La veille je travaillais encore pour le projet d’un copain et je ne me suis occupé de la préparation de la « GranMa », qui me servira à faire les brevets, qu’en milieu d’après-midi. Je fini ces préparations vers 22h, mange, charge et prends la route. J’arrive un peu plus d’une heure et demie avant le départ, dors en attendant de pouvoir récupérer le carton de pointage aux inscriptions. Une fois le carton récupéré, je mange des céréales et du pain, pour partir dans les meilleures conditions possibles.
Départ 5h du matin sous une bonne pluie, heureusement pas froide, il faisait bien noire. Je suis parti avec le groupe de 80 cyclistes environ, tous avec éclairage et gilet de sécurité.
Ce groupe roulait dans un silence impressionnant. Seuls quelques avertissements étaient perçus lorsqu’un danger se présentait et encore…
Ne connaissant pas du tout le circuit, ne sachant pas comment allaient se comporter les meilleurs et ayant envie de finir avec eux, je me porte rapidement devant afin de les avoir à portée de vue. Les 3 premières heures se déroulent très lentement, j’estime la moyenne à tout juste 25km/h, vraiment faible avec un tel groupe... Nous sommes tous prudent, certains même trop, imposants des ralentissements exagérés au peloton. C’est vrai qu’il pleut et ça n’est pas bien grave en dehors du fait que nous finirions forcément plus tard, alors que ma nuit était plutôt inexistante. Il n’en tenait qu’à moi de partir seul devant... Le listing des lieux de passage ne rend pas autant service qu’une vraie carte même photocopiée et j’en n’avais pas. Je ne voulais pas prendre ce risque, d’autant que le rythme ne me réveillait pas vraiment et que ça me convenait plutôt à ce moment. En tout cas, je n’arrêtais pas de freiner… Dès la moindre descente, en approches de ronds-points, dos d’ânes et autres situations nécessitant un ralentissement que l’on passait parfois à 5km/h ! Conclusion, mes patins de freins à l’arrière, en grande partie en raison de la pluie, s’usaient très fortement ! Je n’utilisais désormais plus que le frein avant!
On ne roulait pas vite, on freinait beaucoup et pourtant sans m’en rendre compte malgré mon rétro, le groupe se réduit à env.30 personnes…
La pluie commençait à disparaitre, puis un peu plus tard le jour se pointe, le groupe roulait désormais à env. 30km/h de moyenne. Et après presque 3h, j’avais besoin de faire une pause pour uriner. En faisant moins d’effort, il faut s’arrêter plus souvent... Autre surprise, personne ne s’arrête… J’ai pas mal bu avant le départ certes, mais là, j’avais l’impression d’être le seul à avoir ce besoin. Donc me prendre un peu plus d’une minute, soit env. 600m, signifie les perdre de vue, alors il ne faut pas que cela arrive avant une série d’intersections… J’attendais donc que nous passions un village, vérifiais que le prochain indiqué sur la liste était sur la même route et que le kilométrage restant avant cet autre village était d’au moins 4-5km, le temps pour moi de les rattraper avec une petite sécurité. L’occasion se présente : action ! Et donc je repars une bonne minute après, envoi pas mal pour la première fois depuis env. 80km, ca avance! Ca réveil un peu forcément! Et ça me fait même du bien de rompre ce rythme. En moins de 2km je les rattrape, alors réflexion…
Rouler en groupe m’intéresse aussi, pour échanger, découvrir, mais personne ne parle et je suis un peu comme le mouton noir avec ma « GranMa ». D’ailleurs d’une manière générale, je roule plutôt de manière décalée pour ne surtout pas les gêner. J’ai tenté quelques discussions, mais vraiment ça n’est pas le style de ces gars. Bon, soit je ne me suis pas adressé aux bons, soit ils préfèrent rester concentrés ou tout simplement c’est vraiment comme ça que ça se passe, j’en savais rien c’était mon premier brevet... Alors la tentation de partir seul devant, passe dans ma tête, on fait appel au « comité de direction ». Bon il reste 200km, il fait beau et même un peu chaud maintenant, mais tu ne connais toujours pas plus le coin, alors décision unanime : « restes-là !».
Un peu plus tard, nous avons pointé dans une boulangerie avec achats de croissants et autres pour la plupart, j’en ai profité pour me dévêtir partiellement et aussi pour entamer mon gâteau breton de 400g emporté dans l’une des sacoches. Je les avais fixées la veille. Ce sont des trousses de toilette étanches de supermarché fixées avec des profilés alu directement sur chaque côté du siège. J’ai aussi rajouté une vraie sacoche cycliste avec bandes réfléchissantes à l’arrière et une petite encore pour l’outillage en dessous, j’obtenais ainsi un petit volume de chargement correct, améliorais ma visibilité la nuit, sans pour autant pourrir l’aéro, Impeccable !
Un autre contrôle se passe, quelques discussions débutent, je suis un peu rassuré sur le profil des cyclotouristes aux longs courts. Nous en sommes à env. 130km parcourus le groupe n’était plus que d’une vingtaine de personnes, quand un autre de 8 nous rejoint. Des gars visiblement bien affutés et puissants, je ne savais pas d’où ils sortaient. Logiquement ils devaient être partis après 5h... En tout cas, ils se connaissent bien et ils parlent ! Je remarque qu’ils n’ont que 2 types de T-shirt, dont l’un est du club organisateur. Aubaine pour moi, ils roulent mieux et savent forcément ou se diriger. (Sans aucune conséquence, il a fallu tout de même chercher notre route à plusieurs reprises). Peu de temps après j’apprends qu’il y a le 10è de l’édition 2007 dans le groupe. Ah ! Quelques minutes après, à l’approche d’une montée, c’est flagrant, ils roulent bien plus vite, ils se détachent. Je les suis.
Nous étions 9 à partir de cet instant et ce pratiquement jusqu’à la fin. En passant plus rapidement les bosses, je devais fournir des efforts importants pour rester avec eux et parfois lorsque les pentes étaient plus raides et pour ne pas trop « tirer » je me faisais distancer jusqu’à une centaine de mètres pour ne les rejoindre que sur les portions plus roulantes. Ma « GranMa » fait 15kg avec en plus 4kg environ de sacoches remplies de vêtements, outils, nourriture, etc... Comparé à leur vélo carbone avec comme seuls bagages, téléphone, chambre à air et éventuellement 1 à 2 barres de céréales, je trouvais ça logique et ne m’inquiétais pas.
100km se passent, les contrôles, ravitaillements en eau et en gâteau breton s’enchainent régulièrement (héhé ne vous inquiétez pas, je n’en mange pas tant que ça, c’était même exceptionnel, voilà pourquoi j’en parle…). Et pour moi tout va bien... Je roule même à côté d’eux dans le vent car j’ai essayé de les abriter mais… même en allant aux mêmes vitesses, ils n’en profitent apparemment pas assez et j’appui plus dans les montées au point ou je suis maintenant également devant dans ces phases là.
Il fallait les attendre pour ne pas m’égarer, le dernier contrôle à Dinan se présente, je ne voulais pas attendre trop longtemps et vu la soudaine tempête de pluie, j’ai changé d’avis… 15mn plus tard on y retourne, il pleuvait moins fort. Aller c’est l’heure de la surprise, on sort de Dinan non seulement il ne pleut déjà plus, mais les routes sont sèchent ! Pluie très localisée ! Avant et après Dinan pas de pluie, mais alors sur place…
Le rythme de ce groupe baisse un peu, ce qui est compréhensible. Cette phase, logique, m’a tout de même vraiment interpelée, car des « costauds » comme ça, ne pouvaient plus suivre ma GranMa même dans les montées les plus raides maintenant. Non pas que je sois plus costaud, mais surtout c’était la mise en évidence claire et nette que de rouler avec un vélo couché même beaucoup plus lourd permet de suffisamment s’économiser sur les parties plates pour battre des coursiers entrainés à ces épreuves même en montées. J’en ai profité pour prendre des photos à leur demande, ils auront des souvenirs.
Ce brevet en dehors des 3 premières heures a été très agréable et à la fin les discussions, contrairement au petit matin, n’arrêtaient pas. Maintenant j’ai plein de nouveaux copains!