F199 si lent, si bruyant : que font les autorités?

Avec un peu de recul, voici le récit de mon expérience sur PBP 2019 qui fut la troisième de ma vie de cyclo...
Bien sûr, ami lecteur, il faut que je te prévienne en préambule... Si tu es fasciné par les beaux classements, par les moyennes exprimées à deux chiffres après la virgule, pourquoi te frustrer? Pourquoi perdre ton temps à me lire? Tu trouveras beaucoup mieux ailleurs. D'autant que je risque de parler "cyclotourisme", tu sais ce mot vulgaire banni même de l'acronyme de la fédération censée gérer et défendre ses intérêts ( FFV au lieu de FFCT). On finira bientôt par nous empêcher de sortir ou il nous faudra nous exiler en Angleterre où subsistent quelques passionnés qui causent encore triple plateau et façon de se comporter en randonnée... mais je n'aime ni la pluie ni le porridge !



Ouf, maintenant que nous sommes entre nous et que les idolâtres du chrono et de la perf se sont enfuis à toutes jambes, je peux commencer.
Pour cette édition, j'ai souhaité innover pour restituer un peu de l'enthousiasme reçu des gens qui nous attendent tout au long du parcours. J'ai donc monté un klaxon à pile d'environ 300 g au signal fort et aux mélodies amusantes. Première bonne surprise, lors de mes rares entrainements préalables à PBP (je suis très économe en kilométrage préparatoire), j'ai immédiatement constaté l'efficacité du klaxon en zone urbaine et j'ai beaucoup apprécié la sécurité que cela procure.
Les contrôles la veille du départ se font sous la pluie battante à Rambouillet. Le site est magnifique près du château mais très boueux. La pluie forte coupe le sifflet du klaxon, ça m'énerve un peu, heureusement les participants du monde entier rendent l'atmosphère unique.
Je loge à une vingtaine de kms et voici enfin le jour J du départ. Je crève sur la piste cyclable en pleine forêt à 10 bornes de Rambouillet. Heureusement je suis parti suffisamment à l'avance et un vélociste sympa me vend une chambre à air de rechange pour la route.
Je retrouve Nicolas Pimprenelle et ses 2 amies allemandes sur le site. Nous faisons des photos avec des vélos-couchés étrangers Canadiens, Australiens et même un Japonais qui a eu la bonne idée d'imprimer des cartes de visite avec son numéro de dossard et un code qui permet d'accéder à sa page Facebook. Toujours un bon moment ce départ, ambiance unique de jugement dernier cycliste, tout le monde a le sourire.

un peu court ce récit, non?

Marc un peu de patience , c'est du cyclotourisme . C 'est en plusieurs épisodes ....? Merci Franck

Ça me fait penser que tu es un peu rapide... le mien n'est toujours pas fini de commencé.

Désolé, j'ai été obligé de censurer toute la suite du récit de Transat car c'était trop orienté cyclotouriste.





(même pas vrai)

Bonjour,
J'apprécie énormément ton style d'écriture et j'attends la suite avec impatience...

Pour vous situer le personnage de Transat /Franck…
Il est l'homme à la casquette blanche
Pour votre info, avant le départ il m'avait dit que
"> cette fois je vais faire un temps canon,…
> Ouaip, combien ?
> moins de 89h59…
> C'est jouable petit
> Wouah ! J'ai une caisse d'enfer"
Il a explosé le compteur le bougre, que même la vipère des sables en aurait eu la langue pendante




Transat, alias Mollet de feu au départ, déjà devant, entouré de Pimprenelle, Gruig et Pitchoun

A 17h15, le départ des vélos spéciaux est enfin donné... Je devrais dire le décollage car ça roule à plus de 30 kmh comme d'hab pendant les premières heures. Nous avons pris le départ avec les lauréats du concours de machines et de splendides bécanes parfois pilotées par des filles nous doublent.
Après 65 kms, Fiona K me double tranquillement. Elle est partie 15 minutes après moi, je klaxonne timidement mais rien n'y fait, elle ne m'attend pas!
En séchant le klaxon a retrouvé sa tonicité et c'est un bonheur de voir le visage des gamins s'illuminer et sourire à mon passage.
Je m'accroche dans la roue d'un tandem italien piloté par un malabar. Sa compagne toute frêle s'arc-boute pour suivre son rythme de pédalage et ils fleurtent avec le 40kmh en ligne droite... Ils finissent par me larguer. Je suis un autre tandem anglais dont l'allure est plus conforme aux 1200 kms de Paris Brest. Lors du ravitaillement de Loudéac, je les recroiserai au self et me rendrai compte que le copilote est aveugle et aidé tout au long du parcours par le pilote. Respect à eux...
La nuit est tombée et je déboule à Mortagne km120. A l'entrée de la ville un groupe de jeunes devant un bar se met à chanter, une jolie fille me sourit. Ca me donne l'énergie pour aborder la nuit. Je mange au self de Villaines après 220 bornes et file me coucher. Zut, je me plante en indiquant l'heure de réveil, j'aurais voulu 2H30 et c'est après 1H30 qu'un jeune de la ville vient me secouer. Je reste étendu mais il est coriace et revient toutes les 5 minutes à la charge. Je finis par repartir en grommelant vers 5h30. Beau temps au lever du soleil. Vers 8h30, j'arrive au stand AFV à Gorron où je mange une tartine. Merci aux bénévoles présents.

Ou il est chaud notre Francky…
Il va bientôt s'approcher des 250 messages en 10 ans !

A force to be with him

Allez FRANCK , prend ton temps ...... je te suit dans ton récit .....

Il est en avance pour son tableau de marche "récit" qu'il visait de finir en 2023 (?)
Pourvu qu'il garde la même pêche d'enfer qu'avec les pédales !

Pour les impatients, oui je devrais avoir fini avant 2023. Je parlerai alimentation et fusée de la Nasa dans le prochain épisode
D'ici là pour patienter un peu de philosophie et d'images...


SI tu veux revoir Paris, dans les moments difficiles, souviens-toi... "Qui veut aller loin, ménage son Zockra"
"Paris vaut bien un Zockra"



Si tu veux revoir Paris, trouve un sponsor, c'est mieux.
Decathlon en plus ils ont des moyens!
Après, leur matériel, heu comment dire? Tu as vraiment fait un BRM600 avec ça?

FRANCK , ce concurrent avec le vélo Décathlon n'a pas fini ......il a vraiment pas été loin ........

S002   Shankar Kumar Thakur !        DELHI RANDONNEURS - inde

Contrôle                Temps        Moment de la journée Rythme (km / h)
Rambouillet        00:00:00   20:15:27 dim + 27s -
Vil laines -la-Juhel 14:08:05        10:23:32 Lundi                 15.35
Fougères
Tinténiac
Loudéac
Carhaix
Brest
Carhaix
Loudéac
Tinténiac
Fougères
Vil laines -la-Juhel
Mor tagne -au-Perche
Dreux
Rambouillet

Il a choisi un mauvais sponsor ....... ou il a jamais fait un B R M ..........  

Pour l'inde :

44 concurrents qui ont fini
29 hors délai
222 pas fini
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Il y a de plus en plus de cyclistes indiens qui viennent sur Pbp.
Apparemment ils n’ont pas une culture cycliste aussi développée que la nôtre mais ils apprennent et il y a de plus en plus de réussite dans leur groupe. Même en cas d’échec, c’est bien qu’ils cherchent à connaître et à apprécier la France.

excellent Transat, on attend la suite !

Aïe ! Me voilà de l'autre côté : attendre la suite du récit après avoir fait subir pareille torture sur le forum où j'ai publié mon compte-rendu (https://www.cyclos-cyclotes.org/forum/viewtopic.php?f=1&t=5452&start=180#p54757).

C'est reparti vers Fougères km300
Les premières heures de PBP, on se sent parfois en vélo couché comme un lapin perdu sur une autoroute tant les vélos droits pleins d'énergie nous doublent parfois en côte sur le grand plateau.
A partir de Villaines, s'ouvre le domaine de prédilection du vélocouché. Je suis reposé car j'ai dormi, je suis face à des cyclistes dont la plupart ont passé la nuit sur le vélo. Et le terrain est très favorable au bent, peu de relief, longues lignes droites, vent faible de face. Ce n'est pas politiquement correct mais parfois j'aime leur en faire baver à ces vélos droits... Les kilomètres s'enchainent, je double groupe après groupe jusqu'à Tinténiac où je déjeune au self vers 13h. Je m'en tiens à une alimentation traditionnelle en évitant le sucre. Il en va des cyclistes comme des fusées de la NASA, certains ne carburent qu'avec des poudres diverses. Du propergol dans les lanceurs de la navette spatiale, sucre, protéines et oligo éléments le plus souvent pour les cyclistes. Si on remonte dans l'histoire de Paris Brest, Chris Dickson, un Américain qui a fini trois fois en tête à Paris a utilisé exclusivement de l'alimentation liquide en 1991 pour boucler le parcours. Ça permet de réduire les arrêts et sans doute de digérer plus facilement. La digestion est un peu le point noir de la position couchée et j’ai toujours avec moi des comprimés qui évitent les remontées acides... Depuis cette époque, tout un commerce s'est développé et à chaque étape, un stand à chaque édition plus fourni propose cette forme d'alimentation. Bien sûr ceci reste assez expérimental et comme pour la NASA, on assiste chez les cyclistes à pas mal d'explosions en vol sur les routes!
Ouf, la météo est parfaite sauf le vent défavorable, l'après-midi se déroule sans encombre avec quelques poursuites engagées pour atteindre Loudéac km 450 vers 18h30. Mauvaise surprise, je fais la file pour le self, la nourriture me parait infecte. Le réfectoire est blindé de monde et je sors pour manger le peu que j'ai choisi. Un groupe de rock met de l'ambiance mais la chanteuse ne chante pas très juste dirais-je pour rester gentil! Je repars assez vite.
On est en Bretagne terre de cyclisme, la nuit va tomber et beaucoup d'étals offrent le café, des crêpes, du cidre dans une ambiance de fête...

SUPER compte rendu Egareg , MERCI et BRAVO

Après Loudéac, les côtes se succèdent en direction de Carhaix km523. C'est là que je compte dormir avant de filer vers Brest aux premières lueurs du jour.
J'y arrive vers 1h du matin. Des groupes de cyclos fringants rentrent déjà de Brest!  Je déroule mon duvet léger sous une table dans une salle sombre attenante au réfectoire. Bien sûr, c'est assez bruyant mais d'habitude je trouve le sommeil immédiatement.
Sauf que cette fois, impossible de m'endormir... Je reste allongé puis je finis par repartir vers 5h du matin sans avoir dormi. La nuit est glaciale, j'enfile mes deux vestes légères et un coupe-vent imperméable sur mon maillot. C'est à peine suffisant mais quand on circule en autonomie, il faut trouver le compromis entre voyager léger et avoir l'équipement suffisant pour affronter des aléas climatiques variés. La canicule a duré presque tout l'été en PACA, difficile d'imaginer un tel froid en Bretagne quand on vient du Sud... Je commence à avoir du mal à verrouiller ma chaussure sur la pédale gauche en raison d'une cale endommagée.
Roc'h Trevezel est le dernier obstacle à franchir avant de plonger sur Brest km 613 que j'atteins vers 10h. Je ne trouve pas de cales Time sur le stand du vélociste de Brest. Je fais pointer mon carnet et repars vers Carhaix. Je croise Sébastien à Sizun à l'heure du déjeuner. Une fois Roc'h Trezevel franchi, le parcours redevient très roulant... Je change enfin mes cales défectueuses à Carhaix km 696 vers 15h. Après cette nuit blanche, je roule moins vite mais je m'étonne de ne pas trop ressentir de fatigue.
Je m'arrête dans un resto à l'entrée de la ville de Loudéac km782 vers 20h30, pas question de retourner au self du contrôle. La salle est pleine de clients, je demande poliment et avec le sourire à la serveuse si je peux être servi rapidement ( avant les autres quoi! ) Elle acquiesce et j'ai droit à mon repas dans les cinq minutes ! En partant, je l'entends dire à un cyclo un peu moins poli que moi que c'est complet et qu'elle n'accepte plus personne! Grosse ambiance au contrôle où il y a foule. Plus les kilomètres défilent et plus je comprends comment mettre l'ambiance, les gens ont envie de s'amuser, je klaxonne de loin et je fais des signes avec mon bras libre. Etonnante ferveur cycliste bretonne, des gens nous attendent partout ; dans les villages et aussi parfois en rase campagne au milieu de nulle part en pleine nuit.
Je bois une soupe à Quédillac km 820, il doit faire 5°... Une danoise attablée à côté de moi claque des dents sans discontinuer tandis que son compagnon lui parle comme si de rien n'était!
Ma lampe arrière clignote, signe qu'elle est déchargée et je m'aperçois que j'ai oublié la lampe de rechange à Paris! Le vélociste a été dévalisé et n'a plus rien à vendre, il accepte gentiment de recharger ma lampe avec une prise USB.
Il garde le sourire mais il me dit qu'il est totalement noyé vu le nombre de réparations qu'on lui confie depuis le début de la nuit.
Dans le gros village suivant vers le km 850, j'aperçois un cyclo allongé dans un local distributeur de billets. Un peu plus loin, il y a une agence du Crédit Agricole avec aussi un distributeur, ça tombe bien, je suis client chez eux! Je rentre dans la salle d'une vingtaine de mètre carrés avec mon vélo. C'est chauffé, éclairé et il y a de la musique. Heureusement, j'ai mon masque et mes boules Quiès, enfin je dors!
Pourquoi supprimer ces petites agences? On voit bien leur utilité ici !  
Durant mon sommeil, 2 Japonais sont aussi venus s'étendre (mais sans masque ni duvet les pauvres).

Merci Franki , ça fait presque regretter de pas l'avoir fait avec toi ...

Trop cool Franky,
Que de souvenirs ce PBP, c’est quand même une expérience unique. Mais maintenant c’est l’hiver et on se les pêtent
Va y Franky, c’est bon

Nico t'es sur qu'on se les " pêtent "  nous on se les pèlent plutôt .
T'as trop fêté la Saint Nicolas ?

Oui, l'arrivée de Rambouillet se profile à l'horizon, il va être temps ce week-end de parler des Amish et d'avancées technologiques...
D'ici là, quelques nouvelles de Leonor Oliveira, participante brésilienne en vélo-couché, ici en photo avant le départ.
Elle a été courageuse et a roulé jusque Villaines au retour soit 1000 kms... Bravo à elle même si elle n'a pas terminé

Après 4 heures de sommeil, c'est reparti vers 6 h du matin. Les premières lueurs du jour laissent augurer une météo ensoleillée...
Il me reste un peu plus de 350 bornes et une trentaine d'heures si je veux arriver dans le délai de 90 h.
C'est un peu présomptueux de le penser si loin de Rambouillet mais je pressens que ça va le faire, j'ai des jambes de feu.
En descente à la sortie d'un village, je navigue imprudemment au milieu de la route déserte à cette heure matinale. Je roule au moins à 40 km/h et j'aperçois trop tard un ilot directionnel fait de pavés qui émerge du bitume d'environ 5 centimètres... Le Zockra Z007 prend son envol dans un affreux bruit de pneu et ... atterrit miraculeusement en ligne sur ces deux roues. Ouf, je me passe volontiers d'une bûche à cette vitesse.
Entre Tinténiac km 870 et Fougères km 923, je fais route avec un Grec costaud d'une trentaine d'années. Il me dépose sur le haut des côtes, je lui montre ma roue arrière dans les descentes et on se relaie sur le plat. Je réchauffe un salmigondis d'anglais de cuisine pour communiquer avec lui! Oui, tu l'as compris, c'est un moment de grâce comme j'en ai connu à chaque édition, tu caresses à peine les pédales et tu fonces! On arrive à Gorron au ravito de l'AFV mais comme c'est money time pour moi je ne m'arrête pas et je passe en klaxonnant. Nicolas/Pimprenelle est arrêté au stand, il doit en train de descendre bière sur bière devant un auditoire hébété par le récit de ses exploits! Nico, il ne faut pas vendre la peau de l'ours...
Je rattrappe un Quest décoré aux couleurs bretonnes mais piloté par un Anglais. Il a fait fabriqué un pins à son nom avec le Quest, c'est original. Un des seuls à avoir aussi un klaxon et on s'amuse à mettre de l'ambiance dans les villages.
Vers 15h, Villaines km 1000 se profile enfin. Bien sûr, selon moi le meilleur passage de Paris Brest, une vraie fête populaire le mercredi. Ca commence dès le haut du village avec l'Ehpad qui se trouve à droite en descente. Tous les pensionnaires et le personnel sont assis en rang devant le bâtiment. Ce n'est pas dérisoire, je suis impressionné. Je ralentis et je fais signe... Grosse ambiance dans les rangs. Je repars mais je regrette déjà ne pas m'être arrêté pour embrasser deux ou trois mamies.
Je dévale les rues, les gens sont massés sur des murs qui surplombent la route, un speaker fait l'animation. Je ne ralentis pas suffisamment et manque de tomber dans le portail qui enregistre le signal des puces.
Je vais manger puis prendre une douche. Comme il y a du soleil, je me douche avec ma combinaison qui est saturée de sueur. Ca sèchera en roulant...

Bientôt la fin de ce récit ... Le F199 franchira-t-il la ligne d’arrivée en vainqueur? (Enfin en finisher, il ne faut quand même pas déconner.) Recevra t’il sa médaille des mains de Madame la maire de Paris, Anne Hidalgo? Vous le saurez bientôt ainsi que la réponse à cette question existentielle que tout bon cyclo devrait se poser, que ferait un Amish s’il devait organiser Paris Brest Paris?