Bonjour à tous !
Ça fait longtemps que je voulais écrire ce post :
voilà bientôt 7 ou 8 ans que je traverse presque quotidiennement Paris en Low Racer...
disons en moyenne entre 60 et 80 km par semaine...
et la phrase que j'entends à peu près 12 fois par jour, c'est "c'est dangereux"
ou mieux "VOUS êtes dangereux"
alors j'ai longuement réfléchi à cette phrase me demandant si réellement j'étais dangereux pour moi ou les autres...
Voilà quelques pistes de réflexion qui sont pour certaines évidemment subjectives !
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j'ai fait plus de chutes à vélo droit >pourquoi ? simplement, parcequ'à vélo couché, c'est plus "la honte" de tomber :
pas envie de passer pour un tocard devant les ados toujours prompts à se moquer !!
Et plus sérieusement : rouler sur ce type de vélo implique une plus grande attention, ayant fait des sports "à risque" du style parachute, plongée, etc. plus le sport est "risqué", moins il y a d'accident, parceque l'on est plus impliqué, plus concentré, et plus responsable. On prépare plus, on vérifie plus. Moins de droit à l'erreur...
Mais là où ça redevient dangereux, c'est quand on finit par avoir trop d'assurance et que l'on prends des risques, qui là, ne pardonnent pas...
(j'ai entendu parler d'un parachutiste qui comptabilisait des milliers de sauts, et qui un jour obnubilé par son matériel photo a sauté avec son sac à dos)
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Les quelques chutes sont moins graves.>à vélo couché, je suis tombé 2 fois depuis 7 ans, mais je me suis relevé illico.
À vélo droit en revanche on tombe la tête la première...
J'ai encore des douleurs aux malléoles, poignets, et j'ai bien failli perdre toutes les dents, enfin, bref,
chaque chute à VD, on s'en souvient. D'ailleurs, actuellement j'ai un peu plus peur à vélo droit, qu'à vélo couché...
"la tête la première qui file à 25 kmh à 1m20 du sol", ça me semble de moins en moins naturel...
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"on ne vous voit pas" c'est la 2e phrase que j'entends le plus souvent.
>en général les gens qui me disent ça, m'ont vu depuis quelques centaines de mètres, et aiment bien avoir l'impression
de dire un truc malin et culpabilisateur, mais d'expérience, je sais que je suis autant vu à VD qu'à VC, c'est à dire
pas vu du tout.
Petite anecdote : avant de découvrir les joies du vélo, je faisais aussi de la moto,
et un jour je regardais un automobiliste dans les yeux, au moment où il sortait de son stationnement,
lui aussi "avait l'air de me regarder", je passe et il me renverse (clavicule cassée, merci)
et il me dit "je ne vous avais pas vu"
Bref, quand on roule à Paris, il faut TOUJOURS garder en tête que l'on est JAMAIS vu.
Un point pour le vélo couché : on fait moins confiance à un automobiliste à vélo couché, et on SAIT que l'on n'est pas visible
sauf quand on est bien devant les voitures. bref, il faut doubler vite, le plus à gauche possible, et se mettre 3 m devant,
et tout va bien.
C'est ce qui fait que je roule maintenant, sur un vélo noir, habillé en noir, la nuit, sans lumière et sans fanion.
le meilleur moyen... pour m'obliger à faire attention pour moi, et pour les autres...
ça peut sembler téméraire, mais une loupiote à 50 cm du sol ne rassure que le cycliste.
Pour rouler sécure, il faut rouler furtif...
> la sensation de danger c'est surtout dans le regard des gens (qui en général n'ont que peu mis les fesses sur un vélo)
En effet , les gens s'imagine que rouler à Paris à vélo est dangereux, et donc, à fortiori à vélo couché.
sauf qu'il ne peuvent pas le dire à chaque cycliste : Ils sont trop nombreux. Alors ils me le disent à moi.
C'est un avis subjectif. D'autant qu'ils n'ont jamais fait de vélo couché à Paris, je le saurais, nous sommes trois ou 4...
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"vous devez quand même respirer de la merde" > c'est le seul point tout à fait juste : à 50 cm du sol les micro-particules sont sans doute plus concentrées,
une voiture, c'est un gros danger bien visible mais immobile la plus part du temps,
mais le seul vrai danger est invisible, c'est cette fichue pollution...
et ces milliers de bus que je double chaque jour doivent m'encrasser les poumons aussi efficacement que
si je faisais du bouche à bouche avec un poele a bois asthmatique.
• et enfin, il y a la
vitesse ...
> c'est vrai qu'on roule un peu - beaucoup - plus vite à vélo couché, c'est à la fois rassurant pour doubler rapidement les voitures
(qui vont à 17 kmh en moyenne à paris, quand elles roulent... )
du coup, en cas de glissade, dérapage, on va beaucoup plus loin, et s'il y a choc il peut être plus violent,
mais là aussi on ne tombe pas. Disons que la vitesse est ambiguë, elle permet comme disent les motards
de s'extraire plus vite, de doubler très vite, et de se positionner très vite, mais... il ne faut pas faire d'erreur.
• pour ce qui est d'être
dangereux "pour les autres" là, c'est autre chose :
le vélo couché au raz du sol peut surprendre ... et j'ai déjà vu des automobilistes avoir des réactions bizarres à ma vue.
-un cacou qui m'a doublé à toute vitesse pour me prouver sa supériorité et qui a embouti ... une bagnole de police.
-des bagnoles qui pilent net, juste par étonnement...
-des piétons qui entament une valse hésitation au milieu de la route...
-Eric Zemmour que j'ai failli estropier rue d'Amsterdam, (non ça n'a rien à voir)...
• enfin, j'ajouterais quelques
avantages spécifiques au low racer :
-quand on double un bus, ou un camion, on peut voir en dessous, si des piétons ne sont pas en train de traverser...
-la visibilité horizontale est aussi bien meilleure qu'à vélo droit : 180° . à vélo droit (de route) on a la tête entre les épaules, qui regarde le sol devant la roue avant, surtout quand on sprint, ou que l'on est fatigué...
-mine de rien, même si les gens disent "on ne vous voit pas" je crois être le cycliste le plus visible de Paris,
puisque certaines personnes m'ont vu 3 ans auparavant, et s'en souviennent. bref, une fois vu, les bagnoles font plus attention,
les piétons s'écartent, de peur, de respect, je ne sais pas, mais de fait, le VC laisse un peu moins indifférent ce qui fait
qu'au final, on est TRÈS TRÈS visible.
petit plus : je n'attache que rarement mon vélo. personne ne me l'a jamais fauché.
au plus j'ai un petit cadenas à code...
autre petit plus, 5 contraventions à vélo droit en respectant légèrement plus le code de la route,
aucune à vélo couché... et pourtant 80% de feux grillés.
(j'entends déjà les hululements outrés du style "griller un feu c'est pas bien"
mais je tiens à préciser que je ne grille le feu que pour me placer devant les voitures,
ensuite, je m'arrête, et je ne passe que quand j'ai une visibilité à 110%, voir, je me lève, marche un peu, et
reprends ma route, tout ça pour rester en dehors du vrombissement du trafic des voitures qui redémarrent,
bref, il peut être plus sécurisant de griller intelligemment plutôt que de rester derrière un cul de bus à attendre le feu vert)
Voilà, je ne dis pas qu'il ne m'arrivera pas un jour un pépin,
mais ce qui est certain, c'est que ça ne sera pas plus, pas moins lié à l'usage du vélo couché
que de tout autre véhicule à deux roues....
Et sans doute que le cancer du poumon au diésel m'emportera avant que d'être percuté par une voiture...
mais bien sûr, si un jour j'ai un accident, on dira "il l'a bien cherché avec son vélo bizarre"...
sauf qu'en cas d'accident à vélo on dira "il l'a bien cherché, le vélo à paris c'est du suicide"...
il n'y a qu'en voiture que l'on dirait "mon dieu, le pauvre, ah ! c'est terrible ces accidents de la route"...
mais ça, c'est le fameux racisme anti-vélo qui mérite à lui seul un autre post !