Le mont Ventoux en trike

Surtout que le maillot spécial cinglé (ou bi-cinglé ou galérien) change, maintenant le "grade" est sur le col et il y a la possibilité de faire mettre son nom sur les manches, il est super beau et très confortable (il est visible dans la rubrique du bar "Ces petits rien")

Ah je n'avais pas vu cette rubrique 'un petit rien'
En fait je n'ai aucun maillot de confrérie à part celui des 100cols.
Mais en souvenir de Christian Pic et de CDV Florence Girard, ça me tent e ce maillot. J'ai plusieurs Cinglés, un Galérien, et un BiCinglette mais non homologué car j'ai oublié un pointage à cause de l'orage. ma femme ne sera pas d'accord pour que je refasse les 6 montées. J'ai vieilli et il me faudrait plus de temps.
Mais un Cinglé en trike ce serait pas pareil, ce serait mieux.

Si le 11 juin t'es libre tout un groupe de nordistes poussés par un copain (handi lui aussi) vont se lancer dans l'aventure vers 2h00 pour ceux qui tentent la bicinglé et 5h00 pour les autres.
Pour ma part ce sera départ à 0h00 et les descentes en mode récupération.

Pour le pointage dorénavant la photo est admise si elle est horodatée (et si la trace du gps l'accompagne c'est encore mieux)

Nous ne savons pas encore si nous pourrons partir en vacances avec la crise sanitaire..
Mais si c'est possible nous ferions une semaine sur Bédoin et la suivante sur l'Ardéchoise.
Vous avez raison, il faut partir tôt. J'ai toujours fait mes parcours en partant de nuit, ça permet de voir le lever du soleil au sommet, sans circulation, même pour la 2è montée..

J'aime lire ça !!!! monter la nuit c'est la garantie de tranquillité et bien souvent on fait de belles rencontres et le lever du soleil est un spectacle fascinant

Vendredi, sachant que de nombreux trikes ou vélos vont faire une cinglée du Ventoux, je vais tester mon nouveau Scorpion VAE en montant le Ventoux coté Malaucène à partir de 8h30

Ne connaissant pas l'ordre de leurs montées, j'espère cependant avoir l'occasion d'en rencontrer quelques uns

Mon retour sera à l'inverse en prenant mon repas au restaurant du Creusot  

Bons courages à tous

De nombreux trikes ..... je crois bien que je vais être le seul (de la trentaine de cyclos de mon groupe) en démarrant de Malaucène à 8h30 tu es sur de me doubler avant le sommet en principe dans la longue partie raide (j'ai un stop prévu à 6,300 km de bas et un autre juste après le virage du chalet Liotard (vers les tas de cailloux en face de la petite maison de la DDE avant la barrière)

La plupart de ceux et celles du groupe porteront le maillot de leur association "Résilience club" (tu peux voir à quoi il ressemble sur facebook )

OK Grand Pierre je partirais plus tôt afin de te rencontrer peut-être à ton premier arrêt à 6kms300
A demain

profitez bein.
mais je suppose que pour Les Cinglés du Ventoux ils vont partir de nuit , c'est tellment mieux et plus malin, mieux vaut faire 2 montées le matin et tranquilou pour la 3 è par Sault avec la chaleur, c'est la meilleure solution

Salut les gens,

bon et bien maintenant j'ai la réponse à ma question et effectivement c'est possible de le faire, c'est long, ça fait mal, on souffre, on doute et puis la magie du lieu opère et un surcroit d'énergie apparait (doublé je l'avoue d'un minable péché d'orgueil ...) et au bout de 19h15 dont 17h51 en déplacement un rugissement a retenti au sommet du géant de Provence (je crois avoir couvert les grondements du tonnerre à cet instant)

Je ne sais pas si il y aura une 3ème "Cinglée" tellement j'ai du aller au bout du bout de mes ressources. ceux qui me connaissent bien savent que l'option "abandon" n'a pas droit de cité chez moi, la dernière fois que j'ai du m'y résigner c'était en 2018 aux 24h du Paul Ricard sur blessure cutanée au moignon et j'ai mis beaucoup de temps pour le digérer... Alors maintenant que cette possibilité n'existe plus je n'ai donc plus de raison pour jeter l'éponge.

En résumé ce fut long, ce fut dur mais quelle exaltation et quelle jouissance que d'aller au plus profond de soi chercher ce petit quelque chose qui va permettre de franchir les derniers hectomètres.

Première montée : Bédoin --> sommet

Passage de la ligne du km 0 à 23h15 (vous allez me dire que le règlement dit que l'heure officielle c'est 0h je le savais et je savais que j'allais pouvoir compter sur la bienveillance du président du club des cinglés que j'ai informé de bonne heure ce matin) et arrivée au sommet à 4h avec une bonne gestion globale (effort, alimentation et hydratation) pas de rencontre intempestive avec la faune locale, juste un petit dialogue avec un hibou et entendu des bruits d'un animal surement de bonne taille dans les fourrés et les rochers.
Peu avant le sommet je me fais doubler par un partie d'un groupe de copains venus faire une bicinglée, je sereinles reverrai souvent dans la journée (au total on était une trentaine sous la même bannière, le Résilience Club)
Une photo vite fait par ma fille venue tenir compagnie à Martine et je redescends de quelques mètres afin d'être abrité du vent pour me changer et manger un peu de façon à avoir le temps de la descente pour assimiler la nourriture.







La descente se fait sagement malgré mon excellent éclairage (interdit sur route mais quelle efficacité !!!) toute la partie haute a été refaite le revêtement est un vrai billard jusqu'à la station du mont serein. Sachant que je risquais de trouver des chamois je faisais attention et lorsque j'ai dépassé la station je commence à me lâcher un peu plus. Pas longtemps car au sortir du premier virage je tombe nez à nez avec un groupe de 5 de ces bestioles qui heureusement ont eu la bonne idée de sauter par dessus le rail de sécurité et d'aller gambader plus loin, tous sauf un que je retrouve 3 virages plus loin .... J'ai donc décidé de rester sur mes gardes et garder toute ma concentration jusqu'au village (la partie haute ce sont les chamois et la partie plus basse ce sont les sangliers. Dans les 2 cas mieux vaut éviter le contact ! )




Deuxième montée : Malaucène --> sommet

Longue, très longue avec pendant quelques kilomètres la compagnie de "cadero" mais vu ma fantastique vitesse ascensionnelle pour ne pas griller son moteur il est parti devant, je ne l'ai revu qu'à 2 km du sommet en train de papoter avec Martine.
Un copain parti environ 1 heure après moi me croise puis ce sont tous les autres du groupe que je croise. La fatigue se fait sentir d'autant plus que c'est la montée que j'aime le moins mais vaille que vaille j'avance, doucement mais j'avance. Plus tard c'est tout le groupe qui me double puis à un moment Martine me dit que celui parti 1 heure après moi n'est pas loin derrière mais pas en très bon état, plus de jus il est en mode survie. Il l'a appelée pour lui demander où elle était avec la voiture pour le cas échéant mettre le vélo dedans et plier bagage.
À ce moment je suis envahi de doutes, ma jambe est lourde, j'ai mal partout et je commence vraiment à me poser des questions. 3 km avant le sommet Titi (le copain) me rattrape et me dit que finalement une voiture du club l'attends un peu plus haut et qu'il jette l'éponge. C'est à cet instant que j'ai ce péché d'orgueil car pour la petite histoire lors de mon abandon aux 24h lui il a fini avec seulement 1 tour de plus que moi .... donc là ça me permettait de laver mon amour propre (ne me dites pas que je suis con, je le sais depuis longtemps)
Un dernier ravitaillement sous la bienveillance de l'observatoire et je repars pour le final. Je salue un copain photographe au passage et enfin j'arrive là haut. Photo, pointage, changement de maillot et je repars vite car il y a trop de monde et ça je déteste.
La première partie de la descente je la fais en jouant avec un vd, il me lâche dans toutes les relances (j'ai le pignon de 21 sur le Rohloff et je mouline à 42km/h heureusement que l'inertie est là) et je le recolle rapidement à chaque fois, on s'amuse bien comme ça jusqu'au chalet Reynard où je bifurque pour aller à Sault. En haut de la petite remontée je me pose pour manger un bout (Martine et ma fille sont redescendues vers nos amis au chalet Liotard pour manger, elles me retrouveront plus tard)
La descente sur Sault me permet de bien récupérer tout en me faisant plaisir car il n'y a quasiment personne et je peux rien qu'en laissant filer prendre de belles trajectoires très proprement en freinant très peu.






Troisième montée : Sault --> sommet

Le 1er km se fait en descente et je m'amuse à améliorer (involontairement) mon PR (record personnel sur Strava) puis j'attaque réellement la dernière montée tout en gestion de l'effort. Là je suis bien dans ma tête, certes la jambe commence à être lourde et les bras s'engourdissent un peu à la longue mais en gros tout va bien lorsque tout à coup "brrrroummm"
????????
Quoi ? Qu'est-ce ? Perdu dans mes pensées je n'avais pas vu le ciel s'assombrir et forcément l'orage se formait. Bon, que faire ? Continuer au risque de se le prendre sur la courge tout en sachant que quand ça tome dans le coin, ça ne fait pas semblant ou mettre le vélo dans la voiture en attendant que ça se calme ?

Je décide de continuer en me basant sur mes maigres compétences météo et en regardant comment les nuages évoluent. Je pense avoir une chance de passer à travers alors je la tente.
Le ciel devient noir d'encre les grondements de plus en plus forts m'inquiètent mais comme ils ne sont pas trop rapprochés et que les éclairs sont très peu nombreux je continue à croire ne ma bonne étoile (toutefois par sécurité je retire mon fanion fixé sur une perche de carbone, on ne sait jamais !)
Rapidement je vois un mur d'eau tomber sur la vallée surtout sur Sault !!! Ouf, je suis passé à temps. Oui mais un orage ça évolue vite et à la faveur des mouvements du terrain je réalise qu'il se fait de plus en plus pressant. Me voilà obligé de choisir entre me faire doucher par la frange de l'orage ou essayer de lui échapper. Là un miracle se produit, je trouve une énergie de dingue qui me fait grimper comme un jeune homme jusqu'au chalet Reynard en ayant juste pris quelques gouttes.
Au passage je fais signe à Martine que je continue et qu'elle m'attende en faisant des sauts de puce des fois que la chance tourne. Sur les 6 derniers km les 4 premiers se passent bien puis d'un coup je me retrouve complètement vide, il va me falloir plus d'1 heure pour franchir le dernier km tout au mental (ma fille a fait des photos où j'ai vraiment le masque, grimaces de douleur et regard vide, le parfait zombie)

Enfin le dernier virage arrive et avec lui une dernière bouffée d'adrénaline qui va me propulser dans un hurlement de rage sur la ligne.











C'est fait !

Je pense que je dois être le premier amputé à avoir osé se lancer et à réussir en trike et sans prothèse.

Maintenant place au repos et seulement plus tard réfléchir à quel défi je pourrais me frotter (bicinglé et galérien c'est techniquement pas possible)

BRAVO Grand Pierre
Merci pour ce beau récit et encore BRAVO.

Respect.

Grand Pierre a écrit:

ne me dites pas que je suis con, je le sais depuis longtemps

Moi ce sont les seuls cons que j'aime.

Bravo à toi.

Bravo Grand Pierre!  

Bravo Grand Pierre ! quel exploit !

Je pense toujours à notre montée ensemble de nuit interrompue au Chalet Reynard pour cause de vent. C'était quand même chouette et j'en garde un très bon souvenir mais je ne pense pas recommencer.
Amitiés à Martine...

Trikie.

trikie a écrit:

Bravo Grand Pierre ! quel exploit !

Je pense toujours à notre montée ensemble de nuit interrompue au Chalet Reynard pour cause de vent. C'était quand même chouette et j'en garde un très bon souvenir mais je ne pense pas recommencer.
Amitiés à Martine...

Trikie.

Je ne veux pas jouer au modeste mais sincèrement je ne vois pas là un réel exploit, c'est juste un défi personnel qui m'a permis d'aller tout au fond de moi tant sur le plan physique que mental. Un exploit c'est un événement exceptionnel réalisé par une personne exceptionnelle, là c'est un truc ordinaire réalisé par un mec ordinaire (têtu comme une mule j'en conviens )

Notre montée nocturne j'y pense souvent et c'est vraiment dommage que nous n'ayons pas pu la mener à son terme car le plus beau ce sont les 6 derniers kilomètres où on se retrouve entre les lumières des villages dans la vallée et la voute céleste avec ses milliards d'étoiles... On en prends plein les yeux car hormis les lumières rouge de l'observatoire qui nous attire tel un aimant il n'y a pas de lumières parasites et on peut en profiter au maximum. Martine et Violette (ma fille) ont pu également profiter du début du lever du soleil depuis le sommet avec les sommets alpins qui se détachent progressivement en contre jour (on remontera en voiture et bien habillés pour en profiter pleinement un de ces jours)

CHAPEAU Grand Pierre
Voila un sacré défi de réalisé
je l'avais fait il y a 4 ans mais en TD 2 roues et j'en avais bien bavé aussi
mais quel plaisir de réussir son défi

Salut Pierre.

Je viens de découvrir tes messages ci-dessus et je suis sidéré par ton dernier "Cinglé". Déjà avec la petite aide de ce qui te reste de ta cuisse droite, c'était déjà phénoménal mais maintenant, en n'utilisant que la jambe gauche, tu atteins le surnaturel !

Deux critiques, toutefois :

grand pierre a écrit:

c'est un truc ordinaire

Ben non ! Même pour un jeune valide sur un vélo de course, c'est pas un truc ordinaire. Alors pour toi !!

grand pierre a écrit:

réalisé par un mec ordinaire

Encore moins d'accord ! En plus de ton extraordinaire opiniâtreté, tu as, malgré ton unique jambe, une force exceptionnelle qui te permet de hisser ta grande carcasse (qui n'a pas la légèreté d'un cycliste grimpeur ). Là encore, c'est sans doute ton énorme volonté qui t'a fait t'entraîner jusqu'à atteindre un tel niveau physique.

Bref, permets-moi de me joindre au concert de BRAVOS.

Respect total! Je me sens tout petit face à un tel exploit: quelle volonté, bravo!

Quand je vois qu'il y en a qui disent que 20 kms de vélotaf à peine vallonnés c'est pas possible (sans même avoir essayé) , qu'ils viennent voir un peu ce que fait Pierre en comparaison.

Bravo GP !

je trouve aussi qu'en dehors du mental, il faut aussi "qqes" capacités physiques alliées à une belle préparation ...

Je pensais bien faire une tentative avec mon trike solaire (avec qqes inquiétudes sur l'autonomie) mais la position du centre de gravité n'incite pas du tout à se lancer là dedans (ou alors avec un jeu de plaquettes neuves !)

Je me demandais d'ailleurs quelles pouvaient bien être les sensations de descente sur un trike sport ...

Pierre avait posté ses descentes de Ventoux en VTX sur YouTube.

Et moi, avec 2 jambes et l'assistance, j'hésite encore à faire une montée par Sault !

Lud'O a écrit:

Pierre avait posté ses descentes de Ventoux en VTX sur YouTube.

Les 2 vidéos sont en fait la même descente coupée en 2 (le temps de boire un Perrier au chalet Reynard avec la famille et les amis) je l'ai faite en toute fin d'un après midi fin juin où toutes les conditions étaient réunies et surtout je n'avais qu'une montée "sèche" avant (avec un bon temps de repos au sommet pour attendre ma fille qui elle montait en courant.

Vendredi après midi les conditions étaient pas mal mais la fatigue était bien présente ...