1°partie
Vendredi 2h30 du mat, la tramontane est toujours aussi violente.
Partir ou rester?
je décide d'y aller pas très convaincue
j'ai l'habitude de rouler avec le vent mais au dessus 70 km/h les rafales peuvent être très violentes, sans aucun doute le 80 km/h de la veille n'a pas faiblit
Pas réfléchir poser les fesses sur la mousse avant qu'elle ne s'envole et pédaler
c'est partie pour la premiere étape de 88 Km 600m+
juste pédaler sans regarder le compteur (ça tombe bien c tt noir), ne pas se poser de questions et arriver au plus vite dans les Corbières où garrigue et falaises devraient m'abriter un peu, le col de la Dona si facile avec ses petits 200 m a aujourd'hui des allures de grands cols.
je ne croise aucune voiture la nuit est noire je distingue à peine le talus le vent hurle , la montée est pénible pas encore échauffée, je me laisse tanguer
mon pédalage est irrégulier, je m'efforce à plus de souplesse
les petites côtes de ce parcours, pas si dur, me semblent interminables, les plats ou descentes ne m'apportent aucune vélocité
je vois l'ombre des falaises, des arbres qui se balancent le vent s'engouffre ds le moindre passage la lutte est inégale mais bientôt je franchirai cette première etape et là bas le vent ne sera plus
les bols de thé bus avant le départ m'obligent à un copieux arrosage de quelques pieds de thym, je les devine en fleurs, leur arôme me donne le courage de voir le soleil se lever moi pédélant le sourire revenu
Tout en bas , mais pas si loin j'aperçois des petites lumieres qui se balancent ds la nuit
j'attends et en profite pour faire quelques étirements...5 mn plus tard
- hé ! bonjour tu fais le BRM, on est partià 3 et voilà que l'on est 4
- ah mais c'est une femme, excusez moi j'avais pas vu ds le noir
les présentations sont faites , c'est reparti, plus que 25 km et le premier tampon
les 3 relax m'annoncent qu'ils sont partis à 2h30 et que les "costauds" partis 2h après ne tarderont pas à nous rejoindre, nous sommes 9 à avoir pris le départ
Arrivée à 7h dans un bar enfumé, je ne m'attarde pas préférant marquer une très courte pose au soleil.
Me voila déja rattrapée et doublée, vite faut y aller! on roule en file ds le silence qu'impose l'effort.
D'un optimisme naïf j'envoie la derniere MTO glanée sur le net avant le départ, "bientôt le vent devrait se calmer"
mes coéquipiers ont l'experience ce n'est pas leur premier PBP et ce BRM n'est pas une premiere " ça ne se calmera pas avant la Salvetat on va se faire les 3 cols dans la tempète "
le sol est jonché de branches et branchettes
68km 1478m+ concentrés sur 32 km et ensuite un belle descente
la côte commence le vent est terrible l'effort à fournir en devient surhumain
, un VTTiste s'accroche me double nous voila 5, puis décroche au bout de 2 km, nous ne sommes plus que 3 je suis en 3° position, je pédale pour ne pas chuter, impossible de mouliner, il faut être au max , ne pas laisser la tempète prendre le dessus, chacun se bat comme il peut décrivant des Z des S des courbes, premier départ sur le talus, pour l'instant je suis tjs sur la route
Mes sacoches trop lourdes se balancent frottant la chaine, le fanion , la poutre du VK trop large,toutes ces prises au vent ne me facilitent pas l'ascension , le vent de face et latéral souffle à 100km/h
par chance la route est superbement lisse et très large, les voitures rares
les 2 Vd roulent sur le bord ce qui leur vaut qq départ au talus
j'occupe toute la voie de droite le vent me rabat sur le fossé que j'évite de justesse à plusieurs reprises, je suis au maximum de mes forces, j'avance à 10km/h ralentir et c la chute
je retiens le guidon je pedale plus fort ds les rafales, mes compagnons se mettent en danseuse, le 3° est hors de vu,
l'Airzound se detache
Brusquement le vent s'inverse et je traverse la voie de droite puis celle de gauche, pas de voiture en face je laisse glisser et freine .
OUPssssss va falloir redémarrer, j'ai juste une seconde avt la prochaine rafale, je m'arrache ds un effort extrème jusqu'au passage du col
je continue seule, pose des 2 VD attendant le 3°, quelques frayeurs supplémentaires dans la descente où pédalant à fond je ne passe pas le 15km/h
L'ascension du Carabetou 980m j'en distingue le sommet ds de gros nuages de brume sombre
je remplie une gourde un gendarme m'informe que le vent souffle à 100km/h que qq arbres sont déracinés et qu'un panneau est plié, il vient du 1° col et n'a pas vu d'autres cyclos
les remords m'assaillent et si le 3°etait blessé, puis je me rassure, ils aurait stoppé la voiture de gendarmerie.
je dois prendre de l'avance , passer coûte que coûte, je suis ds la partie la plus dure, bientôt la fin mais je n'ai que 120 km au compteur et déjà ttes mes forces semblent dissipées et la peur et plus l'envie de me lancer dans ce cauchemard
monter des cols au fort poucentage je sais le faire, au pire on pose le pied et on repart
je mesure le danger et plus encore mon impuissance
c'est reparti .......................................................>>> 25km de lutte le 2 °col une descente puis ça remonte 3° col encore ds le brouillard, la bruine, le vent toujours et encore, peu de voitures et une co.....e qui me kalxonne parceque j'occupe sa route et puis l'ultime descente prudente qui n'en finit plus
La Salvetat sur Agout dans l'euphorie je passe sans m'arrêter (même pas vrai je suis plus zombie qu'euphorique ), retour et tampon, je repars aussitot , je ne me sens pas très bien légère nausée, je croque un cachet de dextrose, un deusieme au delicieux gôut de pastille Vichy, je me décontracte c gagné
le vent est totalement tombé, le calme absolue,
3° étape 80km 650m+ je longe un lac la route grimpe un peu mais je roule un presque sourire aux lèvres
encore 30km et m'arrëte 10mn au soleil pour manger