau temps.
Dans la voiture je mange difficilement mon repas, c’est tellement sec que je suis obliger de boire à chaque bouchée pour faire passer le tout. Je ne fini le repas que tout juste en arrivant sur Guyancourt. Et là encore du stress car il n’est pas facile de trouver le parking du départ. Après plusieurs minutes de « tourner en rond » nous avons enfin réussi à nous garer, à proximité du rond point du départ. Je descend mon vélo, je vérifie que tout fonctionne, compteur, lumière, etc… Et avant marche vers le départ. Le ciel est toujours aussi sombre et peu encourageant. Sur le chemin à pied j’essaye de me détendre, de respirer, de me rappeler toute cette année de vélo, tous les brevets, toutes les galères, toutes les bonnes aventures que j’ai vécu. Je suis au top de ma forme je le sais, je n’ai jamais rouler aussi fort que cette année, et jamais je n’ai eu autant de kilomètres à ce stade (7100km)
Ce que je veux c’est accrocher le tout premier groupe et les suivre le plus longtemps possible. Après je lâcherais et je gèrerais comme je sais si bien le faire. Une dernière bise à mes proches et je prend la direction du gymnase, en passant par derrière suivre le chemin qui mène vers la vérification du vélo ainsi qu’au premier pointage. A ma grande surprise je vois déjà un nombre important de cyclos. Je me dit que je suis arrivé en retard. Je me retrouve dans les dernières positions et je commence à ruminer le fait que je ne pourrais pas partir avec les premiers. Le temps d’attente me paraît long, la vérification des vélos n’ayant pu se faire la veille c’est le jour même qu’on s’y colle. Ca parle déjà dans toutes les langues dans la file d’attente. Ce sentiment que ça y est je suis en plein dedans, l’aventure à commencer. Je profite de ce temps pour faire le tour des vélos et regarder un peu le matos des uns et des autres. Les italiens ont déjà la tchatche. Les espagnols ne sont pas en reste. C’est ça la magie de PBP. Plusieurs longues minutes s’écoulent et vint mon tour. J’allume mes lumières et tout se passe bien. Je me dirige ensuite vers le premier pointage. Un coup de tampon sur ma carte et me voilà prêt au départ. Etant donné que je suis dans les derniers je me dit autant laisser passer tout le monde, je me mettrais en queue de peloton, ça permettra à mes proches et aux amis de facilement me voir pour m’encourager. Il est presque 20H30 et me voilà sur la ligne de départ. Je suis le dernier. Plein de monde au rond point, c’est vraiment la fête, le stress monte de plus en plus. Tout d’un coup je vois Freddy qui me cherche pour la photo, mais qui rebrousse chemin rapidement, pas eu le temps de l’appeler dans tout ce brouhaha. Peu importe il me verra au moment du départ. Le peloton s’avance pas à pas, les contrôleurs vérifient les baudriers de certains qui semblent un peu « léger ». C’est qu’on lésine pas avec la sécurité. Je regarde le ciel, toujours aussi menaçant, puis j’entend ensuite des voix connues : tout le CRVC est là pour m’encourager ! Je fais la bise à Odette et dis bonjour aux autres. Ah que ça fait plaisir. Je me sentais seul depuis un moment et de voir des têtes connues me fait chaud au cœur. Daniel me bombarde de photos, Guy me souhaite bon courage. Les amis à ce point du jeu ça compte énormément. J’entend ensuite le speaker qui fait un décompte de 10. Ca y est c’est parti Arnaud, 4 ans que tu attends ça, bat toi. Je déclenche mon chrono sur le compteur et je donne mes premiers coup de pédales. Ambiance de feu, c’est la folie. On s’y croit vraiment ! Les gens vous applaudissent comme si vous étiez des stars du Tour de France. Dans le rond point je cherche les amis sans les voir, puis j’entend d’un coup des « allez Arnaud allez » Je tourne la tête à droite et je vois mes supporters m’encourager et se donner de la voix. Fiou ! Moment indescriptible ! Tout le stress est parti, j’ai retrouvé toutes mes jambes, je me sens d’attaque prêt à manger les kilomètres. J’enfile directement le grand plateau, et je met mon 19 dents à l’arrière. Le bitume est super beau, le vent est plutôt favorable, la masse de cyclos me transporte. Je roule à 35 à l’heure sans forcer. Tout au long de la route énormément de monde nous applaudissent. Je suis presque gêné de tout ces encouragements et tout ces bravos. Mais l’euphorie soudaine laisse place déjà aux choses sérieuses. Je m’aperçois qu’il y a des écarts entre le groupe ou je suis et celui de devant. Je décide de partir seul faire une remontée, car je sens que je « roulotte » dans un groupe qui n’a pas l’ambition de démarrer sur les chapeau de roues. Je remonte comme ça durant des dizaines de minutes plusieurs petits groupes, tout en ne comprenant pas pourquoi ces gens là ne se sont pas accrochés au gros du peloton. Obliger de faire des courses poursuites seul en chasse-patate. Je me dis que je perd des plumes bêtement mais que je n’ai pas le choix si je veux suivre mon plan d’action. Les premiers kilomètres se mangent à vive allure, les premiers ronds points, les feux tricolores, les stop, sont sécurisés par l’organisation et par la police. Ca fait presque bizarre de griller un feu rouge juste devant un flic, qui nous applaudit par dessus le marché ! Image surréaliste !
Je me sens vraiment très en forme, le vélo est huilé, mes jambes sont en feu, j’ai la patate je suis dans un bon jour je le sais déjà. Les premières villes passées sont très dangereuses. Beaucoup d’ilots directionnels, de haricots, de ralentisseurs. Peu de place pour un énorme peloton de 600 cyclos. Et ce qui devait arriver arriva : à quelques mètres devant moi je vois un cyclo faire une chûte terrible. J’entend un bruit violent, et voit le mec tomber sur le trottoir et se plier les genoux. Le bruit à fait froid dans le dos. Le peloton ralenti, mais personne ne s’arrête vraiment. Plus tard j’apprendrais par un de ses collègues qu’il n’aura rien, juste sa roue avant qui s’est plié en huit. Fort heureusement il était avec assistance et il a pu repartir avec une roue de secours.
Ca roule maintenant super vite, le vent de face se fait sentir, mais bien abrité dans les roues je ne le sens presque pas. J’ai la sensation que les kilomètres défilent à vive allure. Je discute de temps en temps avec quelques cyclos de la chute précédente. Je ne ressens pas pour le moment une grande ambiance au sein du peloton. Pas ou peu de conversations. Devant moi un groupe d’italiens qui roule très mal, leur roue arrière allant de droite à gauche de la chaussée. Il faut être toujours sur mes gardes pour éviter la chute. Les premières bosses arrivent assez vite, je les monte tranquillement mais bien. Ca va vraiment vite, je ne lâche pas le gros du peloton.


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MessageSujet: Re: le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD EmptyMer 05 Sep 2007, 08:09

suite
Mortagne le premier contrôle (ou on ne pointe pas cependant) arrive très rapidement. Je regarde mon compteur : 140km et 30 de moyenne. Juste le temps de remplir mon bidon et je repars. Là je croise une connaissance : Pierre un ancien du club de l’ACTACT, qui me dit qu’il a loupé une flèche et à déjà fait 10 bornes en rab. Je repars ensuite sans perdre de temps mais peu de gens sont repartis et finalement c’est dans un petit groupe que je poursuit ma route.
Je suis pour le moment dans mes temps, moralement ça va, toujours pas de pluie à l’horizon. Mais ça va se gâter relativement vite cependant. 80 km pour le prochain contrôle. Ca roule de suite beaucoup moins vite, du fait que le peloton ai rétréci, du fait que le vent de face se fait beaucoup ressentir, et du fait que les 140 premiers kilomètres ont été parcourus à grande vitesse. Je me retrouve dans un groupe ou ça ne parle pas, ou ça roule mal, mais je n’ai pas le choix de rester avec eux, les laisser serait suicidaire car avec le vent de face qu’il y a et les côtes je ne résisterais pas longtemps tout seul. Les côtes justement, commencent à être nombreuses, la route jusqu’à Villaines la Juhel est un avant-goût de ce qui nous attend. J’y arrive vers les 5h au petit matin. Il fait encore nuit, pas très chaud. Après mon pointage j’en profite pour manger tant bien que mal un de ces fameux gâteau overstims. J’ai déjà quand même 220 bornes dans les pattes et il ne faut pas négliger l’alimentation. Après un dernier étirement je reprend le chemin, vers Fougères cette fois çi. Contrôle à 90 kilomètres environ. Cette partie là est assez difficile, outre le fait que le vent et la pluie se font de plus en plus présents, il faut y ajouter un nombre incalculable de bosses, plutôt des toboggans que des vraies pentes, mais très usant à la longue. Je suis dorénavant seul, préférant rouler à ma main que de suivre des petits groupes ou ça roulerait un poil au dessus de mes forces. A plusieurs reprises je me fais rattraper par Pierre et un groupe à lui, avant de les redoubler plus loin. C’est un peu ça PBP, on croise et recroise souvent les mêmes. Il ne faut pas s’affoler si on se fait doubler, chacun roule à sa façon, la route est longue et mieux vaut ménager sa monture, surtout avec le temps de merde que nous avons. Avec Pierre on échange quelques conversations à chaque fois, et ça fait drôlement du bien de papoter un peu. C’est vraiment mort dans les pelotons sinon. Le temps exécrable qui s’abat sur nous en a découragé plus d’un. Parfois on se prend de grosses averses, de vraies saucée qui nous trempe de la tête au pied, malgré nos tenues de pluie. Pour ma part je suis resté cuissard court et ne souffre pas du froid. Le meilleur moyen de se réchauffer de toute manière c’est de rouler. Vu le nombres de bosses à monter j’ai vite fait d’avoir chaud sous ma veste.
Je pointe à Fougères à 9h. Pas grand monde là bas, j’en profite pour faire un vrai repas chaud. Une bonne soupe notamment, des pâtes bolo et je crois une crème semoule en dessert. A table je reconnais un gars avec qui j’avais rouler cette année sur les boucles de l’Essonnes d’Athis Mons. Un clin d’œil entre nous, peu de mots échangés cependant. Ironie du sort lorsque nous avions rouler ensemble nous avions déjà eu le même type de temps à l’époque. En mangeant j’en profite pour regarder vite fait mon tableau de route et là je m’aperçois à ma grande surprise que j’ai du temps de retard par rapport à mes prévisions. J’ai du mal à comprendre vu comment je roule. Je me dis que le vent de face y ai pour beaucoup. Je repars ensuite direction Tinténiac, dans 54 Km. C’est un contrôle qui arrive assez vite après celui de Fougères. Cependant je met 3 heures au lieu des 2 que j’avais initialement prévu dans mon tableau. Je perd 1h entre chaque contrôle, c’est le tarif et ça me démoralise petit à petit dans l’optique de réussir mon pari. Le temps est épouvantable, le pluie ne s’arrête plus, le vent n’en parlons pas. Ca devient dur dur et je n’ai que 360 Km au compteur. A Tinténiac une belle surprise m’attend. En effet je vois Albert m’attendant devant les barrières à vélo. Quelle surprise ! Habitant à proximité du contrôle il est venu avec Marie-Thé sa femme à notre rencontre, m’ayant au préalable suivi par internet afin d’être présent à mon arrivée. A que ça fait du bien de les voir ! Je pointe et j’échange quelques mots avec eux, tout en mangeant un nouveau gâteau overstims. Il est midi mais j’ai déjà manger mon repas chaud à Fougères donc je préfère manger léger et ne pas perdre de temps dans un nouveau gros repas. A ma grande surprise Albert me dit que José se trouve derrière moi, lui que je croyais parti à 20h de Guyancourt et largement devant. Moralement ça me redonne un coup de boost car je me dis que je ne roule pas si mal que ça alors, connaissant la forme de José.
C’est avec regret que je laisse mes amis, après quelques photos, mais bien remotivé pour continuer ma route. Direction Loudéac, 85Km de route.
Le pluie est toujours présente, par intermittence. Le vent de face ne faiblit pas, c’est vraiment un calvaire de rouler dans des conditions pareils. Un groupe d’espagnols fait un éventail et prend toute la chaussée de la route. Je roule un peu avec eux mais ils sont trop fort pour moi. Je réalise en prenant quelques instants de réflexion que mon objectif d’arriver à Brest à 21h (ce qui ferait grosso modo un aller en 25h) me paraît surréaliste compte tenu qu’il me reste encore 200 grosses bornes à faire et que je suis déjà en plein milieu de l’après midi. Moralement j’accuse le coup, je ne comprend pas et je me dis qu’il doit y avoir une erreur de calcul de ma part. Mais étant sur le vélo, avec la pluie et le vent, il m’est impossible de sortir ma feuille de route et de regarder mes calculs de plus près. Je me dis que je remettrais ça à Loudéac pour bien me rendre compte de ma progression.
Un contrôle secret apparaît dans une petit localité. Juste le temps de pointer, de manger une barre et je repars.
J’arrive à Loudéac à 16h30. Toujours pas énormément de monde au contrôle. Il faut dire que je n’ai pas été doubler par beaucoup de paquets de cyclos. A mon humble avis il doit y avoir 300 à 400 cyclos devant moi, pas plus. A Loudéac je mange un repas chaud. Toujours des pâtes au menu. En mangeant je vois la pluie dehors qui retombe de plus belle. Je contemple ça sans vraiment réaliser. Je suis à un stade ou la galère est bien encrée en moi, que de toute façon ça ne peux pas être pire. Je fais des gestes presque mécaniquement maintenant. Manger, boire, sortir mon badge pour pointer, la carte de route à tamponner, me masser avec le kamol, m’étirer, perdre le moins de temps possible. A table je vois des gars complètement mort, je me dis qu’il va y avoir du dégât au niveau des abandons.
Allez il faut repartir, direction Carhaix. Et là c’est pas de la tarte : il n’y « que » 75 km mais c’est surement la partie de PBP la plus difficile. Les bosses sont monstrueuses, pentue, s’enchainent sans répis. J’en monte certaines avec mon 26 dents à l’arrière, debout sur les pédales, limite rupture. Cette route fait mal, après 450 km dans les pattes et les conditions que l’on a eu. Je n’arriverais jamais à Brest à 21h c’est impossible. Moralement je suis atteind. On ne sait même pas si on aura du vent dans le dos au retour. On se pose pleins de questions, es ce que la pluie va s’arrêter un jour, aura t’on un peu de soleil, etc…
A un moment donné je croise les premiers cyclos dans l’autre sens. Il s’agit sans doute du groupe qui fera 45h environ. Je ne les sens pas rouler si fort que ça finalement, de plus ils ont deux voitures derrière eux, plein phare. Es ce leur assistance qui les éclairent de nuit ? Si tel était le cas je crois que la sanction de 2003 n’aurait servi à rien…
J’atteint péniblement Carhaix après plus de 4h de route. Là bas c’est un gros contrôle. Il y a déjà un peu plus de monde. Le ciel est assez sombre, les lumières sont déjà allumées sur les vélos. Je pointe à 21h, en me disant que j’ai un contrôle de retard sur mon planning, et que je suis mal barré pour réaliser 60h. Il est même plus question de 60h maintenant, mais d’au moins réaliser -70h qui serait le minimum syndical pour moi. Je prend un repas chaud pour attaquer la route vers Brest de nuit. En repartant j’en profite pour demander à l’assistance technique de me huiler ma chaine qui couine un maximum. Ca c’est vraiment un truc génial sur PBP, à chaque contrôle il y a un stand technique ou l’on peux demander à un mécano de resserrer une vis, de gonfler les pneus, graisser la chaine, etc…
Je pars de nuit et roule avec quelques gars, dont un breton qui connais bien le coin. 90 bornes avant Brest, avec en prime le Roc Trévézel à se manger, véritable col en pleine Bretagne. Je roule de moins en moins vite ça se ressent facilement. J’ai quand même passer une drôle de journée, le vent et la pluie ça use à la longue, les côtes n’en parlont pas, et mon tableau de marche qui me fou le moral à zéro… Bref j’ai connu des jours meilleurs. Mais je me démobilise pas et je continue vaillamment ma route. Cette deuxième nuit n’est pas facile, beaucoup de bosses à monter encore, l’avantage de la nuit c’est qu’on ne les vois pas ! La pluie s’invite toujours lorsqu’elle en a envie. Il est grand temps qu’on fasse demi tour !
L’arrivée à Brest est longue, on a l’impression d’y être mais il faut faire encore des kilomètres avant d’entrée vraiment dedans. Il doit être 1h du matin et après une côte je ressens comme un coup de chaleur. Je m’arrête sur le bas côté, pose mon vélo et m’assois au plus vite. Je suis en train de faire une chute de tension je le sais. La tête qui tourne, un haut-de-cœur, l’envie imminente de s’allonger. Là mon corps dit stop. J’ai sommeil et il va falloir que je dorme à Brest impérativement. A peine le temps d’avaler un tube de red tonic qu’un motard de l’organisation vient à mes nouvelles. Je lui dit que tout va bien que je me repose 5 minutes et que je dormirais à Brest. Les motards sécurité c’est vraiment quelque chose de formidable également. Ils sont là sur tout le parcours à naviguer et à venir à votre secours en cas de problème. On roule vraiment en toute sécurité. Paris-Brest-Paris c’est unique pour ça également. Une organisation incroyable.


Dernière édition par le Mer 05 Sep 2007, 08:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD EmptyMer 05 Sep 2007, 08:11

suite
Bon il est temps de repartir, je me sens déjà beaucoup mieux. Je prend la descente prudemment et poursuit ma route, direction le pont de Brest. Là moment magique, la vue de la ville de nuit. En 2003 c’était déjà magique, au petit matin avec un ciel bleu et la mer toute aussi bleue. Cette année c’est donc les milles et une lumières qui s’offraient à mes yeux. Ca y est je suis à Brest. La fatigue m’empêche vraiment de savourer, j’ai plutôt l’envie de dormir en ce moment et pas trop à m’attarder sur le pont. Les derniers kilomètres dans Brest sont durs et dangereux. Je manque plusieurs fois de me payer des ilots directionnels ou des trottoirs, tant mes yeux se ferment. Il faut que je réagisse, je cri un bon coup pour me réveiller, c’est vraiment un moment dur que je vis là. Cette sensation de s’évanouir à tout instant et s’étaler sur la route en chutant peut surgir à n’importe quel moment. Je résiste tant bien que mal. Une dernière côte, et ouf enfin le contrôle. 2h25 du matin. Je gare mon vélo et pointe. La salle est remplie mais une fois encore pas tant que ça. Je mange un bout et bois un coca offert à mon arrivée. Sur ma droite je vois des cyclos dormir un peu à la sauvage, je me dis que je vais prendre illico la direction du lit ! Je m’allonge entre deux cyclos sur une espèce de paillasson et m’endort. Je me réveille 1H30 plus tard, mieux, beaucoup mieux.
Avant de partir je profite de manger une banane que j’avais garder de mon repas de Carhaix, ainsi qu’une barre caféiné super efficace qui donne la sensation de « réveil » dès qu’on l’a absorbé. Je change également de chaussettes, avoir les pieds au sec ça fait du bien.
Direction Carhaix. Je repars de nuit avec 4/5 cyclos. La sortie de la ville n’est pas facile, de plus il faut monter plusieurs côtes. Vient ensuite le Roc Trevezel à l’envers. Moralement et physiquement ça va un peu mieux. Je me souviens qu’en 2003 cette partie de PBP m’avait marquer par sa « facilité ». En effet au petit jour nous entamons une très longue descente, qui mène pratiquement jusqu’à Carhaix. La moyenne reprendre du coup des couleurs. J’arrive au contrôle à 7h30 environ. Et là je croise des cyclos dans l’autre sens. Ah que ça fait plaisir ! Moralement tu sais que toi tu es sur le retour et que d’autres ne sont pas encore à Brest. C’est un sentiment cruel et bon à la fois.
Au contrôle je prend un petit déjeuner rapide, juste un plat de pâtes et un jus d’orange. Là il y a déjà beaucoup plus de monde, c’est un carrefour entre ceux qui arrivent de Paris et ceux qui arrivent comme moi de Brest. Un peu la queue pour payer mais ça va relativement vite quand même.
Allez il faut repartir, direction Loudéac. Je me dis que les grosses bosses de la mort de cette section je vais les descendre. Oui mais il faudra quand même les monter dans l’autre sens tout de même ! Tout d’un coup je croise Nathalie et Robert dans l’autre sens. Oh la la les pauvres je les plains, j’ai l’impression que le vent est encore plus fort pour eux que pour moi à la même époque. Je suis tout seul sur cette petite route escarpée et bosselée, je croise des tas de paquets de cyclos dans le sens inverse, impressionnant. Dans une petite descente je croise J.P et son vélo couché. Ses premiers mots me font rire : « ah ça c’est pas un Paris-Brest de tapette ! » On échange quelques mots, il me dit qu’à Loudéac il est arrivé hors les délais, mais que les organisateurs ont augmentés ces délais au vu des conditions météos. Ca va vraiment être l’hécatombe à mon avis, surtout qu’après avoir laisser J.P j’ai croisé énormément de monde en sens inverse.
Je suis toujours tout seul avant de me faire rejoindre par un cyclo du coin, qui me félicite pour se que je suis en train d’accomplir. Je roule aussi vite que lui alors qu’il est tout frais, ça le dégoute un peu ! La pluie quand à elle se remet à tomber, juste avant d’arriver à Loudéac. J’y arrive à midi. Là nouveau repas chaud, bien consistant, même si j’ai du mal à finir ma gamelle à chaque fois. A table je reconnais un gars de Brétigny, une vieille connaissance Essonnienne croisé sur le brevet de 400 notamment. Je l’aime bien ce type, il a l’air nonchalant comme ça mais c’est un guerrier en réalité.
Allez c’est reparti direction Tinténiac. Finalement on a pas tant le vent favorable que ça. Je retrouve sur la route le breton avec qui j’avais roulé la nuit précédente. Il me dit « acroche toi au lieu de rouler seul ». On s’engeule presque, je lui dit que je préfère rouler à ma main seul plutôt que de suivre en forçant des petits groupes. Et mon raisonnement a tenu debout puisque je le rejoins juste avant d’arrivée à Tinténiac. Rien ne sert de courir mon gars, il faut partir à point !
Dans le fond il a raison je devrais m’accrocher, mais ce n’est pas ma façon de rouler et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer !
Tinténiac je pointe vers 17h et j’en profite pour regarder un tableau dans la salle ou est inscrit le noms des abandons connus. Impressionnant le nombre. L’hécatombe annoncée a bien lieu. Je profite pour boire un coup et manger une petite barre énergétique. Je fais la causette avec quelques gars du coin, puis je repars vaillamment vers le prochain contrôle.
Je suis quand même fatigué mine de rien, à l’approche de la troisième nuit je ne sais pas encore si je vais dormir ou non. Je suis déboussolé, je ne sais même plus ou j’en suis dans mes temps, j’ai l’impression d’être complètement largué, hors je suis certain qu’il n’y a pas des masses de cyclo devant moi. Dans ma tête ça cogite pas mal, mêler avec la fatigue ça donne un résultat pas fameux.
Sur la route qui mène à Fougères je roule avec le breton, puis avec deux anglais. Richard un costaud qui protège Simon un autre costaud mais blessé à son genou droit. Même blessé il est beaucoup plus fort que moi. Impressionnant ces deux là. Richard nous largue sans même le vouloir, avec ce vent de face qui décidemment ne nous lâche pas. Le breton prend le relais mais me demande ensuite de passer. Je le fais et là ça devient dur. Pour ne pas paraître ridicule je serre les dents et je ramène le trio sur Richard.
!Fougères arrive assez vite, et juste avant le contrôle un mur terrible à monter. Mes souvenirs me 2003 me rappel très bien de cette côte, mais je l’avais monter sous la canicule à l’époque et petit plateau. Là non c’est sous la pluie et avec mon 26 à l’arrière que je la grimpe à l’arrachée.
19h, j’ai froid et faim et je passe par le self pour me faire un bon repas chaud. A table je vois Michel, un gars que j’ai rencontré cette année sur un site de vélo par internet et que j’avais déjà rencontrer le dimanche lors de la remise des documents de route. On profite de ce repas pour converser, rigoler un peu. Michel c’est vraiment une chouette rencontre, nous avons le même état d’esprit, la même façon de rouler, lui me disant qu’il préfère monter les bosses à sa main et pas suivre des groupes. Je pense qu’on se serait bien attarder à table à papoter mais il est temps de repartir. Lui ayant fini avant moi c’est seul que je repars. J’allume mes lumières et j’aborde cette troisième nuit qui s’en vient.
Fougères – Villaines la Juhel, le tournant de mon PBP. Je m’en étais pas rendu compte sur le moment évidemment, mais quand on regarde j’ai quand même 1000 bornes au compteur ou presque, et juste 1h30 de sommeil en moi. Et ce qui devait arriver arriva. Dès la nuit tombée cette sensation de dormir sur le vélo et de ne plus avancer s’est faite ressentir. Je montais les bosses au ralenti, supportant difficilement la vue des phares des voitures venant à moi. Ca m’a rappeler ma 4ème nuit de PBP en 2003. Et là je me dit que non c’est pas possible, je peux pas craquer comme ça et défaillir maintenant. A un moment donné Richard et Simon me doublent et semblent perdus. Je sors mon plan péniblement, dormant à moitié et ne comprenant plus trop leur anglais. Je ne sais plus vraiment ou je suis. Villaines n’est pourtant qu’à 15 km mais j’ai l’impression de ne plus être sur le parcours. Maintenant en écrivant ce récit il est facile de comprendre que je manquais de sommeil et que j’étais victime « d’hallucinations », mais sur le moment je suis perdu et je ne crois plus en rien.
Je monte une côte, la pluie retombe et redouble. Là je perd complètement pied. Je m’arrête en haut de la bosse bosse, je vois des lumières au loin dans la vallée, je me sens déboussolé, perdu totalement. Je ne sais plus quoi faire. J’ai presque envie de pleurer mais je suis trop fatigué pour ça. Je marche, puis réveiller en sursaut par un chien qui aboi derrière la grille d’une petite ferme. Je ne sais plus quoi faire. Je met mes mains sur mon guidon, prend une certaine position et je m’endors quasi aussitôt. Au bout d’un moment je sens que je tombe et je me reprend juste avant que cela n’arrive. Je suis au fond du fond là, je veux abandonner, laisser tomber. Je pense même à dormir sur le bitume tellement je suis crevé. Mais au moment de le faire une voiture s’arrête près de moi : c’est l’assistance. Une dame me parle et se présente à moi. Je lui dit je crois que je suis complètement perdu. Elle me dit non, que je suis sur le circuit et Villaines la Juhel est à 10 bornes environ. Je lui dit merci avant qu’elle ne reparte. Je remonte sur mon vélo et entame une descente super dangereuse. Je manque plus d’une fois de tomber, la visibilité est quasi nulle, et plus de bande blanche sur le bitume de cette petite route de campagne. J’arrive presque miraculeusement à un village, et là sans réfléchir je m’arrête près de l’église, ou se trouve un abris bus. Je range mon vélo, j’éteins mes lumières, pose mon sac à dos, et m’allonge sur le banc en bois pas très large. La pluie s’abat fort. Je grelotte assez rapidement, je tremble, j’ai sommeil. Là je me met à pleurer et à me dire que je suis un bon à rien. Plein de choses se passent dans ma tête, de remise en question. Mais tout ça laissent place rapidement au sommeil. Il doit être minuit et je m’endors dans cette position très inconfortable. Un chien errant vient me réveiller rapidement. Il me renifle. Je n’arrive pas à le bouger il est énorme et moi je suis mort ! Je le donne des coup de chaussures et il me fiche la paix enfin.
6 heures du matin à mon compteur, je me réveille en sursaut. En voyant le temps que je viens de perdre je suis au bout du rouleau moralement. Par contre physiquement ça va beaucoup mieux. J’ai certes dormi beaucoup trop, mais au moins ça a eu le mérite de me redonner des forces. Comme je vais beaucoup mieux j’en profite pour regarder mon tableau de marche. Après un rapide calcul je m’aperçois que si j’arrive avant 19h ce soir je mettrais moins de 70h. J’arrive à peine à y croire, je suis en train de me dire que finalement j’étais dans un bon temps avant de m’endormir. Vert de rage je me dis que sans ces 6h perdues j’aurais pu déjà être à Mortagne, et finir pourquoi pas en 65h.
Là je m’en veux totalement, je me traite une nouvelle fois de blaireau, et mon envie de terminer ce PBP dignement surgit. « Allez Arnaud montre que tu as des c***** » me dis je. Je bois un coup, mange une barre, et repars survolté à l’assaut de Villaines la Juhel. C’est le petit jour, la route est mouillée, j’ai l’impression d’être frais comme un gardon. Je dévale tambour battant la vallée, grand plateau. Je rattrape des mecs à la ramasse, qui eux n’ont pas dormi 6h comme moi. C’est impressionnant la différence entre moi et les autres à ce moment là. Je me dis que finalement cette perte de temps fut un mal pour un bien. Me voilà retaper physiquement, et moralement j’ai retrouvé des couleurs en voyant mes calculs et le fait que j’ai pas si mal roulé que ça.


Dernière édition par le Mer 05 Sep 2007, 08:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD EmptyMer 05 Sep 2007, 08:12

suite
J’arrivé au contrôle à 6h45. Je pointe et je repars direct ! C’est ce qui s’appel un contrôle express ! Non mais je viens de dormir 6h, alors inutile de flâner pour rien ici ! Je repars à fond les manivelles. Wouah quelle forme je tiens ! Surtout que maintenant c’est vent dans le dos, et de beaux faux plats descendants. La route vers Mortagne est jolie, le ciel étant un peu plus dégagé je peux apprécier les paysages du Perche. J’ai la patate, j’en profite pour manger une barre, prendre un tube, boire, je ne néglige rien. Sur la route je recroise le gars avec qui j’avais rouler sur les boucles de l’Essonne. On se regarde, toujours sans dire un mot, mais on se respecte et on sait qu’on tiens le bon bout maintenant. Avant Mortagne il y a encore de grosses cotes à monter, c’est fou le nombre de bosses quand même. 4 ans après mon premier PBP on en oublie la difficulté. Je les monte à 10 à l’heure pour certaines, tant elles sont longues et pentues. J’arrive à Mortagne à 10h30. Je pointe et je me fais un repas chaud. Une énorme plâtrée de pâtes que me sert une charmante hôtesse, impossible à en venir à bout ! A table me rejoignent Richard et Simon les deux anglais. On commencent tous à avoir le sourire, on tient le bon bout.
Je repars une grosse demi heure après, direction Dreux la ville contrôle inédite. J’ai quand même mal partout il faut préciser un peu ! La paume de mes mains me fait atrocement souffrir, je ne peux plus rouler mains sur les cocottes, j’adopte depuis un bon moment maintenant les mains en bas du guidon, un peu à la manière de Jan Ullrich ! Mine de rien c’est une position qui me plait bien, on prend moins de vent, les reins donnent un vrai coup de pouce, et on va plus vite. Mes fesses me font mal, très mal. A cause de 3 jours de pluie le cuissard est sale et m’irrite la peau. Surtout que certaines routes ont un revêtement granuleux qui fait très mal après plus de 1000 bornes.
Vers 13h la fatigue me gagne à nouveau, et cette fois çi je ne compte pas attendre de dormir sur mon vélo pour m’arrêter. Je vois un petit parc sur la droite, et je prend aussitôt sa direction. Allez hop je m’allonge sur l’herbe. Il fait relativement beau à cette heure çi, assez rare pour être souligner. C’est calme, relaxant, j’entend les oiseaux, un petit cour d’eau. Une demi-heure de repos qui m’ont bien retaper ! Je reprend la route à 13H30, mange une barre caféiné afin de me réveiller, puis un tube.
L’arrivée à Dreux n’est pas coton, le circuit nous fait prendre une sorte de piste cyclable pas terrible. Il y a un peu de circulation dans la ville. Il doit être 15H30 environ, et je décide de prendre un bon goûter. La nana qui me sert est ravissante, je me serais bien attarder à la discussion mais c’est qu’il faut rentrer sur Paris quand même ! Je mange un beignet, un pain au chocolat, boit un café et un jus d’orange. J’en profite pour aller aux toilettes, faire la grosse commission, chose que je n’avais pas encore fait du Paris-Brest ! Je vous épargne les détails mais ça fait un grand bien !
Je passe par l’assistance technique afin de me mettre une goutte d’huile sur ma chaine qui couine, et hop je repars…sous la pluie qui retombe de nouveau !
Allez plus que 70 bornes environ. Vent dans le dos, je fini en trombe et à toute allure. En passant les dernières villes les gens vous applaudissent et vous respectent. A ce moment là tu sens que tu as fait un truc génial. J’en oublie presque la déception de mon temps. Peu importe combien je ferais après tout, les conditions météos ont faussés la donne et je n’ai pas à rougir de ce que j’ai accompli. En entrant sur la région parisienne il faut encore se monter des murs. Dans la forêt près de Gambaiseul se dresse une bosse de folie. Je ne sais même pas à combien je la monte mais je sais que je suis debout sur les pédales à forcer comme un malade ! Je repars ensuite de plus belle, toujours vent dans le dos. Je fini à fond, je décroche pas du 30/35 à l’heure. A Monfort l’Amaury il se met à pleuvoir des trombes d’eau. Tellement que mes lunettes ne me protègent même plus, j’ai de l’eau dans les yeux, ça pique, j’ai du mal à voir devant moi, obliger de lâcher le guidon et me protéger avec une main. Le pluie m’en veux c’est pas possible ! J’arrive ensuite sur Trappes, là ce sont les tout derniers kilomètres. Le routes se ressemblent, on a l’impression de tourner en rond. Bientôt je vois le panneau Guyancourt. Fiou ça y est j’y suis. Je savoure presque. Je rattrape un groupe de cyclos à cause de nombreux feux rouges dans la ville. Mais je les laisse partir, souhaitant arriver seul sur le rond point final, comme pour mieux le savourer. Finalement j’y arrive, beaucoup de gens autour. En 2003 j’étais arrivé à 4h du matin le vendredi et il n’y avait bien entendu personne à part mes proches. Cette année ce fût tout autre chose ! Des « bravos » et des applaudissements me font chaud au cœur. J’arrive devant le gymnase, ou je vois tout mon club et mes proches présents à mon arrivée. Je quitte mon vélo, pose pour quelques photos, et tombe dans les bras de Dan, que je sens fier et ému de m’accueillir. Je suis un peu déboussolé. Marcel prend mon vélo et me dis « tu connais le chemin, il faut pointer maintenant ». Une bise à mon neveu dans sa poussette, et je prend la direction du gymnase. A l’intérieur grosse chaleur, beaucoup d’agitation. Je donne ma carte de route pour le pointage final, ainsi que mon badge. Ca y est c’est fini, j’ai mis un peu plus de 70h pour boucler mon deuxième Paris-Brest-Paris. Je raconte à mes amis un peu mon parcours, mes anecdotes. Je suis quand même satisfait de moi, je termine fort. Je noue beaucoup de regrets, mais cette expérience me sera très utile pour mon prochain PBP, auquel je réfléchi déjà. J’en tire des conclusions à chaud. Ne jamais abandonner, quoi qu’il arrive. Ca c’est un premier point. J’ai pris une grosse claque morale avant Villaines la Juhel. Il faut que je me remette en question, que j’accepte enfin de perdre du temps à dormir lorsqu’il le faut, je sais dorénavant que des heures de « perdues » à dormir c’est en fait du temps de gagner pour la suite. Je dois également revoir mes calculs, peut être les prendre plus larges, pour ne pas que moralement je baisse les bras dès lors que je ne serais pas dans mes temps.
Mis à part ça je suis très content de mes jambes et de mon vélo. Superbe acquisition que j’ai faite cette année. Une machine à rouler, confortable, légère. Jamais je n’ai souffert du dos avec. 7000 bornes c’est très bien également. Plus ça m’aurait dégouté, et moins j’aurais été un peu juste pour affronter ce PBP avec ces conditions.
J’en ressors une nouvelle fois grandit, fort, et modeste à la fois. J’ai déjà hâte d’être à dans 4 ans. J’ai une motivation encore plus grande, une revanche à prendre. J’ai 60h dans les jambes je le sais. Maintenant il faudra de la chance, une météo optimale, et surtout que je parte dans les toutes premières positions et non en dernier comme cette année.
J’ai 4 ans pour penser à tout ça. Maintenant je vais me « reposer » et me trouver d’autres objectifs pour l’année prochaine.
J’espère que mon récit vous a plu, vous a captivé, vous a donné envie qui sait ?
Un Paris-Brest-Paris ça reste formidable quoi qu’il arrive, il faut le faire au moins une fois dans sa vie de cyclo. L’essentiel est de participer.

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MessageSujet: Re: le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD EmptyMer 05 Sep 2007, 18:20

je trouve ce récit très intéressant ..surtout par son aspect psychologique
qui c'est le JP cité en VH ??
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MessageSujet: Re: le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD EmptyMer 05 Sep 2007, 19:33

Des bêtes........humaines.
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MessageSujet: Re: le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD EmptyMer 05 Sep 2007, 20:16

salut
pour ceux et celles que ça intéresse et qui veulent se faire une petite idée de la chose pale le lien pour mon récit en 1999 :

http://christian.scifo.online.fr/Paris%20Brest%20Paris%2099/paris%20brest%20paris%2099.html

bonne lecture, vous avez 3 ans pour vous décider le PBP d'Arnaud en VD Cool
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MessageSujet: Le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD EmptyMer 05 Sep 2007, 20:20

Ouais, passionnant, impressionnant, enthousiasmant, c'est simplement beau ! J'ai vibré en le lisant et eu même parfois l'impression d'être avec lui !

Ca donne envie, ça fait peur, ça remet en question !

Très belle expérience qui peut servir au cas où...

pascalambic.
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MessageSujet: Re: le PBP d'Arnaud en VD   le PBP d'Arnaud en VD Empty

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