A lire chez Telerama
http://www.telerama.fr/monde/frederic-lordon-le-cadre-de-la-finance-internationale-doit-etre-radicalement-refondu,47277.php
Extraits :
> Pourquoi prôner une réduction drastique de l'espace laissé à la finance dans l'économie mondiale ?
> Toute analyse sérieuse constate l'exorbitant privilège de profitabilité dont jouit la finance de marché. Il faut tout de même se souvenir que le taux de rémunération normal du capital, c'est le taux d'intérêt... soit quelques %. Or, le taux de rendement des capitaux propres des grandes entreprises industrielles du CAC 40 tourne déjà à 15-20 %, et celui des départements « banque d'investissement » monte communément... à 40 % ! Est-il concevable que dans une économie croissant et rémunérant le « capital ordinaire » à quelques % se perpétue une telle enclave de profitabilité ? Il ne faut pas aller plus loin pour comprendre que l'industrie financière se battra jusqu'à la dernière goutte de sang pour protéger ce paradis.
> Il n'y aurait donc pas une volonté de faire évoluer le système plus fortement d'un côté que de l'autre ?
> Une des grandes raisons qui font obstacle à la transformation du système bancaire tient à l'incroyable confusion qui a mêlé élites financières et élites politiques. Ainsi, la finance a acquis ce formidable pouvoir d'écrire ses propres règles du jeu. Lorsque le conseiller spécial et occulte de Nicolas Sarkozy pour la gestion de la crise financière s'appelle Michel Pébereau, président non exécutif de BNP Paribas, que pensez-vous de la probabilité d'une réforme radicale ? Le cas de François Pérol est plus caricatural encore. Celui-ci est successivement directeur adjoint de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Economie et des Finances, associé-gérant chez Rothschild & Cie, où il supervise la formation de Natixis, brillante réussite, et le début de rapprochement entre les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires, puis secrétaire général adjoint de l'Elysée, où il gère la déconfiture bancaire puis la finalisation du rapprochement Caisses d'Epargne/Banques Populaires... dont il va finalement prendre la présidence, et tournez manège.
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> c'est pire encore aux Etats-Unis ! Des anciens patrons de Goldman Sachs se succèdent à la tête du Trésor américain, pour y faire la politique de leurs intérêts passés et futurs, et c'est en fait tout Wall Street qui campe au Capitole comme à la Maison-Blanche pour tenir la plume aux rédacteurs des nouvelles régulations.