Ouf, enfin un peu de temps pour faire un petit compte rendu de ce weekend.
Tout d'abord merci à Jean-Philippe qui a organisé un brevet super. Les autres participants (une trentaine) étaient hyper sympas, le parcours était exceptionnel et la météo (je ne sais pas comment il a fait jpba) merveilleuse.
J'avais peu roulé la semaine précédente, du coup je suis parti vendredi après-midi en vélo depuis Genève et j'ai bien fait, 150 km de grosses routes mais avec une circulation plus qu'acceptable, c'était vraiment ce qu'il me fallait. Je remercie encore Denis qui m'a accompagné jusqu'à Ruffieux.
J'avais hésité longtemps entre contourner la Chartreuse par l'ouest ou encore par l'est et finalement, feignant comme je suis (je gagnais 10 km ainsi), j'ai tiré tout droit à partir de Chambéry pour traverser la Chartreuse par la D1006, puis descente par le col de la placette avant d'arriver à Grenoble. Jolie route que je ne connaissait pas!
Arrivé à l'hôtel et rencontre avec quelques cyclistes sympas qui était là pour ce même brevet. D'ailleurs, Jean-Philippe fait vraiment bien de recommander cet endroit. On y est hyper bien accueilli par le patron -cycliste lui-même- qui nous a même fait un petit dèj à 2 heures et demi du matin!
Samedi-matin, ou plutôt la nuit, petit inquiétude: il fait 19°C. Presque trop chaud. Nous sommes tous là pour faire un brevet automnal dont une partie se déroule à plus de 2000 mètres d'altitude et cette t° nous laissait présager une difficulté supplémentaire de gestion vestimentaire. Du coup je suis parti habillé léger. Collant cycliste court, short de vtt par dessus, pull manches longues avec couche coupe-vent sur le devant, et gilet fluorescent (afv!;-)) Manchettes, jambières, veste coupe-vent, k-way (veste et pantalon) et gants d'hiver sont resté dans la sacoche!
Pour le reste -au vue des difficultés annoncées de s'approvisionner en route sur une bonne partie du parcours- je suis parti dans l'idée d'une autonomie alimentaire complète. Il fallait quand-même trouver de l'eau en route bien-sûr. Au pire du jus de bouquetin ou encore de l'elixir de marmotte ferait l'affaire (puis finalement j'ai trouvé de l'eau quand il le fallait, ce qui n'était peut-être pas plus mal au vue des lois rigoureuses contre le dopage.)
Samedi-matin 03.30 place machin à Grenoble. Une bonne partie des cyclistes étaient déjà arrivé, une trentaine si j'ai bien compris, dont une ou deux femmes seulement et 1 vc :-(
J'étais rassuré par l'idée de partir ensemble de Grenoble, surtout après avoir vu qu'au parcours, que j'avais découpé en 5 morceaux pour mon gps, manquait le premier tronçon. Cad de Grenoble à Albiez (premier point de contrôle) Mon Gps était donc -au moins pour un petit moment- totally useless!
Le but était de rouler jusqu'au Pont-de-Claix en groupe mais visiblement je n'étais pas le seul qui avait paumé un de ces fichiers car beaucoup sont restés en groupe au moins jusqu'au premiers montées après Séchilienne. Certains semblaient déjà en plein effort. Et d'autres se moquaient gentiment des prétendus défauts de vélo-couché en montagne (j'y reviendrais;-)
Mon grand plan de la journée était de faire la première moitié du parcours (jusqu'au sommet de l'Iseran) aussi rapidement que possible (enfin, plutôt de prendre aussi peu de pauses que possible) pour ensuite trouver du repos en fonction du besoin après la descente de l'Iseran, à partir de Bourg-St-Maurice.
De cette façon j'espérais éviter toute surprise de mauvais temps en haut, coup de fatigue ou encore terminer la dernière montée après la nuit tombée. Pas que ça me fasse peur de monter des cols la nuit mais je ne passe quand-même pas tous les jours là-bas, alors devoir monter sans même pouvoir profiter du paysage ... je me serais senti trompé sur la marchandise.
Me voilà donc lancé vers le sommet du premier col, Allemont dernier village, quelques cyclistes y font halte. Parallèlement le jour se lève, chouette! Je continue à pédaler sans cesse. Le groupe s'effile, je dépasse, je me fait dépasser, presque toujours les mêmes personnes. Je me sens bien, il fait beau, les paysages sont magnifiques, déjà.
Arrivé au col de la croix de fer je ne m'y attarde pas vraiment. Quelques cyclistes y font une petite pause, d'autres arrivent juste après-moi. J'y reste cinq minutes pour m'habiller un peu plus (je mets ma veste coupe-vent et puis c'est tout), je mange un petit sandwich (pain de sils salé et viande séché des Grisons, parfait dans ce monde de petits en-cas sucrés) et puis c'est partie! Parfait, j'ai la descente pour moi tout seul! La route n'est pas top mais j'ai l'habitude et je descend à bonne allure.
Ensuite quelques villages s'enchaînent et j'arrive rapidement, tout en rattrapant un des cyclistes qui auparavant manifestait ses doutes quand au capacités grimpeuses d'un vc, au pied du col du mollard. Et là c'est une autre pair de manches! Pas que le col était difficile (ne me demander pas le pourcentage, j'en ai pas le moindre idée) mais la route était plus que pourrie: Sur quelques kilomètres des largeurs entières de la route - ou du moins presque impossible à éviter- étaient rafistolées avec une simple couche de gravier posé librement par-dessus. En combinaison avec l'inclinaison ça donnait parfois des patinages de la roue arrière difficiles à gérer. Vraiment pas aimé cette route. Mais ça aurait été bien pire de devoir la descendre!
Col du Mollard et descente vers Albiez-le-jeune! J'étais tout content car c'était le premier point de contrôle ce qui voulait aussi dire que j'allais enfin pouvoir charger mon prochain bout de route dans mon gps jusqu'à Aussois!
S'en suit une très belle descente -d'Albiez-le-Jeune à la vallée de la Maurienne- avec ses 526 lacets (je sais, j'exagère à peine)
Puis me voilà enfin en bas, et bien seul cette fois-ci. Il fallait donc commencer à remonter la petite trentaine de kilomètres qui séparent Saint-Julien-Mont-Denis de Modane. Bon, on m'a dit après que cette vallée est en réalité bien plus longue que ça mais ça m'a largement suffit. Une vallée confinée où l'on partage la seule route disponible (l'autre est une autoroute) avec l'entier de la circulation qui dois passer par là, il y a plus agréable. Puis ça monte, 300 mètres environs sur 30 km est très peu mais suffisamment pour t'empêcher d'aller vite!
Je salue un randonneur qui mange un sandwich sur le pas d'une porte. Puis je n'ai plus d'eau. 2 minutes après je passe une petite pompe à eau (une de ces vertes là que l'on tourne pour faire remonter l'eau depuis je ne sais pas où) freinage, remplissage et repartiage!
Modane, je ne m'y attarde pas, enfin si, je cherchais une épicerie pour acheter quelques fruits mais rien était ouvert. Je ne m'y attarde donc pas. Au contraire de 3 autres randonneurs que je venais de rattraper qui décident d'y manger.
Montée vers Aussois. Grand soleil. Il fait 25-26°C, je suis content de ne pas avoir mis les jambières. 2-ième point de contrôle.
Je file en direction de Lanslebourg, je me suis dit que si je n'y trouve rien, que j'abandonnerai cette idée loufoque de manger des fruits.
Quelques instants plus tard c'était chose faite, je parle de l'abandon de l'idée.
Je continue, ça descend, ça monte (col de la madeleine) environs 8% pour 4 km, pas très compliqué. Et hop en direction de Bonneval et là, juste avant de m'engager sur le premier laçet de l'Iseran, je sens que mon pneu arrière me joue des tours.
Il faut savoir que je n'aime pas gaspiller des trucs. Un pneu ça doit avoir une durée de vie minimale avant de s'en débarrasser. Et celui-là ça ne faisait même pas un mois que je roulais avec -et je viens de vérifier- seulement 1200 km. C'est vrai qu'il y avait beaucoup de grimpette qui avait été faite avec. Et donc beaucoup de descente. Sur des routes toutes pourries en plus. Et qu'à certains moments lors de certains descentes j'avais l'impression que plus aucune roue ne touchait par terre, tellement ça tapait. Et que depuis que j'ai changé les gaines sur mon meta la bête freine vraiment bien -de façon fiable. Bref. Je suis nulle. C'était ma troisième crevaison avec ce pneu. La dernière pas plus tard que le jour avant en venant vers Grenoble. J'aurais du le changer avant de venir. Heureusement que j'avais prévu un pneu de remplacement. Me voilà donc en train de changer un pneu et sa chambre. 5 autres randonneurs passent et me demandent s'il me faut de l'aide. Pas de soucis, je me débrouille et m'encambouis.
Et me voilà lancé à l'assaut de l'Iseran (lisez bien ce que j'écris parce que phonétiquement, être lançé à lasso de l'Iseran, c'est tout autre chose et sûrement très douloureux). Je redépasse 1 premier cycliste, il était visiblement dans une grande souffrance, je l'ai encouragé mais tout son visage était tiré de l'effort. Ou de douleur. Ou les deux. Puis un 2-ième puis un 3-ième cycliste. Je me demande ce qu'il avait mangé ce pneu avant de rouler.
Au même moment l'inquiétude me gagne: Je sens mon genou droit de plus en plus et il a l'air de vouloir me dire qu'il n'est plus d'accord. Je ne suis pas surpris. Depuis mon retour de vacances de cet été, après 3 semaines d'arrêt total de vélo, il me fait ça de temps en temps, pas fortement mais juste ce qu'il faut pour me pousser à faire attention. Et ce brm semble être le genre d'attention dont il se serait passé.
Bref, je continue en soulageant tant bien que mal ma jambe droite. J'essaye de voir si ça se manifeste plus en poussant ou en tirant mais il y a franchement peu de différence. Et petit à petit ça commence à faire franchement froid. Et mes jambières se trouvent dans ma sacoche. Si depuis quelques temps je sais bien sortir un petit sandwich d'une de mes sacoches latérales, pour ensuite le déballer et le manger, même sur du 10%, il en va tout autrement pour sortir des jambières d'un sacoche arrière pour les mettre tout en roulant. Et je n'aime pas m'arrêter sur une montée de col. Bref je continue.
Quelques instants plus tard je recroise le cycliste de ce matin, celui qui ne croyais pas trop dans les vélos-couchés et que j'avais aussi croisé avant la montée du Mollard-cycliste qui était pour le reste tout à fait sympa. En le dépassant il me lance:" mes respects, et tout ça avec un vélo couché" A part le remercier je ne savais pas trop quoi lui répondre.
Il fallait que je tienne bon, plus que 6 km, puis 5. Je ne souffrais pas de la hauteur, au moins ça. Je réduis l'allure au maximum, mon coeur bat à 110 - 115 battements. Ma vitesse est de 5.5 - 6 km/h. Je voulais arriver au sommet à 18h. Et j'y arrive!
Voilà la libellule dans son élément:
Très content je suis. Je me rends vite compte que le vent est très fort. Et la température est de 2 degrées seulement. Il me semble que je suis un peu sous-habillé.
J'enfile vite mes jambières. Ma veste de K-way. Ma veste coupe-vent. Mon gilet orange afv. Et je vais me mettre à l'abri dans la porte d'un bâtiment là-haut pour vite y manger quelque-chose. Une vieille dame me propose une petite grappe de raisin.
Puis j'enfile mes gants d'hiver et je me lance dans la descente. Nous sommes 3 à partir au même temps.
J'avais envie d'y aller vite pour rattraper un peu le temps perdu avec le changement de pneu et aussi pour profiter pleinement des capacités de mon meta sur route descendante, sans oublié le froid qui n'allait sûrement pas me suivre en bas. La descente est glaciale. Toute la pente est balayé par le vent qui arrive en fin de vallée et je tremble de tout mon corps. Si fort même que mon guidon tremble littéralement avec. Rapidement je ne vois plus les 2 autres dans le retro. Je laisse filer en freinant un minimum. C'est vrai que dans la descente côté Val d'Isère beaucoup de virages sont en enfilade et nécessitent relativement peu de freinage (heureusement d'ailleurs car en changeant mon pneu avant la montée je m'étais dis qu'il fallait que j'y vais un peu plus doucement en descente si je voulais pas en changer toutes les quelques semaines et je sens que la promesse n'aurais pas tenu longtemps)
J'arrive à Val-d'Isère. Zut, limité à 50. Je continue. Feux rouge au tunnel, puis un deuxième après. Je continue (enfin, j'attends le vert quand-même). Route mouillée, il a plu ici. Puis rapidement j'arrive sur route sèche de nouveau. Je fait une petite pointe de 83 km/h entre le lac et Sainte-Foy. Mon plateau de 53 me manque.
Et voilà l'arrivée à Bourg-Saint-Maurice. 70 minutes, pas mal. A peine 3 coups de pédale.
J'y rejoins 3 autres cyclistes que j'avais déjà croisé quelques fois et qui visiblement venait d'arriver. Ils ont envie de boire un café et de trouver un endroit pour y manger leur sandwich. Dans un bar-restaurant ils acceptent que l'on y mange nos choses à titre exceptionnel, à condition que l'on consomme bien-sûr. C'est ma première vrai pause et je décide de faire honneur à leur cuisine ont y mangeant une belle assiette de pâtes au pesto accompagné de 2 oranginas. La serveuse s'étonne que tout le monde commande 2 boissons ;-)
Dehors la nuit tombe. On reste un bon moment. Un café est commandé aussi et on décide de faire un comparatif vélo-droit vélo couché sur le bout de route qui nous reste à faire. Quelques minutes après c'est reparti. Je roule de nouveau avec mon simple pull et mon gilet. J'ai gardé mes jambières. Il fait au moins 15 degrés.
Bg-St-Maurice - Moutiers: 45 minutes, 25km, pente descendante moyenne de 1,5 degrées (mais un peu accidentée en réalité), bah, je suis resté derrière. A chaque faux plat descendant je prenais de la vitesse tandis que leur vitesse stagnait s'ils ne bourrinaient pas. Arrive Moutiers. On était parti sans refaire le plein d'eau de Bg-St-Maurice. Du coup on est bien obligé de faire le plein ici. On ne trouve pas de fontaine mais un peu plus loin des villageois sont en train de faire la fête dans une espèce de salle communale. Bien sûr qu'ils veulent bien nous donner de l'eau! Ils nous convient d'ailleurs à rester et boire un coup. Ce que l'on refuse poliment. Deux villageois qui ne s'aimaient visiblement pas trop mais aimaient presque aussi visiblement le vin avaient commencé à se battre. On décide de partir, c'est le moment.
La route devient en peu tortueuse. Elle fait une espèce de tricot avec la grosse départementale qui -elle- est interdit aux vélos. La navigation demande beaucoup de concentration par moments sans oublier qu'il y fait noir de chez noir. La circulation par contre est totalement absente. Depuis Moutiers d'ailleurs un autre cycliste nous a rejoint mais un de nous, enfin un des trois cyclistes que j'avais rejoint au préalable, n'en peut plus et s'est couché dans le fossé pour dormir. Non, pas besoin de l'attendre, il se débrouillera.
Je me sens fit et je suis très content de pouvoir rouler à plusieurs. En se relayant à la tête de notre petit groupe on peut se permettre de simplement suivre ceux de devant sans faire attention à grande-chose. Une fois j'ai failli tous nous envoyé dans le décor en se fiant aux indications d'une piste cyclable qui débouchait sur un espèce de truc bizarre avec une grosse bordure. Heureusement on a tous su se dégager sans se rouler dessus!
Le finale était une grosse route. Albertville - Pontcharra d'abord. Puis Pontcharra - Grenoble. Un peu ennuyeuse mais qui nous a permis de (relativement) rapidement regagner Grenoble. Les derniers quelque dizaines de km par contre étaient constamment entrecoupé par des feux de circulation (des dizaines) à capteur dont la couleur par défaut était le rouge... assez chiant je dois dire.
Nous voilà donc arrivé à 3 heures à Grenoble. Puis à 3,5 heures à l'hôtel (ma carte dans mon gps n'est visiblement pas à jour)
Je m'étais dis avant le brevet que si j'étais assez frais et tôt à l'arrivé, que j'allais simplement prendre mes affaires à l'hôtel pour rentrer illico à Genève. Or la douleur de mon genou, la perspective de passer la Chartreuse (je pensais simplement faire le chemin inverse) par le col de la placette, et le souvenir d'un vieux bulletin météo (datant de vendredi) qui annonçait de la pluie dimanche, m'ont fait renoncer. Une prochaine fois?
Quelques conclusions:
- Je ne comprends pas, quand je pars faire des grosses virées, je prends toujours trop de nourriture avec moi. Pourtant j'essaye de tout calculer mais visiblement ça ne marche pas. C'est à dire en roulant à un tempo de brevet je consomme beaucoup moins de calories que les 200 à l'heure sur lesquelles je m'étais basé. (enfin c'est un peu plus subtil que ça, puisque j'ai perdu 2 kilos, mais voilà, c'est difficile de compenser activement.)
- J'adore l'effet accordéon sur un brevet où, à partir d'une certaine distance on dépasse, pour ensuite être redépassé, etc la plus part du temps en prenant le temps d'échanger quelques mots, de papoter un peu,...
- J'étais très agréablement surpris par la circulation, aussi bien de jour que de nuit, aucune voiture m'a frolé.