sensations et motivations

Bonjour.
Un cycliste m' a dit "je roule car je me sens libre".
Je n'ai pas creusé, mais cette affirmation trouve un écho et en même temps ( ;-) ) Sous cet adjectif libre, il y a tant de vécus différents et de sensations possiblement autres que ce que moi même j'y mets.

Qu'est-ce qui vous pousse à rouler régulièrement (plus ou moins) ?
Je suis curieux de m'enrichir de vos points de vue.
Merci

La liberté assurément. Du moins, la sensation de liberté.

Enfant pendant les vacances à la campagne, c'était la liberté de ne pas dépendre des parents pour aller et venir.
Au lycée, c'est une panne de cyclomoteur qui m'a décidée à faire du vélo un moyen de transport, pour pouvoir me lever plus tard : quand mes cours démarraient à 9h alors que le car de 7h me larguait à 7h30 au lycée, en vélo je partais à 8h pour faire les 14 km qui me séparaient de la ville.
Un peu plus tard à l'âge adulte, en cyclo-camping pendant les vacances, au-delà de la liberté, c'est le voyage à vitesse humaine, qui permet de profiter des paysages, et d'en ressentir la physique : la prise de conscience du relief est bien meilleure quand les sensations dans les jambes sont explicites.

Actuellement ma vie ne m'offre quasiment plus la possibilité d'avoir du vélo loisir, en revanche comme moyen de transport quotidien c'est une question pragmatique : je vais à vélo parce que c'est véloce et bon marché. Cela renvoie à l'autonomie et à la liberté.

Mais du temps où j'avais du vélo loisir, c'est parce que c'est plaisant physiquement, tout simplement. Ca vide la tête des soucis quotidiens, ça détend.

Le déplacement, quand il induit l’idée, même vague, de voyage, donne une impression de légèreté qui serait peut-être un mot plus juste ici que liberté. Quand on marche, pédale, se déplace en bateau en glissant sous la lumière du bon dieu , etc. en libérant des endorphines, encore plus. Même si on ne fait pas d’exercice, le temps entre parenthèses aère la tête, même en voiture ou en train où on est plus passif et où on subit davantage qu’en marchant. Il me semble qu’en voiture et en train (où on peut aussi travailler, lire, écrire…) sur de longues distances, même en vélo, on est davantage « au cinéma » qu’à pied où la pensée devient plus active au bout d’un moment. Un des grands plaisirs dans le temps lent du vélo pour moi, quand on est dans le bon rythme, ce sont les remontées et les croisements de « vieilles » images, d’anciennes lumières avec ce qu’on traverse, le réveil souvent de sensations et de pensées oubliées ou enfouies qui se mêlent soudain avec celles du présent et l’enrichissent.

Amis auditeurs, c'était votre émission préférée « Les lieux communs du dimanche matin » .

Je roule régulièrement déjà parce que j'ai une moyenne à tenir et parce que j'essaie d'avoir un certain kilométrage annuel à quelques centaines de kilomètres près.

La seconde raison c'est que les engins motorisés c'est bourré de contraintes. Assurances supplémentaires , carburant , contrôle technique , entretien coûteux. De plus en plus coûteux en fait. Ce n'est pas une question d'avoir les moyens ou pas mais que ce n'est pas à tout prix indispensable. C'est bien plus intéressant de faire le plus possible en vélo parce que niveau économie ce n'est pas négligeable. Le plus souvent on peut faire l'entretien soi-même. Il y a beaucoup de règles du code de la route qui ne concernent pas les vélos mais uniquement les motorisés. C'est aussi ça la liberté du vélo.

+1

Sur la réponse de Losspedales je dirai que celle-ci donne surtout des indications sur ce qui est important pour toi mon voisin :-)
Chacun trouve son plaisir en raison de ce qui est important pour lui même et ma foi toutes ces réponses sont plutôt sympathiques en elle même. Il y en a même une qui est assez poétique :-)

Le philosophe Alain disait que dans les discussions il faut souvent, d'abord, vider la poubelle du langage, c'est à dire se mettre d'accord sur le sens que l'on donne aux mots (enfin à certain sinon on a pas fini de parcourir son propre dictionnaire lol ) faute de quoi on peut échanger en pensant dire la même chose alors que ce même chose n'est que la surface des mots employés

Pour ma part, puisque je n'ai pas répondu à ma propre question je dirai que ça me repose :-) .

Paradoxale réponse, vu la quantité de sueur (parfois en baisant les bras, si j'ai ma veste de pluie, la transpiration dégouline ). Rouler me créé une bonne fatigue et un rapport au temps plus proche de "la normale", du rythme de saison, je me sens donc "plus entier" et ça fait du bien. En ce sens le sentiment de liberté, terme que je peux m'approprier, est celui d'une forme de plénitude. Et pour rejoindre Missilecarbone, je dirai que je me donne aussi des objectifs à atteindre mais en fait pour le moment le chemin m'importe plus que le but. Donc je vis le mieux possible l'instant présent et ma foi si en 2023 pour mes 70 ans je suis capable de.. et bien go alors :-)

LossPedale ce n'est ni grave ni contrariant ni une catastrophe. J'ai bien écrit "à quelques centaines de kilomètres près". Et pas quelques dizaines.

Tu fais régulièrement du vélo ? Oui ? Alors as-tu déjà remarqué que trois semaines de pause sont déjà de trop ? As-tu remarqué que dans ce cas à un certain niveau d'efforts tu seras un peu essoufflé avec peut-être un peu des engourdissements ? Alors que trois semaines plus tôt il n'y avait pas ce problème même en forçant un peu plus.
C'est ça la moyenne à tenir.

En me relisant...je ne suis pas satisfait de ma formulation....je ne sais pas si les réponses sont sympathiques mais moi je les trouve sympathiques

Au début je pédalais simplement pour essayer de faire un peu d'exercice plus par gout que par plaisir pur puis petit à petit celui-ci est arrivé et a pris une place prédominante dans ma vie.

Ma motivation est toute bête c'est la recherche de toujours plus de plaisir et au niveau des sensations c'est toujours chercher à faire reculer cette petite chose qu'on appelle "barrière psychologique". Je ne dis pas de la faire reculer de beaucoup à chaque fois, attention je ne parle pas des chiffres affichés sur les cadrans du compteur et du cardio, je veux parler du ressenti intime, de l'état dans lequel on est après une grosse sortie ou au sommet d'un col !

Arriver en bon état c'est bien, mais arriver avec l'envie d'en faire encore un peu c'est vachement mieux

De là à penser que c'est devenu une sorte d'addiction il n'y a qu'un pas qu'il me plait beaucoup de franchir !

Parfois je roule et je me sens lent.

… et je remets vingt balles dans le bastringue !

Ce qui me donne vraiment la sensation de légèreté ou de liberté à vélo, c’est quand toutes les horloges battent en rythme, sur une machine avec laquelle je n’ai pas le nez baissé sur le guidon, bien réglée et adaptée à mon corps et à mes possibilités, quand j’ai l’impression de glisser comme dans un rêve, d’être en même temps là et complètement ailleurs. On traverse des forêts, des villages et des hameaux, on remarque une couleur de volets, la nuance d’un mur, une cour avec des jouets qui traînent, la lumière de fin d’après-midi qui traverse une ruelle à travers un tilleul, une poule qui mange sous un arbre (les amateurs de photographie classique verront cette photo ), les piaillements d'une cour de récréation. Des images reviennent. On a des yeux neufs. On roule longtemps sans croiser âme qui vive. On passe devant l'allée d'une grande demeure en ruines, on s’arrête, on parle un moment, on demande peut-être la permission de déplier le pied et de faire une photo. On passe et on est curieux de tout. On s’allonge sous un arbre près d’une fontaine, on sort du sac un livre et un carnet.

Quand je roulais autrefois, plus que la surveillance de la moyenne, c’était déjà ça que j’aimais, rouler, se remplir ou se vider la tête à la tombée du jour. Tout cela n’est pas bien compliqué .