Strasbourg-Sarre-Moselle-Rhin-Strasbourg (carnet de voyage)

Voilà !
On s'est décidés pour notre 1er voyage de cyclo-touristes. Ce sera du 7 juillet au +/- 16, 17 voire 18 juillet
J'ai proposé à Claudine du super-plat soit le triangle irrégulier Strasbourg-Sarre-Moselle-Rhin.
Ma 1ère question est : Y aurait-il parmi les forumeurs un membre qui dans un coin calme du secteur qui va de Saverne à Wissembourg en passant par Strasbourg pourrait proposer l'hospitalité, ou simplement un regard bienveillant et protecteur, à notre voiture pendant cette période ?
Un bout de jardin, une place devant la maison ou sur la place communale, histoire qu'elle n'ait pas l'air abandonnée et ne fasse pas envie aux prédateurs, éventuellement un bon plan, genre gardiennage dans un parking.
La 2de question concerne des tuyaux pour le meilleur itinéraire cyclable entre Lutzelbourg et Sarreguemines; il n'y a guère qu'une 50aine de km mais autant éviter la N 61, je suppose.
Ensuite, si vous connaissez, que nous conseiller entre Bingen et Strasbourg: la piste le long du Rhin, la route du vin ou... le train (solution à retenir en cas de grosse fatigue, d'humidité excessive ou d'incidents mécaniques ou autres imprévus !)

Merci d'avance !

Revenons aux antécédents !

Cela faisait 2, 3 ans que cela me trottait dans la tête - depuis que je me suis décidé à faire du vélo, en fait - partir en vacances à vélo et plus seulement avec les vélos, faire de l'itinérant plutôt que de l'étoile.
Partir oui, mais partir à 2.
1ère exigence de Claudine, terrain plat ou quasi, ni montagne, ni monts: l'idéal, un canal voire un ensemble de canaux soit le Canal du Midi, soit le triangle canal du Nivernais, canal du Centre, canal de Bourgogne.
Seconde exigence de Claudine: une fois arrivés en fin de journée, ne pas être obligés de reprendre les vélos pour le repas du soir.
Il était évident aussi que nous n'allions pas faire de cyclo-camping mais voyager léger.
L'occasion faisant le(s) larron(s), nous décidons de nous joindre à un groupe d'amis pour 3 jours de marche du côté de Colmar et, surtout, d'emmener nos vélos pour prolonger le séjour.
Ne reste qu'à trouver le parcours lorsque me vient l'idée lumineuse d'aller de Strasbourg à Trèves puis Coblence et retour à Strasbourg.
Je sais, pour les avoir déjà parcourues, en voiture, il y a fort longtemps, que la Sarre, la Moselle et le Rhin sont de superbes vallées et il me tarde de découvrir par la pratique le si réputé réseau cyclable allemand.

A la louche, il y a 800 km; le seul point d'interrogation est de savoir si nous (surtout Claudine qui a une pratique sporadique du vélo) pourrons cumuler les journées de vélo.
Pour plus de sécurité, nous nous donnons 11 ou 12 jours pour le tout, sachant qu'en cas de pépin mécanique ou météorologique, la Deutsche Bahn pourra toujours venir à notre secours.
Et puis ainsi, on ne devrait pas dépasser le seuil psychologique de 100 km journaliers...
Et on fait vœu de s'arrêter vers 17, 18 h pour trouver à se loger.

La zone de pérégrination étant définie, encore faut-il avoir un minimum d'équipement.
Ceux qui connaissent mon rejeton savent que l'anticipation quant à la préparation du matériel n'est pas le point fort de la famille...
À toutes fins, j'avais néanmoins au printemps acheté la sacoche moto proposée par Lidl, elle servira donc !
Pour compléter, je cherche un peu et, 8 jours avant le départ, commande une paire de sacoches Air 40 à Cyclo-Rando...
Nous voilà parés.
Je roulerai donc avec le vélo équipé d'un porte-bagage et d'un garde-boue, c-à-d le Volae, Claudine étant sur son Bacchetta Giro 20.
Dernier point délicat, celui évoqué dans mon message d'entrée, le gardiennage de la voiture.
Je repère un membre du forum non loin de Saverne, je le fais au culot, l'interpelle et il me répond positivement au nom de cette espèce de fraternité des vélos couchés !
Nous partirons donc le 7 juillet de Birkenwald où nous abandonnerons la voiture et ses clés à velotix qui veillera dessus comme si c'était la sienne.
De plus, il nous enverra un point quotidien sur la météo que nous devrions rencontrer.
Dans le genre sympa, on ne fait pas beaucoup mieux...

Nous avons donc 4 sacoches, les 2 Air, une Radical de siège et la Lidl.
Après y avoir mis nos effets, la pesée indique 10 kgs pour les 3 1ères que je trimballerai et 5 pour la dernière qui est pour Claudine.

Jour 1 Birkenwald Saverne 13 km

Arrivés vers 12 h 30' chez Christian « velotix » qui est au boulot à ce moment, nous partons vers 13 h en direction de Saverne.
Petite attention appréciée de Christian, il nous a préparé des cartes du coin et un pense-bête pour franchir le col de Saverne par des voies sympa après Lutzelbourg, là où il n'est pas possible de suivre le canal de la Marne au Rhin.
Mon ambition est de faire une 50aine de km, aller du côté et si possible au-delà de Sarrebourg.
La météo est annoncée pluvieuse pour l'après-midi; en attendant, il fait sec.
Une bonne demi-heure plus tard, nous sommes à Saverne, y mangeons légèrement lorsque, avant que nous ayons fini, la pluie s'invite.
Deux heures plus tard, elle est toujours là et de plus en plus forte.
La sagesse nous suggère de dormir sur place, on trouve rapidement une chambre d'hôtes.
C'est mal parti pour la moyenne, moins de 15 km ont été parcourus et puis Saverne, sous la pluie, c'est un peu comme tous les patelins sous la pluie, c'est limite sinistre !

Ah, chouette, un feuilleton!
11, 12 épisodes?

Bien vu ! 12 !
outre le prologue

Jour 2 Saverne Sarreguemines 111 km

Le temps est radieux, on démarre dès potron-minet (enfin, chacun a son échelle de valeurs – il est 9 h 02'!) nous traversons le canal de la Marne au Rhin pour voir le château se mirant dans les flots lorsque nous sommes interpellés :
« Vous êtes belges ? »
Gloup, ça se voit tant que ça ?
Étonnant hasard, c'est la fille de Christian qui a un job d'étudiant au Club de voile...


La piste le long du canal est en excellent état, comme la plupart de celles que nous prendrons, nous croisons et dépassons nombre de bateaux de location dans cette section très encaissée du canal.
Avant le plan incliné d' Arzwiller, nous continuons le long de l'ancien canal et de ses multiples écluses et maisons éclusières plus ou moins à l'abandon.


Jusque Gondrexange, nous effectuons un des rares tronçons de notre voyage hors pistes cyclables, par des routes calmes, pleines de charme et aussi de côtes assez brèves mais qui se font bien sentir (presque 400 de D+ en 30 km avec de bons petits coup de cul à 10-12 %).
Allons bon ! Le plus dur est fait, il n'y aura plus que du plat jusqu'au bout ! Promis juré !
Nous récupérons le canal et peu après prenons celui des Houillères de la Sarre en bénéficiant d'un agréable vent de dos.


On est ici sur le plateau, on longe les réservoirs qui alimentent les 2 canaux.


Les écluses se succèdent en escaliers, 27 jusque Sarreguemines.
À Mittersheim, nous trouvons le 1er resto de la journée  ; il est un peu plus de 13 h, nous avons roulé 65 km. Nous y mangeons correctement.
Peu avant de partir, nous assistons à une scène caricaturale au cours de laquelle 2 couples hollandais sont « accueillis » comme des chiens au point qu'ils s'en vont sans demander leur reste. On ne nous épargnera pas les propos racistes et xénophobes.
C'est à ce moment-là que l'on se sent un peu gênés de parler français, même avec accent.
Ce mauvais souvenir sera effacé par la gentillesse de l'hôtelier, d'origine étrangère, de Sarreguemines.
Entretemps, je connais ma 1ère crevaison : il fait soleil, je porte mes lunettes de soleil et sous le pont de l'autoroute, plongé dans le noir, je ne vois pas une pierre – sanction immédiate, arrêt forcé.


Nuit à l'hôtel Aux Deux Étoiles.

Bonjour Poupa,
Je suis passé par la vallée de la Moselle début Aout, et c'est vraiment sympa d'un bout à l'autre. bon voyage!

Jour 3 Sarreguemines Trèves (Trier) 123 km

Départ aussi matinal (!)
Le temps est toujours au beau.
Aujourd'hui nous descendons la Sarre navigable.
Après les zones industrielles avant et après Saarbrücken, le paysage devient plus agreste.
Nous croisons notre 1er VC, un Allemand sur Streetmachine avec Bob, parti de chez lui le matin-même pour un périple de plusieurs milliers de km en France.


Arrêt déjeuner à Merzig dans une énorme brasserie dont la clientèle est majoritairement composée de touristes à vélo.
La bière allemande manque peut-être un peu de saveur, elle a l'avantage de bien réhydrater ; elle n'est donc pas contre-indiquée pour le cycliste !
Nous découvrons aussi la signalisation allemande qui pallie largement l'absence pour nous de documentation cartographique ; il faut dire que quand on décide de suivre le cours d'une vallée, ce n'est pas non plus extrêmement difficile.
Il n'empêche, au méandre de Montclair, celui que l'on associe continuellement à la Sarre, nous restons à tort sur la rive droite et devons faire 5-6 km de sentier néanmoins roulant jusque Mettlach.
Les pneus de 23 s'en accommodent comme ils devront le faire aussi de la section suivante de quelques kilomètres qui est plus destinée à des VTC qu'à des vélos de route.
Au sommet d'une brève mais rude montée se trouve une espèce d'étal où boissons et en-cas sont en vente; de même y-a-t'il près du frigo une cafetière et une boîte de dosettes.
Il suffit de se servir et de mettre la monnaie dans un pot.
La confiance est de mise.

Comme la météo annoncée est pluvieuse pour le lendemain, nous nous contentons de longer Saarburg et décidons de continuer jusque Trèves où nous arrivons 2' avant 18 h à l'office du tourisme, juste à temps pour avoir le prospectus des hébergements
Nous nous arrêtons à l'hôtel Astoria, légèrement kitsch, décoré selon le goût de ses propriétaires indiens (ou pakistanais ?).
Nos vélos, comme partout ailleurs, seront les bienvenus, même s'il faut leur faire traverser la salle à manger pour passer la nuit dans une cour intérieure où ils ne seront pas seuls.
Nous mangeons en ville, entre la Porta Nigra et l'Hauptmarkt et profitons de la lumière dorée du soleil couchant sur les bâtiments de la ville.

Jour 4 Trèves (Trier) Mehring 30 km

Ce matin, visite de la ville, près de la Porta Nigra, nous rencontrons une famille américaine, les 2 parents et 4 enfants, sur des vélos en bois construits par le père, (5 vélos et un tandem), on se prend réciproquement en photo.


Ensuite, cathédrale (Dom), basilique constantine, jardin du Palais du Prince-électeur, vieille ville.
Quand on a fait le tour, c'est aussi l'heure du repas, pris en terrasse face à la cathédrale.


Nous descendons ensuite la Moselle.
Vers 15 h, la pluie s'invite, sporadique puis plus insistante.
On s'arrête une heure plus tard dans le village assez banal de Mehring, néanmoins assez
touristique pour qu'il y ait une demi-douzaine d'hôtels et Gästehaus.
Il est vrai que c'est à partir de là que la Moselle redevient spectaculaire, la vallée étant plus évasée du côté de Trèves.
Nous atterrissons chez un viticulteur et y mangeons.
(Une Gästehaus n'est guère différente d'un hôtel, ni par la qualité de l'équipement, ni par les prix pour des services similaires en tout cas; seuls le nombre de chambres, peut-être, et le caractère plus intime de la maison expliquent-ils la classification).
Le Gästehaus Josef Reis vient d'être rénové, ou ouvert et c'est une belle grande chambre, comme souvent durant ce voyage, qui nous accueille.
Notre promenade digestive nous emmène au cimetière, qui cerne l'église au milieu du village.
Ce qu'il y a de particulier, c'est qu'il s'agit véritablement d'un parc en ville, sans clôture autre qu'une haie, sans grilles ni portail; les tombes récentes sont toutes identiques, un cadre de bois entourant un jardinet entretenu avec beaucoup de respect et fréquenté par les proches.
Un lieu de recueillement et de respiration bien éloigné de nos enceintes closes, sinistres et délabrées et à l'écart des centres habités.
Si loin, si proche. Quelques dizaines de km à peine et un culte des morts si différent.

Jour 5 Mehring Briedel 84 km

Journée calme, ensoleillée, dans une région très touristique; sur près de 160 km, la Moselle étire ses méandres au pied des vignes dans un paysage très typique aux nombreux villages échelonnés au long de son cours.



Il y aurait peut-être matière à s'arrêter dans chaque ou presque, nous nous contenterons des incontournables: aujourd'hui, ce sera Bernkastel dont le minuscule centre est envahi par des hordes de touristes.
C'est incroyable d'ailleurs le nombre de cyclistes qu'il y a sur le Moselradweg (chemin cyclable de la Moselle), il ne se passe pas une minute sans que nous n'en croisions ou rattrapions, il est vrai que la fréquentation est plutôt âgée, souvent en couple ou par petits groupes d'amis, cyclistes d'un jour sans doute et de quelques kilomètres à peine mais aussi souvent équipés de vraies sacoches de vélo, les Ortlieb étanches ont la cote, chargées pour 2, 3 jours ou plus de voyage itinérant.
Il faut ajouter également que ces itinéraires sont répertoriés dans des cartoguides très faciles à manipuler, contenant l'essentiel des infos tant pour la visite que l'hébergement et la restauration sans compter que l'offre est encore bien plus étendue avec, notamment, nombre de Wein- ou Biergarten qui ne sont jamais que des terrasses plus ou moins arborées et fleuries.
On voit que l'investissement dans une piste cyclable de qualité avec une signalétique très complète conçue par et pour des cyclistes est une façon intelligente de penser le tourisme.
Nous déjeunons sur la Marktplatz de Bernkastel.

Fin d'après-midi, nous nous arrêtons parce qu'il est l'heure et que rien ne dit que le patelin suivant aura plus de charme.
On se pose au Gästehaus Keglerstübchen à Briedel.
Avant le repas, bien inspirés, nous montons jusqu'à l'église qui domine le village pour y découvrir un paysage de carte postale. Le cimetière qui surplombe la vallée est un lieu superbement serein en cette fin d'après-midi douce et chaude.

Jour 6 Briedel Winningen 82 km

Nous quittons Briedel sur nos « Schlaafrad » ( vélo à dormir ) comme les baptise notre hôte.
Je n'ai pas essayé l'option anglais pour communiquer chez nos voisins teutons, j'ai fait le choix d'essayer l'allemand de cuisine, ma syntaxe est nulle, mon vocabulaire embryonnaire et j'ignore les déclinaisons. Il n'empêche, je me dém...de assez pour que nos conversations ne se réduisent pas à des sujets exclusivement alimentaires.
À toutes fins, l'usage du français est largement méconnu...


La ville « à voir » aujourd'hui est Cochem: grande concentration touristique par une chaleur caniculaire. La halte fraîcheur dans l'église nous permet d'assister à la répétition d'un concert à venir de musique d'orgue française. Inattendu d'y entendre du Charles-Marie Widor.
Nous déjeunons près de la porte de la ville avec un oeil sur nos vélos un peu perdus au milieu de tous ceux qui sont parqués là.



Nous pensions aller jusque Coblence mais une forte averse à l'entrée de Winningen nous dicte l'étape du jour.
Ce sera l'hôtel Adler dans lequel nos vélos dégoulinants fouleront la moquette du hall d'entrée.
Le soir, le beau temps revenu nous voit manger sur la place de la ville qui accueille chaque année la plus longue table commune d'Allemagne et qui s'enorgueillit de connaître les plus anciennes fêtes du vin du pays.

poupa a écrit:

...
1ère exigence de Claudine, terrain plat ou quasi, ni montagne, ni monts
...
le seul point d'interrogation est de savoir si nous (surtout Claudine qui a une pratique sporadique du vélo) pourrons cumuler les journées de vélo.
...
Et puis ainsi, on ne devrait pas dépasser le seuil psychologique de 100 km journaliers...
Et on fait vœu de s'arrêter vers 17, 18 h pour trouver à se loger.

Salut Poupa! (on s'est vu rapidement à Guyancourt...)
bon je vois que nous avons un cahier des charges très similaire pour les randonnées en couple...!
Beau récit en tous cas qui me donne donc des idées de futures randonnées.
On attend la suite...!

Oui, très sympa comme compte rendu, merci !

J'étais passé dans le coin (Bernkastel notamment) ce printemps, lors de mon BRM 600 — mais à une allure trop peu cyclotouriste pour goûter ainsi les beautés de la région. Il n'est pas impossible que nous retournions un jour dans les parages...

Merci pour vos commentaires !
koalalumpur qui a été mon voisin de camping à Ounans l'année passée avant de partir sur son trike pour un tour dans la France profonde, pierre dont j'ai fait la connaissance au départ de PBP, ce qui suscite mon admiration (presque) sans bornes, surtout après lecture des compte-rendus, et Jéjon qui m'a donné le goût du vélo couché.
Mon ambition est seulement de partager des vacances réussies qui sont, peu ou prou, à la portée de tout un chacun.

Jour 7 Winningen St-Goar 55 km

La journée commence mal: le pneu avant du vélo de Claudine est crevé quand nous le sortons de la cave où il a passé la nuit.
En homme prévoyant, j'ai dans ma besace des chambres pour chaque pneu de notre équipage, soit 3 types différents: un 20 pouces et un 26 pouces pour Claudine et 2 de 650 pour moi.
Je répare avant de changer, pratique d'avoir accès aux toilettes de l'hôtel pour trouver le trou, et m'apprête à mettre la chambre de réserve quand je me rends compte que celle-ci est trop grande...
C'est bien du 20 pouces, mais plus large que le pneu du Giro!
J'ai encore des progrès à faire !
Pas très grave, la réparation tiendra jusqu'au bout et tient encore.
En arrivant à Coblence, priorité est donnée à la recherche d'un vélociste; le Moselland-Radwanderführer nous renseigne le Fahrradhaus Zangmeister. Il s'agit d'un grand - très grand même, magasin de vélo avec un atelier en face en plein centre ville, dans le quartier piétonnier. Quand je pense que dans le meilleur des cas, c'est-à-dire s'il y en a, les magasins chez nous sont dans les zones commerciales, bien excentrés.
C'est une manifestation de plus de l'importance donnée à la circulation cycliste dans ce pays.
On remarque d'ailleurs que les villes disposent de larges trottoirs avec souvent les pistes y intégrées, ce qui ne veut pas dire absolument réservées; en pratique, les vélos roulent sur la chaussée, sur la piste ou sur le trottoir et, dans ces derniers cas, éventuellement à contre-sens, sans que les piétons jamais manifestent leur mécontentement.
Il suffit bien évidemment de rouler prudemment... mais cela tombe sous le sens.
La chambre à air qui va, d'une dimension peu courante, est emportée aussi vite.
Coblence a fort souffert de la guerre et ne nous laisse pas un souvenir ému, ce n'est pas le Deutsches Eck, le « Coin allemand », confluent de la Moselle et du Rhin, qui change notre perception avec son monument grandiloquent à la gloire de Guillaume Ier.

Nous mangeons sur la place de la vieille ville Am Plan.

Après avoir descendu la Sarre et la Moselle pendant près de 400 km, nous allons remonter le Rhin pendant plus de 300 km.
La remontée n'est guère plus impressionnante que la descente; il n'y a en effet pas une seule écluse sur toute cette section du Rhin.
Le nombre de cyclos a drastiquement chuté mais par contre le trafic fluvial est très intense.
La vallée est hérissée de châteaux, tous plus romantiques les uns que les autres.
Sans les vignobles qui donnent à la Moselle un côté extrêmement policé, le Rhin romantique qui va d'ici à Bingen est beaucoup plus âpre et sauvage.

Nous nous arrêtons lorsque la pluie s'invite.

Nous sommes à St-Goar et nous nous posons à l'hôtel bien nommé Zur Löreley.

Jour 8 St-Goar Mayence (Mainz) 66 km

On passe donc à face à la Löreley par un temps grisâtre. Merci Richard, il faut faire un peu travailler son imagination...

1ère halte du jour à Oberwesel aux 2 belles églises gothiques. St-Martin à l'avantage supplémentaire de dominer le Rhin.


Ensuite, après avoir vu au milieu du fleuve l'immanquable Pfalz , nous nous attardons à Bacharach.


Après une semaine de disette, nous rencontrons enfin un 2ème VC, un trike qui remonte du Tyrol du sud vers Louvain en Belgique à raison de 100 km journaliers.

Le fleuve dégage une extraordinaire impression de puissance.

L'arrêt à Bingen s'avère décevant, l'évocation d'Hildegarde est insuffisant pour donner du caractère à la ville.
Nous sommes au seul endroit, pour dire, de notre parcours où nous devons faire un choix, soit nous descendons directement vers le sud en prenant la – jolie – Deutsche Weinstrasse, que je soupçonne de ressembler à son homologue alsacienne, soit nous continuons le long du Rhin, par Mayence, Worms et Spire.
Mayence est réputée belle, j'ai dans mes souvenirs scolaires une référence à Worms, avec l'Édit du même nom – un peu comme celui de Nantes si ce n'est qu'il en est à l'opposé – et la cathédrale de Spire m'in-spire...
Va pour la leçon d'histoire!
Nous décidons donc de passer par Rüdesheim, sur la rive droite.
Pour mémoire, il n'y a pas de pont sur le Rhin entre Coblence et Mayence, soit sur 120 km.
Il faut donc prendre le ferry ce qui confère au voyage un petit côté croisière.

Rüdesheim est connu pour sa Drosselgasse de 144 m particulièrement typique. Piège à c...! oui !
C'est la Petite Rue des Bouchers à Bruxelles en pire !
Comme pour nous punir de nous être mis dans les rails du tourisme débile, la piste sur la rive droite est dans un état exécrable; mon pneu arrière ne survit pas à ce qui est réservé à du tout terrain. En fait, j'attendais la crevaison ultime de ce pneu depuis 2000 km, j'en avais donc un neuf dans ma sacoche.


Nous renonçons rapidement au bord du Rhin qui, ici, n'est plus romantique puisque nous venons d'aborder la plaine.
Après Wiesbaden, nous passons le 1er pont sur le Rhin et arrivons à Mayence.
Le centre ville qui, comme partout en Allemagne a fort souffert, a néanmoins gardé un noyau historique extrêmement agréable; nous trouvons à nous loger au Hof Ehrenfels, au pied de la cathédrale.



Édité pour rectification de balises

Plus le "suspense" avance, plus c'est illustré!

p.s.: il y a une petite erreur d'aiguillage dans le lien de la photo de l'église d'Oberwesel, il renvoie vers l’agrandissement de la vue miniature à sa gauche

Merci Vincent pour cette remarque.
En fait, j'ai tué moi-même le suspense en répondant à ta 1ère intervention et l'image Google Earth décrit le parcours en entier.
Le suspense ne concerne plus que la localisation des étapes, le temps qu'il a fait, voire l'état de la route parce que

petit jean a écrit:

Attention , entre BINGEN et Stras , la piste le long du rhin n'est pas goudronnée tout du long , et est exposé au vent le long du fleuve !
La route du vin est très vallonnée, mais plus jolie et intéressante!

or, c'est le choix que nous avons fait !

Suspense, vous avez dit suspense

Super série Poupa. Dommage effectivement que le nombre d'épisodes de la saison 2011 soit connu à l'avance. Contrairement aux étapes que vous faites. J'aime beaucoup l'esprit dans lequel vous voyagez, une sorte de panacée.
Comme pierre (que nous aurions dû croiser en voyage), nous recherchons des parcours peu vallonnés voire plats en suivant des rivières ou mongeant des lacs. Je garde un excellent souvenir du lac de Constance, même si deux jours vous suffiraient alors que nous avons pris la semaine. J'avoue que nous recherchons plus la baignade que les visites historiques. Mais je retiens cette boucle pour des vacances à venir.

poupa a écrit:

Nous quittons Briedel sur nos « Schlaafrad » ( vélo à dormir ) comme les baptise notre hôte.
Je n'ai pas essayé l'option anglais pour communiquer chez nos voisins teutons, j'ai fait le choix d'essayer l'allemand de cuisine, ma syntaxe est nulle, mon vocabulaire embryonnaire et j'ignore les déclinaisons. Il n'empêche, je me dém...de assez pour que nos conversations ne se réduisent pas à des sujets exclusivement alimentaires.

Je trouve que ce surnom allemand pour nos vélos sonne très bien, aussi bien que la version française dodo réservée au tandem de Jean-Lou et Flo.

Génial votre parcours ainsi que les photos beauté des paysage et originalité comme cette famille Américaine avec des vélos en bois.
Si j'ai bien suivi pas trop de crevaison finalement deux ou trois , c'est ça ? avec des pneu fins c'est pas évident, je suis passé en 571 x 24 de Continental sur mon Corsa et ça va bien mieux.

Jour 9 Mayence (Mainz) Spire (Speyer) 108 km

Après visite de la vieille ville et de la cathédrale , nous prenons la route directe vers Worms plutôt que de longer le Rhin et retrouvons les vignobles.
On n'est plus à proprement parler sur une piste cyclable, ce le sera de moins en moins jusque Strasbourg, mais bien sur un itinéraire cyclable, sur des routes peu fréquentées parce que plus ou moins parallèles à des axes plus importants ou des chemins agricoles.

Nous croisons un 2ème trike, sans marquer d'arrêt, il a l'air pressé et, nous, nous avons faim.
Il est vrai que comme nous voyageons « léger », nous n'avons pas de victuailles avec nous, à peine quelques biscuits (ou gâteaux selon le sens que l'on donne aux mots), nous faisons confiance dans les horaires d'ouverture des établissements, dans la fréquence espérée de leur présence sur notre route et...dans notre étoile.
Il faut dire que leurs habitudes, aux allemands, ont de quoi nous surprendre de ce côté.
Outre le fait que nous avons généralement assez bien mangé, certes ce n'est pas vraiment de la gastronomie à la française mais c'est bon, nourrissant et pas très cher, il est possible de manger chaud, sucré ou salé, à toute heure, dès 11 h du matin souvent et jusque 22 h sans discontinuer.
Worms n'a plus guère que sa cathédrale à montrer, belle mais moins que les 2 autres du jour: c'est en effet la journée des cathédrales !
Quant à l'émotion historique, euh... je dois bien reconnaître qu'elle ne fut guère sensible.

Le temps est superbe, chaud même en ce mois de juillet pourri partout.
Nous longeons à nouveau le Rhin, il n'est guère nécessaire de consulter la carte, les indications kilométriques précises sont omniprésentes et des flèches directionnelles sont installées à chaque carrefour, qu'il y ait changement ou non. (Profitons-en, cela ne va pas tarder à changer !)
La véloroute est tellement bien conçue que l'on contourne Ludwigshafen, très gros centre industriel, en n'apercevant que de loin le complexe de la B@SF, emblématique de la région.
Notre 1er contact avec Spire est une Gästehaus, certes de charme, qui affiche une zimmer frei à … 130 € !
Les prix des hôtels sont toujours petit déjeuner compris contrairement à la pratique française. Le prix annoncé paraît donc plus élevé mais il n'y a pas de différence pratiquement.
Le petit déjeuner se présente généralement sous forme de buffet dit continental assez varié mêlant sucré et salé.
En l'espèce, selon la formule consacrée, nous disons que nous allons réfléchir !
Bien nous en prend, l'hôtel Goldener Engel nous accueille pour un tarif, certes respectable, qui nous permet, pour le même prix, d'inclure un repas sympa en ville.
Allez savoir pourquoi, nous n'avons trouvé que des hôtels 3 étoiles - comme s'il n'y avait pas de 2 étoiles - oups, nous avons dû revoir notre budget à la hausse; en effet, pas de petit hôtel à 50/60 € ni de chambres d'hôtes à ce prix-là non plus.

Spire est notre coup de coeur de ce voyage; c'est une petite ville avec une cathédrale splendide, baignée ce soir-là dans un soleil couchant qui réchauffe la pierre, la Maximilianstrasse, grande rue qui relie la cathédrale à la porte de ville bruisse du seul bavardage des consommateurs des innombrables terrasses ensoleillées et n'est fréquentée que de piétons et de cyclistes.

Jour 10 Spire (Speyer) Wörth am Rhein 55 km

Le temps est splendide, nous visitons la Judenhof et la cathédrale (Kaiserdom) et décidons de manger sur place avant de continuer la route pour profiter encore de la ville et de son animation.


Trois trikes, qui ne sont pas ensembles, sillonnent la ville; nous sommes interpellés par un couple de français un peu plus jeunes que nous, cyclo-touristes itinérants également – mais pas à leur 1er essai, intéressés par nos vélos. Madame ne supporte plus que difficilement le VD et ils sont déjà allés depuis leur Franche-Comté jusque Lyon pour essayer des Bacchettas. Celui de Claudine est donc l'objet de toutes les questions.
Nous repartons sous un soleil de plus en plus chaud, prélude à une journée pluvieuse annoncée.
Il y a de nouveau du monde sur la voie cyclable aujourd'hui, nous sommes samedi.
Peu avant Germersheim, un train à l'arrêt bloque la piste, c'est l'occasion d'échanges avec d'autres randonneurs notamment à propos de nos vélos; ils ne sont cependant pas aussi surpris qu'en d'autres endroits, nous croiserons d'ailleurs successivement 3 VC guidon bas, effet Spezi sans doute...

Le long d'un bras mort du Rhin, nous faisons une halte dans un Biergarten paradisiaque, vu la chaleur, sans palmiers mais avec sculptures antiques (en toc), tables ombragées dans l'herbe et vue sur le plan d'eau.
Avec celles consommées aux repas du midi et du soir, nous en serons à 3 x 0,5 l = 1,5 l de bière sur la journée...
Somme toute une consommation bien raisonnable par cette température; il ne faut pas oublier que la pils est ici du pipi de chat, idéale pour la réhydratation.
La randonnée vélo n'est pas synonyme de privation, que du contraire.

Nous nous arrêtons à Wörth am Rhein parce que nous ne sommes pas sûrs de trouver un logement plus loin sur la route à une heure décente.
Un hôtel complet, un fermé et le 3ème, l'hôtel Insel, presque désert...
Dans le seul resto que nous trouvons ouvert, nous sommes les seuls clients...
Un peu sinistre pour un samedi soir d'autant que la localité est sans charme.
La pluie est au programme de demain, demain qui, comme on le sait, est un autre jour.

Jour 11 Wörth am Rhein Strasbourg 92 km

On ne nous avait pas menti; il pleut et, nous ne le savons pas encore, il pleuvra toute la matinée.
D'avoir retardé le départ jusque 10 h 30' ne nous sauvera pas.
3 grosses heures plus tard et 55 km plus loin, alors que la faim nous tenaille, enfin presque, que, à la longue, on commence à se rafraîchir – l'expression plus un poil de sec prend ici tout son sens, on tombe miraculeusement sur le Relais du Rhin à Drusenheim où, malgré notre mine pitoyable et l'eau qui ruisselle de nos vêtements, nous sommes accueillis chaleureusement dans cet établissement bien tenu qui reçoit des repas de famille par ce dimanche un peu terne (l'opposition ferme de Claudine au nom de son droit à l'image s'oppose à la publication de la seule photo qui y est prise).
Cela nous change, ô combien, de Mittersheim !
Nous mettons des habits secs et le resterons jusque Strasbourg, avant-dernière étape.
Les sacoches de randonnée prouvent leur qualité à résister à une pluie soutenue pendant plusieurs heures.
Le passage de la frontière nous avait mis brutalement face à la différence de culture cycliste entre les 2 pays: les indications ne sont le plus souvent... qu'indicatives, la véloroute n'étant plus rigoureusement fléchée mais vaguement jalonnée de panneaux plus ou moins précis.
C'est trop souvent au pif qu'il faut deviner l'axe principal en espérant qu'un panneau confirmera plus loin la pertinence du choix.
Dans ces conditions, il s'avère que le tracé est en état convenable, parfois excessivement granuleux mais bien roulable, contrairement aux craintes suscitées par petit-jean. Quant au vent contraire sur les rives du Rhin, disons que quand le temps est au grand soleil, cela importe peu et que quand il pleut à verse, c'est légèrement accessoire !

Il ne faudra pas longtemps non plus pour qu'un automobiliste klaxonne les importuns que nous sommes. Définitivement, nous avons quitté l'Allemagne !
À Strasbourg, nous avons le temps de visiter la cathédrale avant de nous mettre à la recherche d'un hôtel, ce sera celui Aux 3 Roses. Nos vélos y passeront la nuit en compagnie de 8 autres, droits ceux-là, veillés par la planche à repasser de l'établissement.
Nous cumulons la visite de la ville avec la recherche d'un resto pour le soir.
Enfin, nous fixons rendez-vous avec Christian qui ne travaille pas le lendemain et viendra nous cueillir sur la route.

Jour 12 Strasbourg Birkenwald 48 km

En fait de rendez-vous, comme il est manifestement plus matinal que nous, ce sera vers 9 h 30' devant la cathédrale !
On s'y retrouve en effet et il nous guide pour la sortie de la ville nous emmenant par le canal de la Bruche puis la voie verte vers Birkenwald.

Plat de pâtes chez lui avant de repartir vers l'Île-de-France dans l'après-midi.

Voilà ! C'est fini !
Une chouette expérience à la portée de quasi tout le monde - ou n'importe qui, c'est comme on veut - pas de grandes choses, des petits bonheurs, celui de pédaler, de regarder devant soi, de se laisser aller, de partager, de vivre quoi !
À portée de main (ou de pneu) !
Et à refaire...

Merci !
J'ai passé un bien agréable moment à lire ce recit.
Un voyage interessant, fait et raconté par des gens qui font les choses avec simplicité.
Exemple à suivre. Merci encore.