Samedi 21 mai 5h du matin : une cinquantaine de participants s’ élancent sur le BRM 600 d’Aix ;
Juste le temps d’apercevoir et de dire bonjour à Serge qui porte fièrement un gilet de sécurité genre bikini, et soupèse des sacoches prétendument pleines ....
( ce qui me fait doucement rigoler car comparées aux miennes…
.Cela dit il a dû emporter sa pompe cette fois ci.)je galège Serge..
Un bentradieux inconnu mais sympa me refile un auto collant avec un bent sous l’intitulé du BRM que je n’ai eu le temps de coller qu’à l’arrivée !
Jean - Philippe me reconnaît et me souhaite bonne chance ...Sympa!
J’échange avec Jean – François quelques propos courtois bien que trop courts car voilà que déjà l’allure s’accélère et que tout le groupe s’égaie comme une volée de moineaux.
Je suis chargée comme une mule,j'ai à manger, à boire, de quoi dormir au chaud,, me changer si pluie, ou froid, pour les 600 kms à venir. Pour la semaine a prétendu mon mari en me voyant forcer contre l'apesanteur en fixant mon Méta sur le porte- vélo..
..Et j’ai le super moyeu dynamo son ,qui est proprement génial..
Enfin j’y vois quelque chose la nuit !!
Et c’est beau une ville la nuit !
Je reste en queue du peloton qui s’est déjà bien étiré avec mon coéquipier supposé ,
…qui m’a « promis juré, craché, t’inquiète pas » de rester avec moi pour ce BRM jusqu’à Dieulefit puis de m’attendre à St Vallier pour qu’on roule de conserve pour la nuit..
Mais dès la première côte il me distance et je ne le rattraperai plus..
Son téléphone est aux abonnés absents..
Que faire. ????.…
Après la première côte , la première longue descente du Puy Ste Réparade, ..j’espère quelque peu refaire mon retard et rattraper mon « collègue »mais…
je ne trouve pas la D 943 ce qui me force à m’arrêter déjà pour chercher ma route..
Premier moment de vrai découragement..
Je ne me suis pas du tout préparée à rouler la nuit seule.
.Malgré mon beau moyeu Son..
Je me dis que je ferais mieux de rentrer tout de suite au lieu d’inquiéter tout le monde à la maison et que de toutes façons je ne vais pas arrêter de me perdre..car j’ai le sens de l’orientation comme un banquier celui de la générosité…C’est dire..
Puis je me souviens que j’ai un super GPS ( dixit Jean – François ;qui m’en a dit deux mots très élogieux au départ ) ..je décide donc de tester au moins la journée et d’aviser le soir venu..
C’est là qu’intervient la deuxième tuile..cet outil magnifique ….ce P….n de M…e de Gps ne veut pas fonctionner..
Bref il calcule…mais se bloque..à 100% du parcours mis en mémoire, me laissant sur ma faim.
A ce moment apparaissent sur la scène du » drame » deux acolytes à vélo droit aussi perdus que moi et c’est à trois que nous retrouvons finalement notre route..
Je dépasse peu après Cadenet , le second cyclo et roule facilement ( en ayant réussi à activer une route partielle sur mon Gps ) jusqu’au Thor où je me perds à nouveau dans le lacis des petits chemins creux jusqu’à Velleron.
J’explore et tourne en rond avant de retrouver la D31 « la grande route, là –bas , n’y allez pas madame, c’est dangereux » avec votre petit vélo, ils ne vont pas vous voir, ils roulent vite vous savez » !
C’est là, en haut de la côte, au stop , que je retombe par hasard, sur « F» un des cyclos perdus du Puy Ste Réparade .
Nous roulons quelques kms en devisant tranquillement et c’est ainsi que de fil en aiguille nous allons faire tout le BRM ensemble ; mais nous ne le savons pas encore ;
Mon moral remonte avec le jour qui s’installe et la perspective de faire au moins un bout de ce BRM accompagnée !
Monteux, Cairanne, la route défile facile, le Méta répond parfaitement à mes coups de pédales appuyées, mieux qu’avec le Bacchetta et surtout avec moins de perte d’inertie entre les descentes et les montées.
C’est cool, je me sens vraiment bien. ;sauf peut-être un réglage encore à faire par rapport à l’appui –t^tre et un ressenti plus aigu des vibrations dans les haubans..
. mais à Valréas le profil commence à devenir plus cassant ;
Fini de rire, la chaleur également s’installe ce qui est chez moi synonyme de « feu aux pieds ..
« Pas marrant du tout ..j’espérais qu’avec la position moins haute du pédalier, sur le Méta, ce phénomène serait moins pénible..mais non..quoique..peut-être un peu..
Ce qui est sûr c’est que j’ai l’impression de mieux monter les côtes..
Du coup , comme j’ai de quoi tenir un siège dans mes sacoches j’envisage de manger après Dieulefit et même après le col , partant du principe qu’il vaut mieux descendre que monter sur la digestion..
Mais F lui, n’a aucune provision, juste un tout petit sac avec une poche à eau, donc nous nous arrêtons pour casser la graine dans un petit bistrot vers 13h , beaucoup trop longtemps à mon goût( une bonne heure je pense )
Lorsque nous repartons le soleil tape dur et mes pieds me font déjà très mal.
Le paysage est magnifique mais la chaleur et la digestion ralentissent notre montée..
Magnifique descente sur Crest, je prends 5 mn pour photographier le superbe château avec son donjon médiéval, mais beaucoup de circulation et encore du temps perdu pour trouver la bonne direction après une légère digression déjà après Dieulefit..
Nous roulons bien, mais à Romans sur Isère nouvelle pose ,car Fernand a envie d’une boisson fraîche et je crois aussi d’une position plus verticale qui soulage ..ses ischions..
Ouille , je compatis ..
Mais bon, pour moi à ce moment je n’ai pas encore besoin de m’arrêter..m^me si j’apprécie le moment car il fait très chaud.
Un peu plus loin à l’entrée deSt Marcellin, nouvel arrêt , sur mes conseils F va acheter une pommade spéciale anti – frottements
Je compatis, je compatis....
J’en profite pour lui vanter subrepticement les vertus du vc…mais sans trop de succès ..F est très poli mais ça n'a pas l'air de le tenter..
Faut dire qu'il vient en fait de s'acheter un magnifique vélo droit.
Nouvel arrêt, il est 20H30 quand nous pointons après l’arrêt pharmacie ..
F part à la recherche d’une pizzéria ou d’un bistrot pour se restaurer avant la nuit..
De mon côté j’ai mangé en ¼ d’heure mais nous nous perdons et il se passe bien une heure , à mon grand dam, avant que nous nous retrouvions..
Après nous être fait indiquer la route par une famille nombreuse qui prenait le frais au balcon, et s’amusait beaucoup de mon vélo, ,nous voilà partis pour l’ascension de la montée de Roybon..
Première impression. ».ça monte »
Deuxième impression, » ah oui quand même .. »
Troisième impresssion « ça monte vraiment.. »
Autant dire que je rame grave..
Seuls éléments positifs : comme il fait nuit, je ne vois pas que la côte est plutôt longue, et mes pieds ne me font plus mal..car la température a bien baissé.
Le phare troue la nuit allègrement et laisse apparaître un goudron noir foncé, l’air est chargé d’humidité et la végétation est brillante, ..nous avons échappé de peu à l’orage ! ‘ encore un point positif »
Y paraît que les rapides s'en sont pris plein la poire;..
ya un bon Dieu finalement...
Après une éternité , c’est enfin la descente, longue très longue.. mais aussi très casse gueule vers Hauterives car la route est pleine de gravillons..et vu que mon sens de l’équilibre égale celui de l’orientation..
Enfin St Vallier ..bof, c’est moche ce bled..et où est donc cette p….n de N 86 ???
Et également la boîtes aux lettres ????
C’est vache de les planquer..
Il est déjà 1H40 !!!
Heureusement F bien plus vaillant que moi sait les trouver..
A partir de ce moment là , qui devrait être synonyme de volupté et de délectation car ; j’y vois bien , la route descend ,
Commencent au contraire, les vraies difficultés pour moi..
Sommeil, sommeil , sommeil…je n’en peux plus , mes yeux se ferment, mes paupières pèsent des tonnes , je me relève, ouvre mon gilet ,me donne quelques claques…
Rien n’y fait
Rien ..sauf la peur..
Très efficace.
En effet, tout à coup, .un mec en moto roule à côté de nous , assez longtemps pour nous effrayer, , , accélère, freine ostensiblement , d’abord à ma hauteur, puis à celle de F..
Je me demande ce que je vais faire ;;à part relever le numéro ce qui me semble assez peu efficace, je me sens assez démunie et en même temps bien contente de n’être pas seule..
Le gars s’en va avant que j’ai pu sortir….. mon ..appareil photos..
Une autre fois c’est un chien aboyant furieusement que j’imagine sorti de son enclos qui me tire de ma torpeur et me fait piquer un sprint phénoménal…
Mais sans suite…
Je sais que nous ne pouvons pas nous arr^ter car nous sommes vraiment à la limite..
De son côté F qui est un noctambule patenté est en pleine forme…
Je m’autorise pourtant deux petits arrêts dodo sur le vélo 10 à 15 mn pas plus…
Qui bien entendu ne me suffisent pas …
Aussi à le Pouzin où nous arrivons sur le coup de 5h du mat je suis sur le point d’abandonner…
Je me donne tout de m^me jusqu’à Montélimar pour me décider..
Je ne veux surtout ps non plus amoindrir les chances de réussite de F ..
Montélimar, la route est très facile, et surtout le jour se lève !!!
Nous pointons à 7H10 et prenons d’assaut la boulangerie ..
Ça y est, je me sens miraculeusement mieux !
Bien , même très bien !!
Le jour laiteux a remplacé la nuit et chassé les brumes qui obscurcissaient mon esprit…
Finalement ce n’était ps si difficile..hum..
Je lis les sms reçus pendant la nuit qui me reboostent encore plus « vas y mamoun , on est avec toi , et on t’aime m^me si tu abandonnes mais essaie de pas abandonner quand m^me …ou « on fait chauffer la pizza pour ce soir à l’arrivée..
Bon, évidemment on se perd quand m^me encore, pour sortir de Montélimar et à cause d’une déviation au Teil ;;on aurait dû prendre le pont mais je n’ai pas osé…je nous fais perdre du temps.
Le jour avance ,on est dans la partie crémeuse du camenbert, les kms s’accumulent ..la route est belle il n’y a pas encore trop de circulation…
Vers 10h le cagnard fait son apparition, on se tartine de crème solaire dans l’espoir de moins cramer ..mais la chaleur ne nous fera pas de quartier ce jour là..
Arrivés à ce que nous croyons être Bagnols sur Céze nous gaspillons un temps précieux pour trouver un commerce ouvert ..alors que nous sommes à deux kms du lieu indiqué…
La circulation est extrèmement dense, les voitures nous frôlent, un flot ininterrompu de bagnoles sur une chaussée pas spécialement large..
Je négocie mal un trottoir et m’étale en me faisant une bugne sur le genou droit …
A ce moment un camion de pompiers stoppe net et un charmant pompier tout sourire me propose de l’aide..Et il insiste en plus ; Bon, c’est pas tout négatif ce bled finalement..
…Est-ce que j’ai l’air mourante à ce point.. ???
Vite , vite quand m^me sortons de ce goulet d’étranglement
L’Ardèche c’est pas que ça, j'espère un repère de touristes énervés.. ??
..Villeneuve les Avignon, la longue ligne droite et plate pour arriver à Tarascon, arrêt plutôt long dans un bar ( là c’est F que je dois pousser à repartir car c’est à son tour d’accuser le manque de sommeil de la nuit) ..
Nous rattrapons Fr , un troisième cyclo qui après avoir dormi deux bonnes heures cette nuit , termine cool avec nous .
.J’adore le « cool..Mais j'ai du mal à le comprendre sur le coup.
Très sympa, il parle facilement et cela nous permet de moins voir ressentir les difficultés…
Plus que ….75 kms…
Une paille..,
…oui ??
Pas tout à fait..on s’était habitué à descendre ce qui contribuait grandement à l’optimisme ambiant..mais il va falloir se taper encore quelques belles côtes, celle de Mouriès notamment, avant d’arriver…
"t"es sûr à gauche "??
( une pensée émue à cet instant , pour mon pseudo coéquipier qui m’affirmait avant le départ.. » des côtes ???ya pas dec ôtes !!Rien , nada, c’est tout plat !! »
La chaleur s’’est invitée également…je me vide des bidons entiers sur moi pour m’asperger…me morigénant au passage de n’avoir pas prévu un cuissard ..blanc…au lieu du noir qui me transforme en four solaire…
Je cuis à petit feu dans mon jus..j’ai l’impression de m’entendre crépiter..
D’ailleurs mes mollets prennent une couleur rouge vif et dans le rétro j’aperçois deux tâches violettes à la place de mes pommettes..
Mes pieds se rappellent à nouveau douloureusement à moi…
J’ai autant de force qu’un mollusque sur du papier émeri…
Salon de Pce ; heureusement F connaît comme sa poche , je me laisse guider par monts et par vaux sur une piste cyclable minuscule au milieu de flux trépidants de voitures et …brûle quelques feux rouges …en descendant du vélo..
Pélissanne…Bon , ç’est comment, là, la route jusqu’à Aix ??
Ah ! faux plat montant..
"Qui sait qui disait ya deux heures qu’à Aix au moins les organisateurs avaient bien prévu le coup en réservant les difficultés pour la première partie du trajiet ???" Hein!!!
Mauvaise blague…
Longue, longue, longue, ligne droite montante jusqu’à Eguilles…
Sur une route très étroite que des forcenés en voitures ou en 4/4 parcourent comme des tarés,..
Le revêtement est dégueu, , ce qui tire des soupirs de souffrance à F et à moi aussi mais pas pour les m^mes raisons…
Je me secoue les pieds alternativement en dehors des pédales alors qu’il n’ose plus s’asseoir sur sa selle…
Cela dit le paysage est très beau ..
Et Fr imperturbable qui nous fait la conversation…
Je ne brille pas spécialement hélas à ce moment là pour mon sens de la répartie..
Après le petit pont, le revêtement est meilleur, je me dis aussi que la température descend,…donc cela va forcément aller mieux…
Dans le village nous ne trouvons pas ( évidemment ..) la route …Il est 20H..
Contacté par téléphone François Hennebert nous indique précisément la direction à prendre..
Et Voici enfin, une magnifique descente, généreuse et rapide ..
Au rond point suivant et jusqu’à l’arrivée, François Hennebert et ses amis nous escortent en se postant à tous les points stratégiques..
Nous retrouvons des ailes..de géants!
Surtout pour la dernière descente …
A l’arrivée, un petit comité d’accueil nous attend…quel différence avec celui de C....s
Les bénévoles de l’organisation au complet se relaient pour nous féliciter , rasséréner, restaurer …tout me semble succulent :la soupe, les sandwichs au saucisson, le jus d’orange et surtout toute cette gentillesse …
On me dit qu'on dirait pas que je viens de finir un 600 kms...
j'ai l’impression d'être aux anges mais en m^me temps d'être aussi fraîche qu'un poisson ayant séjourné 4h en plein soleil...
je dois être inondée d'endomorphines..
Ma famille est là aussi, mon mari, ma fille, son chéri, ma filleule, je tangue un peu en descendant de vélo ce qui les fait rire..
Une énorme pizza au fromage de chèvre m’est offerte comme promis ;..
Au final, ce BRm me laissera un très bon souvenir et il m’aura permis de faire à nouveau comme les deux précédents, de très belles rencontres.
Je suis également bien contente de compter parmi les 3 femmes sur les 51 participants ayant fini ce BRM.
Je poste la photo de l'arrivée dès que possible!