"I have a dream" de cycliste écolo

arafolie a écrit:

Ne devrais t'on pas etre interpellé par l’avènement de la bonne conscience sous couvert de faire partie des "élus" des clairvoyants ? L'effet de groupe semble dissoudre la responsabilité du dictat à venir par les nouveaux sachant. Je suis militant, actif, motivé et informé.
C'est pour votre bien. Je sais ce qui est bon pour vous.

Ce fut une interprétation très très rude de mon petit texte satirique, qui ne prétendait pas dire le bien, mais bien faire un parallèle d'inconfort. De l'inconfort au prix de choix minoritaires, préludes, ou pas, à une généralisation et un passage ultérieur en mode majoritaire, ça c'est l'avenir qui le dit.

arafolie a écrit:

J'ai toujours très peur des "fraichements convertis" à des causes radicales. Mais aussi des opprimés qui découvrent des libertés. Leur besoins de vengeance et de droits acquis pour avoir souffert longuement avant arment trop des propos et de démarches radicales.

Oui mais, pense à la courbe de diffusion de l'innovation selon Everett Rogers :
http://www.sietmanagement.fr/theorie-de-la-diffusion-des-innovations-les-phases-de-ladoption-e-rogers/

A l'origine d'un changement de comportement ou de technologie, il y a les innovateurs qui représentent 2,5% du marché (Everett Rogers modélise dans le cadre de l'économie).
Si tu regardes maintenant ces vilains marginaux, pour n'importe quel comportement marginal, comme un innovateur potentiel d'un truc qui va se répandre, tu les verras peut-être autrement que comme des fascistes.

Si tu acceptes l'idée qu'il puisse y avoir des changements, et en matière d'écologie les changements nécessaires sont du type des 150 propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, alors il faut admettre que le changement doit d'abord survenir chez quelques-uns avant de se diffuser plus largement. On ne passe pas de 0 à 100% en un claquement de doigt, et heureusement, ce serait d'une brutalité inouïe.

Parce que si on suit ton raisonnement, tous les porteurs d'innovation sont de dangereux extrémistes. Qui voudrait de la diffusion d'une innovation portée par des extrémistes radicaux ?

Il me semble que tu décris sans forcément le vouloir, un conservatisme assez violent qui j'avoue me laisse perplexe.
Autre corollaire de ton raisonnement, la dictature de la majorité sur la minorité, c'est quel genre de société ?

La troisième voie, c'est que probablement les innovations et changements se produisent en partie par le renouvellement des générations, à savoir qu'une proportion du changement se fait par évolution démographique naturelle, les jeunes font autrement et les vieux meurent emportant avec eux leur attitude dans leur tombe.
Visible par exemple avec le permis de conduire, les jeunes générations sont un peu moins pourvues de ce passeport que leurs aînés, ce qui conduit à une diminution très douce du nombre de conducteurs de bagnoles ; dans ce cas, nul besoin de révolution culturelle avec de jeunes gardes rouges tels que tu décris les "opprimés assoiffés de vengeance".
Autre exemple la diffusion des vélos cargo a lieu sans heurts, et pourtant quel changement radical chez une partie des 30-40 ans.

"Les militants du vélomobile combattants contre la société", j'ai du mal à m'en remettre, mais c'était peut-être du second degré ?

Selon Max Planck, une nouvelle vérité scientifique ne triomphe pas parce que ses opposants ont "vu la lumière" et ont été convaincus, mais parce qu'il vont graduellement mourir et être remplacés par de nouveaux qui ont grandis avec ces nouvelles notions et les ont intégrées.

C'est pareil avec beaucoup de choses.

En 2006, un décideur politique m'a lâché en séance qu'il ne croyait pas "à ces conneries d'isolation" pour les bâtiments. Je venais de terminer mon cinquième projet de maison passive, largement primé et plusieurs fois publié, mais passons...

Pareil avec les vélos électriques: la semaine passée, encore un "vieux" (dans son corps et dans sa tête) qui m'a sorti qu'un vélo électrique n'étant pas parfaitement non-polluant, il préfère rouler en voiture le temps que l'on sache faire des vélos enfin propres... Ah.

Donc oui, il faut des adopteurs précoces, oui il faut des cinglés et des fêlés qui tentent des trucs, oui il faut une certaine dose d'extrémistes qui poussent à réfléchir et/ou qui font contre-pouvoir aux extrémistes souvent en place qui protègent leurs situations confortables et intenables pour capitaliser le plus longtemps possible.

Un ultra-pollueur peut détruire les efforts de 100 personnes, et globalement on ne fait rien contre cela.

Vous pouvez déféquer dans des copeaux et rouler en vélomobile, une semaine de vacances à Bali va effacer tout cela très facilement.

Alors, toujours aussi extrêmes, les extrémistes de la lutte climatique ? Ou faudrait-il jeter un nouveau regard sur les aberrations de nos sociétés dites développées ?

arafolie a écrit:

J'ai toujours très peur des "fraichements convertis" à des causes radicales. Mais aussi des opprimés qui découvrent des libertés. Leur besoins de vengeance et de droits acquis pour avoir souffert longuement avant arment trop des propos et de démarches radicales.

Le forum jaune à eté un haut lieu de mixité et pluralité d'avis sur l'envie partagée d'un retour "à la propulsion humaine". Ce fut un slogan partagé et trans partisan.
Mais je considère que les militants du vélomobile qui ont pris le pouvoir de longue date dans ce forum. Par le ton incessant à militer et globaliser tous leurs combats contre la société participent à ce propos anti-beaucoup de choses sans le discernement qu'il y a eu et que je peine à lire lors de mes quelques passage ici.

Le contexte a changé. Depuis la guerre Etats-Unis / Russie via l'Ukraine, on a découvert qu'on est dépendants aux énergies fossiles. Nan parce que, avant, on feignait de ne pas le savoir. Et donc on a découvert que ce serait une bonne idée d'en consommer moins. Tu parles d'un scoop...

Des fraîchement convertis à des causes radicales, il y en a qui s'affichent comme cela au gouvernement. Quand brutalement ces gens-là viennent nous faire la leçon pour nous ordonner d'économiser l'énergie en nous sommant de nous chauffer à 2 degrés de moins.
Franchement, cela ne te choque pas ?

En 2020 j'ai colporté auprès des candidats aux élections municipales, les propositions du Shift Project applicables au niveau local. Au thème de la réduction de la température dans les bureaux, même une écolo roulant à vélo cargo répondait que c'était difficile car assis devant un ordinateur on ne bouge pas. Plus clairement, une fin de non-recevoir sur ce thème de la sobriété thermique. Alors qu'on demandait seulement le respect de la réglementation à 19°C. On ne demandait pas la mer à boire, vraiment pas.

En somme tu n'acceptes pas le changement porté par les 2,5% d'innovateurs, tu considères comme dangereux ces gens qui ont raison trop tôt, et même tu les considères particulièrement dangereux lorsque l'innovation qu'ils ont portée devient la norme. Des nuisibles quel que soit le contexte, le tort d'avoir eu raison les premiers, porté comme une condamnation toute une vie, il y a un malaise.

Quel moteur de changement considères-tu donc comme respectable ? Le gouvernement qui nous explique brutalement qu'on doit crever de froid pour que les américains nous vendent leur gaz de schiste (pendant que le premier ministre crame une quantité hallucinante de pétrole pour un aller-retour en jet privé pour aller voter dans son village), ou bien le think tank patient qui porte les propositions avec persévérance et anticipation ?
J'avoue ne pas comprendre où tu veux en venir. Du changement, il s'en produit en permanence, y aurait-il des moteurs de changement illicites et dangereux, et d'autres autorisés et respectables ?

Si le gouvernement t'ordonne brutalement de rouler à vélo pour les raisons géo-stratégiques évoquées ci-dessus (qui relèvent de fait de l'intérêt privé), est-ce plus acceptable que si de simples citoyens font du prosélytisme enthousiaste en argumentant sur le présent des conditions de vie et l'avenir de l'humanité ?

el gato a écrit:

Le contexte a changé. Depuis la guerre Etats-Unis / Russie via l'Ukraine, on a découvert qu'on est dépendants aux énergies fossiles. Nan parce que, avant, on feignait de ne pas le savoir.

pour ne pas sombrer dans le désespoir (encore que... je ne sais pas si c'est vraiment une consolation) on peut se souvenir que des guerres entre grandes puissances par de petits pays tiers interposés, il y en a déjà eu plusieurs (Corée, Vietnam, Afghanistan, et dans une moindre mesure Yemen). Mais évidemment, plus les petits pays tiers en questions sont pas si petits que ça et proches, plus le risque de dégâts collatéraux importants est grand.

el gato a écrit:

En 2020 (...) même une écolo roulant à vélo cargo répondait que c'était difficile car assis devant un ordinateur on ne bouge pas.  

la prochaine fois, propose-lui d'alimenter les ordis en remplaçant les sièges de bureau par des vélos d'appartement connectés aux batteries à charger

el gato a écrit:

Plus clairement, une fin de non-recevoir sur ce thème de la sobriété thermique. Alors qu'on demandait seulement le respect de la réglementation à 19°C.

bah, y a pire : mon administration a créé, puis laisser perdurer pendant > 4 ans, malgré des rouspétances réitérées du personnel et même d'une partie des directeurs, une situation dans laquelle, en plein hiver, on ouvre les fenêtres côté sud l'après-midi pendant qu'on travaille en doudoune côté nord (températures pouvant varier entre ≤16 et ≥24 °C selon les salles). En effet, la majorité de nos bâtiments sont des "passoires thermiques" âgés de ≈ 50 ans ou plus. Et de brillants gestionnaires, dont certains ont un radiateur électrique d'appoint dans leur bureau, ont pensé faire des économies de bout de chandelle en supprimant toutes les vannes thermostatiques pour mettre de simples bouchons vissés à la place ; même pas des vannes manuelles => on ne peut pas fermer à la main un radiateur brûlant quand il fait trop chaud dans les salles côté sud !

Et là, touchée par la grâce, la même administration nous annonce fièrement, cette semaine, qu'elle renonce au chauffage au gaz pour se raccorder au chauffage urbain. Mais toujours sans thermostats : on va continuer à jeter la chaleur par les fenêtres côté sud et à greloter côté nord. Soupiiiir. Le seul point positif, c'est que le chauffage urbain grenoblois utilise les déchets comme carburant...

meg2 a écrit:

el gato a écrit:

En 2020 (...) même une écolo roulant à vélo cargo répondait que c'était difficile car assis devant un ordinateur on ne bouge pas.  

la prochaine fois, propose-lui d'alimenter les ordis en remplaçant les sièges de bureau par des vélos d'appartement connectés aux batteries à charger

J'ai la conviction qu'elle était de bonne foi mais qu'elle craignait les réticences des salariés concernés, et qu'elle ne faisait que rapporter les très probables réactions de refus, refus sans doute déjà essuyés par le passé.
Les réactions seraient sans doute différentes actuellement vu le changement de contexte.