Mon Mango et moi

Eniotna a écrit:

Ca y est, je l'ai fait
Je suis allé au boulot en vélomobile !!!

Enorme satisfaction

…

Super, le premier pas est fait ! Bravo !

Eniotna a écrit:

Le problème, ce n'est pas les 15 petits kilomètres légèrement vallonnés. C'est d'affronter les regards, affronter l'incompréhension de la majorité, se garer entre les BMW dans le parking sous-terrain, inaugurer une douche dont aucun collègue ne connaissait l'existence...

Bonjour Eniotna,
Tout d'abord, bravo ! On a besoin de gens courageux, comme toi, pour faire évoluer les mentalités...
Tu donnes la différences de temps par rapport à la voiture, mais par rapport au vélo normal, ça donne quoi ?
D'autre part, je voulais savoir si tu t'attendais à cette "épreuve" psychologique ?
Pensais-tu avoir une certaine fierté en allant au travail au vélomobile, qui t'aurais abandonnée, ou t'attendais-tu à devoir affronter les regards avant même d'y être allé une fois ?
Et sinon, quelle a été la réaction de tes collègues ? De l'admiration, des questions, de l'ignorance, du mépris ?
Merci d'avance !

Ca doit être d'autant plus difficile que c'est au Luxembourg.

Eniotna a écrit:

Le problème, ce n'est pas les 15 petits kilomètres légèrement vallonnés. C'est d'affronter les regards, affronter l'incompréhension de la majorité, se garer entre les BMW dans le parking sous-terrain, inaugurer une douche dont aucun collègue ne connaissait l'existence...

Personnellement je trouve que pour aller au boulot, on a tendance à oublier ça. Sur la route, on ne se rend pas compte de l'étonnement permanent qu'on provoque, puisque les automobilistes sont cachés derrière leurs pare-brises. Et au boulot, les gens sont très vite habitués, et font les blazés. Rapidement tu as tes petites habitudes, et tout devient routinier, c'est beaucoup plus facile psychologiquement.

Par contre, dès que tu veux aller dans un endroit que tu connais pas trop, et à plus forte raison si c'est une zone très piétonnière, c'est plus dur. Tu ne sais pas si tu vas pouvoir te garer dans des conditions convenables. Tu risques d'affronter de nombreuses questions voire de créer un attroupement. Si tu vas voir une personne pour la première fois, tu crains toujours d'être catalogué immédiatement dès ton arrivée dans cet engin hors norme. Ce qui fait que pour ce genre de destination, le vélomobile est un frein psychologique à sa propre utilisation. Moi j'ai tendance à privilégier un vélo normal ou un vélo couché dans ces cas-là, quand c'est possible.

Rouler en VM et passer inaperçu ne sont pas conciliables.
90% des gens témoignent de l’enthousiasme.
5% une fausse indifférence.
5% de la pitié car il me prennent pour un handicapé :velo3: .

Attention que personne ne s’avise à s’asseoir dedans, puisque seul une petite surface du planché est sensée supporté le poids du véhèmiste qui s’installe à son bord. C’est là un problème récurant que je lis sur les blogs néerlandophones à propos du Mango.

Je n'ai jamais fait le même parcours en vélo normal.
Comme le trajet est loin d'être plat (115m de dénivelé dans un sens et 185 au retour d'après bike route toaster, pour 15 km), je pense que le gain de temps n'est pas extraordinaire. Par contre le climat luxembourgeois est rarement clément, et je peux charger vêtements de rechange, PC etc. Je pense donc que le vélomobile reste intéressant.

Pour l'attention que suscite un vélomobile, ce n'était pas un gros obstacle en usage loisir/vacances, même si ça finit par être lourd de temps en temps quand on veut être tranquille.
Mais là le contexte est différent. Il y a une grosse culture de l’automobile, de l’apparence. Face à des inconnus ça ne me pause pas de problème d’afficher ma différence. Mais là le risque est que les collègues ou les clients me jugent, surtout que je viens d’arriver, je n’ai pas encore assis ma crédibilité par le boulot. Je pense que ce serais plus facile pour un manager ou autre. Et dans une boîte qui vend avant tout son image, tout ce qui sort de la norme est suspect, par exemple le port du jean est strictement interdit. On me fera peut-être bientôt savoir que mon mode de transport est inapproprié…
Comme le dit Guilhem, c’est le risque d’être catalogué. C’est malheureusement la première impression qui compte. C’est du pur racisme, juger sur la forme : si tu es gros, noir et que tu as un bec de lièvre, c’est mal barré. Si tu es mal coiffé, que ta chemise est mal repassée et tes chaussures mal cirées, c’est pas bon non plus, quelque soit la qualité de ton travail.
Je craignais donc d’affronter ces regards avant même la première fois. Je pense qu’avec la routine, quand les gens (et moi) seront habitués, ça passera mieux.

Pour les réactions, je n’en ai aucune idée. Je dirais plutôt de l’étonnement et de l’indifférence. Mais de toute façon personne ne me dira en face s’il trouve ça ridicule.

Pour le plancher mou, je ne laisse jamais le Mango ouvert, je mets la capote. Pour que quelqu’un rentre dedans il faudrait déjà qu’il trouve les scratchs. Et ça m’est arrivé de mettre une petite alarme de bagages, qui sonne fort quand le boitier bouge.

Eniotna a écrit:

[...] le risque est que les collègues ou les clients me jugent, surtout que je viens d’arriver, je n’ai pas encore assis ma crédibilité par le boulot. Je pense que ce serais plus facile pour un manager ou autre.[...]

Ah, moi je pense le contraire. Déjà pour quelqu'un qui bouge plus, comme souvent les gens à responsabilité, c'est dur d'assumer tous ses déplacements en vélomobile. Puis souvent une personne à responsabilité est amenée à établir régulièrement de nouveaux contacts, et il faut pouvoir convaincre rapidement de son professionnalisme. Il y a des codes pour ça, et utiliser un vélomobile n'en fait clairement pas partie (c'est plutôt grosse bagnole et costard cravate).

Je suis chef d'équipe (dans l'informatique), et j'ai un profil d'ingénieur d'assez haut niveau. Je passe pour un farfelu complet. A tel point que je m'attends sérieusement à ce que mon employeur me demande un jour de mettre fin à mes excentricités si je veux pouvoir progresser dans cette entreprise.

Je me dis que dans quelques années, les farfelus vont se multiplier. Je passerai peut-être pour un visionnaire

Tu as peut-être raison, j'espère revenir en parler en connaissance de cause dans quelques années
Mais j'espère aussi que dans quelques années le contexte aura changé.
Le mec qui se ramène en Porsche Cayenne, j'ai du mal à le prendre au sérieux. La pression sociale devrait s'inverser.

Guilhem a écrit:

A tel point que je m'attends sérieusement à ce que mon employeur me demande un jour de mettre fin à mes excentricités si je veux pouvoir progresser dans cette entreprise.

J'ai vécu de près cette situation en SSII : un collègue qui venait au boulot en Corvette jaune canari s'est fait prier de changer de voiture pour aller travailler, la Corvette dérangeait le "client" !!

Pareil avec une Pontiac Transam, puis quelques années plus tard avec un Catrike Speed dans une autre boîte... J'aurai au moins tenté et testé les extrêmes.
A chaque fois, je suis parti peu après au lieu de me plier aux règles. Déjà que le boulot c'est pas toujours facile, il était exclu que ma conduite non professionnelle donc jusqu'à ce que je pose mes fesses sur ma chaise me soit dictée par mon boss.
Ma vie m'appartient.

Bonjour Emiotna

Découvrant ce topic seulement maintenant, je te remercie d'avoir publié tout cela. Ca me va droit au coeur.

Pour réjoindre certaines remarques de ce topic, et en remettre une couche sur le décalage que nous provoquons, vous imaginez la tête de mes relations d'affaires (avocat, expert-comptable, les éminents membres de l'Ordre des Médecins, etc.) quand ils me voient sortir de mon Ov'Bike et qu'eux ils sortent de leurs Audi A6 ou autres 4/4 de "ville" !

Pour ma part, je n'ai jamais eu de complexe du VM ou du VC... et si par extraordinaire un de mes interlocuteurs vient à me faire une remarque, la réponse sous forme de question, est toujours prête... Ca calme vite.

Exemple : une relation d'affaire me dit : -- mais vous ne craignez pas d'être ridicule avec ça ?
Traduction : il me dit, en politiquement correct : -- je vous trouve ridicule avec ça.
Ma réponse : oui, oui, je peux paraître ridicule, et en tout cas aussi ridicule que la personne qui contribue tous les jours aux bronchiolites de ses petits enfants en utilisant sa voiture ou son 4 x 4... et qui dans le même temps se plaint de la pollution responsable de la mauvaise santé de ses petits enfants. Qu'en pensez-vous cher ami ?