Bonjour à tous
Voici tout d'abord le récit du voyage sans prétentions, histoire de donner envie à ceux qui n'ont pas encore franchi le pas
les images vont suivre d'ici demain, je suis en train de mettre en ligne les 570 photos et c'est pas la mince affaire
Un beau voyage
Départ de Meylan ce vendredi midi, en voiture avec tout le matériel en direction de la ville de Besançon. Arrivés en début de soirée, nous sommes contactés par téléphone par une relation "virtuelle" du forum au pseudo olivier25 (https://velorizontal.1fr1.net/index.htm) qui s'est mis en 4 pour nous céder un bout de parking devant chez lui afin d'éviter la casse pour notre vieux kangoo qui devra rester seul pendant les 8 jours du voyage. Rencontre sympathique avec un homme sportif et intelligent (oui, ça existe...) qui sort d'une grande rando avec un groupe d'adolescents dans un cadre scolaire, http://lvhstage05.free.fr/velautonomie/accueil.html . Il nous fait visiter son quartier et aussi le matériel utilisé, panneaux solaires, ordinateur portable etc. Ensuite visite chez la boulangère du coin qui fait sa tournée en triporteur et dont le mari vient de faire l'acquisition d'un trike identique au notre. Ils sont aussi sur le forum mais pas souvent car ils bossent à fond pour nous servir un pain d'une super qualité et biensûr bio. Nous repartons avec ce bon pain et notre ami Olivier nous accompagne sur les premiers kilomètres pour sortir de la ville.
Deux heures ensuite nous sommes toujours à la recherche d'un endroit pour dormir, ce n'est qu'à 22h, au bord de la piste en contre bas que nous nous installons en bordure d'un terrain de foot qui paraît abandonné bien que fauché. Première nuit avec les gosses en pleine nature et c'est l'excitation qui prime, monter les tentes, allumer le réchaud et aussi premières consignes strictes. On n'est pas à la maison et chaque geste doit être réfléchi si on veut rien casser et continuer l'aventure. Le VTT de Louis est mal préparé, je m'en veux de ne pas avoir tout installé moi même, grâce à mon expérience cela aurait évité bien des ennuis, les bagages frottent de partout, les sacoches se décrochent au moindre trou sur la chaussée et pour arranger le tout une crevaison à la tombée de la nuit, bref de quoi se mettre une dose d'adrénaline ou d'énervement...
Le lendemain, la route est magnifique est nous rencontrons plein d'insectes dont de magnifiques libellules. Les enfants commencent à oublier la TV et les jeux vidéos pour se consacrer à l'observation beaucoup plus riche de leur environnement. Puis nous sommes stupéfaits d'observer un campement sauvage d'allemand dont les tentes sont encore en place et les voitures garées dans le champ à 10h du matin. Il y a des règles de bonne conduite à respecter dont la principale est de monter la tente à la tombée de la nuit et de la démonter au lever du jour, sinon notre pratique est assimilée à du camping sauvage et interdite, ce qui est à mon avis normal alors que personne ne peut vous interdire le bivouac. Quelques kms plus loin lors d'un passage bien raide, Christine casse sa chaîne. Il fait très chaud, les enfants sont à l'ombre et je nage une fois de plus dans le cambouis, mais bon, je me dis que c'est normal. Par contre Christine n'osera plus trop forcer dans les côtes de peur que ça casse de nouveau alors que c'est prévu pour tenir. Trop forte ma petite femme et beaucoup de courage pour rouler avec son trike aussi lourdement chargé.
Pause midi au supermarché où nous rencontrons un couple de suisses partis depuis peu de Zofingen et qui vont en Angleterre. Leur matériel est au top et bien mieux rangé que le notre, mais ils lorgnent sur nos machines étranges en avouant qu'ils aimeraient avoir un peu moins mal aux fesses et aux poignets. On repart, encore des ennuis avec les sacoches de Louis, ce coup-ci je suis au bord de la crise de nerfs. Jonas me trouve deux bouts de bois dans le fossé que je fixe en diagonale avec des bouts de chambre à air de chaque côté du porte bagage au cadre du vélo. Ainsi, même si sur le plan esthétique c'est pas le top, au moins ça tient le coup et permettra au gosse de rouler.
C'est à coté d'une usine de traitement de métaux, pas loin de la voie ferrée que nous montons le campement, bien cachés dans une haie. Christine est repartie au village chercher de l'eau, les enfants sont en pleine forme, tout va bien.
Le lendemain, agréable surprise en se levant (!), mon trike à une roue à plat, la veille nous avons roulé dans de la ferraille et mon pneu a une entaille, réparation et ça devrait tenir mais l'urgence va être de changer ces pneus pas faciles à trouver. Deuxième bonne nouvelle, la pluie arrive pour ce dimanche et ce sont des seaux d'eau qui nous tombent sur la tête en traversant la ville de Montbéliard. Je peste contre la DDE, la piste s'arrête et la déviation mène à un fossé. Il ne nous reste que le choix entre un rond point plein de voitures et une zone industrielle perdue. Vive la France et je suis très fâché contre moi d'avoir voulu suivre ce fichu parcours qui est merveilleux par endroit et qui se termine bien souvent par des passages dangereux pour les enfants.
Pause midi dans un kiosque à musique, seul endroit à l'abri de la pluie. Tout le monde est trempé et un peu en manque de calories, ce qui est normal quand il pleut on dépense beaucoup plus d'énergie. Je reste en colère après moi car j'ai mal géré les charges des accus et nous sommes obligés de trafiquer pour que nos lumières arrières puissent fonctionner en plein jour car avec la pluie la visibilité est faible. Coup de fil de Jean-Paul du forum sous le pseudo "hautlepied" qui nous rejoint au bord d'une écluse. Premier contact avec l'homme, très élégant et en pleine forme, il nous explique le fonctionnement des canaux et des écluses, puis nous montre un passage très spécial où le canal passe sur un pont qui enjambe une rivière en contre bas. On serai passé dessus sans remarquer cette magnifique construction. Nous rejoignons la piste cyclable qui va de Dannemarie à Bisel, plus une seule voiture et une pause dans un quartier écolo et musée de la nature où les enfants peuvent jouer avec de superbes constructions. Autre pause dans un parc à cigognes, du jamais vu pour nous tous, certains animaux sont en captivité et d'autres en totale liberté, ces oiseaux sont un peu statiques et c'est plus tard que nous les verrons à l'action.
Il reste une bonne côte à grimper avant Bisel et là, la totale avec de nouveau des trombes d'eau sur la tête et le reste, les enfants ont plus de 60 km dans les pattes mais se tapent le sprint au sommet. Sur le plan mental, il est très important de toujours terminer un effort par un sprint, cela prouve que l'on a encore de l'énergie et de la réserve, même pour des enfants complètement trempés c'est un point d'honneur pour se dire que l'on ne se laisse pas abattre.
Accueil chaleureux chez les RIFF, Jean-Paul et Chantal se mettent en 4 pour que l'on puisse reprendre des forces et faire une bonne pause au sec. Je tiens ici à les remercier encore car ce sont des gens extrêmement aimables, honnêtes en plus d'être cultivés et sportifs. Repas super convivial après avoir admiré les compétences de Jean-Paul en mécanique. Il m'emmène dans son garage, trouve deux morceaux d'aluminium et en un tour de main change mes bouts de bois du vélo de Louis contre une construction beaucoup plus rigide et élaborée. Du grand art et une vitesse d'exécution foudroyante ! Le lendemain, il nous accompagne dans notre voyage qui prend une dimension culturelle avec la visite d'une église, il nous indique les traces des anciennes voies romaines, puis les traces des combats de la première guerre mondiale. Les enfants aussi écoutent avec beaucoup d'attention, puis nous nous dirigeons vers la Suisse mais en passant par le chemin secret des contrebandiers. Jonas et Louis regardent avec un peu d'appréhension le panneau "interdit de passer" en plein forêt, il faut dire que la veille je leur avais dit que les suisses avaient de longues barbes, des cheveux horribles et qu'ils vivaient dans des cavernes et surtout qu'ils détestaient les français !
Plus loin premier exercice de communication dans le langages du pays. Nous croisons une demoiselle à bicyclette, les enfants se préparent et lancent un fier "gruez" ce qui veut dire, comme chacun le sait "bonjour" en suisse allemand. Pas de réponse, on a dû mal prononcer, peut être (!). Rebelotte mais ce coup-ci avec deux mamies, ça se complique, on lance un "gruezi mitendan" ça marche mais on a comme réponse "tarchhhhh mitendan" ce qui doit signifier "guten tag avec les autres" mais on n'en est pas sûr.
Jean-Paul prend congé à la frontière, on espère le revoir ainsi que sa charmante épouse dans notre région. Un réseau est en train de se créer sur internet avec des jeunes et des vieux branchés sur le même trip, enfin une idée à taille humaine axée sur le partage et l'amitié, enfin quelque chose de bien sur le net.
Nous arrivons dans la ville de Bâle et cherchons un parc pour manger. C'est à coté du zoo que nous nous arrêtons, Louis trouve de suite une seringue à coté du banc où nous nous reposons. Bienvenue en suisse ! le paradis des toxicos aisés mais qui laissent traîner leurs seringues empoisonnées à la portée des enfants. Ceci est malheureusement une face cachée de la Suisse bien propre, tristesse et désespoir, chercher dans la drogue l'ultime plaisir au mépris total de l'environnement et dans le non respect de soi et des autres.
Le centre de la ville de Bâle est magnifique, tous les bâtiments sont superbes à voir, nous réussissons malgré tout à détourner l'attention du public avec nos trikes garés au beau milieu de la "markplatz", une cinquantaine de touristes israéliens nous posent des questions sur ces drôles de machines. Beaucoup de gens sont ensuite stupéfaits de voir que les enfants nous accompagnent aussi mais sur des VTT ordinaires mais biens chargés. La traversée de la zone industrielle nous mène à un pont suspendu où nous devons rouler très doucement à cause de la foule nombreuse.
Nous continuons 20 km plus loin pour bivouaquer en bordure d'un champ de maïs et d'une haie complètement à l'abri des regards. Soirée foot pour les gosses, Christine lit un livre, couchée sur son trike et moi j'écoute les informations sur mon téléphone portable. La vie est belle !
Le lendemain il fait beau et le vent nous pousse dans la bonne direction c'est à dire vers le Nord. J'appelle Anne Marie OLRY de Neuf Brisach pour prendre contact, elle nous annonce que la choucroute est sur le gaz et que ça ne doit pas attendre, tradition oblige, donc nous fonçons au plus vite pour arriver à l'heure. La veille nous ne savions pas encore quelle direction choisir, nous voulions aller directement à Fribourg puis ensuite rendre visite à nos amis, mais Anne Marie nous a devancé et ce fut avec un immense plaisir pour nous de la rejoindre elle et son mari Jean, venu à notre rencontre en vélo droit et costumé de travail. Nous avons pris des fleurs à offrir mais elles ont pas bien apprécié le voyage en trike et c'est un bouquet un peu (heu) fané qui aide aux retrouvailles intenses, nous étions passés chez eux en février avec nos trikes , puis ils sont passés nous voir dans nos montagnes, là nous sommes de retour en Alsace et à chaque fois c'est plein d'émotions et de bonne humeur. Jean réussi à se libérer pour l'après-midi et nous emmène visiter Fribourg. Pause dans un magasin de vélos couchés et je m'achète deux pneus de 20" pour remplacer les miens qui sont foutus. Beaucoup moins cher qu'en France et en plus le vendeur est sympa, il alimente en vélos couchés une partie de l'Alsace.
La visite de la ville se fait sous la pluie, je retrouve l'Allemagne en voyant un groupe de musiciens de rue venant de Mongolie et qui font un spectacle à couper le souffle. C'était mon ancien métier, la musique, j'ai beaucoup joué dans les rues surtout en Allemagne, plus tard je ne retrouvais plus rien de ces spectacles, il ne restait que des mendiants venant des pays de l'est. Où sont passés les hommes orchestres, les groupes de musiques traditionnelles, les Bob Dylan en herbe ??????? Les temps changent et je ne l'avais pas remarqué.
Retour chez nos amis, Louis apprécie énormément les bretzels et la piscine glacée de la maison ou il fait trempette avec Jonas.
Le lendemain, c'est repartit pour la gloire et sur le chemin du retour. Anne Marie fait un bout de chemin avec nous. La veille elle a essayé nos trikes et je lui propose de nous accompagner l'année prochaine sur un grand trajet dont je vous dévoilerai le secret plus tard. Elle roule assez vite pour faire de la grande randonnée et ce serait un réel plaisir pour nous d'être en sa compagnie.
Campement le soir dans un décor fabuleux et en dehors du canal. Une femme à cheval passe nous voir et nous explique qu'après avoir pratiqué le cyclocamping elle va pour ses 50 ans partir à cheval sur un mois. Nous échangeons une carte dans l'espoir de se retrouver ou de suivre le voyage sur le Net.
Le lendemain c'est dur pour les gosses qui traînent les pieds et se montrent à la ramasse. Je dois argumenter pour les re-motiver et ils repartent...
Retour au bord du canal où je passe tout mon temps à photographier les oiseaux. Je suis totalement surpris d'observer un groupe de cigognes enrouler un minuscule thermique et de leur agilité en vol. Il ne faut pas oublier que mon boulot actuel est moniteur de parapente et que je passe beaucoup de temps dans le ciel. Je ne connaissais pas assez le vol des cigognes, maintenant mon logo sur mes cartes de visites et en tête de lettre sera une cigogne. Comment puis je être aussi stupide pour ne jamais avoir observé le vol des cigognes, Je n'ai jamais rien vu d'aussi élégant et d'aussi parfait. Tout est beau et gracieux dans cet oiseau.
Tout cela me ferait il oublier les humains ??? mais non, nous rencontrons une fine équipe de gosse dont un qui vient de fracasser sa fourche avant en faisant sûrement l'andouille sur la piste du canal. Je ne peux pas l'aider car tout est en miettes, il devra rentrer à pied, le temps de réfléchir à ce qui lui est arrivé sans doute. Autre rencontre insolite avec un voyager en vélo couché 2 roues, parti de Lyon et en direction de Vienne en Autriche, il voyage seul et apparemment bien équipé. Il nous dit avoir été éboueur et il a récupéré plein de sacs qu'il a retapé pour faire ses bagages. Le tout est monté sur une belle machine qui elle ne vient pas de la benne ! on échange des idées sur le voyage, bon feeling et bon voyage Tiefaine, je retiens une idée de lui, son frigidaire portable, un simple sac plastique dans lequel se trouve le beurre, entouré d'un tissu humide, l'eau s'évapore et le beurre reste au frais, pas bête non ???
Nous quittons la piste pour éviter les villes de l'Isle sur le Doubs et Clerval trop fréquentées par les camions. Une petite route nous emmène en pleine nature mais sans eau ce qui va nous obliger à repartir assez tard et trouver le dernier campement en forêt à coté d'un village où un habitant sympa a rempli nos gourdes.
Dernier jour et ça monte, et ça monte avec en plus du vent de face. Jonas râle souvent, Louis a de la peine à remonter sur sa monture, Christine les motive une dernière fois à coup de barres de céréales et même exceptionnellement de glaces. Puis les derniers kms sont avalés à grande vitesse juste avant la pluie à Besançon. Passage obligé chez la boulangère et son mari, elle nous paye le café nous lui achetons un bon pain que nous allons ramener à Grenoble
Le voyage se termine, il est temps de penser à en fabriquer un autre, plus court ou plus long peut importe pourvu qu'il soit plein d'émotions et de bonnes rencontres.