Sujet: PBP 2019: Jojo pête un câble! Mer 21 Aoû 2019, 19:44
Yo!
Voici donc le CR... Ca va être un peu en bazar et couvrir des domaines variés.
Je me suis bien entraîné sous la présence épistolaire de mon beau-beau-père... Environ 10.000 km de préparation depuis la décision de le faire en novembre 2018. Tout a été consigné dans un tableur... ici: https://docs.google.com/spreadsheets/d/1co7BlmUjUsPa7HMylSA9MvjX4kgt_VPbKjNJCKFwYBg/edit?usp=sharing
Dans les éléments déclencheurs il y a eu les récits sur ce forum. Notamment ceux de Jéjon.
J'ai constaté à des allures soutenues (sous le "seuil"), ma capacité à perdre assez peu de puissance. Donc j'ai limité les sorties très longues au minimum pour obtenir une charge importante (Merci Zapillon) et j'ai travaillé aussi la résistance douce (80%) dans les sorties du "dimanche" et la résistance dure à Longchamps (>90%). Surtout que je visais de tout casser au championnat du monde, au moins sur la course de côte et sur le circuit de 3h.
J'ai eu pas mal de bricolage à faire sur la machine: - passage à une fourche carbone bi-bras avec frein à disque. - passage à un poste de pilotage tout en carbone. - essai de roulettes... de roulement... - essai de passage en tubeless sur la roue avant en 406 => impossible bouhou!!!
(Je rédige ce truc en suivant l'arrivée des copains... Ti Jojo vient d'arriver à Mortagne!)
J'ai essayé aussi de regarder comment m'alimenter sur ce genre d'épreuve, et comment stocker la flotte et la bouffe. J'en suis arrivé à la fin avec une poche Kangourou. Merci Maman, c'est très très joli. Sexy même. Mon bonnet 120 Z a été finalisé 15 jours avant PBP en utilisant un double porte gourde Salomon de trail en lui cousant un morceau de protection de pluie de sac à doc. Attention: patent pending les petits copieurs. C'est super efficace: j'ai tout sous la main, je sais ce qui il y a dans mes bidons. Je peux farfouiller dedans en cours de route. Je ne garde plus dans ma pointe que le matos de réparation pour les pneus et les fringues.
Je voulais participer à PBP en mode "rapide" qui correspond à mon esprit compétiteur, et j’espérais un peu pouvoir rouler avec Jéjon car j'avais trop d'inconnu sur les contrôles. Et ça m’obligeait à plus de modération. Et donc j'étais bien content qu'au dernier moment (au contrôle des vélos) on fasse équipe ensemble. Même si c'était pas en buvant un bière belge. Une fois!
J'ai intensément suivi la météo, et on a eu pas mal de bol sauf avec le vent fort sur l'aller. De face évidement. J'ai collé (fait coller) des petits autocollants réfléchissants partout sur le vélo, et j'ai laissé le gilet fluo bidule. Je partirai en collant long et maillot long. Avec une veste coupe vent en réserve dans le carénage.
Le phare avant est un modèle B&M pour vélo électrique alimenté par 2x18650 planqué dans un corps de pompe à vélo. Avec les tests limités, j'ai trouvé qu'un jeu dure 10h. J'ai donc en éclairage 2 nuits et pas plus. Au passage: j'ai hais tous les cyclos avec un phare de DCA. Surtout au retour, de nuit et ça en fait un paquet. Pour l'arrière j'ai scotché 2 bidules décat' qui dure plus de 40h et zou. Simple. Léger. Aéro. Efficace. Vilain.
Rambouillet. Bergerie. Départ. Dans ma bulle. Je n'arrive à en sortir qu'une fois pédalant. Désolé (et c'est vrai sur tout le parcours) pour toutes les personnes que j'ai croisé et dont j'ai déjà zappé le nom/la tête/le pseudo...
Mon idée initiale était de rejoindre Gorron pour éventuellement y dormir 2h, et de même au retour. Car je pars avec un déficit de sommeil et je sais que je ne peux pas résister longtemps.
Bref on est parti. Comment je le sais? C'est simple au bout de 30 bornes premier problème: ma roue arrière commence à grogner. En roue libre, la roue libre Mavic (Monsieur Mavic je vous hais) qui est simplement posé sur une bague en téflon, qui quand elle perd sa lubrification génère une résistance et avec les vibrations de la route provoque une onde de choc dans la chaîne qui gentiment va déglingué la roulette. Je le sais. J'ai déjà testé. Et cette roue est donc une nouvelle. Ça commence bien: je vais devoir pédaler un minimum dans toutes les descentes. Ha, c'est vrai PBP c'est plat. Comme la Belgique. Chouette.
Et puis aussi j'ai bien gonflé mes pneus: 6+ à l'avant 6 à l'arrière en 28. C'est juste l'enfer sur le "graton" qui recouvre les routes. Chouette aussi. Je garde la pression car je me dis qu'il y aura des routes un peu plus lisse, et j'ai peur de crever sur l'avant par pincement. En attendant ça secoue.
Bon bref on est parti et c'est un peu le bazar avec des différences d'allure alors que ça reste compacte. Hâte de pouvoir passer en mode luminique et de rouler à mon rythme. Mais maître Jéjon tu suivras, si arriver au bout tu veux. On remonte gentiment des paquets. Le vent de fasse puissant et constant est à considérer. Mais je roule sans compteur (comme d'hab) et au sensation. On se vengera au retour.
Tout cela a un air de fête très joyeux. Et des paysages encore connus défilent. Je commence à comprendre que nos machines fonctionnent pas de la même manière: avec le semi-caréné je prends de la vitesse dans toutes les descentes pour profiter de l'élan pour la montée suivante. Jéjon est une sorte de Kim en plus puissant: d'une régulière constance. Et ça avance! Comme je bénéficie d'un avantage aéro important j'essaye de me mettre devant, mais je suis si bas que ça apporte pas grand chose.
Pour l'instant tout va comme prévu alors que le soleil devant nous commence à bien baisser: - je me force à boire une mixture de malto qui commence à me dégouter. - la roue libre grogne de plus en plus, m'empéchant de profiter des grandes descentes pépéres... - on rencontre de plus en plus (d'asiatiques surtout) en dérive... Et oui déjà. (Un fat, un 53x39 à pied...)
Découverte des contrôles. Il s'agit en fait d'un labyrinthe pour poser son vélo en passant par le sas magnétique. D'un autre labyrinthe pour pointer, etc... Mais la bonne surprise c'est la gentillesse des personnes que l'on rencontre.
Jusque là on a rouler avec 2 autres VC: pitchoun et un autre à qui je conseille de venir se coller vraiment derrière nous pour être dans l'aspi. Il y a eu qq vélos droits. On double toujours pas mal de monde mais la fréquence de doublage ralenti: ça s'étale... Avec la nuit tout semble prendre place. On roule bien la moyenne d'après mon mentor n'est pas aussi haute qu’espérer même si le vent baisse un peu alors qu'une belle lune nous éclaire.
Tout cela est un peu trop beau: d'un seul coup ma manette du dérailleur arrière est inopérante. Et je joue beaucoup avec. Argh! Arrêt. Constatation: le dérailleur fonctionne et le câble n'est pas rompu. Il est "simplement" coincé à un endroit dans la gaîne. Je sens venir ici l'arrêt de mon PBP. Et j'annonce à Jéjon que si une réparation n'est pas envisageable de filer pour aller claquer un temps.
Ami lecteur il faut que je t'explique ma chance: - IL a une vraie frontale. - IL a un câble de rechange (et assez long). - IL a une pince, IL a une BTR...
En fait en tirant fort sur ce p% de m% de câble (neuf, hein), on arrive à le sortir. Il présente en son milieu une déformation comme si il avait été plié. Et on remarque un toron qui constitue la gaine de sortie sur qq milimètres du côté manette. On tire sur ce brin (qui viendra s'entortiller autour du boitier de pédalier). Et on remet un nouveau câble, on règle les vitesses au chausse-pied. Et on se barre !!! OUF!!! Bon il y 1/2 heure de flinguée dans l'affaire...
Là j'ai eu une sacrée chance d'être avec Jéjon. MERCI !!!! Je sais maintenant que mon plan sera de finir ce PBP avec lui.
On roule. Je suis toujours autant secoué sur le graton et je ne pense pas (encore) à baisser la pression. Je prends de l'avance pour arriver avec un peu d'avance à Gorron pour mieux régler l'indexation et refaire le plein de bouffe et me faire câliner. Ca fait du bien. Jéjon arrive et nous repartons ensemble. Cet arrêt est pas mal car il permet de faire juste le pointage à celui avant et après. Sinon c'est tout de suite pas mal de temps qui s'envole...
Il faut rester attentif: dans un village il y a un espèce de rehaussement sur la chaussée. Jéjon passe dessus dans un grand claquement mais sans dommage. Le bruit résiduel est seulement la pipette à flotte qui se ballade. Ouf! Mais sur les 200m qui suivent il y a un paquet de cyclo (et même un VM) en train de changer les chambres explosées par pincement... Vigilance...
Jéjon est plus rapide que moi sur les arrêts: ça me permet de papoter un peu avec une américaine... Mais ensuite je dois cravacher pour rattraper mon compère qui déroule toujours au même rythme. A une boulangerie à laquelle j'ai tenu à ce que l'on s’arrête: je fantasmais sur un flan mais y en avait pas..., je rencontre un copain vélotafeur... et blablabla... et la tocante qui tourne... Il me faudra turbiner jusqu'au prochain contrôle pour rattraper mon maître spirituel.
Au fait: il fait jour. Et l'entrée en Bretagne s'est vu marquée par de plus en plus de personne sur les bords de la route qui propose du ravito et dans tous les cas des encouragements. C'est vraiment super chouette! Mais je commence à ressentir de la fatigue alors que l'on s'approche de demi-tour, dans le vent qui est redevenu présent et toujours contraire.
La montée au roc machin bidule avec son antenne n'est pas violente. Jusque là j'ai du passer une demi douzaine de fois le petit plateau. En haut on rencontre la tête de la course.
Je suis parti à la faveur de la descente à Mach 12 pour avoir plus de temps au contrôle. La partie urbaine dans Brest est délirante et usante. Je le demande comment se débrouille les VM dans ce secteur...
Au contrôle j'en profite donc pour changer mes batteries, et aller au stand Overbidule qui propose de la malto au gout tomate, formaté par les soins du type qui tient le stand en sachet. Merci! Je largue mes anciens sachets de poudre que je ne supporte plus. Jéjon est arrivé entre temps. Je commence à ressentir le besoin de dormir. Si je veux pouvoir me reposer à Gorron la seule solution c'est de passer en mode supraluminique. J'explique à Jéjon que je vais rouler vite pour aller y dormir. Je dois pas avoir les idées bien claires car je m'imagine chasser le VM qui finira en 43h...
Je pars, en mode chasse au romain; mais je dois rendre les armes à Carhaix. La fatigue me fais ressentir le froid et je me pause qq minutes dans l'herbe. Jusqu'au moment où Jéjon débarque... Je suis cané. Mais peut-être qu'en papotant un peu à trois: oui il y a maintenant François une jeune brute belge sympathique qui roule dans nos allures sans problème, on arrivera à passer une partie de la nuit sans dormir. Cette étape est faite de louvoiements... Je raconte deux trois trucs pour passer le temps. J'ai oublié d'embarquer une fiole de guarana que m'a passé Laurent. J'en avais bu une à Gorron: ça marche du tonnerre ce truc!
J'arrive misérablement à Loudéac. Je crois y avoir vu Sébastien, le trike de Philipe (merci pour le flyer!), Malric... Mais je suis explosé de fatigue et maintenant que je ne roule plus le froid me paralyse. J'ai évidement pas de vêtement chaud en dehors de mon coupe vent. Je m'arrête donc ici pour dormir et attendre le soleil pour repartir. Je ne suis pas déçu, prendre la route ça serait prendre des risques et surtout risquer de ralentir Jéjon qui peut encore faire un bon temps. Il est 1h du matin...
Je vais alors découvrir ce qui fais l'ADN du PBP: le dortoir!
<< LA SUITE... HEU... ENSUITE...>>
L'organisation est top: pour 5E on obtient une place: on précise aux bénévoles (qui sont toujours d'une bienveillance extraordinaire) l'heure de réveil et on est conduit dans une grande salle dans l'obscurité. Le lit est un truc pliant avec une méchante couverture. Je pose mon sac kangourou, vire mes pompes et tente de ronquer, mais il me manque le principal, l'indispensable; des bouchons anti-bruit. Car dans le bâtiment ce n'est que ronflements et autres grognements, et autres sifflements produits de manière non buccal. Et je me gelle grave dans délicate couette: soit mes pieds sont couverts, soit j'arrive à entourer mes oreilles. Je tremblotte pendant au moins 2h, jusqu'au moment où ma voisine se tire: je lui chipe sa couverture et je pense avoir réussi à faire une petite sieste. Le froid me réveille, et surtout le bruit, car quelques cyclos (à priori d'origine asiatique) commencent à passer des coups de fil dans le dortoir. Normal, puisque c'est aussi leur téléphone qui les a réveillé. Puis ces charmantes personnes entament des discussions. Une âme bien gauloise leur propose courtoisement par un brutal "vous allez bientôt fermer vos gueules" d'essayer d'être discret. Visiblement pas eu besoin de traduction. Quelle rigolade, je suis complètement réveillé et vais gentiment dévaliser le réfectoire.
Je suis dans une forme extraordinaire: à peine un peu raide, comme lors de mon dernier 600 après 4h de dodo (y a un CR qq part). Je regarde les arrivants se pointer pendant que je croque mon n-ième croissant. Un coréen dort par terre sous la table, sa compagne est confuse. Je lui fait comprendre que tout va bien. Le gars devant moi commence son petit déj, mais s'endort dans son plateau. Arf, on est pas beau. Je refuelle, fait un tour au chiotte pour dégager l'excédent de poids. Et zou. Il fait encore nuit noir. Mais ça sent bon le romain grillé. Je mets strava en route (https://www.strava.com/activities/2636543358): ça annonce la couleur.
Bam, je mets la réchauffe en route et c'est parti. Comme j'ai ré-indéxé correctement le bouzin, et que j'ai descendu la pression des pneus, j'ai un alignement de planète assez sympathique. Et j'enrage un peu d'avoir perdu 4h. Alors qu'en 20 minutes de sieste j'avais récupéré. Je bourrine bien, ça glisse tranquillement dans le petit matin. Je vois le soleil se lever, et j'apprécie tout au maximum. Je suis bien sur le retour: youpi! Je suis complètement lucide, et j'ai l'impression de faire corps avec mon spoutnik. Je suis sûrement à plus de 100 rpm, et souvent à 110. Et avec le vent favorable je double souvent avec 10km/h de mieux. Les montées passent bien, toujours en limite haute de moulinage en verrouillant bien le corps. Ma technique me semble pas trop mal et je suis surpris de n'avoir jamais été accroché en montée par des VD.
Arrivage à Gorron. Une équipe fort dévoué s'occupe de moi. C'est très très fort en émotion pour ma pomme. Mais comme je suis un garçon viril et bête, çà doit pas se voir. Y a rien de plus fort que l'amour. Bon comme le Tica est jaloux je lui filerai du Squirt. Et moi je prends la deuxième fiole de guarana (encore merci Laurent). Je me laisse coccooner, quand j'apprends que Jéjon n'est finalement qu'à 1h20 devant moi.
Taïaut!!! Sus aux belges! Sang et fumée, rattrapons donc ce binôme. Boum, remise en postcombustion. Ma poche kangourou est chargé à bloc pour sauter 1 ravito sur 2 et faire les contrôles au plus court. A partir de là je dois bien avouer que le PBP a perdu de ce qui lui restait de randonnée festive. Le radar pédagogique le plus timide en entrée de village m'a qualifié d'un 38km/h. La vilaine est atteinte à 32 km/h de moyenne. Je torche le contrôle en 5 minutes. Ma tour de contrôle surveille les temps de passage de mes petits camarades échappés. Et dans les brefs instants possibles je chope l'écart qui commence à diminuer.
Si au niveau bouffe j'ai de quoi tenir, j'ai pas prévu de pouvoir emmener assez d'eau, alors que le soleil maintenant tape dure et que mon allure est pas du tout compatible avec 1,5L au 85km. Je le sais car au bout de 50km j'ai quasiment tout eclusé, et je dois ralentir le temps de trouver de la flotte. Il reste 3/4h de route, et si je continue à ce rythme je vais le payer très cher. Je repère un papi dans son jardin et au bout de 5 qq minutes il finit par me donner de l'eau. Saloperie de sonotone. Alors que je croyais la partie perdu, bim, ça repart! Malgré ce ravitaillement par un kc130 un peu lent Mortagne arrive avec un 31km/h de moyenne.
A l'arrivée pur ce contrôle il y a une grande montée. Devant moi un peloton d'une demi douzaine de coureur qui se tire la bourre sur toute la largeur de la route. Visiblement c'est la course, et l'arrivée d'une bagnole de gendarmerie en sens inverse ne calme pas leur délire. On est à plus de 110km de l'arrivée !!!! J'ai le plus grand mal à les doubler sans prendre de risque. Arrive le dernier raidillon et le plus atteint tente de me redoubler. Il finit par y arriver en cartonnant presque une camionnette arrêtée. J'ai l'impression qu'il veut me prouver un truc. Ce qui ne l'empêche pas de rater presque le portique d'entrée. Toi mon gars faut que je te regarde: jamais deux sans trois. Bonne pioche mon jojo: je pose tranquillement le spoutnik et je vois sans surprise mon gaillard escaladé la barrière en bois qui clôt le parking pour accéder plus vite au tampon salvateur. Extra-ordinaire!!! J'en rigole avec les bénévoles, hilares! A la sortie il y a un petit attroupement autour du millenium. Deux gamins étonnés sont là aussi. Je leur demande de m'aider à remplir mes bidons. Ils sont super contents. Les parents sont ravis de tout ça. C'est juste un moment de pur bonheur, de partage, d'émotion. Mais je me sauve bien vite...
Ca descend et je fais brièvement une explication au guignol de tout à l'heure de l'importance de l'aérodynamisme par la démonstration pratique grandeur réelle. Pouf, il disparaît de mon rétro... (Mais un campionissimo pareil ça doit être sur strava -j'y suis bien hein-, faut que j'essaye de retrouver de maître-étalon avec le flyby...)
Dans ce bout de balade il doit y avoir un contrôle secret qq part mais j'ai plus les idées très claires. Je tente de faire des calculs dans ma tête pour savoir si j'arriverai à les rattraper avant l'arrivée. J'en étais arrivé à la conclusion qui si j'assurais 4km/h de mieux c'était jouable. Ric Rac mais jouable. Alors jouons. Là c'est franchement plein pot pour rejoindre Dreux. Parfois je vois des cyclos qui me repèrent arriver, se décalent et se mettent en danseuse pour bondir dans ma roue... et se rassoient. Désolé. Cette insolence doit pas plaire au dieu de la pédale, car dans un petit village je rencontre deux énormes engins agricoles. Le truc c'est qu'ils cachent la pancarte de direction, et j'enquille forcément le mauvais chemin. Qui forcément est une grimpette. Pause. Contrôle GPS. Pissou. Et puis mach 12.
J'arrive à Dreux. Même avec l'erreur de parcours je suis à 31,5km de moyenne. Je déboule sur le parking vélo, et je demande au bénévole depuis combien de temps le vélo-couché est parti. En même temps que je pose la question je constate que derrière la barrière, il y a le brélon de Jéjon. Et au même moment je le vois revenir du contrôle: I DIT IT!!! 390 bornes de CLM. On va pouvoir finir ensemble: ouf! Notre troisième larron est aussi là. Il prend un peu de temps pour mettre de la "pâte à cul". Arf. Les joies du VD. On prend le temps, on s'en fout l'arrivée est dans 44km. On va rouler tout doucement, juste assez pour que pour François soit à 26,0km/h de moyenne générale. Ca claque mieux que 25,9, non?
Le soleil se couche, et je commence à avoir froid. Surtout que j'ai gardé que mon manche longue. Dans la forêt il fait nuit, et un gros scooter de l'organisation viendra nous tenir compagnie. Beaucoup d'émotion à l'arrivée, tous les trois ensemble. Mais comme je suis un garçon etc... Le temps est très bon. mais chacun son objectif. On est à Rambouillet et tout est bien. Sauf que je me gèle grave.
<< LA SUITE PLUS TARD... >>
Samedi matin, le dos bloqué (rien à voir avec PBP) je finis ce CR après un kawa...
Je disais donc on se pelle grave. Il est 22h passé mardi soir, et il n'y a pas grand monde. La cours dans laquelle est installé le portique d'arrivée est quasi-déserte en dehors de notre petit fan club. Nous allons laisser notre carnet à l'ultime contrôle et récupérer notre zoli médaille (certains VD qui ont les cervicales explosées vont apprécier le poids...). J'ai les jambes raides et les genoux sensibles mais sinon RAS. Pas trop faim non plus, car je me suis bien ravitaillé tout le long. Il me reste 3 pâtes de fruit, un petit sandwich, des miettes de "tuc" et j'ai à peine taper dans le bidon rempli il y a 44km.
Mais en attendant que ma navette, heu non, ma supportrice d'amour arrive de Gorron (avec la 5ième qui à lâcher sur la bettaillère dimanche en y allant, ça prend du temps), nous allons tester le restaurant. Plus qu'un restaurant, plus qu'un véritable promotion de la gastronomie française, une émotion. C'est juste une honte. Pourquoi ce plateau repas en plastoque. Il eut fallu, je ne sais pas, des chaudrons de soupe, servi à la demande dans des bols en verre. Du fromage de nos régions. Etc... Et du pinard, de la binouze!!!
C'est dommage car l'organisation foireuse contraste salement avec la gentillesse des bénévoles. Qui nous propose de prendre des douches dans leur bâtiment, plutôt que de devoir prendre une navette (Allor quoi).
On se sauve chacun de son côté assez rapidement, car avec le froid on a pas trop envie de rester sous la grande tente assez fraîche, et nos autres camarades de galère ne vont pas arriver tout de suite. C'est bête c'est surtout à l'arrivée que l'on aimerait continuer à se regrouper, à échanger sur nos expériences. Prolonger les amitiés, transmettre notre gratitude à nos suiveurs/soigneurs/ravitailleurs. (Mais j'ai cru entendre parler d'un Liège-Bastogne-Liège pour se revoir...)
Rentrage à la maison. Tiens je pèse en sortant de la douche 66,5 kg. J'en ai donc perdu 4. Étonnant, non? Dodo mais réveille assez tôt les papates un peu raides. Nous continuons à suivre par internet la progression et aussi les abandons de notre petit groupe. Surtout ma kiné/ostéo/alio privée qui s'est piquée au jeu (et qui a promis a une américaine de la faire dans 4ans: c'est noté et maintenant écrit). A tel point que... ... nous repartons (nous sommes à 45 mn) pour être à l'arrivée de 3 de nos copains qui visiblement forment maintenant un trio. ETA au minimum après minuit.
Sur place, nous retrouvons la pompomgirl/cantinière/épouse de Ti'Jojo. Nous attendons avec une boutanche quand même. Malgré qq raideurs, je suis complètement lucide. Dans la nuit les randonneurs arrivent donc dans la courre pour passer sous le portique d'arrivée. Il y a un bénévole qui donne qq vagues indications aux cyclos complètement azimutés pour qu'ils ressortent de ce no man's land et aillent se faire pendre ailleurs. Nous commençons petit à petit à accueillir nous même les concurrents. (Fabienne assure grave le service photo). Surtout que le bénévole jusque là un peu rigide, c'est barré: il n'y a donc plus personne à l'arrivée. Une bénévole qui a fini son boulot vient gentiment aussi faire l’accueil.
Zéro musique. Lumière dans le mauvais sens pour prendre les photos. Pavé à la cons: je verrais au moins une demi-douzaine de chute et certains cyclos finissent à pied, alors qu'ils viennent d'enquiller 1220km en pédalant. Ils passent le portique: y a personne (sauf nous) ne savent pas quoi faire. Si, il faut ressortir. La petite buvette ici ne sert à rien. La bénévole a été gueuler pour qu'une autre soit installée dans la cantine. Finalement une responsable arrive, elle revient plus tard avec un rouleau de rubalise. Je l'installe pour compléter le circuit de manière à ce que le cyclo qui vient d'arriver ne se pose pas de question: tu continues encore un peu mon pote pour accéder au restaurant et aux douches (j'ai honte). Mon système est présent sur les vidéos faites le lendemain. J'aurais donc été: randonneur (rapide), bénévole (R2D2) et organisateur (monQ).
Pourquoi ne pas avoir mis le portique d'arrivée sous l'arche d'entrée, avec de la moquette par terre pour éviter les chutes. Qq webcams dans les deniers kms. De la zique??? Bref...
Notre attente nous permet de voir des cyclos dans des formes diverses: ça va assez rarement de ceux qui passent les petits dos d'âne électroniques en mode cyclocross, dénotant une certaine fraîcheur (mais en danseuse, hein, le QQ doit quand même apprécier ce moment d'apesanteur...). Certains qui arrivent mmmhhh plus doucement. Beaucoup ont la tête qui pend salement. Qq uns font l'erreur de descendre de vélo (ou d'essayer): difficile de remonter en selle pour ressortir de ce carrousel désert. A cette heure là, seuls qqs uns sont attendus, mais la plupart arrivent seuls. Voilà c'est fini. Y a aussi de l'émotion. De la joie, qq pleurs (ma bénévole en prend un dans les bras): heureusement pas de photos sinon bobonne va se méprendre.. arf!. Beaucoup veulent immortaliser l'instant. On les aide au mieux, vu qu'il n'y a aucun officiel à la ronde, pour retraverser la ligne, choisir la meilleur pose (Ca f'ra 15E, j'ai un compte paypal...). Y a un asiatique qui se fera reluire sur la ligne pendant près de 10 minutes. Limite pénible. Non pénible tout court.
Tiens les asiatiques... Faut que je vous parle d'un truc quand même. J'ai commencé à en voir en pleine déroute à 150 bornes du départ, et d'autres sur l'aller alors que j'étais bien bien enquillé sur le retour. En mode 100% touristes avec des attitudes... heu... très éloigné du cyclotourisme. Même si d'un côté ça me fais marrer, ces guignols ont du prendre des places à des cyclos qui auraient pu participer réellement à cette aventure. Je suspecte un tour opérateur de se faire des roubignoles en or... En dehors des bonhommes, j'ai vu aussi des machines improbables qui couinent et qui grognent. Bon ok y en a qui arrivent à péter roue libre et gaine de dérailleur...
Je n'ai pas été embêté par les voitures et camion. Mais peut-être ce du à mon horaire de passage et au fait de rouler souvent en tout petit groupe isolé, ou carrément seul. Mon p'tit rétro me permet aussi (comme si j'étais en voiture) d'apprécier le véhicule en approche et de lui faire signe. Je t'ai vu. Attends. Y a personne devant: double. A tel point que ça devrait être fortement recommandé. Inconvénient du truc: toutes les cyclos avec des faisceaux pour éclairer les arbres m'ont bien démonté la pupille. Soyez maudits!!! A noter que je roule sans casque et sans le gilet machin chose.
Stop! Les voilà (Seb, Bertrand et Ti Jojo) qui se pointent: z'ont curieusement l'air un peu fatigué mais il y a encore une fois l'émotion masqué un peu par l'effort d'être aller au bout. Nan, surtout d'avoir partagé un bout de route. Pensé aussi à ce moment là à ceux qui ont tenté l'aventure sans en voir le bout. Prendre le départ à mon sens suffit pour accéder à l'essence du truc: ensuite on ne maîtrise pas tout malgré toute sa volonté. Comme ils ont bien pédalé, ils ont droit aussi à la récompense ultime: le plateau repas. Miam miam. Un anglais qui les accompagne est encore assez lucide pour ne taper que dans la tartelette (b% de z%, le désert évident pourtant c'est un paris-brest. M% à; la fin: comment peut-on foirer autant ça.).
Bien vite, le froid et la fatigue débarque. Et le petit groupe de disloque. A la sortie du parking, un allemand tente de se faire comprendre: il voudrait un taxi pour rentrer à son hôtel. On se renseigne: il y a quedalle sur place. Et l'idée d'une solution uberizante ne nous emballe pas. Sachant dans quel état il peut être, on prend la seule décision à prendre: en démontant la roue avant, on arrive finalement sans peine à coller la vélo (en titane sinon on l'aurait laissé: question de standing, hein) dans notre petite tuture (à 5 vitesses elle). Je voyais mal Jörg se balader dans la pampa pour retrouver nuitamment l'abbaye des Vaux de Cernay. On prolonge ainsi notre PBP en regrettant que notre niveau d’anglais soit aussi bas. Y a tant à exprimer à entendre. Bon retour à Hambourg l'ami!
On rentre... Il est 5h du mat'. Heu... à dans 4 ans?
Voilà (ou pas).
Dernière édition par Rufian le Sam 24 Aoû 2019, 12:41, édité 6 fois
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Sujet: Re: PBP 2019: Jojo pête un câble! Jeu 22 Aoû 2019, 09:26
Génial ce récit !! Merci de nous faire vivre un peu cette course. On a hâte de lire la suite. Bravo pour la course !!
Invité Invité
Sujet: Re: PBP 2019: Jojo pête un câble! Jeu 22 Aoû 2019, 11:11
Mais la deuxième partie vient d'arriver... Y aura une troisième qui rajoutera des p'tits trucs... <= teasing qui dépoutre les morts. Soyez sages, je vais prendre un kawa...
Sujet: Re: PBP 2019: Jojo pête un câble! Jeu 22 Aoû 2019, 23:11
Super Jo ton récit!!!
J'adore ton humour ! je me suis bien marrer en te lisant c'est tellement drôle ! En tout cas tu es sacrément costaud ! Chapeau bas ... Je suis sincèrement impressionné ! respect ... trop fort!
Invité Invité
Sujet: Re: PBP 2019: Jojo pête un câble! Sam 24 Aoû 2019, 12:39
A noter que je roule sans casque et sans le gilet machin chose.
Je pensais que le port du casque était le minimum obligatoire. Personnellement, sans y être obligé j'en porterai pour protéger mon crâne. D'après les CR que j'ai lu, il y a quand même de nombreuses chutes dues au grand nombre de cyclistes et à la fatigue.
Sujet: Re: PBP 2019: Jojo pête un câble! Mar 27 Aoû 2019, 13:28
Bravo et merci pour le partage.
Invité Invité
Sujet: Re: PBP 2019: Jojo pête un câble! Mer 28 Aoû 2019, 11:00
Rufian, je te présente mes excuses les plus plates !!
A la lecture du titre, je me suis dit "ah, encore un costaud qui est parti trop vite et qui s'est découragé"
Mais au fur et à mesure que j'avançais dans la lecture, le doute s'installait et me faisait penser que j'allais peut-être avoir tord, que j'avais peut-être été un peu vite dans mon interprétation du titre …
Et effectivement, pas le moindre signe de faiblesse !
Au moins j'ai raison sur un truc : moi, simple mortel, j'ai bien le droit d'utiliser l'assistance électrique malgré les détracteurs de cette juste compensation des inégalités génétiques !