J'arrive à peine à le croire, de pouvoir poster de nouveau et enfin dans cette rubrique sacrée!
Deux ans après ma dernière longue distance j'avais un besoin furieux de rouler du 'gros' ...
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Après l'interruption brutale de l'an passé ma cheville se trouve toujours avec sa quincaillerie et lors d'une sortie de 220 km avec beaucoup de d+ au mois d'octobre dernier j'avais du abréger pour cause de douleurs excessives. J'avais donc des craintes plus que justifiées sur la faisabilité de rouler une SR. Mais depuis le mois de février, après des dizaines de séances de kiné, d'ostéo et quelques unes d'acupuncture, le rétablissement était arrivé dans une accélération et lors de quelques sorties vtt, impensables encore cet automne, je me suis rendu compte que côté cycliste la récupération était presque totale.
Bon, tout ceci était bon mais ces derniers mois la vie familiale et professionnelle m'a énormément occupé, rien que du bon mais un déménagement qui a pris et prend toujours beaucoup de temps, un boulot énorme mais heureusement ça s'est calmé un peu, et donc l'impossibilité de prendre du temps pour faire quelques grosses sorties à titre de préparation, du coup, j'ai du optimiser mon temps disponible et j'ai préparé cette SR en roulant, à quelques exceptions près, des sorties de quelques heures, mais nombreux ...
Autre contrainte professionnelle: aucune certitude de pouvoir me libérer le temps d'une SR à partir de début juin jusqu'à mes vacances.
Le résultat est que j'avais exactement un weekend, plus 1 ou 2 jours, pour rouler et ceci du 26 au 29 mai.
Donc pas de BRM 400 non plus pour me mettre dans le bain.
Pour couronner le tout, avec les retards que le projet Pelso a pris et mon Schlitter Encore vendu au mois de février, je n'avais jusqu'à mercredi dernier pas de vh, ni pour rouler cette SR et encore moins pour m'entraîner. D'ailleurs, la nécessité de monter le Pelso m'a privé de précieuses heures de sommeil dans les nuits précédents la SR.
C'était donc, je peux bien le dire je pense, de la folie totale de prendre le départ en vélo couché sans en avoir fait les 4 mois précédents et aussi de choisir une SR comme LD de 'reprise' après une absence de 2 ans.
Mais voilà l'appel du large était là, il fallait que je le fasse. Et à côté de toutes ces choses qui était plutôt inquiétantes il y en avait quelques unes de positives aussi:
- Premièrement le Pelso Brevet, que j'ai eu en test sur 2000 km sous forme de prototype, il n'y avait rien à redire, j'avais une confiance totale dans la bestiole.
- Sur le Pelso j'ai monté un pédalier ovale, ce que j'ai également sur un de mes vd, et sur ce vd justement j'ai fait de nombreuses sorties en prenant soi de travailler ma cadence et surtout la rondeur de mon pédalage (ce qui convient bien aux pédaliers ovales je trouve) et je savais que j'allais pouvoir 'transposer' cette dynamique sur le Pelso, même si la position est couché.
- En une sortie j'allais faire presque autant de km que ce que l'on croit nécessaire à un novice pour s'habituer à rouler en vh. Avec d'autres mots, je m'attendais à avoir des jambes douloureuses les premières heures mais j'avais toute confiance à ce que les sensations deviennent bonnes en cours de route. L'inconnu était à quel moment? Au km 599 aurait été un peu tard ...
- Grosses nouveauté: le délai des SR est passé à 60 heures pour l'ensemble des épreuves. Je n'avais aucune envie de mettre autant de temps mais au moins ça me donnait une chance supplémentaire de réussir en cas de difficulté. A titre de renseignement: mon tableur qui me calcule mes feuilles de route me donnait un temps de 42.5 heures pour le parcours.
Et oui, aussi un dernier petit hic encore : j'ai cru que j’allais pouvoir rouler 'mon' Léman dément mais j’ai du apprendre que la route des Glières était totalement fermé pour cause de travaux, puis qu’elle était quand-même ouverte les weekends, puis, le mardi avant le brevet j’ai appelé la mairie du Grand-Bornand qui m’a confirmé autre chose: Le col de la Colombière (qui s’ouvre habituellement vers le 20 mai) allait resté fermé car impossible à déblayer avec les quantités de neige qu’il y avait encore …
Le mardi avant le brevet je choisis donc de rouler la SRHP.
Quand j’ai commencé la LD j’avais l’habitude de préparer mes brevets minutieusement; je connaissais chaque col et ces différents secteurs, je savais par quels villages j’allais successivement passé, où se trouve les fontaines, etc…
Après, disons deux ans, j’ai changé un peu et j’ai découvert lors de sorties LD individuelles le plaisir de rouler sans passer en revue toutes ses paramètres et aussi que je ne roule pas du tout plus lentement en prenant les cols tel qu’ils viennent.
Puis pour ce brevet je suis venu à un paroxysme (pour moi en tout cas) en ce qui concerne l’absence de préparation. Ma feuille de route j’aime bien quand-même, d’autant plus que j’était en manque totale de repères, puis il suffit d’y entrer les données de chaque point de contrôle pour me donner des estimations assez précises d’heures d’arrivée pour chacun des endroits. De toute façon ça ne prend qu’une demi-heure à remplir.
J’ai aussi jeté un rapide coup d’oeil sur le profil de la sortie, ça donne une indication pour trouver des endroits où dormir.
Je voulais donc rouler aussi longtemps que possible le premier jour (départ à 8h du mat) pour rouler jusqu’à ne plus en pouvoir et dormir après Sisteron (environs 280 km) tout en sachant que le profil Openrunner montre une grosse bosse après Sisteron (Montagne de Lure) et que si je pensais ne pas arriver à la passer, il fallait mieux que j’évite de dormir à 1500 ou 1600 mètres d’altitude à quelques kms du sommet.
Dormir 3 ou 4h dans un coin herbeux accueillant et à trouver à l’improviste.
Et re-rouler toute la journée pour voir jusqu’où j’arrive et retrouver un coin sommeil durant la nuit.
Puis terminer le reste en 2-3 heures de façon à arriver, j’espérais, vers 9-10 h le lundi-matin.
Seul problème: ce calcul me donne un ‘retard’ de 7-8 h par apport à ma feuille de route qui devrait pourtant être précise.
Je me suis donc dis que ces calculs pour l’instant n’étaient pas tenables pour moi au vue de la situation.
La météo m’a également donné des sueurs, surtout des froides les jours avant car les prévisions annonçaient de l’orage sur le Ventoux le dimanche après-midi à l’heure de mon passage…
Ayant roulé pas mal dans le sud déjà j’ai quand-même eu le bonheur de constater qu’il y avait beaucoup de nouvelles routes, disons 95% et j’en étais ravi car à part le Ventoux, que je ne connaissais que de réputation, et la Montagne de Lure (que je ne connaissais même pas de réputation mais que j’ai vu quelques fois sur le forum) je ne savais absolument pas où j’allais passer. Et ça ne m’embêtait pas le moins du monde.
Départ donc samedi-matin, il fait beau sans plus. Ma chambre d’hôtel était au rez de chaussée et j’avais pris mon vélo avec moi en arrivant la veille de façon à pouvoir tranquillement terminer la préparation. S’il n’y avait pas eu un angle un peu méchant après la porte (qui donnait directement sur l’extérieur) j’aurais pu entamer cette SRHP directement depuis ma chambre …
Rapidement j’allais arriver à Gréoux-les-Bains et c’était la seule route dont je savais en avant que je l’avais déjà prise. Il y a quelques années, lors du 600 de Carcès, je m’y suis trouvé sous des tonnes d’eau et un orage qui ferait fendre en deux un rocher de peur.
Mais rien de tout ça maintenant. L’absence de difficulté météorologique me permet d’ailleurs de me concentrer sur plusieurs choses.
Je ne l’avais d’ailleurs pas mentionné plus haut mais j’ai également fait un gros travail sur ma respiration (je crois que j’ai fait feu de tout bois pour me préparer ;-) et je passe très régulièrement en hyperventilation volontaire durant 2-3 minutes. J’ai l’impression (mode pincettes ON) que cela m’aide vraiment à oxygéner les muscles. En tout cas, je me sens encore ;-) mieux en roulant en procédant ainsi.
Puis le vélo, dès les premiers tours de pédales (j’avais fait une 30-aine de km avant) la sensation est bonne, je suis bien dessus, les bosses passent bien, la vision, l’ergonomie, tout est là …
Et finalement les jambes. J’avais déjà remarqué lors de ces premiers km comment mes jambes protestaient contre les efforts en vh. Je sais maintenant exactement quelle partie du quadriceps est utilisé plus en vh qu’en vd.
Premières bosses prises je vois que des panneaux montent la direction des Gorges du Verdon, et c’est la route que je suis sensé suivre … ça c’est sympa! J’ai toujours voulu voir et je ne m’attendais pas à ce que le spectacle allait être si magnifique.
Entre-temps le voile nuageux avait laissé la place à un ciel joliment ensoleillé, ce qui était très bien pour les photos, mais un peu moins bien pour ma climatisation interne.
En partant ce matin j’avais mis mes manchettes et jambières qui sont en matière anti-uv et assurent une protection parfaite, or, avec la chaleur je remarque que mes bras surchauffent et c’est là que je me rends compte que dans la précipitation du départ j’avais pris mes manchettes d’hiver …
Tant pis, il n’y avait aucun endroit pour me laver les mains donc il était hors question que j’enlève mes manchettes pour mettre de la crème solaire à la place.
Je roule et il devient de plus en plus chaud, je jette un coup d’oeil sur mon Garmin, il m’annonce 32°, ouf, c’est chaud, ça passe mais c’est juste.
Toutefois, je commence à être à court d’eau. Mais pas de panique, j’ai beaucoup bu et je peux pédaler sans soucis encore 1 bonne heure sans rien boire.
J’arrive vers le km 100 et je décide de faire une petite pause à l’ombre de quelques petits chênes.
Je constate toute de suite qu’il va falloir faire attention aux pneus durant les pauses: la douceur maquisarde percerait sans vergogne le suave et brillant caoutchouc de mes pneus Hutchinson.
Bref, à boire il n’y a plus rien mais je me prends un de mes petits sandwich, ça fait du bien aussi, et je compte sur ma bonne étoile pour m’apporter de l’eau bientôt.
Après cette pause, qui m’a permis de constater que j’avais bien avancé quand-même, je lève un peu le pied, je n’ai pas besoin d’aller plus vite que ma feuille de route.
Et une 10-aine de km plus loin je trouve de quoi faire le plein d’eau à Trigance.
J’ai l’impression de boire des litres avant de faire le plein du camelback.
Jusqu’à là j’avais également mis du malto dans l’eau mais puisque je roule à un tempo pas très élevé j’hésite un instant d’en remettre avant de le faire quand-même.
Je suis à la limite de la saturation de sucre mais mon manque d’appétit général me fait décidé de forcer un peu. J’ai confiance dans mon ressenti mais je crains aussi un peu de passer à côté de quelque chose et de me retrouver avec une fringale.
Je reprends le chemin pour faire, je m’en rends vite compte, l’autre moitié des Gorges du Verdon, c’est à dire la rive droite, en passant à distance visuelle - même quelques dizaines de mètres à un moment donné - des routes sur la rive gauche que je venais d’emprunter plusieures heures avant. C’était marrant.
De ce côté ça passe d’abord par la route des crêtes -qui montent à presque 1300 mètres en une petite 20-aine de km- et j’avais profité de la fontaine à Trigance pour me mettre de la crème solaire et d’enlever les machettes et jambières. Encore une fois la précipitation du départ avait été mauvais conseiller: je m’étais trompé de tube et avait pris une crème vieille de 6 ou 7 ans qui m’avait déjà joué des tours: il est très épaisse, inétalable, ne pénètre pas dans la peau, et il faut se laver les mains pendant 15’ avec de l’eau à 60° et un décapant de chantier naval pour l’enlever. Bref, tant pis, j’avais beaucoup trop chaud et il fallait assumer.
Une bonne partie du parcours j’avais un look clownesque.
Arrivé en haut des Crêtes il faut évidemment redescendre et là Sophie a bien rendu attentif au fait qu’il n’y a pas de barrière de sécurité. Une petite vérification sur la carte en tapant ce récit montre qu’il y a facilement 500 - 600 mètres de vide à côté de la route.
N’empêche, l’état des routes est bonne, je croise très régulièrement des cyclistes (parfois en randonneuses hyper-chargées) et les automobilistes sont sympas.
A chaque descente j’envoie le Pelso (ou plutôt je le laisse rouler parce que avec le 42 x 10 je suis de toute façon trop 'court' pour atteindre des vitesses astronomiques) comme il l’entend. J’ai à peine à le guider ;-)
A suivre