- rafi a écrit:
je ne sais pas comment vous faites vos pages web, mais pourriez vous rajouter cette ligne entre les deux balises <head> </head> ?
<meta http-equiv="content-type" content="text/html; charset=iso-8859-1">
.
youpsssssss gloups arhgreuu
en effet c'est obscur
je suis retournée sur la page et pas de balises< head>
d'autres ont'ils le mme problème de lecture?
pour pas que tu restes sur ta faimDiagonale Perpignan - Strasbourg effectuée du 27/08 au 30/08
Michel (gris-meunier)
Il est 7h20 lorsque j'arrive en gare de Perpignan. Me voici à pied d'œuvre pour réaliser cette diagonale qui doit me conduire du pays des cigales à celui des cigognes.
Juste le temps de se gaver d'une bonne moitié de gatosport, arrosé d'un bon café qu'il est temps de faire pointer mon carnet de route au commissariat central. Nous sommes mercredi 27 août et il est 8h00. Le compte à rebours a commencé !
1ère étape : Perpignan – Remoulins – 239 km
D'un côté la mer, de l'autre la montagne, pellée, caillouteuse, parsemée de buissons. Une vision d'apocalypse pour un solognot, habitué que son horizon soit bouché d'un fouillis d'arbres, taillis, futaie, bref tout ce qui constitue une forêt digne de ce nom.
Une signalisation adaptée aux automobiles et me voici propulsé sur une 2X2 voies pour rejoindre Bompas, premier village de cette diagonale. Je jongle, tout au long de ce littoral, entre la N9 et de petites départementales. Je perds beaucoup de temps dans la traversée des agglomérations (recherches d'itinéraire, respect des priorités, feux tricolores, stops et autres encombrements). La température est chaude et je m'abreuve souvent. Grosses difficultés pour trouver des fontaines. Quand il y en a, l'eau est non potable et malheureusement ce sera ainsi tout le long du parcours. Mes oasis seront donc les boulangeries qui vendent souvent de l'eau fraîche ou les cimetières. La gent des grands randonneurs ne sera jamais assez reconnaissante à nos défunts pour ce don !
Il est 17h20 lorsque je pointe à Mauguio, premier contrôle de mon périple. Admiration et étonnement de la populace pour cette traversée de la France avec mon vélo couché. " Que voulez-vous, mon brave Monsieur, un corps ayant allègrement dépassé le demi-siècle et une cervelle de gamin. Une hérésie !!! " A ce stade de la compétition, j'hésite encore entre rouler toute la nuit ou faire une halte et ce n'est pas la pizza avalée à Lunel qui me décide. Arrivé à Remoulins vers 21h30, le néon d'un hôtel me titille. Je cède au chant des sirènes, d'autant qu'une bonne douche me fera le plus grand bien après cette chaude journée. La nuit sera courte, car je repars à 3h00.
2ème étape : Remoulins – Poncin – 363 km
En général le vent cesse de souffler la nuit. Pas dans la vallée du Rhône ! Dès le départ les hostilités sont annoncées et le relief commence à s'agiter. Heureusement mon vélo couché, en plus du confort qu'il m'apporte, me permet de lutter au mieux contre ces éléments éoliens. Il est vrai que le moindre talus ou glissière de sécurité, m'apportent un abri. Avec la N86 je suis loin de mes petites routes solognotes. Toutefois, les automobilistes, intrigués par mon engin et me prenant certainement pour un handicapé, font preuve de civilité en laissant bien un écart lors de leurs dépassements, avec une mention toute particulière aux poids lourds.
Il est 5h15 lorsque j'arrive à mon deuxième pointage à Bourg St Andréol. L'heure matinale me laisse peu d'espoir de trouver un commerce ouvert, afin de témoigner de mon passage dans cette localité. Une photo de la pancarte avec mon démoniaque engin fera donc l'affaire.
Beaurepaire et Ambérieux en Bugey seront mes autres contrôles de la journée. Sur mon plan de route j'envisageais, aux meilleurs de mes pronostiques, de m'arrêter à cette dernière localité et il est 19h00. J'ai donc encore une bonne heure de libre devant moi. Je pousse donc à Poncin, avec l'espoir farouche de trouver un hôtel. Hors de question de passer la nuit à la belle étoile, je connais les froidures du Jura. Arrivé à Poncin, je trouve un hôtel. Euréka ! Malheureusement celui-ci a cessé cette activité depuis au moins trois ans et le patron n'a pas encore retiré la pancarte. Mamamia ! Le gérant m'indique qu'à 7 km il y a un autre hôtel. Sympa il lui téléphone pour demander s'il a une chambre de libre. Celui-ci confirme et peut même me faire à manger. Que du bonheur ! Il n'en faut pas plus pour faire la joie d'un diagonaliste ! Du moins je le croyais, car les 7 km se transforment en 12 avec 300 m de dénivelé. Bref une longue et grosse côte histoire de se mettre en appétit. Il est 21h00 lorsque j'arrive à mon havre.
3ème étape : Poncin – Delle – 254 km
Départ à 3h30. La nuit fut encore courte. Cette fois les 12 km sont tout en descente. Presque du bonheur, car le vélo a une furieuse envie de prendre de la vitesse, mais la nuit est noire et la descente à la frontale affole mon taux d'adrénaline. Arrivé à Poncin, je reprends mon itinéraire et pour me hisser hors de cette vallée de l'Ain, une autre grosse méchante côte. Le Jura, fidèle à sa réputation, c'est le froid et des nappes de brouillard qui m'accompagnent le long route qui me mène à St Julien. Les paupières ont une fâcheuse tendance à vouloir se fermer, mais hors de question de s'adonner à un sommeil flash, car je mourai transi de froid !
A Hessia, une auberge tenue par un jeune couple, me permet de prendre enfin un petit déjeuner digne de ce nom. L'aubergiste qui fait également la location de vélo, est fasciné par mon vélo couché et nous engageons la conversation sur les avantages et inconvénients de ce véhicule.
Passé Lons le Saunier, dans la longue montée au sortir de la ville, mon pied gauche chut avec ma pédale accrochée à la chaussure. Du jamais vu en trente ans de carrière ! J'angoisse à l'idée que le filetage ait foiré. Heureusement non, ce n'est que la pédale qui a tendance à gripper et provoque le phénomène. Champagnole, 5ème contrôle, me permettra d'acquérir dans une petite boutique d'un vélociste, rendez-vous de l'élite des cyclos du coin, une nouvelle paire de pédales. Ouf ! Ensuite, beaucoup de plaisir à rouler sur ces hauteurs du Jura et notamment le défilé d'Entreroche, avec le Doubs dans sa jeune partie, comme fil conducteur.
J'arrive à Pont de Roide, 6ème contrôle, sur les coups de 18h10 après une grisante descente de 10 % pendant 8 km. Je suis largement au-delà de mes pronostiques et je pousse jusqu'à Delle. Il me reste 150 km à parcourir pour finir et je peux donc m'offrir sept heures de sommeil. Un luxe !
4ème étape : Delle – Strasbourg – 152 km
J'ai du trop dormir, car je patauge pour trouver mon itinéraire. Ma bonne étoile veille sur moi, car alors que je me concentre sur ma carte (si, si elle est bien dans le bon sens) un automobiliste s'arrête à ma hauteur et me propose de le suivre, afin de m'amener sur la bonne route. Une fois fait, il m'offre même de me suivre pour m'éclairer la route. Grand Dieu non !!! J'aime trop ces moments de solitude de la nuit, où j'ai la sensation d'une extrême liberté, pour sombrer dans ce délire. Je remercie chaleureusement mon guide et reprend ma route. Je le retrouverai 15 km plus loin, à m'attendre pour m'offrir un café. Magie des rencontres.
La route qui doit me mener à Wittelsheim est barrée pour cause d'un pont en réfection. Je perdrai un temps fou dans la périphérie de Mulhouse pour retrouver le bon chemin.
J'arrive dans le pays des Heim et le terrain est merveilleusement plat. La boite aux lettres de Marckolsheim verra ma carte postale d'arrivée. Le bonheur est au bout de cette longue ligne droite. A Krafft je quitte la route pour suite la voie verte qui longe le canal du Rhône au Rhin. L'endroit est bucolique mais pas le revêtement de la piste. Les racines des platanes ont soulevé le bitume et mon vélo fait de furieux bonds. Si au demeurant ce véhicule est confortable, il devient dans ces conditions un cauchemar, les moindres secousses se répercutant dans tout le dos. Arrivé au commissariat central de Strasbourg, le fonctionnaire me demande si c'est pour une arrivée ou un départ. Je lui suggère qu'à l'odeur on doive pencher pour la première proposition !
Ma feuille de route annonçait 968 km. J'en aurai au final, avec mes détours, 1008.
En conclusion
Une bien belle aventure que cette diagonale, servi par une météo radieuse, malgré ce vent défavorable. Content d'avoir mené à son terme ce projet et un peu triste que ce soit si vite fini.
Un grand merci à mon épouse de m'avoir permis de réaliser ce rêve et également à la confrérie des diagonalistes pour les conseils prodigués sur leur site internet.
Je finirai par cette pensée de Jean Giono :
" La jeunesse c'est la joie. Et la jeunesse ce n'est ni la force, ni la souplesse, ni même la jeunesse. C'est la passion pour l'inutile. " J'espère encore garder longtemps cette joie.