STRASBOURG PERPIGNAN 2013
Les grandes lignes :
964 kms, départ le dimanche 23 juin 2013 14h30, arrivée avant le mercredi 26 juin 20h30, soit 78 heures
Départements traversés : Bas-Rhin, Haut-Rhin, Territoire de Belfort, Haute-Saône, Doubs, Jura, Ain, Isère, Ardèche, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales
Contrôles : Pulversheim, Baume les Dames, Pont du Navoy, Pont d’Ain, Le Péage de Roussillon, Le Teil, Caissargues, Sète
Cartes postales départ et arrivée : Obenheim, Sigean.
Nos cycles :
Serge : vélo horizontal, Löw racer Performer traction indirecte, équipé « randonneuse » avec pneus 35*406 AV/AR, mousse sur siège résine, guidon oscillant, 2 rétroviseurs, 1 fanion, appuie tête incorporé à un coffre en résine de 60L, freins à disques AV/AR, dérailleurs à manettes tournantes, pédalier triple 50*40*30, cassette 9V 09/32 (particularité du vélo : se coupe en 2 morceaux, pratique pour le train)
Gilbert : tricycle couché (Trike), Catrike 700, 2 roues AV 20”, 1 roue AR 700, 2 freins à disque sur roues AV, porte bagage et 2 sacoches, pédalier triple 52x42x30, cassette 10 vitesses 11x36
La composition de l’équipe :
Nous avons fait connaissance lors d’une rencontre de vélos couchés en Sologne en novembre 2012, mais j’avais déjà eu l’occasion de suivre les premières diagonales de Serge sur les forums. L’équipe s’est formée au mois de janvier 2013 suite à ma proposition de faire un duo. La manière de Serge de rouler sans passer une seule nuit à l’hôtel ou autre gite, de faire peu d’arrêts longs car il ne peut pas rouler vite m’intéressait car depuis mon passage au tricycle en 2010 je ne dispose plus de temps pour faire des arrêts prolongés durant mes longues distances, ma vitesse de croisière étant de 18 km/h au lieu de 22auparavant.
Le choix du parcours :
Le choix de la diagonale s’est fait en fonction de celles que l’un et l’autre n’avaient pas encore réalisées et des projets en cours. Entre SH et SP, la plus courte a été retenue. Chacun a fait une ébauche et plusieurs échanges nous ont conduits à ce parcours finalisé par Serge qui a programmé le tout en fonction de sa technique et des pauses figolu. J’ai seulement négocié un départ en milieu d’après-midi pour passer seulement 3 nuits sur la route.
La diagonale :
J’ai pris contact avec Jocelyne, sariste de Strasbourg, que je n’avais pas encore eu l’occasion de rencontrer ; elle s’est proposée de venir nous rejoindre à la gare (arrivée à 13h pour Gilbert, 13h30 pour Serge) puis de nous accompagner au commissariat pour un départ à 14h30 et de faire quelques km avec nous. Le soleil est présent, le vent du SO également. Jocelyne est impressionnée et ne sait à quelle allure guider ces couchés, mais elle maîtrise bien la situation. L’occasion de glisser la carte départ pour confirmer notre diagonale donne l’ordre du 1° arrêt à Krafft.
Peu après, nous sommes rejoins par Jean-Jacques, vélocouchiste alsacien ; Jocelyne nous quitte peu après pour rejoindre ses amis puis arrive **** qui roule en vélomobile. Nous roulons à 4 jusqu’à Neuf Brisach, la cité fortifiée par Vauban où nous retrouvons 2 autres membres du forum vélorizontal : William (vélo couché) et Pascal (vélomobile). Tous 2 sont venus de Mulhouse. William nous propose d’emprunter l’Euro vélo 6 pour éviter un peu de dénivelé, mais il nous faut tout de même rejoindre Pulversheim, notre 1° contrôle. Ensuite, ils nous font traverser Mulhouse pour rejoindre le canal. Ils sont bien tentés de nous accompagner jusqu’à Perpignan, mais le travail les attends dès lundi matin. Ils roulent avec nous jusqu’à Dannemarie où nous les remercions vivement pour leur compagnie. Nul doute que prochainement, ils prendront le départ d’une diagonale.
Nous sommes maintenant seuls dans notre diagonale, mais une invitée va se joindre à nous à notre (mon) grand regret. Elle s’appelle Pluie ; il est 2h et nous devrons faire avec. Jusque là, tout s’est bien déroulé ; avec la pluie, c’est moins agréable et la température devient fraiche. A Colombier, nous avons quelques difficultés à trouver l’EV6 bien calée entre le canal et la voie de chemin de fer. Quand à moi, je deviens un peu moins frais également et réclame un arrêt repos. Nous pourrons faire celui-ci à Clerval, bien à l’abri et au chaud dans un hall de banque. Alors que Serge s’occupe à s’alimenter, je m’étend aussitôt sur le paillasson et tombe dans les bras de Morphée aussitôt. Le réveil que Serge a pris soin de mettre en veille me sort de ce confort après 20mn. Il nous reste à reprendre la route avant de faire la photo contrôle sous la pluie devant le panneau de Baume les Dames.
Jusqu’à Besançon, ça tombe encore. L’entrée de la ville est un peu compliquée à cause d’une zone de travaux, et nous trouvons enfin un café et une boulangerie pour prendre un petit déjeuner, juste devant une laverie. J’hésite à y faire sécher tout mon équipement. Ca n’aurait pas servi à grand-chose, la matinée étant encore plus arrosée que la nuit. Ce n’est pas une douche qui nous attend en milieu de matinée, mais presque un déluge. Qui plus est sur la départementale très fréquentée par les poids lourds ce qui provoque aussi des projections très importantes. Enfin, en prenant la direction de Salins les Bains, nous trouvons une route moins fréquentée. Vers 13h à Pont de Navoy, passant devant un restaurant je propose à Serge de nous mettre à table et c’est après une petite hésitation qu’il accepte. Ce repas me fait le plus grand bien, m‘étant mis au sec pour ne pas attraper un coup de froid.
En début d’après midi, le ciel se dégage un peu au point de sécher après 15h. Le mauvais moment est passé, place au ciel dégagé et au soleil pour la suite. Ce soir, nous contournons Lyon par l’Est. Ici comme ailleurs, la bonne préparation du parcours et des traces sur GPS sont une des clés de réussite. Pas d’égarement, pas de perte de temps à sortir les cartes papier bien rangées dans la sacoche au cas où. Mais, il ne suffit pas de pédaler pour avancer, il faut aussi se nourrir correctement et dormir. Si le programme figolu est adapté sur une journée, ça devient plus difficile au fil des jours. Nous trouverons notre bonheur lors de notre passage à Pont d’Ain. Ici, nous devrions nous arrêter dormir pour 3h mais je propose à Serge de continuer notre route tant qu’il fait clair et de nous arrêter pour des courtes pauses lorsque le besoin de dormir se fera sentir.
Par 3 fois dans la nuit nous faisons des haltes mais je ne trouve le sommeil qu’une seule fois contrairement à Serge qui s’endort toujours aussitôt couché. La route vers Le Péage de Roussillon faite de nuit ne me laisse pas de souvenir, sinon celle de la traversée de Vienne sur la rive gauche du Rhône. Au lever du jour, nous recherchons activement à prendre un p’tit déjeuner, mais c’est ou café, ou boulangerie. Nous ferons finalement notre pause à Arras dans la boulangerie, mais le café y est bien léger. Ce ne sera pas suffisant pour tenir la matinée. Sentant Serge un peu trop préoccupé avec la montre et sa feuille de route (sur laquelle nous prenons pourtant régulièrement de l’avance), je propose à Serge de me donner sa feuille de route et de me faire confiance le mener à Perpignan à l’heure prévue. Il ne l’entend pas ainsi et me rappelle que lors de nos échanges je lui ai répondu être joueur. Je confirme, mais pour autant, il n’est pas question de ne pas manger autre chose que des figolu et des fruits secs. Il m’en faut plus. Maintenant, nous sentons le vent nous souffler dans le dos, ce qui est plutôt bon signe. Ce mardi midi, nous traversons Rochemaure qui attire mon regard au point d’y faire un petit arrêt pour prendre des photos. C’est ainsi que je perds Serge de vue, et lors de mon arrivée au bout de cette étape au Teil, je ne le vois pas. Il m’a bien vu arriver depuis sa position près du panneau de la ville, mais n’a pas pu se faire entendre. J’irai jusqu’au centre ville où une femme m’indique que mon coéquipier m’attend à l’entrée de la ville. Quelques km en trop, des minutes de perdues et surtout, un repas raté car Serge a mangé sa part de figolu et repart aussitôt la photo prise.
J’espère me ravitailler plus loin, lors de notre traversée de Viviers. Serge ne s’arrête ni au 1°, ni au 2° restaurant devant lesquels on passe, mais devant un café. Un p’tit coup de colère intérieure m’envahit, lui expliquant que j’ai besoin de temps en temps de faire un vrai repas. Il me faudra attendre 15h pour aller commander un sandwiche et un café à Pont St Esprit. Nous perdons encore du temps me dit Serge à chaque fois que je mange mais il en profite aussi pour commander un plat. Lors de notre passage à Remoulins, je propose de faire un détour par le Pont du Gard, mais je reste sur un bon refus. Nous faisons le plein de nos sacoches pour pouvoir tenir la nuit. Pour ma part, je suis plutôt détendu car nous continuons à prendre de l’avance et on peut penser que le vent nous sera favorable jusqu’au bout. Nous prenons le temps de pointer notre carnet de route dans un café à Caissargues et d’échanger avec les consommateurs en terrasse.
Ce soir, j’appelle Jean Joël, sariste de Marseillan que j’avais contacté avant notre départ. Comme nous avons près de 5h d’avance sur notre feuille de route, il me semble important de l’en informer. Comme nous pourrions passer près de chez lui en milieu de nuit, il restera au lit car un programme chargé l’attend le lendemain. Nous prenons notre temps pour diner (mais juste une assiette) à Lunel. La nuit nous sera un peu difficile et nous y perdons 2h avant Sète. Y arrivant très tôt, nous n’apercevons la mer qu’au clair de lune. Nous trouvons un coin pour dormir sur les hauts de la ville.
20mn de sommeil de plus avant que Serge nous guide sur la Corniche puis sur la piste cyclable. Pas de chance, drôle de sensation due à une crevaison lente de ma roue AR. Le temps de réparer, Serge en profite encore pour dormir. Nous reprenons notre chemin, puis il me propose de faire quelques pas sur la plage et de dormir sur la terrasse d’un bungalow. Je m’endors bien rapidement et me réveille environ 15mn plus tard. Je le retrouve endormi au pied des vélos sur la piste cyclable alors que le soleil n’est pas encore levé. Nous prendrons notre dernier p’tit déjeuner à Agde et après environ 1h30 de route, Serge demande un arrêt sommeil durant lequel je profite pour me mettre en tenue de jour et ranger un peu mon bazar dans mes sacoches. Pour moi, pas d’envie de sommeil. Nous prenons enfin la direction de Narbonne où nous sommes doublés par un cyclo qui réalise un tour de France. Pas question de le laisser nous distancer. Le rythme monte et nous sommes vite au dehors de la ville. Le vent souffle très fort de coté jusqu’à Sigean, notre dernier point contrôle. Nous avons le temps de déjeuner mais ce n’est pas si simple de transiger sur les règles.
OUF, dernier départ et pas des plus simples car la D6009 est très chargée avec de nombreux poids lourds. Je me demande bien comment il est possible de prendre de telles routes pour faire du vélo. Pour moi, ce sera mon dernier passage à vélo ici. Il y a 4 ans vers 7h du matin la route était calme, aujourd’hui c’est l’enfer. Je ne veux même pas m’arrêter lorsque Serge me fais signe à Fitou tellement j’ai hâte d’atteindre Salses le Château. A compter d’ici, c’est plus calme, nous rejoignons Rivesaltes puis je me retrouve auprès de l’aéroport. Un moment d’égarement ? L’arrivée sur Perpignan est menée tambour battant, je reste collé à la roue AR de Serge qui nous mène je ne sais où. Après un petit écart, j’aperçois le panneau indicateur du commissariat mais nous devons jouer « piétons » pour traverser la rue. Nous voilà dans la cour, mais je me demande un peu ce que j’y fais. Depuis l’aéroport, suis-je dans un rêve ? La fatigue fait son effet et il me faudra un bon moment pour me rétablir.
Lors du visa de nos carnets de route, Serge fais la promotion du vélo couché ; la jeune policière de Perpignan est venue voir nos vélos, étonnée de nous savoir parti de Strasbourg il y a moins de 78h.
Le retour :
Il ne nous reste qu’à rejoindre la gare, emballer le vélo de Serge car pour moi, il ni a plus de place vélo libre dans le train de nuit. Je tenterai l’embarquement à l’heure du départ ou j’attendrai le lendemain matin, ayant pris soin d’une réservation de secours.
Nous avons le temps de prendre un vrai menu face à la gare avant 21h. Oui, je peux y monter mon trike, mais s’il n’est pas installé dans le compartiment réservé aux vélos avant Narbonne, je devrai descendre du train. Chose étonnante, le contrôleur sait qu’il ni a aucune réservation vélo pour ce soir, alors que par 3 fois j’ai voulu m’en réserver une place et qu’il ni en avait pas de disponible. Il me semble que la gestion des vélos est un point faible de la SNCF.
Avec l’aide de Serge, le trike passe la porte pour entrer dans le compartiment vélo, mais cette opération ne nous permet pas de profiter du paysage offrant une superbe vue des étangs. Je pourrai faire tout le voyage dans ce compartiment, dormant parfois au sol, parfois sur mon trike. Un peu de récupération même si je n’ai pas dormi la moitié du voyage. A Vierzon, je descends sur le quai pour saluer Serge qui va prendre une correspondance pour Caen. Avant d’arriver sur Orléans, je me débats pour extraire mon trike, sans qu’un de ces braves agents de sécurité me regardant du bout du couloir ne viennent me proposer son aide. Aussitôt placé sur la plateforme, ils arrivent et veulent m’enjamber. Ils ne sont alors pas déçus de ma réponse et patientent le temps que je me décide à leur laisser un passage.
A 6h30, je descends du train, prépare mon trike pour mon retour à la maison à 160km après un p’tit déjeuner. Je passe prendre mon 1° vrai petit déjeuner et ma 1° douche depuis dimanche chez des amis à 40km. Vers 12h, je fais un arrêt dodo sans réveil (il dure 22 mn) puis un vrai arrêt restaurant à mais comme il est un peu tard, le chef me servira juste une bonne assiette. Un café et je fais ma dernière étape jusqu’à la maison ou j’arrive à 18h, satisfait de ces quelques jours en compagnie de Serge.
Mes conclusions :
Pour autant, cette diagonale n’est pas celle qui me laisse le meilleur souvenir. Bien que toujours en avance sur notre feuille de route, je n’ai guère profité de celle-ci pour découvrir le paysage. A part à Roquemaure, j’aurai fais de nombreux arrêts photos si j’avais été seul.
En suivant un schéma de route inconnu pour moi mais c’est aussi pour cette raison que j’avais proposé à Serge cette aventure, j’ai beaucoup appris, surtout que le programme figolu bon pour Serge, ne l’est pas pour moi.
Après un peu de repos, il m’est difficile de me souvenir de nombre de moments et de mettre les morceaux les uns derrière les autres et dans le bon ordre du fait d’absence de points de repères habituellement calés par les étapes journalières et les pauses repas.
L’objectif commun est atteint, nous sommes arrivés à Perpignan en temps et en heure.
Il me reste à ajouter quelques photos pour compléter ce court reportage, car il représente tout de même environ 1100 km et 5 jours d’aventure.