Le Sucre d'Orge

Il est arrivé ! L'ultime prototype des ateliers Dechenne, où s'allient la quintessence du savoir-faire et la délicate fleur du génie de leur maître, fut remis vendredi 20 entre les mains de son commanditaire.



Par où commencer le dithyrambe ? Il faut, je crois, d'abord évoquer la facilité de prise en main de cette traction directe. Laurent fut, vendredi, le seul pilote d'essai : il venait de souder le guidon et de placer la transmission, mais l'Aï restait dépourvu de freins — je n'osai pas m'y aventurer. Selon le constructeur, sa création était stable ("interaction minime entre la direction et le pédalage") et maniable ; il pouvait d'ailleurs, comme je pus le constater, aisément démarrer sans toucher le guidon... Mais pouvais-je croire à l'objectivité du concepteur ?



Le lendemain, j'achetais les câbles et gaines de freins et réglais approximativement les dérailleurs. Sous l'oeil amusé d'Élisabeth, je me suis enfin assis...

Mon expérience des tractions directes, faut-il le dire, se réduisait alors à quelque quinze minutes de conduite au printemps : cinq sur le Flevo Racer de Tim Biesemans, dix sur l'utilitaire de Laurent. Jamais je n'avais parcouru de trajectoire satisfaisamment rectiligne ; jamais je n'avais pu amorcer un virage sans mettre pied à terre en sentant le vélo se plier lamentablement et irrémédiablement sous mes fesses.

Avec l'Aï, fichtre ! Mais c'est tout autre chose ! Après deux faux départs et le choix d'un développement plus approprié, il est parti tout seul. Ma deuxième centaine de mètres était parfaitement droite et enchaînait des virages raisonnablement serrés et maîtrisés. Dingue. Mon compteur en atteste et me garantit des exagérations engendrées par l'enthousiasme : je n'ai parcouru que 600 mètres sur un parking avant de me lancer sur les routes du village pour aller tâter d'une côte connue, et seulement 3,5 kilomètres sur le week-end avant de me lancer sur le trajet maison-boulot (38 km).



Ce vélo est étonnant, et je suis à présent réellement convaincu que Laurent a atteint un sommet de son art. À partir de 20 km/h environ, la direction est très stable ; je peux pousser avec (presque) toute la force disponible sans me crisper sur le guidon. Malheureusement, seules huit vitesses sont pour l'instant opérationnelles, et je ne puis plus pédaler au-delà de 40 km/h.

Les performances, néanmoins, sont déjà au rendez-vous : je suis entré dans un monde inconnu pour l'Orca. À plat, la limitation des développements ne permet guère d'en parler, même s'il est permis de penser que les pneus route ne gaspilleront plus les watts comme les pneus VTT de l'Orca. En côte, j'ai vite compris que le poids, finalement, n'était pas quantité négligeable... Je vole ! Il faudra quantifier plus précisément quand ma conduite se sera affermie, mais j'ai d'ores et déjà gagné plusieurs km/h (de 11 en Orca à 14 en Aï, par exemple...).

Il y a aussi des points négatifs, et ce serait manquer de respect au concepteur que de les taire. Le premier n'est qu'une boutade : comment donc manipule-t-on cet engin à l'arrêt ? Dès qu'il faut le pousser au garage, l'appuyer contre un arbre ou le maintenir en équilibre pour fouiller dans le sac de siège, vous pouvez être sûr que l'avant, beaucoup plus lourd, va violemment basculer et entraîner l'Aï au sol ! Contrepartie positive : les poignées du guidon sont à la verticale du centre de gravité et le vélo est léger ; on peut donc le soulever très aisément à l'horizontale. Le deuxième était en germe dans le cahier des charges : passer d'un tout suspendu à un vélo complètement rigide, c'est... raide ! Désormais, j'évite les nids-de-poule, dont je me souciais auparavant comme d'une guigne. Le troisième tient au principe même de la traction : en côte, la roue avant tend à patiner. Lundi matin, j'ai eu beaucoup de peine à redémarrer dans une pente qui ne fait que 7 %. Mais il est vrai que la route était mouillée et que je ne disposais pas d'un développement suffisamment court pour démarrer en douceur.



Quelques réglages (légers ; le cadre semble parfait) sont encore à faire, et mon pilotage doit s'affiner. Ensuite, je pense que ce sera le vélo attitré pour les trajets sur assez bonnes routes, par temps sec (je ne compte pas mettre de garde-boues) et sans bagages lourds ou encombrants. L'Orca sera relégué aux autres cas de figure : pluie, verglas, neige, tout chemin et mule. En conclusion provisoire, il me semble que l'Aï va me procurer d'extraordinaires joies.


Merci, maître Laurent.

ah, content de savoir que ce vélo est arrivé chez son nouveau maître et à sa grande satisfaction. Bonne(s) route(s)

Oui, et je dois d'ailleurs préciser la façon dont il est "arrivé" chez moi : cela illustre étonnamment la complémentarité de l'Aï et de l'Orca.

Les tractions directes, articulées en leur milieu, peuvent se démonter aisément en déboulonnant l'axe central : vous obtenez deux moitiés de tailles comparables, commodes à transporter. L'Orca, par contre, est robuste, haut et doté d'un solide porte-bagage enveloppant.

Vous avez deviné : je suis allé à Liège à vélo et en suis revenu avec l'Aï dans le dos. Son siège s'adossait à celui de l'Orca, ce qui donnait à l'ensemble un lointain aspect de tandem rug-aan-rug. De dos, les trois roues parallèles évoquaient en revanche les stabilisateurs dont je croyais à tort avoir besoin pour l'apprentissage de la conduite de l'Aï...

La longue descente depuis les hauteurs de Liège, 30 km à plat le long de la Meuse, puis une raide montée sur le bord de ma Hesbaye : une heure et quart de plaisir, de sentiment de liberté, d'indépendance vis-à-vis de la voiture.

hehe genial! mon speculoos a 1 grand frere ;-)
evidemment, tu as des photos de l'engin --> que tu vas poster illico!

des photos des photos !!
Papy volant

J'voudrais bien... mèchpeupwin (dirait The Poon).

Point n'ai d'appaphot numérique : j'en suis resté au reflex argentique. Ne faisant plus beaucoup de photo ces temps-ci, je dois attendre que les 36 vues se déroulent... puis scanner les dias (opération dans laquelle j'ai toujours échoué) avant de poster.

Pour donner encore un indice de ma mauvaise volonté : je pourrais assez facilement emprunter un APS, mais je souhaiterais auparavant faire émailler le cadre, afin que l'Aï apparaisse sous son jour le plus flatteur. Après-demain n'en est sans doute pas l'avant-veille...

tu peux faire les photos à contre-jour, on aura une idée du vélo sans (trop) voir la finition imcomplète

laurent a du faie une photo avant?????

BAALANCE!!!!!

p'tite question d'ordre technique au constructeur/concepteur/inventeur.... l'auteur de la machine,j'ai nommé laurent!
tu bosses toujours en tubes de récup ou tu t'approvisiones désormais en acier "fait pour"?
merci A+
olivier

Hé ben, très content que ça se passe si bien, si vite!

Laurent

Flo 44 a écrit:

laurent a du faie une photo avant?????

BAALANCE!!!!!

VOila, juste le cadre et 2 roues.

olivier a écrit:

p'tite question d'ordre technique au constructeur/concepteur/inventeur.... l'auteur de la machine,j'ai nommé laurent!
tu bosses toujours en tubes de récup ou tu t'approvisiones désormais en acier "fait pour"?
merci A+
olivier

Dison que je pratique le mixte... on vois ou il y a des reste de peinture pour la récupe, le reste est en neuf et fait "pour"

Laurent

A quand le suivant Maitre laurent ??

Vipère noire a écrit:

Héhé génial ! Mon speculoos a 1 grand frère ;-)

Oui, le grand vient après le petit... Enfin, le grand... le haut ! Le frèrhaut ?

bravo. On veut en savoir plus...

la classe....
respect....
c'est chouette!!
c'est quoi comme acier (épaisseur, nuance....)
poids du cadre?
des infos... des infos.... des infos...... ou on casse tout!!!
A+
"l'infirmier de minuit"




"3 fois par jour, un infirmier entre dans ma cellule pour controler et poinçonner mon ticket veeeert....."

il est beau!

Bravo Laurent pour ce nouveau prototype ! (combien en tout ?)

Est-ce que tu pourrai mettre sur le forum un plan coté du cadre ? En prenant la taille des roues (26 à l'arrière et 24 à l'avant je crois) et avec Photoshop j'ai réussi à mettre la photo à l'échelle ; mais ça serait plus précis avec un plan, si tu ne veux pas en conserver l'exclusivité, bien sur !

Autre chose, le pivot de direction est de ta fabrication ?

A plus.

olivier a écrit:

la classe....
respect....
c'est chouette!!
c'est quoi comme acier (épaisseur, nuance....)
poids du cadre?
des infos... des infos.... des infos...... ou on casse tout!!!
A+
"l'infirmier de minuit"




"3 fois par jour, un infirmier entre dans ma cellule pour controler et poinçonner mon ticket veeeert....."

C'est donc des tubes pour vélo de courses acier (sortit des lots de tubes de mon vélociste constructeur) j'avais trouvé un poids équivalent a un cadre course avec sa fourche type année 70 (?) mais je ne sais plus combien c'était...

kristian a écrit:

Bravo Laurent pour ce nouveau prototype ! (combien en tout ?)

Est-ce que tu pourrai mettre sur le forum un plan coté du cadre ? En prenant la taille des roues (26 à l'arrière et 24 à l'avant je crois) et avec Photoshop j'ai réussi à mettre la photo à l'échelle ; mais ça serait plus précis avec un plan, si tu ne veux pas en conserver l'exclusivité, bien sur !

Autre chose, le pivot de direction est de ta fabrication ?

A plus.

Si tu retiens angle de chasse entre 55 et 60°, chasse vers 10 centimètres et assise la plus proche possible (voir sur) du tube de direction et enfin assise a la même hauteur que l'axe de pédalier... tu te retrouve avec un machin stable et dont l'interaction entre le pédalage et la direction reste suffisamment limitée pour que ça ne soit jamais gênant


tout est la pour dessiner un plan, tu démarre du diamètre de roues que tu veux utiliser, tu place le pivot de direction, et selon que tu privilégie une assise basse ou une architecture simple et légère et donc plus haute, tu dessine le cadre, avec ta propre distance siège pédalier... c'est tout!

pour le pivot, je fait faire les chambres de roulements que j'assemble ensuite.

Laurent

Kristian a écrit:

En prenant la taille des roues (26 à l'arrière et 24 à l'avant je crois).

L'Aï est en 2 x 700.

Jéjon dit que l'Aï est en 2 x 700

T'en es sur ? Sur la photo, les deux roues ne sont pas de la même taille. Et il me semble que Laurent avait dit qu'il ne pouvait pas utiliser de roues avant supérieure à 24 pouces.

A plus.

kristian a écrit:

Jéjon dit que l'Aï est en 2 x 700

T'en es sur ? Sur la photo, les deux roues ne sont pas de la même taille. Et il me semble que Laurent avait dit qu'il ne pouvait pas utiliser de roues avant supérieure à 24 pouces.

A plus.

non non, le vélo de Jéjon est bien en 2x 700. On peu mettre toute les tailles de roues que l'on veux. Si j'ai parlé de maximum 24 pouces, c'est en fonction de la taille de mes jambes et pour avoir l'assise la plus basse possible; si l'assise basse n'est pas la priorité, la taille des roues est au choix...

Dernières nouvelles... (et photos ? Vous y croyez encore ?)

L'Aï a maintenant 415 kilomètres au compteur. Curieusement, il n'y a guère d'évolution par rapport à mon premier compte-rendu. En particulier, je suis déçu par la médiocrité de mes progrès en pilotage. Les démarrages manquent encore beaucoup d'assurance, et, même si je n'essaie guère, il me semble que je ne pourrai jamais lâcher le guidon !

Par ailleurs, le patinage de la roue avant reste vraiment problématique dans certaines circonstances. Il se produit principalement au démarrage, surtout en côte et sur route humide, mais aussi à plat et sur le sec : impossible de donner toute la puissance pour traverser un carrefour devant les voitures. Mais la roue patine même lorsque je franchis des bosses à bonne vitesse (des ponts de 7-8 % à 25 km/h, par exemple) et que le bitume n'est pas impeccable : au moindre cahot, le pneu ripe et ma pédale se dérobe un instant, entraînant une perte d'énergie et de cadence. Laurent, Marc, quelle est votre expérience ? Peut-être ne pédalé-je pas assez rond (je n'ai pas encore de pédales automatiques) ?

Bonne surprise : l'Aï a connu avec bonheur son baptême de l'eau. Je ne souhaitais pas le munir de garde-boues, mais il n'en a pas besoin. Je suis protégé de la roue arrière par le petit porte-bagages que j'ai ajouté, et la roue avant est naturellement si bien encapsulée dans le cadre, solidaire de ses tubes, que les projections ne passent pas.

Je relis mon message et m'aperçois qu'il ne traduit guère mes sensations sur l'Aï. Comprenez bien que depuis qu'il a fait ici son nid, ce pataud d'Orca pourrait se montrer jaloux...

Des photos ! Des photos ! Des photos !