6ème et véritable dernière étape, mardi 7 septembreJe frappe à la porte de Bike’n Go à l’ouverture ; ½ h plus tard, j’en repars roue dévoilée, patte remise en place et dérailleur réinitialisé. Merci !
Pour la dernière 100aine de km qui restent, j’ai tout mon temps ; Claudine ne rentrera pas avant 19 h.
Il fait humide par terre, il a plu presque toute la nuit (bien vu). La journée sera belle.
A Meaux, un poil de tourisme
puis je m’en vais à la recherche de la piste du Canal de l’Ourcq.
Je prends le halage empierré à Claye-Souilly
puis la piste à Villeparisis. Elle est nickel sur 3 km. Après, elle dévoile les stigmates de l’âge, revêtement souvent médiocre, cabossé, tortueux également, j’aurais été téméraire d’y rouler de nuit (rebien vu).
Pour couronner le parcours, les travaux du tramway à l’approche de la Villette
m’entraînent là où je ne veux pas aller. Peu importe, j’ai le temps.
Je flâne, c’est jour de grève aujourd’hui, la circulation n’est pas la circulation habituelle, les rues à ma droite sont fermées par des cordons de police, ça manifeste du côté de République.
Quand j’arrive à la Bastille, je tombe en plein lieu de formation du cortège, je le traverse sans peine, il n’est pas dense à cet endroit, un photographe me tire le portrait au milieu des drapeaux du PCF
- ce matin, à l’heure du choix, il me restait 2 T-shirt, un bleu et un rouge, j’ai pris le plus voyant pour traverser la grand’ville.
Si ma photo se retrouve jamais sur un site en liaison avec la manif, je connais nombre de mes amis qui vont sourire.
Je découvre par la pratique le réseau cyclable de Paris ; il a l’air bien pensé et efficace, il lui manque juste une signalétique pour guider ceux qui ne sont pas des usagers habituels et il n’a pas les cyclistes qu’il mérite, il y en a trop qui font n’importe quoi et ce sont loin d’être des gamins, plutôt des vieux, quadras ou quinquas !
Une fois extra muros, cela devient plus aléatoire mais on sent que les automobilistes fréquentent de plus en plus les cyclistes - à moins qu’ils ne soient inquiets à ma vue.
Je traverse plus d’une fois la Seine,
généralement à mauvais escient.
Je reprends la nationale et passe par Draveil. A voir leurs têtes d’ahuris, on croirait que les autochtones n’y ont jamais vu de vélo couché, même pas celui de BB ; sans doute n’ont-ils pas les mêmes horaires.
Fin du défi vers 18 h 30’.
105 km ; 6 h 30’ ; 16,2 de moyenne ; 600 m de D+Bilan 845 km en 6 jours sans fatigue, bobos, désagréments (autres que ceux liés aux ascensions !), sans crevaison (j’avais quand même emporté 2 chambres et un pneu), 2 kg perdus dans l’aventure qui ne tarderont à revenir, jamais de mise en danger, quelques moments dont je me serais passé - essentiellement liés aux mauvais revêtements
45 h à pédaler et à quoi faire d’autre pendant ce temps-là : beaucoup d’instants de plénitude, la réflexion définitive que je suis définitivement incapable de réflexion quand je pédale, non, je pédale, je regarde mon compteur, mon GPS, ma carte, le paysage ; je me dis que si je donne un coup de pédale tous les 10 m, cela en fera 84.000 au bout du compte et pour chaque jambe ! Fou, non !
Des musiques me trottent en tête, les « ailes d’un ange » de Charlebois et plus spécialement « je suis un Hell’s Angel à pied » avant de me rendre compte que c’est ainsi que je me vois, souverain sur mon HR avec mon Ubar comme sur un chopper, les « Marquises » de Brel dont je transforme le « ce n’est pas l’été » en « ce n’est plus l’été », d’autres aussi qui paraissent moins liées à la circonstance.
18,7 km/h comme je n’avais ni ambition, ni prévisions, je ne peux être que satisfait. Je sais depuis longtemps que je n’aime pas ce qui est trop préparé, j’aime me décider au dernier moment, garder ma liberté, ne pas m’enfermer moi-même dans un projet à trop long terme fixé trop longtemps à l’avance. Le temps était venu.
6700 m de D+ ce ne sont pas des montagnes mais ce n’est pas vraiment plat non plus.
3,2 kg pour la radical en permanence sur le vélo ;
4 kg pour les sacoches latérales, hors bouffe et boissons.
Pour me tenir compagnie, j’avais pris avec moi Sur la route de Kerouac, je n’ai pas accroché, dommage !
Alors ! que du bonheur ? Non, quand même pas, pas tout le temps en le faisant mais souvent quand même et en tout cas de l’avoir fait !