enercoop

cavallo pazzo a écrit:

Le coup du tri des électrons est d'une bêtise confondante, mais à décharge il faut dire que l'information à ce sujet, bien utile, est remplacée par de la télé poubelle et des séries abrutissantes ou de la presse à grand tirage pour allumer le feu.

Je vais tenter de combler un peu le manque d'information que tu deplore en expliquant cette histoire d'electricite verte ou nucleaire, et pour ca je vais faire une analogie avec l'argent.

Vous savez tous que l'argent n'a pas d'odeur.

Imaginez un voleur qui vole un sac a main et y trouve un billet de 500 euros. On appelle ca de l'argent sale, mais si on regarde bien le billet de 500 euros il n'est pas sale du tout. D'ailleurs le voleur va probablement faire de la monnaie et echanger son billet de 500 euros contre 10 billets de 50 euros, et bien on va dire que c'est les 10 billets de 50 euros qui sont de l'argent sale. Pourtant personne n'a gratte la salete sur le billet de 500 euros pour aller la mettre sur les billets de 50 euros.

Autre exemple : je fais un don a la croix rouge pour l'aider a faire de l'aide humanitaire dans le tiers monde. Si on regarde bien, le billet que la croix rouge va recevoir, c'est pas celui qui est sorti de ma poche, c'est celui que la banque lui a donne. Si ca se trouve c'est un billet qu'un trafficant d'armes avait mis sur son compte a la banque.

Ces exemples me servent a montrer que ce qui compte c'est pas les billets, c'est la valeur qu'ils representent. Pour savoir si de l'argent est sale ou pas, il faut regarder comment la valeur de cet argent a ete gagnee.

Pour le courant c'est pareil : les electrons n'ont pas de couleur, ce qui compte c'est l'energie qu'ils transportent. On peut meme "faire de la monnaie" en convertissant le courant 450 000 volts qui viens par les lignes a haute tension en courant 6300 volts qu'on va envoyer dans les quartiers des villes (on utilise pour ca un transformateur). Comme pour l'argent, quand on veut savoir si le courant est sale ou pas, il faut pas regarder les electrons qu'on a dans nos fils mais bien comment l'energie qu'ils transportent a ete produite.

Alors oui, les electrons que je recoit grace aux producteurs renouvelables d'enercoop c'est un vaste melange de tout ce qui circule sur le reseau electrique, tout comme les billets que la croix rouge recoit grace a mon don sont un vaste assortiment de tous les billets qui circulent dans la banque.

Et oui aussi, quand je m'abonne chez enercoop je consomme bien du courant vert, parce qu'une quantite d'energie verte equivalente a ma consommation est bien produite ailleurs sur le reseau. Ca se voit de facon tres nette : si je change de frigo pour un plus econome et que donc je consomme moins de courant, enercoop se met a acheter moins de courant renouvelable a ses fournisseurs.

Allons-y avec les analogies, je m'y colle aussi.

Imaginons le réseau électrique comme une piscine. La hauteur d'eau, c'est la tension du réseau.
En haut, on remplit avec plein de tuyaux différents.
En bas, il y a aussi plein de tuyaux, qui partent sur des turbines: les consommateurs.

Il faut garder le niveau à 230 cm [230 V], sinon la pression n'est pas la bonne et les turbines vont s'arrêter ou griller. [Sous-tension et surtension.]

Quand beaucoup de monde tire de l'eau, le niveau baisse. Il faut produire pour compenser.
Les producteurs d'énergie verte versent 1000 litres ? C'est tout cela qu'il ne faudra pas fabriquer par d'autres moyens, plus sales.


Si je veux consommer de l'énergie issue de production connue, je peux demander à quelqu'un de produire, quelque part, l'énergie dont j'ai besoin et l'injecter dans le réseau.
De mon côté, je vais tirer l'équivalent de ce que j'ai acheté. La balance est faite, même si ce ne sont pas directement les électrons du producteur qui viennent chez moi.

Tout à fait d'accord : Où est l'intérêt d'obtenir chez soi le bon électron, celui qui a été produit proprement ? Il est identique à celui qui est produit par la plus sale des centrales à charbon ou par du nucléaire.
Ce qui est important c'est qu'un électron a été produit plus proprement, peu importe qui le consomme. Et aussi l'important, c'est la dynamique de croissance de la part d'énergie propre dans la production totale. En effet, plus il y aura de demande de ce type d'énergie, plus il y aura d'offre.
Egalement, je préfère payer plus cher en sachant que cet argent va au producteur et à l'investissement pour de nouvelles sources propres et pas vers de la redistribution de dividendes ou la construction d'un EPR.
Associé à une démarche de réduction de consommation, le choix d'Enercoop m'est apparu comme le meilleur.

Pourquoi pas, sauf qu'aucun électron n'est produit.
La physique de base a quand même son importance dans ce sujet! (d'ailleurs beau boulot Cavallo, ton analogie me botte pas mal)

Au contraire, la physique n'a que peu d'importance dans ce sujet. Regardez la lune et pas le doigt !
Le seul objectif est le développement des sources d'énergies alternatives et balayer cela d'un simple "pourquoi pas" est un peu court.

Tsss si on reprend l'analogie de cavallo, les producteurs pompent de l'eau dans la riviere pour la mettre dans la piscine (ca serait pas un chateau d'eau, ton truc, en fait?). Les consommateurs soutirent et rejettent dans la meme riviere.

Il ne s'agit pas d'inventer ou de creer de l'eau / des electrons, tout juste de pomper et deplacer cette eau / ces electrons.

Produire, c'est mettre en mouvement les electrons; consommer c'est recevoir ce mouvement et utiliser l'energie qu'il contient.

La "magie" du reseau electrique (et de sa conduite), c'est que le consommateur peut consommer (dans la mesure de son abonnement) ce qu'il veut quand il veut. Le producteur, au moins pour le vert, a tendance a produire ce qu'il peut quand il peut. Et la conduite du reseau se debrouille pour tenir tout ca en equilibre. C'est beau. Et pas simple, sans nul doute.

sleibt a écrit:

le consommateur peut consommer (dans la mesure de son abonnement) ce qu'il veut quand il veut

Le problème, et là on va rapprocher l'électricité de l'eau (qui d'habitude ne font pas trop bon ménage), c'est que la tarification n'incite guère à économiser ces deux ressources.
Si les premiers kW/h ou m3 étaient proposés à un prix accessible, et les suivants plus chers, les consommateurs veilleraient peut-être davantage à leur consommation.
Ca va a l'inverse de la classique règle "plus vous en achetez moins c'est cher", certes, mais il ne s'agit pas non plus de "marchandises" comme les autres.