Je viens mettre mon grain de sel en vous racontant nos trois jours sur la même route.
Tout d'abords je tiens a remercier Micke pour la qualité des informations et tout le travail effectué. un vrai bonheur.
Etape 0 : Voyage en train Nous avons pris le train à Lyon et avions réservé 3 places depuis 2 mois.
3 places pour 2 personnes car nous avions trois vélos. La SNCF n'en a pas démordu. Il nous fallait au minimum une personne en face de chaque vélo et je devais déposer à Mulhouse un kett en acier vendu. Il a fallut décaler notre heure de départ pour avoir trois places vélo libres dans le TGV (supplément de 10 euros).
Nous arrivons à la gare avec le chargement détachés et nous attendons le TGV.
J'ai beau dire aux personnes qui montent de ne pas mettre leurs bagages dans le compartiment vélo, quand je peux enfin monter je constate qu'il est plein. Impossible de monter un vélo.
Il y a un accompagnateur de quai a coté à qui je signale le problème. Coup de talkiewalkie. Le contrôleur arrive alors que les 10 minutes d'arret sont consommées et que le TGV doit partir et qu'aucun de nos bagages ni de nos vélos ne sont montés.
Je demande au contrôleur de faire évacuer le compartiment vélo de tous les bagages ayant payé pour un service j'entends qu'il nous soit rendu. Ce dernier préfère s'accrocher avec nous (nous ne sommes que 2) que plutôt de traiter le problème avec les dizaines de personnes qui ont posées leurs sacs et valises là où il ne fallait pas. Il argue que nous avons des vélos spéciaux et que le compartiment TGV ne peut pas accepter des trikes. Nous avons le soutien de l'accompagnateur qui nous dit que nous sommes dans notre droit et qu'il nous comprend. Le chef de gare finit par arriver. Il nous demande de monter tous les vélos dans la tête de train dans le compartiment fret. Je refuse. Enfin a force de mots de plus en plus hauts mais courtois avec le contrôleur les propriétaires des valises vident le compartiment. Nous montons précipitamment les vélos sous les remarques incendiaires du controleur qui contacte ses supérieurs par téléphone. Le TGV part avec 12 minutes de retard et la SUJ (Police de la SNCF) montera deux stations plus loin. Nous savons parfaitement que leur présence n'est pas fortuite. Le contrôleur arrive de nouveau. Il n'est pas très à l'aise et pour cause. Seuls les tandems sont interdits (du fait de la longueur) dans les TGV. Il ne s'excusera pas de nous avons fustigé. D'ailleurs tout le reste du trajet à chaque nouveau départ après arrêt à station il expliquera au micro que le train à du retard est du au fait qu'à Lyon nous avons chargé des vélos spéciaux...
Nous arrivons enfin à Mulhouse. Il pleut des cordes. Les vélos sont déchargés en moins de 3 minutes. Le nouveau proprio est là et prend le kett acier. Nous roulons dans la config suivante. Un kett alu avec sacoche Radical Hase pour Marie. J'ai l'autre Ket alu avec la remorque Y frame d'Alex et Sabine (Xeal et Meuh) + deux front roller. Sur l'Y-Frame
Galère pour trouver le fameux camping et l'eurovélo6 en sortant de la gare. Nous sommes trempés. Il pleut beaucoup. Nous trouvons un super marché pour faire le plein de nourriture. Il est 19h passé le ciel est très sombre et nous laissons une énorme flaque dans la galerie marchande où nous avons stationné au sec les vélos. Nous rebroussons chemin pour retrouver l'eurovélo6 et enfin le camping qui n'est pas très loin. Nous installons la tente dans une flaque d'eau faute de mieux.
Une pizza plus loin pour nous réchauffer le campement est installé mais la plus part de nos affaires sont trempées avec 10km au compteur:) Pas mal! Des vrais débutants
Il va pleuvoir sans cesse; des litres et des litres d'eau; toute la nuit.
Etape 1 : Surprise 1 Le matin nous constatons que la flaque d'eau est devenue un lac. Massacre à l'H2O. Rires.
Nous sacrifions quelques euros et un peu de nos idées écologiques pour utiliser le sèche linge du camping.
Nous levons le camp très tardivement et prenons l'eurovélo 6 dès la sortie du camping idéalement placé.
Tout est exactement comme Micke le décrit. le paysage est très beau, les affichages de signalisation pratiquement parfaits. Nous avançons très lentement cependant. Un timide 15km/h de moyenne où je ronge mon frein. Il y a pléthore de cyclistes. Beaucoup de personne en solo. Nous échangeons avec une dame de 65 ans qui voyage seule. Sa vitesse de croisière est autour de 22km/h que nous ne suivons pas, en revanche sa moyenne globale est inférieure à la notre car elle est partie avant nous et nous la rattrapons, la dépassons et ne la reverrons plus. Pause déjeuner devant une écluse. La tente sèche sur tas de bois, les vêtements dans l'herbe grasse. 30 minutes plus tard c'est de nouveau sur le siège que nous entamons notre digestion. Nous suivons scrupuleusement les étapes de Micke.
A 14h nous avons passé Autrechêne fin de l'étape 1 par rapport à son parcours. On force sur les pédales pour faire l'étape 2 Autrechêne-L'Isle sur le Doubs. Les cotes bien casse cuisse et la chaleur j'ai en mémoire les points stratégiques où il faut charger la machine en gel pour ne pas se mettre dans le rouge. Marie suit, ne semble pas forcer, rythme cardiaque bas, pas de souffle court, elle doit avoir quelque chose comme 15 kg de charge en plus du poids du kett full options (donc du coup assez lourd).
Elle s'étonne de la quantité d'eau avalée, autour de 500ml/h se qui nous oblige a de très nombreux ravitaillements, mais sur type de trajet il y a des points d'eau partout.
17h nous sommes L'Isle sur le Doubs avec 82 km au compteur. Nous continuons, objectif Baume les Dames 33 km plus loin. je mesure ce que l'entrainement en Quest à apporté. les cotes sont avalées avec une rythme de 110 tours/min sans même avoir le souffle coupé et une légère augmentation cardiaque. Le paysage est somptueux, les cyclistes de plus en plus rares. Nous sommes avons la route pour nous. Nous voyons les collègues voyageurs poser leur campement autour du Doubs.
Une nouvelle cote que j'avais oublié. Nous avons toujours la même allure, modeste, mais très efficace. Je cherche dans le regard et les attitudes de ma compagne les signes de fatigue ou de souffrance en vain.
Elle prépare la CCC. Elle a un moral d'acier. C'est une battante. Elle en veut même pour sa toute première sortie en cyclorando et seulement second essai en VC.
Nous redescendons sur le Doubs et comme Micke l'a très bien évoqué, je me souviens (voyage de retour avec le Quest418) que l'arrivée est très piégeuse avec un virage à gauche très sec alors que la descente doit être au moins de 10%...
Il fait de plus en plus frais et j'ai presque froid. Marie a mis ses écouteurs et quand je lui pose des questions sur son état physique elle me fait signe avec un doigts sur la bouche que je dois me taire. La moyenne s'écroule. Nous ne roulons plus qu'à 12km/h nous sommes à 10km du camping. Je me laisse couler le long du Doubs profitant de cette nature et cette quiétude. Je n'ai plus Marie dans mon rétro. J'opte pour donner un coup de collier trouver le camping et monter le campement pour l’accueillir. Arrivée au pont en réfection de Baume les Dames. Une carrefour en Y, il y a un doute car un autre camping est indiqué que la gauche à 2km5 alors que celui que nous visons est "dans" la ville, ville qui est indiquée à droite. J'attends 20 minutes au Y. Il y a 3 km de visibilité sur la piste cyclable depuis le pont, et pas la moindre trace de vélo couché à l'horizon. Je démonte la remorque pour faire demi tour et j'appuie fort sur les pédales, inquiet, limite coupable d'avoir fait le mauvais choix de la laisser rouler à son rythme. je dois faire 4 km pour la retrouver dans un piteux état. Elle est en plein burn out physique. Les jambes sont tétanisées, elle a vomi, le moral en vrac. C'est la première fois en 20 ans de course à pied que son corps lui dit stop. C'est dur pour elle, très dur. Pas de panique nous avons les vélos idéaux pour ce genre de situation.
Je démonte l'attache de l'Y frame de mon vélo, la remplace par le coupleur Hase, repose l'attache remorque sur son vélo. La sacoche hase est sanglée sur le gros dry bag, sa roue est aussi sanglée par dessus tout. Je la repose sur le train, car elle n'est pas capable de marcher. Nous faisons les 10 km autour de 20km/h de moyenne. Elle ne peut pas pédaler et d’ailleurs lui demande de ne pas le faire. Néanmoins je force fort car je ne la sens vraiment pas bien. Nous trouvons le camping dont l'accueil est fermé depuis 10min (il est 20h40) mais nous avons l'autorisation de nous installer. Mise sous la douche brulante le jet puissant de l'eau va finir pas décoincer les muscles durs comme la pierre. Je monte le campement et fais à manger dans ce laps de temps. Elle doit absolument manger puis vite aller se reposer. Sa ration de pattes achevée, elle s'écroule en quelques secondes, je n'ai même pas le temps de fermer la moustiquaire qu'elle dort déjà.
Bilan de la journée 115 km à une moyenne de 13km/h (mais qui ne veut pas dire grand chose face au problème)
Etape 2 : Surprise 2 le retour Il est tôt, il fait beau, elle va mieux mais les jambes sont encore douloureuses. Nous optons pour un petit dej en centre ville pour faire le point, marcher un peu et faire des courses.
Son burn à out n'est pas mal vécu, elle le prend comme un avertissement, une mise en garde. je ne cesse d'expliquer que contrairement à la course à pied ou les douleurs articulaires sont souvent très vite là, le vélo a cet effet pervers de "facilité", qui a son prix dans la durée. Sentiment renforcé en VC qui dédouane du fameux mal aux fesses.
Nous levons le camp. J'ai négocié avec elle de rester dans la configuration train. Formation qu'elle n'aime pas jugeant qu'elle n'a pas l'impression de forcer. Personnellement je ne vois pas le problème. Même si je fourni 60% de l'effort et elle 40% nous roulons quand même à plus de 20km/h. Ses jambes sont encore douloureuses. Je l'invite à mouliner de plus en plus. Sa gestion des vitesses et largement plus soft pour la mécanique, les craquements sont rares, il y a plus d'anticipation. Et surtout je pense à ses genoux... Nous sommes rejoints par des personnes qui font du vélo et qui viennent nous taquiner. Même s'ils sont à vide et nous chargés comme des mules, nous roulons autour de 25 km/h avec un PTC pas loin de 250 kg. Il ya un bruit, un grincement qui me gène. Nous nous arrêtons très régulièrement à la recherche de ce bruit. Un quinqua avec un VTT pourlingue nous double sans nous dire bonjour. A la forme des mollets, à dessins de ses triceps saillants c'est un super sportif. Paf la plaque. Marie voit le compteur s'affoler. Le petit dej balance l'énergie dans les veines. Moment de grâce physique. Petite descente nous prenons 40km/h et sur le plat je ne décroche pas du 33/35 km/h. Nous allons jouer ainsi plus de 10km mais la moindre montée est une torture. Nous décrochons et j'ai cramé de belles cartouches dans le run. Nous sommes déjà a Besançon à 12h15 avec 35 km au compteur en 1h20 soit 26km/h de moyenne avec au moins 5 pauses
Plus d'eau nous devons faire le plein. Nous nous posons à la sortie de Besançon vers le relais vélo fermé. Nous décidons de manger sur place quand toujours à la recherche de mon bruit je découvre que le support gauche de mon kett est fendu à plus de 50%..... La tuile. J'ai réparé le droit que j'vais cassé avec Lilou sur les quais. Fendu ainsi il n'avait pas supporté un AR à Miribel. J'ai passé 5 baguettes spéciales alu pour avoir quelque chose qui me semblait solide. Et la je n'ai pas collé sur l'Y frame le post à souder ni le groupe electro. Olivier25 n'est pas loin mais je n'ai pas son tel. Il y a Berg aussi qui a soudé de l'alu avec ses vélos.
Donc j'essaye de joindre Mireille, Serge, Malric, et enfin Nico (primprennelle) décroche et me donne le tel de dents blanches
ouf
Comme mentionné sur l'autre post Olivier viendra à notre secours et nous fabriquerons ensemble un beau renfort. Ce support doit peser à lui tout seul un âne mort mais est d'une solidité à toute épreuve
Encore une fois merci à lui!.
Il est 17h passé et nous n'avons fait que 35 km quand nous repartons.
Besançon-Fraisans sera expédié à toute vitesse, malgré la chaleur et les 32 km
Fraisans-Dôle est toujours fait au pas de charge, mais j'accuse une fatigue et nous nous perdons plusieurs fois car les signalements de Eurovélo6 sont plus éparses. Nous sommes dans de très grandes lignes droites sous des immenses platanes où je me surprends à rêver de ma vélomobile sur ce billard..... Par deux fois l'attache coupleur aura raison du système de verrouillage de la roue pourtant système attache rapide standarde à tous les vélos. Les vibrations le dévissent et nous perdrons même l'écrou. Heureusement que j'ai ce système en double. Mais je n'ose imaginer si nous nous détachons à plus de 20km ce que cela donnerait. La fourche de Marie dans le bitume et une remorque chargée à 40kg qui pousse..... Il est 20h passé quand enfin le panneau de Dôle est annoncé. Nous trouvons facilement le camping. Marie insiste pour avoir un petit bungalow et nous obtiendrons le rose de la série
. Elle s'avale une binouze et affiche un sourire qui montre que la mauvaise expérience de la veille est bien acceptée même si elle reste très présente dans les têtes.
Nous sommes finalement très heureux de rouler couplé ce qui apporte un vrai confort, beaucoup de puissance, un lissage pour passer les difficultés (bosses soudaines et changements de vitesses). Enfin nous pouvons beaucoup plus parlé ensemble que lorsque nous sommes détachés, car la larguer du kett et la fréquentation des pistes ne nous laisse que peu de temps pour nous porter à la hauteur de l'autre.
Nous dormons sur une banquette qui soulage un peu les dos.
Bilan de la journée 100km avec une moyenne à 21km/h
Etape 3 : l'infrastructure fait le confort du voyageur Nous levons le camps avec une certaine nonchalance car c'est notre dernière journée. Nous avons trop de travail pour faire demain Dimanche Châlon Lyon et rentrerons ce soir en train.
Nous roulons sommes toujours sur l'eurovélo6 qui est coupée pour travaux. Il n'y a pas d'itinéraire de délestage et nous perdons 1h dans la zone industrielle à chercher la route. Finalement à midi toujours dans le coin, le commerce ou nous achèterons quelques denrées nous indiquera un chemin dans les forets domaniales très agréables. Il fait très très chaud et la crême solaire doit être passée en couche toutes les heures. De mon coté je prends la couleur Brownie. Nous mangeons dans un village de campagne contre l'église du coté de Seurre. Nous retrouvons en début d'après midi la Saône. Nous croisons le chemin d'une personne a qui nous demandons notre route et qui fait du vélo. Elle nous conseille vivement de suivre un itinéraire de délestage que plutôt la D350 beaucoup trop fréquentée ce jour de départ en vacances. Nous passons par Verdun le Doubs et allons repiqué à cet endroit sur la voie bleue. Mal nous en a pris. Comme Micke nous subissons les mêmes déconvenues. Un revêtement pitoyable, des trous de partout. Le matériel souffre énormément; Très régulièrement des travaux nous obligent à quitter la piste et aucun balisage nous indique comment y retourner. Nous ferons de nombreuses impasses qui finissent en cul de sac alors que nous sommes à 20m de cette fameuse piste rendue inaccessible par des propriétés fermées. Une piste vient d'être re-goudronnée mais les 30mm de petits graviers rendent la progression énergivore. Puis d'un coup plus rien, une espèce de chemin de campagne défoncé qui ne va pas du tout à un trike. J'ai eu un sms de Micke en partant qui m'a parlé en 2 mots du problème. C'est pourquoi ayant l'information que plus loin ce n'est pas mieux, nous quittons la piste. Nous sommes au milieu des champs, sur des chemins en pierres, où nous tentons de trouver une sortie au milieu des cultures. Nous sommes enfin sur la route qui nous amène directement dans les faubourgs de Chalon sur Saône. La gare est en plein centre ville. Nous achetons nos billets. La gare est en travaux et ne possède pas de toilettes, pas de passage pour passer les vélos sur le quais. Il faut encore une fois tout démonter et descendre le chargement puis le remonter par les escaliers. Le train à 45min de retard mais nous tombons sur un chef de gare très sympathique qui nous aide. L'accès au compartiment vélo dans les nouveaux TER est vraiment très aisé.
Bilan de la journée 95km avec une moyenne à 19km/h
Nous rangeons les vélos en nous disant : vivement que nous repartons. Vivement que nous repartions aussi avec les enfants.