Projet de société

Je me suis bien retrouvé dans ce texte:
http://www.bastamag.net/article1666.html
J'espère que d'autres en profiteront...

Attention: il s'agit d'un projet politique. Si c'est trop sensible pour vous, ne pas cliquer sur le lien.

Il y a une phrase qui me gène particulièrement :
"On met des ingénieurs autour d’une table, et on leur dit de trouver"
Ils n'a pas encore réellement intégré le fait que les futurs solutions ne passerons plus majoritairement par des solutions techniques pointues. C'est encore le mythe de la science y pourvoira.

dans un long interview comme ça, il y a bien-sûr à boire et à manger. Et les choses ne sont pas figées, il s'agit juste de souligner que nous avons les personnes formées dans notre pays susceptibles de proposer des solutions techniques adaptées.

Mais imaginons que l'auteur ait dans l'esprit: "On met des ingénieurs autour d’une table, et on leur dit de trouver" ... comment fabriquer en série des nouveaux modes de transport adaptés à l'usage du moment. Ceux-ci pourraient avoir entre autre l'aspect de véhicules mono-place avec pédalage assisté, carénage etc etc... (Pixel-man, on aura besoin de toit) En plus des modes de transports collectifs évidemment.
Le but serait de disposer à chaque déplacement possible du véhicule taillé juste pour cet usage et de ne plus déplacer 1 tonne ou quelques dizaines de kilos suffiraient à se véhiculer.

Le problème est là : un bon déplacement est un déplacement que l'on ne fait pas. Tout comme la meilleur énergie est celle que l'on n'utilise pas. Mais pour répondre à ces question : comment moins se déplacer, ce n'est pas au ingénieur de répondre. Éventuellement, on pourrait faire appel à des sociologue et à des urbanistes. Dans tous les cas, il s'agit plus de choix politique que technique.

Il dit :
"Comment concilier l’autonomie de la mobilité, son accessibilité, son confort et le fait que ce soit écologiquement durable ? C’est une question technique, c’est tout. "
Il n'a donc pas complètement intégrer ce qu'il semble dire par ailleurs : nous devons faire des choix, c'est soit autonomie, soit confort, soit accessibilité. Il y a des contraintes physiques que nous connaissons bien, les solutions magiques n'existent pas.

Néanmoins, ce n'est qu'une petite partie de son discours que je trouve par ailleurs cohérent mais manquant de propositions concrètes et d'objectifs chiffrés. Par exemple, combien de temps pour convaincre l'Europe ? Et après ce délais est ce que l'on revient au Franc ? Le prêt obligatoire, c'est une idée, mais quels critères seront utilisés pour désigner les préteurs ?

J'apprécie beaucoup les explications sur les perspectives politiques et les outils disponibles pour le changement, les analyses, les remises en cause, les possibilités, les questionnements, …
Ça change de la sorte de naïveté rêveuse qu'on entend trop souvent en politique… et qui m'énerve beaucoup.

Il insiste pour dire que sans mobilisation et participation des citoyens rien ne changera… c'est très important.

Je me rappelle ce qui s'est passé pendant la mobilisation anti-CPE. La droite a cêdé non pas parce qu'il y avait un nombre impressionnant de gens dans la rue, mais parce qu'elle s'est rendue compte que les gens commençaient à vraiment agir, et que les opinions basculaient de partout y compris dans leur propre électorat…

Les financiers sont dépendants des infrastructures et du niveau important de formation des salariés en France… pour eux tout n'est pas délocalisable (heureusement…!)… donc avec un mouvement social important ils devraient pouvoir cêder de la même manière.

Pour ce qui est des objectifs chiffrés, il y en a, et j'en sais quelque chose. Ils ne sont juste pas cités dans cet article.

Au niveau de la solution énergétique qui est dite dans cet article. Je ne suis pas d'accord non plus… le sujet n'est pas facile et pas assez de politiques le maîtrisent… mais l'idée de mettre en place un service public démocratique de l'énergie qui est mentionné est un sacré progrès qui permettrait de sacrées avancées dans l'énergie…

Il faut penser à relocaliser l'économie, à mettre en place des ceintures vertes, à repenser l'organisation du territoire… à voir comment gérer l'autonomie alimentaire des régions…

sherpa421 a écrit:

Il y a une phrase qui me gène particulièrement :
"On met des ingénieurs autour d’une table, et on leur dit de trouver"
Ils n'a pas encore réellement intégré le fait que les futurs solutions ne passerons plus majoritairement par des solutions techniques pointues. C'est encore le mythe de la science y pourvoira.

Pas d'accord. Un (ou une) ingénieur n'est pas forcement quelqu'un qui doit proposer une solution techniquement compliquée, c'est au contraire quelqu'un qui cherche et souvent trouve une solution logique adaptée à un problème. Idéalement cette solution est la plus simple possible. C'est en tout cas ce que fait un ingénieur ingénieux et intellectuellement indépendant.

Un ingénieur peut aussi avoir l'intelligence de proposer des solutions sortant de son domaine d'expertise. Mais à priori, ce n'est pas à lui de répondre à des problématiques globales. C'est ce que l'on a fait notamment dans les années 60. On en voit le résultat dans les villes : des grandes barres d'immeuble inhumaine et des autoroutes qui traverse les centres villes. Les ingénieurs ont apporté la réponse technique rationnel par rapport au problématiques exprimées à l'époque. Ils ont juste oublié que un humain n'est pas un être de raison pure et que la relation de l'homme à son environnement doit intégrer des problématiques immatériels.

On ne peut pas simplement réparer les défauts de la voiture tel qu'on la conçoit aujourd'hui. C'est tout le concept de notre relation au déplacement, à notre environnement et donc aux autres qui est à revoir. Nous sommes dans l'impasse des 30 glorieuses qui étaient le règne de l'ingénieur des travaux publiques.

Je comprends l'incompréhension. Un copain ingénieur des mines m'a raconté la remise des diplômes. Dans le discours, il a été choqué par cette phrase:
"vous êtes maintenant les petits soldats de la guerre économique".

Aujourd'hui il travaille dans les énergies renouvelables. Ce que l'on peut interpréter dans la citation précédente c' était que l'ingénieur est la pour s'insérer dans le système économique actuel sans le remettre en question. Libre à lui de prendre un chemin divergent, parallèle ou même subversif. Mais il lui faudra probablement faire une croix sur ses aspirations pécuniaires dans ce cas la...

L'argent permet de vite oublier le sacrifice consenti pendant la prépa et les années d'études j'imagine... J'ai une de mes belles filles qui rentre en école d'ingé, je l'ai vu bosser pour décrocher la mention très bien au bac pour être prise. Je peux vous dire que le terme "sacrifice" n'était pas usurpé...

édit: je plussoie sur ce qui vient d'être dit pendant que je rédigeais ce message. Enfin, rationnel, pas toujours. Tu trouves rationnel le développement nucléaire alors que tu sais que tu vas générer des déchets très toxiques pour des milliers d'années. En supposant (système de croyance ou prise de risque délirante!) que la science va trouver une solution pour régler le problème. Qu'elle n'a évidemment pas trouvé. Les déchets étaient d'abord jeté dans les océans comme de vulgaires gravats et maintenant ils sont entassés loin de "ma" vue à la mode nimby

sherpa421 a écrit:

Les ingénieurs ont apporté la réponse technique rationnel par rapport au problématiques exprimées à l'époque.

Un des soucis d'abandonner les choix de société à la technique, c'est que l'analyse des problématiques évolue. Il arrive donc qu'une solution jugé rationnel devienne aberrante.

J'espère que ta belle fille n'aura pas trop de désillusions avec ses premières fiches de paye. Parce que si tu veux vraiment rentabiliser ton diplôme d'ingénieur il faut :
- Accepter le travail là où on te le propose, par exemple en région Parisien, sans forcément la contrepartie financière lié au coup de la vie local.
- Accepter des contraintes familiales et amicales lourde. Déménager tous les 4 ou 5 ans ça ne facilite pas la construction de lien sociale.
- Déménager souvent, ça implique de ne pas pouvoir facilement acheter un bien immobilier. Donc ça a des répercutions financières importantes.
- Accepter de travailler plus pour pas forcément gagner plus. Les heures sup, c'est un crime de demander à ce qu'elle soit payer en plus. Vous comprenez, vous avez un bon salaire ça inclus certains sacrifices. Au point que certains ingénieur ne dépassent pas le SMIC horaire.
- Rester joignable 24h / 24 7j / 7 même pendant les vacances.
- Choisir ses amis en fonction des opportunités qu'ils pourrons t'apporter. C'est ce qu'on appel entretenir son réseau.
- Accepter de faire en plus du travail d'ingénieur, le travail de secrétariat ou de main d’œuvre. Parce que vous comprenez c'est la crise, l'entreprise ne peux pas embaucher si non elle ne peut plus augmenter ses marges. Et vu qu'il est impossible de demander à un intérimaire que l'on prends et que l'on jette de faire le travail de 2 personnes, c'est l'ingénieur qui s'y colle.
- Le salaire, il ne faut pas rêver, c'est dans la fiance aujourd'hui que ça paye.

Pour en revenir au sujet, un ingénieur ne peut pas tout. Il donne éventuellement une solution à un cahier des charges réaliste et concret. Mais ce n'est pas sa fonction de réaliser le cahier des charges. Il peut au mieux proposer une méthodologie pour sa rédaction.