Un concept parmi d'autres

Je viens de lire sur ce forum les dix pages d’un fil riche en idées, mots-clés, citations, graphes, références diverses : [Décroissance] contradictions évidentes.
Les convictions et concepts y exposés sont intellectuellement passionnants.
Ils renvoient aussi, à mon avis, à un thème de grande envergure :
Que faire pour que la terre de l’Homme cesse de crever à petit feu sous ses résidus/ordures/pollutions et soit source de dignité pour une poignée de milliards d’individus ?
Les réflexions qui donnent l’illusion de ‘faire sens’ (dans les médias, les salons, les colloques, les conférences, les rapports, les réunions d’experts) traitent volontiers du peak oil, de la démographie, du PIB, du green washing, du développement durable, de la décroissance, de YAKA et YZONKA et de préférence NIMBY.
Cela peut-il se traduire en réelles avancées par rapport à l’objectif fondamental sus-cité?
J’en doute.
Car chacun de ces thèmes ne peuvent rassembler un semblant d’unanimité voire même de majorité.
La controverse y est trop facile et le chipotage aussi.
Les finalités promises sont incertaines quoiqu’en pensent les fins calculateurs et prévisionnistes de tout poil.
De plus ces sujets sont également inaccessibles à un nombre significatif de personnes.
Or, une mesure qui tient la route doit permettre à quiconque de s’y impliquer.
A moins de vouloir perpétrer une méthode dont on mesure les effets en regardant autour de soi.
Je pense là au sempiternel dispositif pyramidal avec l’élite autoproclamée en haut et le reste aux différents étages, plus bas.
Aussi, seul un concept simple et fort, aisément partageable et fortement partagé peut, peut-être, à l’échelle planétaire, alléger la souffrance d’aujourd’hui et a fortiori celle de demain.
C’est ma conviction.
Un tel concept, je n’en ai trouvé qu’une formulation : ‘Se faire plaisir sans nuire à d’autres terriens’.
Parmi les terriens, outre l’humain, j’inclus bien sûr l’animal et le végétal, pour le moins.
Ce qui me séduit là-dedans ?
Chacun(e) peut y adhérer à son rythme, selon ses possibilités du moment, selon ses critères du moment, selon ses croyances du moment ; l’essentiel étant de ne pas le perdre de vue et d’en faire une référence solide et durable.
Promouvoir un tel concept est à la portée de tout orateur-trice, écrivain(e), média, système d’information ou d’éducation.
L’inscrire dans la Constitution est un jeu d’enfant.
C’est aussi un sujet de réflexion à la portée de tout être responsable et à la portée immense.
Dans mes rêves, j’imagine un pays qui aura décidé de faire de ce concept le socle de son fonctionnement.
A l’occasion d’une prochaine élection présidentielle par exemple.
Non pas pour élire un(e) chef(fe) mais pour donner vie à un thème rassembleur, pérenne, au service de celles et ceux que l’on nomme, singulièrement parfois, ‘les fruits de l’amour’.
Et, dans mes délires, ce pays fait rapidement tache d’huile allant jusqu’à ‘contaminer’ les lieux de totale désespérance frappés par la dictature, la cupidité à la sauce transnationale, la famine organisée ou pas.

Hsvsr a écrit:

Aussi, seul un concept simple et fort, aisément partageable et fortement partagé peut, peut-être, à l’échelle planétaire, alléger la souffrance d’aujourd’hui et a fortiori celle de demain.
C’est ma conviction.
Un tel concept, je n’en ai trouvé qu’une formulation : ‘Se faire plaisir sans nuire à d’autres terriens’.

Bonjour,
je vais être sévère... à la mesure de ce que me semble être la gravité de l'enjeu.

Une telle maxime, c'est mignon, plein de bons sentiments et de bonnes intentions, mais cela ne veut pas dire grand chose tant qu'on n'entre pas dans les applications concrètes et qu'on n'a pas défini les critères d'évaluation. Un peu comme le concept de décroissance en fin de compte
Avec une telle maxime floue (chacun y mettra des choses bien différentes selon sa culture), hélas trop facile de se perdre dans des rêveries poétiques trop déconnectées de la réalité physique pour avoir un sens compatible avec les enjeux actuels.

Bonsoir Chabizar,
J’ose affirmer que les critères d’évaluation sont partie intégrante de ce que vous nommez une ‘maxime’ à laquelle je préfère le terme ‘concept’.
Ledit concept méprise le jugement d’autrui, la chape de la normalité, la pesance des boulets ordinaires.
La sévérité renvoie au verbe sévir.
Je ne comprends pas.
A vous lire j’imagine que, face à la gravité de l’enjeu, vous avez une idée claire du levier qui va bien.
La clé, le développement, l’angle d’attaque, l’acuité discernant la nécessité de la stérile imagination.
Les bons sentiments et les bonnes intentions, sûr que l’on en a rien à faire puisque l’essentiel est d’agir.
Loin de la facilité et des rêveries poétiques, bien évidemment !
Je suis en quête d’un tel outil.
Et je pense que d’autres aussi.
Vous dénigrez ce que j’expose.
Que proposez-vous ?

J'ai modifié la forme du texte initial.
Soit les fautes de sens, d'orthographe, d'écriture.
La mouture finale se trouve Là
Le fond demeure.

Hsvsr a écrit:

‘Se faire plaisir sans nuire à d’autres terriens’.
.

Comme le disait si bien Brassens:
" Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint se borne à ne pas trop emmerder ses voisins..."
Ah les alexandrins!

Pas mal! Je note... Pas de fanatisme, et une petite pensée pour les autres. C'est un bon début!

Je suis un peu dubitatif. Cela ressemble à une étendue de la "règle d'or" au monde vivant.
A l'échelle individuelle la règle d'or me semble déjà bien peu appliquée. L'étendre au monde du vivant: je pense que tout le monde va adhérer sur le principe mais que, confrontés aux caprices et soucis quotidiens, les gens vont bien vite se trouver des excuses. Un exemple tout simple et je commencerai par moi-même: je travaille dans une industrie bien suisse, l'horlogerie. Est-ce que cette profession apporte quoi que ce soit de positif à la biosphère? Je ne pense pas. Trouver un autre emploi? Oui, mais quoi? Pas si simple. Mais je suis bien d'accord: il faut commencer par soi-même. Ce genre de concept à au moins le mérite de ne pas décharger les gens de leur responsabilité.

Concept ? Idée, plutôt, non ?
Cela me semble bien, mais pour le moins léger.

Celui qui est insensible au bruit va considérer que claquer sa porte rentre dans le cahier des charges, et cela lui fait plaisir puisqu'il peut passer ses nerfs sur la porte.
Le voisin pourrait y opposer son droit au silence, et se faire traiter d'emm...eur au final.

Si cela sent le vécu, c'est normal.

L'existence même d'êtres humains sur la planète est source de nuisances, alors postuler que l'on doit en plus se faire plaisir, tout en ne nuisant pas aux autres, c'est utopique et irréaliste à mon avis.
La tendance est bonne, ne pas se sentir frustré ou en privation de tout mais aussi respecter son entourage, mais je vois cela comme une ligne de conduite, un fil rouge, pas comme un concept.

Pour ne pas nuire aux autres, il faut prendre la mesure des ses impacts, ce qui n'est pas simple dans une société aussi complexe que la nôtre. Par exemple, commander une clé USB à 5 euros en trois clics depuis son fauteuil déclenche toute une série d'ordres jusqu'à l'autre bout du globe.
Je trouve donc une proximité entre ce concept et une quête d'autonomie face à la technique et à l'industrie.

Je déterre ce fil commencé par Hsvsr...
Voici ce qu'il écrivait un 14 janvier 2011:

Ma conviction est que notre pays a besoin d’un grand bol d’air frais.
Notre pays est soumis au diktat d’acteurs qui ont choisi de nous réduire à un troupeau de consommateurs.
Le lavage de cerveau s’opère par les medias dominants.
La pensée unique se déguise en Référence.
La gesticulation et l’agitation s’asseyent sans vergogne sur les tenants de l’intelligence et de la sensibilité.
La Loi est de plus en plus souvent mise au service des puissants du Marché, de la Finance, de la Politique Politicienne.
Le communautarisme, l’opposition des classes et la division forgent aujourd’hui les armes des luttes physiques et idéologiques de demain, n’en doutons pas, que cela plaise ou non aux leaders d’opinion !
Le miroir aux alouettes (la Croissance du PIB) est le fer de lance de décideurs qui se méprennent tant ils sont déconnectés des réalités du terrain.
J’affirme que la Liberté, cette grande Dame, est trainée dans la boue.
Je pense à la liberté de conduire sa vie en fonction des besoins fondamentaux et sans nuire aux autres Terriens.
Qui a encore le temps de satisfaire son intelligence comme il le souhaiterait, pour s’instruire, travailler ses idées, élaborer des projets porteurs de sens ?
Qui peut manger sainement ?
Qui peut réaliser ses rêves d’enfant ?
Qui peut vivre loin du bruit ?
Qui peut s’abriter sans devoir consacrer à son logement des ressources qui l’enchaînent à une nécessité d’emploi, sa vie durant ou presque ?
Qui peut s’investir dans des actions bénévoles et désintéressées au service de la croissance de l’Homme ?
Qui peut vivre aujourd’hui sans inquiétude légitime pour l’avenir ?
Face à cette situation nous pouvons laisser faire.
Nous pouvons continuer d’exercer notre « pouvoir d’achat » en consommant frénétiquement pour compenser la pression quotidienne qu’exerce la chape de plomb qui rétrécit notre champ de vision et notre discernement chaque jour davantage.
Nous pouvons continuer à laisser notre pays s’enlaidir.
Nous pouvons continuer à salir la terre, les eaux, l’atmosphère.
Nous pouvons continuer à laisser se construire un monde carcéral fait de barrières, clôtures, murs, voies à grande vitesse, barrages, cloisons sociales, cages mentales.
Nous pouvons continuer à laisser la souffrance frapper de plus en plus d’êtres fragiles.
Les pauvres et les sans-voix, l’animalité, la végétation, la nature, la beauté et l’harmonie qui n’ont d’autres choix que de subir en silence.
Nous pouvons continuer à tenter de tirer notre épingle du jeu sans nous poser trop de questions.
Culpabiliser est parfaitement stérile, comme toujours.
Seule l’action juste est significative.
Agir maintenant nous évitera de le faire sous la contrainte, dans la tristesse, la souffrance et la violence, quand la nature et les opprimés se seront légitimement levés contre nous.
Une ch’tite histoire à mi-texte ?
Oui, notre pays a besoin d’actions fortes, collectives et individuelles.
Les actions collectives émergeront quand suffisamment d’individus auront choisi un autre modèle :
·         Refuser de continuer à se laisser manipuler, d’abord.
·         Cheminer résolument vers la liberté, ensuite et dès que possible.
La bagnole [et ses acolytes : l’avion (low cost notamment), le TGV (je ne dis pas le train ou les transports en commun sobres), le NGV (Navire à GV)] a un effet de levier colossal.
La sur utilisation de la bagnole pourrit la vie de tous :
·         Le bruit, la pollution, la confiscation de la terre nourricière à son profit (voies de circulation, parkings, industrie, agro carburants) sont ses effets les plus visibles mais sont loin d’être les seuls.
·         Elle soutient le pillage d’énergies fossiles sans se préoccuper des besoins futurs des générations à venir.
·         La mascotte de la voiture électrique prépare la justification du développement de l’industrie nucléaire et de la combustion de charbon, car ne rêvons pas : le solaire et l’éolien, ça va faire court pour alimenter les pesantes carcasses que la normalité nous impose ! La pile à combustible n’a rien de miraculeux : l’énergie électrique est incontournable pour produire l’hydrogène ! Ne soyons pas naïfs !
La bagnole conditionne un mode de vie aberrant qui consiste à dilapider notre bien le plus précieux, le temps, en travail pour la financer et l’entretenir, en arrêts dans les bouchons, pendant des trajets incohérents, faire ses courses à perpète par exemple.
Que la bagnole régresse et les curseurs suivent :
·         Nous diminuons notre impact sur notre environnement, là, maintenant, tout de suite.
·         Et, surtout, nous favorisons l’avènement d’un nouveau paradigme sociétal.
·         Nous affirmons notre indépendance face aux dictateurs qui nous imposent leur conception de l’ordre de choses.
·         Nous contribuons à casser le mythe du « toujours plus, toujours plus vite ».
·         Nous tendons à cesser d’hypothéquer l’avenir des générations futures.
·         Nous nous engageons dans une spirale qui demandera des efforts, certes, mais qui nous apportera meilleure santé, joie de l’engagement responsable, renforcement de notre mental.
La pensée dominante nous veut indolents, dociles, conformes.
La voiture concrétise cette volonté d’asservissement.
Un humain vertical est libre, imaginatif, soucieux de sens dans sa vie.
La bagnole est sans aucun doute, à l’heure actuelle, le seul objet qui, à lui tout seul, est capable de tant soumettre ou de tant libérer selon qu’on le déifie ou qu’on le méprise suffisamment.
L’intégrisme n’a pas sa place ici, entendons-nous bien : que les personnes à mobilité réduite et les acteurs du vrai service public emploient des moyens motorisés en rapport avec leurs vrais besoins est une évidente nécessité !
Je n’ai pas la prétention de détenir l’ensemble des solutions aux problèmes rencontrés par notre pays.
J’ai seulement l’espoir de contribuer, à mon humble échelle, à faire prendre conscience de réalités et à inciter les actions fortes nécessaires pour corriger le tir.


Pour avancer dans la réflexion, ce soir un documentaire exceptionnel de Marie-Monique Robin sur M6 "Zone interdite"
pour les hommes et les femmes puissent vivre encore mieux debout...
Bon visionnage...