On arrive désormais sur le plus beau secteur du Brevet, un long flirt avec les Alpes Mancelles, suivi du Perche -seul l'intermède Fresnay, La Hutte, Mamers est plus chiant-.
Je vais vraiment mieux, ça se sent dans le coup de pédale, je ne traine plus.
Cette route du Paris Brest Paris me rappelle aussi le fameux
Rennes Nogent Rennes de 2010 avec une sacrée troupe de couchés (Alex, Marcel, Bertrand, Malric, Carance, Cyclochica, Jean Lou, HleDu) !
J'aimerai bien retrouver un tel engouement... le 600 d'Angers y ressemblera peut être !?
Bref, je raconte mes vieux souvenirs à Thomas, il fait beau, le vent se fait un peu moins sentir dans les vallons, la route est belle !
Mais plus on se rapproche de l'Est et plus on voit le ciel noir se rapprocher de nous.. merde !
Nous arrivons pile à Sougé quand la pluie tombe et le vent se lève ;
J'ai la bonne idée de vouloir faire découvrir les superbes toilettes du village à Thomas, et d'en profiter pour faire le plein et mettre la veste de pluie.
Ces toilettes ont une vraie porte d'entrée de vielle maison, sont propres, sentent bon, c'est si rare.
Mais les voisins sont déjà sur le trottoir, il est 16h30 et ils sont complètement bourrés !
Thomas se fait piquer un bidon, un mec l'emporte avec lui dans la maison, l'autre prend un autre bidon et fait semblant de pisser dedans (je l'arrête avant qu'il soit trop tard car il avait l'air si con qu'il aurait pu le faire).
Thomas (ose) rentre(r) chercher son bidon, un autre gars sort, encore plus bourré et insiste lourdement en me prenant par l'épaule pour que je vienne.
Il finit par prendre le vélo de Thomas !
Je l'arrête et il le lâche tant bien que mal.
Je me demande si Thomas s'en sort à l'intérieur et je ne peux pas laisser l'autre ivrogne seul avec nos vélos...
Il commence à être un peu agressif, ça me gonfle et j'hausse un peu le ton.
Thomas sort enfin et on se casse.
Ce n'est pas fini car le moins bourré de tous tient absolument à pousser Thomas pour partir... il le fait !Thomas s'en sort bien.
J'en profite pour partir aussi mais il veut absolument que je lui tape dans la main, ce que je fait le plus prudemment possible.
OUF !
On rentre désormais dans le pire intermède météo : vent violent en bourrasques, grêle, pluie... je vois Thomas zigzaguer franchement !
J'ai bien fermé ma veste et ma capuche mais le vent s'engouffre encore dedans, ça décoiffe !
On se traine à 20 km/h en descente tellement c'est risqué.
Au loin on voit déjà le ciel bleu, ça ne va pas durer.
On se tape la ligne droite de La Hutte et on s'arrête au soleil dans la pampa enlever les vestes, grignoter, s'étirer.
Mais rapidement un autre épisodes orageux nous menace.
Je sens qu'on peut l'éviter si on passe St Rémy du val (très beau village). J'accélère avec en point de mire des groupes qui se confondent dans le Colza.
On passe St Rémy et la pluie nous aura épargné. Le rétro nous rassure, le gris est derrière nous.
Bientôt Mamers, sous le soleil à nouveau.
Dans la dernière bosselette, je sens un jeux dans mon pédalage... bordel de merde qu'est ce qui se passe !?
300m plus loin ma manivelle gauche se désengage et se retrouve parallèle à la droite !!!
Alors là, du jamais vu !
Ce beau pédalier jadis sur le Z se fait la mâle ! Il faut "jsute" une BTR assez longue pour le revisser, que nous n'avons pas...
Thomas reviens vers moi et cherche un vélociste dans Mamers... c'est reparti, je pédale d'un pied (la classe en vélocouché).
La côté est raide... on descend dans la ville mais on trouve porte close et surtout devanture morte..
Il y en a un autre, on repars mais pas vraiment dans la bonne direction ; je demande à un passant qui me confirme qu'il y en a un autre mais à l'opposé...
Ce qui est aussi bien car sur notre route !
Je traverse tant bien que mal la ville, parfois à pied. Thomas est parti en éclaireur.
On y est ! OUF bis !
Le gars qui ne devait pas être là est bien là, quelle chance !!
Vite fait on dévisse, on zyeute, le filetage dans le fond semble abimé !
On remonte avec du frein filet... le gars serre un peu fort et les manivelles ne tournent pas assez librement, on desserre avant que le frein filet n'ait trop pris, c'est limite !
Et bien voilà, que peut il m'arriver de plus aujourd'hui ?
PLUS RIEN !
Je m'excuse auprès de Thomas pour le retard d'une heure... on ne rentrera pas à 2h du mat comme prévu mais 3h.
On repart limite sous la pluie mais très vite le soleil est là. Les collines du Perches sont un peu raides par moment, j'ai un coup de mou (trop d'arrêt statique).
On est vraiment mais vraiment content d'arriver à Mortagne !
Tous les deux un peu emprunté, on se jette dans le premier bar, un groupe de cyclos en sort..
Pas de bol (ou peut être que si en fait), il ferme dans 15mn, à 20h.
On mange nos victuailles préparées la veille, c'est trop bon de manger ce qu'on aime et ce qu'on a préparé.
Thomas engraisse une vielle chienne au saucisson, et sa maitresse est toute contente :-) Il en profite pour lui donner quelques conseils de santé, c'est sympa !
20h, on se tire sous le volet déjà presque tiré. On se met au soleil car il caille vraiment !
Étirements, assouplissements.. ça tiraille mais ce n'est pas pire... coup de fil et hop !
Les plus beaux moments du brevets sont devant nous, nous sommes sur le retour, nous avons parcourus 285 km, le vent sera favorable puis s'estompera, le soleil couchant, les toboggans : yeah !!!
On se délecte des belles descentes, on monte pas trop mal, le soleil glisse sous l'horizon.
Un petit déraillement pour informer Thomas qu'un double c'est plus chiant qu'un mono et hop, c'est parti pour 12 km de furie, de descente, de belles routes avec ce sunset !
De Bellême à St Comes, j'ai le souvenir que ça roule bien.
Ce sera le cas, ça fonce, c'est très grisant, c'est magnifique.
On rattrape des cyclos à St Comes car on a fait une très belle moyenne, on pointe vite fait en photo et on rentre dans la nuit.
Jusqu'à Beaumont, c'est plat mais avec moins de rendement, on file en espérant se prendre un bon café à Beaumont sur Sarthe.
Je découvre dans mon rétro que Thomas me fait des appels de phare... ba non en fait c'est son phare qui s'amuse à jouer à "jour/nuit - jour/nuit" !
Frustration énorme car le restaurant est en train de fermer.. on rentre, on tente mais on ne fait pas assez pitié pour que la tenancière cède. Merde !
Je suis déçu et je sens alors que l'étape jusqu'à Sillé va être longue (je sais que la route est pourrie et vallonnée).
On grignote sur le trottoir en essayant de ne pas trop se refroidir et on ne tarde pas trop.
Je suis rassuré de voir qu'il n'y a que 22 km jusqu'à Sillé. une heure si tout va bien.
C'est raide et je commence à avoir une envie terrible de chaud, de café, voir même d'un bon divan !
je pense qu'on va trouver notre bonheur à Sillé, malgré l'heure (bientôt minuit).
Je m'endors un peu et laisse filer à nouveau Thomas.
La nuit nous roulons parfois assez loin l'un de l'autre, quasiment au même rythme ; c'est le silence naturel de la nuit, qui appartient à chacun. Et puis parfois il y en a un qui passe devant et file, c'est marrant de voir les "hauts et les bas" de chacun sur une longue distance.
Avant Pezé le Robert, je suis toujours endormis...
Mais je me fait violence avant St Rémy et entame un sprint de 2 km pour retrouver Thomas. Ça réveille !
On passe devant mon ancienne maison et on arrive à Sillé, il ne nous reste que 50 km !
Yeah, double yeah !!
Le café est ouvert et on retrouve nos cyclos !
C'est vraiment trop trop bon ça.
Ca discute, ça rigole, ça boit des cafés, ça s’échange des victuailles, morceaux de gingembre confit contre petit beurres, chocolat contre fruits secs !
Je reprend un grand café pendant que la troupe s'apprête à partir.
Thomas veut partir avec eux (ils sont 4).
Vu que je connais parfaitement la route (ancien vélotaf), je lui dis qu'on se reverra tout à l'heure, pas de soucis.
Je prends le temps de discuter avec le patron, je m'habille bien avec la veste pour être au chaud et je file seul.
Je pars comme une bombe (enfin, c'est l'impression que j'ai), gauche droite, un chat à trois patte se dandine comme un fou sur la route !
Je fonce vers la sortie et qui vois-je ?
Thomas est arrêté.
Il s'est planté deux fois de route.
On repars ensemble. J'ai envie de tracer.
A la sortie de Sillé un engin agricole énorme me fait de l’œil dans le rétro..
Je commence à accélérer car je vois qu'il va bien vite le bougre.
Il me double et la descente arrive, top.
Je me cale derrière lui, au chaud et file à 50 km/h.
Bon ça ne dur pas longtemps et 2 kms après il rentre à la ferme, dommage.. en même temps,je pense que j'aurai vite craqué :-)
Les cylos partis un peu avant nous sont en ligne de mire.
A Rouessé-vassé (ancien lieu de velorizoNormandie), il y a une fête foraine et des auto-tamponneuses, j'hésite à m'arrêter et faire un tour mais non en fait.
Je ralenti pour que Thomas recolle, je m'amuse en zigzaguant à éviter les bandes rugueuses avant la voie ferrée ;
Thomas me voit donc vaciller, m'appelle !
Mais non Thomas, je joue, je ne m'endors pas :-)
Il reste moins de 15 mn de bosses et toboggans, ensuite il restera une belle vallée à longer avec une seule belle côté et on arrive.
Je m'amuse à remettre les gaz, les petits feux rouges au loin m'attire.
Je grimpe bien je descend à fond et rattrape le groupe à Evron.
Le groupe se coupe en deux dans la ville... et je coupe complètement mon effort.
On cause, c'est sympa, on sait qu'on est arrivé !
Thomas revient vite et on repart tous les deux dans la nuit.
Je m'arrête 2mn à Montsur, Thomas file tranquillement (comme il dit :-), le groupe me repasse.
Il reste 15 km et une belle côte.
Je roule auprès du groupe, tranquillement.. et puis je ne vois pas de Thomas !
Donc j'en remet une couche (ce qu'il me reste) et tente de le rattraper.. Ce n'est qu'après Argentré que je le vois enfin.
Il nous reste Laval a traverser.
J'ai le bonheur de me faire enguirlander par un connard de policier en voiture qui me double en mangeant le terre plein centrale avec le giro et en me gueulant "ya une piste cyclable à côté", tout en tapant sur sa portière !
Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'il se tire avec ses potes.
Zen, restons zen.
On file dans la ville, on y est !
A non presque.. Thomas nous fait une petite glissade gravillonneuse pour fêter ça !
L'accueil est top, on mange plein de sandwichs, on boit de l'eau à bulle et même du bon café, on discute avec les cyclos qui arrivent...
On traine un peu, on est bien.
Il ne reste que 10mn de vélo pour se mettre sous la douche.
Merci Thomas pour cette ballade venteuse et exigeante mais surtout pour le partage et ta bonne humeur !!
RDV au 600 d'Angers !