Quelques jours à pédaler sur le haut-plateau du Cézallier dans le Massif central, la suite de l’initiation à la montagne en tri. C’est la lecture du blog de Veloblan (lien en fin de message), ses commentaires et ses photos qui m’en avaient donné l’envie. Le moment, les quatre jours de canicule de fin juillet, n’était pas le mieux choisi, même si la chaleur est moins forte là-haut, à 12-1300 m ça tape quand même très fort l’après-midi, d’autant qu’il n’y a souvent aucune ombre sur des kilomètres. On touche heureusement en fin de matinée une petite brise rafraîchissante. En dehors de la chaleur, météo parfaite, pas de vent, ce qui doit être assez rarement le cas sur ces vastes étendues, des nuits très agréables et reposantes sous la tente.
J’avais au départ prévu d’aller naviguer plus large pour glaner quelques montées et quelques cols supplémentaires, la grosse chaleur a limité la longueur des sorties au rectangle Compains-Montgreleix-Anzat-St-Alyre. Pas de regrets, les routes sont si belles dans les estives qu’on a envie de les reprendre encore et encore, pour des détails, pour la transparence de la lumière qui change sans cesse, pour les perspectives (ah, le massif du Sancy depuis le lac d’En Haut de la Godivelle tôt le matin…).
Le point de départ était le petit camping quasi-désert d’Espinchal (26 € pour 4 nuits !). Espinchal est à 1000 m, on peut rayonner, on va monter par une route magnifique jusqu’à la Godivelle, 18 habitants l’hiver, ses deux lacs et sa grande fontaine. Au lac d’En Haut, on se croirait aux premiers matins du monde. On file vers Saint-Alyre, en allant vers Boutaresse, deux pitons jumeaux caractéristiques dont on va faire le tour, l’un avec une croix au sommet, l’autre avec une statue. J’ai d’abord pensé que c’était le Luguet, mais en regardant la carte, le Signal du Luguet se trouve au loin derrière, dans l’alignement. Ma carte IGN au 1:75 était mauvaise (je n’avais pas de carte bleue au 1:25, erreur), je demande donc quels sont ces rochers, et bizarrerie, personne de la région n’a su me donner leur nom. Après avoir trouvé une carte d’état-major, je vu qu’il s’agissait du Chabrut et/ou du Loubinat. Plaisir de la navigation sur cartes papier.
Plus loin, le joli col du Vestizoux puis la descente sur Anzat (belle descente aussi au retour du Vestizoux à Boutaresse). De Boutaresse, on traverse le cœur du haut-plateau en passant par le mont Chamaroux et le col du même nom. Des kilomètres de quasi-solitude sans ombre, des vaches partout, les odeurs des bêtes, le son de leurs cloches. Images d'autres temps, d'une autre campagne qui remontent. De très jolis sites autour de la route.
Une belle route entre Compains et la D32 en passant par Brion (superbe descente au retour vers Compains ou le camarade Veloblan m’en a mis plein la vue, je n’avais pourtant pas fait chauffer les freins !). Brion où on trouve un petit resto perdu de cuisine d’herbes tenu par une vieille dame, pittoresque comme ils disaient autrefois dans les guides, mais malheureusement fermé en semaine, j’ai beaucoup regretté.
Peu de montées difficiles dans ce quadrilatère. 2-3 km un peu raides après la jolie descente dans les arbres de la vallée de Rentières en montant sur Auzolle, ou encore la belle montée de 4-5 km vers Montgreleix avec du 9%, sous un cagnard d’enfer dans une couche très épaisse de gravillons frais pas encore damés, ils ont fous par là, il en mettent une épaisseur incroyable, j'en ai ch... comme un Russe. Rien de bien difficile. De très belles descentes, faciles, routes assez larges, excellente visibilité dans les virages, on peut y aller franco et se faire plaisir. Par rapport à mon premier séjour en montagne à Aubusson d’Auvergne, pas de longues montées, moins de dénivelé, moins de pente, des montées courtes et des creux un peu plus casse-pattes, des descentes plus faciles, on est sur un plateau, ce sont les approches qui sont raides. Des routes généralement en bon état, quelques passages bien dégradés.
En passant, j'aurais bien aimé connaître avant de partir le truc sur les cols dans OpenRunner plutôt que de m'em... à les repérer et à les reporter à la main sur mes cartes.
Sinon, le Gekko ? Nickel, on s'entend de mieux en mieux.
Le plaisir, c’est la grande paix du plateau. L’espace, la tranquillité, très peu de monde même à cette époque de l'année. On navigue paisiblement sous les nuages au milieu des prés d’altitude, sans âme qui vive souvent. Moments de solitude heureuse. Curiosité pour la manière dont ce pays, qui devait être couvert de bois et de forêts, s’est transformé en steppe rase en quelques siècles, curiosité pour l'histoire et la géographie du pays.
Quelques images : les divers points de vue sur le Sancy, particulièrement celui depuis la Godivelle le matin, le petit jardin d’Espinchal à la fin du jour en compagnie d’un bon livre et d’une chatte affectueuse, le premier regard sur le Chabrut, les impressions de matins d’il y a cent mille ans, les changements incessants de lumière, le café bien mérité de Montgreleix, les fontaines de village sous le soleil, la course avec un gamin de 7 ans qui s’est arraché pour me pourrir (une famille avec 4 enfants de 4 à 11 ans en itinérance, bivouac chaque soir, tous en vélo, le plus petit attelé par moments, chouettes mômes curieux).
La belle rencontre de Veloblan avec qui ça a tout suite accroché (vingt dieux le beau Pelso !). On s’est quittés, on s’est s’est retrouvés comme chantait Madame Jeanne, on a fini par très bien manger à Compains (très agréable serveuse) avant que la journée ne se termine mal pour lui, p… de gravillons
, il a raconté ici sa gamelle, le récit de la rencontre est là. J’aime beaucoup la manière qu’il a de parler et de photographier le plateau ailleurs dans son blog.
Le Paradis, il doit y avoir de gros morceaux de Cézallier dedans. Dommage qu’il soit difficile de trouver de l’Aveze par ici pour prolonger le plaisir
!
Édité pour quelques corrections.