Décollage :
Tout est prêt, le vélo est un peu plus lourd qu’à l’habitude mais je suis rassuré d’avoir le confort pour passer à travers cette météo exécrable. (De la bouffe en quantité pour la première nuit, des vêtements chauds, un ciré intégral, deux paires de gants, deux paires de sur-chaussures, un change complet pour le voyage retour, bref de quoi rester serein …)
Tenir bon si longtemps dans ce type de conditions, c’est l’inconnu car c’est une première pour moi. Et c’est aussi ce qui anime le petit vélo dans la tête … tout ce que j’en sais c’est d’adorer rouler le nuit, et je vais être comblé !
Le réveillon de Noël s’est très bien passé, couchage au bon moment, réveil et attente comme un gamin de son cadeau, le ‘carnet de route’ sous le sapin de Noël. Un bisou à toute la famille et c’est parti pour la gare de Caen avec une bonne marge de sécurité car je dois démonter le coffre sur le quai pour pouvoir le faire pénétrer dans le ‘corail ‘.
Le démonter est aussi un jeu pour un enfant, pas d’outil nécessaire, passer le bras à l’intérieur, tenir les vis et dévisser les trois vis papillons. Débrancher les fils de la lumière fixée en haut du coffre (prise ‘Tamiya’), tirer sur la sangle et le coffre se porte comme une valise.
Le voyage va se passer très bien et vite car je récupère (dodo) du réveillon se qui devrait m’aider à passer la première nuit relativement très lucide. A Paris rien de spécial hormis le danger de la conduite avec les automobiles (mais je commence à bien mieux maitriser cette situation)
A dunkerque j’ai une très agréable surprise : la présence de Rameur Fou avec son vélomobile qui arrive de la région de Lille. On échange au maximum pendant que j’enfile les sous vêtements chauds déjà rendus nécessaire à cette heure. Et puis je remonte le coffre et ensuite c’est un coup de tonnerre :
A Dunkerque j’ai une très désagréable surprise : le non présence de la mousse sur le siège …
Petit échauffement en course à pied le long des quais … introuvable … résigné, ce sera sans !
Nous nous rendons maintenant dans l’urgence sur le quai des hollandais.
A Dunkerque j’ai encore un autre très agréable moment : la présence de Zapilon qui attend dans le vent devant le commissariat de police … carte d’identité et tamponnage en urgence à 10 minutes du départ, juste le temps de boire le bon café de Jean qui me dispense ses dernières recommandations (le passage le long de la D300).
Et c’est le départ avec un léger retard tout à fait négligeable (ça c’est pour mon coach) de mon point de vue.
Le vent est violent et nous avons un peu de mal à dialoguer bien que nous sommes à la même hauteur entre le strada et le stinger. La circulation est inexistante ou presque, nous allons faire route ensemble un peu plus loin que Looberghe puis Christophe va devoir retourner dans la région Lilloise !
Merci de votre présence, toutes ces émotions sont ancrées, y a plus qu’à pédaler et rester sur la route !
La conduite est sensible, le vent n’est pas portant et assez latéral, ne pas oublier de déposer la carte postale à Watten puis c’est la solitude dans la tourmente. Excellentes sensations, fais pas chaud, fait pas froid non plus, un temps sec sur routes très humides, un ciel couvert et le bruit du vent dans le casque. Les kilomètres défilent, première pause longue de 20 minutes à Fauquemberg, pas de problème avec le siège, j’en suis soulagé.
Et c’est reparti, la route est agréable, je maintiens l’échauffement, la suspension me berce, passage dans Fruges, une côte assez sympa et là j’ai la révélation, vous savez ce genre d’hallucination qui remet tout en question : une vraie rencontre avec le Père Noël (sisi) !
Il est la sur le trottoir, il titube, il parle tout seul. A 20m je pense que cet individu est bourré et qu’il va m’ignorer, mais arrivé à sa hauteur il me parle …
Le Père Noël : « vous allez bien vous arrêter une minute »
Le Diagonaliste : « ben je n’ai pas le temps vous savez »
(Et je suis passé devant lui sans provoquer de réaction inopinée, ouf !)
Le Père Noël (dans mon dos) : « allons Sergio vous allez bien vous arrêtez une minute »
Mais mais … j’arrête de pédaler net, cet individu me connaît !
Le Diagonaliste : « qui êtes-vous ? »
Le Père Noël : « on m’a dit que vous alliez passer »
Non d’un Père Noël : ce doit être un Sariste ou peut-être un coup à la Bentlu59 !!!!!
Excellente mise en scène, très difficile de reconnaître à la voix, excellente retrouvailles avec Jérôme Baclet venu de Béthune !!! (SARISTE rencontré lors de la diagonale DM en septembre).
Je me souviens lui avoir dit que le Père Noël n’est pas une ordure lorsque j’ai aperçu le vélo dans le coffre de son traineau. Le Père Noël existe maintenant j’en suis certain !
Quel personnage, quel punch, quel humour, et quelle agréable surprise …
Et nous nous sommes quittés après avoir chargé le vélo de prêt d’un kilo de gâteau de riz fait maison avec de bons raisins secs et autres fruits confits ! Un régal, MERCI JEROME!
Evidement une telle rencontre me booste, cette diagonale doit être réalisée, à défaut du temps, le moral est au beau fixe. Reprise de la randonnée sous l’émotion et ensuite Jérôme fera une photo au rond point séparant nos routes. A une prochaine et conserve toujours ton punch !
(Il est 1h00 passée … direction plein sud … le petit vélo dans la tête)
Un peu avant Hesdin soit 1h après, le déluge est sur la route … je dois me résoudre à enfiler l’ensemble pantalon veste ciré, et les paires de sur-chaussures (une chaude et l’autre pour la pluie). Je suis complètement étanche, le vent touche à peine le bout du nez, je traverse les villes et villages à l’aise, je reste chaud et je mange un maximum pour conserver la chaleur.
Mais tout va brutalement se dérégler, je commence à avoir sérieusement des difficultés à rester chaud à chaque arrêt. A la sortie d’Abbeville je mets pied à terre pour pousser le vélo dans cette côte qui va me surprendre. A Oisemont je croule de sommeil, vingt minutes sous un porche et c’est reparti, la gamberge arrive déjà, je perds du temps sur la feuille de route, va falloir envisager cette diagonale avec des micros pauses à la demande et ne plus pouvoir espérer faire des cycles de 2h30 entiers. Il fait trop froid dans mon jus à chaque redémarrage.
A Aumale je prends un bon chocolat chaud dans un café, je me requinque mais le plaisir est gâché par une violente querelle entre deux clients. Le petit déjeuner m’a fait du bien. Je repars avec du retard mais rien de catastrophique, y aura bien un moment ou tout ira mieux !
A Forges les eaux je me précipite dans un Kebab avant le rush de midi ! Bien joué, bien mangé, du tout bon pour la suite.
Le temps est tempétueux, les averses de pluies sont très fréquentes, je reste étanche au froid et je reprends du poil de la bête, mais le retard s’accumule…
A Lyons la Forêt je m’écroule de sommeil, l’abri bus en face de la poste va faire l’affaire, et pas dans la discrétion, je dors de nouveau vingt minutes, et j’ai de nouveau froid au redémarrage, je suis trop mouillé sous le ciré !
A 35 kms d’Evreux grosse remise en question du projet, mais pour ne pas être tenté d’y abandonner je n’avais pas consulter les horaires des trains pour Caen. Perte du moral, coup de téléphone à la maison, consultation des horaires par ma fille, 20h41 dernier train … 2 heures pour y parvenir, ça va être chaud ! Un sms de cyclochica (ma coach) qui tombe à pic et je repars à donf pour continuer à faire rêver sur le forum … que c’est dur … A Venables je suis en souffrance du côté intime, si je rate le train je continue et si je peux l’avoir j’abandonne, le plaisir n’y est plus.
Vers 21h00 j’envoie un sms pour expliquer que j’ai raté le train de peu mais raté !
Ma fille comprend que je n’ai pas compris, le dernier est à 21h41 !!!!
« YES L’ABANDON EST POSSIBLE ET C’EST LA MEILLEURE SOLUTION »
Je suis à la gare 25 minutes avant le train, le chef de gare m’accompagne pour traverser les voies, le train arrive, je monte et je me change intégralement ! Du sec ! C’est terminé je ne souffre plus !
Bilan : passer de la pommade là où les frictions ont entamées la chaire.
Quelle belle leçon de cyclotourisme que je viens de prendre, la moindre bobologie et c’est la cata, un tube de pommade de 30gr aurait permis de faire de la prévention, oui mais voilà je n’ai pas encore assez d’expérience …
Je suis très content de ne pas avoir remis en question le projet malgré les prévisions météo.
Je reste convaincu que je dois pouvoir la réaliser en ajustant la préparation …
Je vais continuer à rouler mouiller chaud et dès que c’est devenu froid je passe un change sec et ainsi de suite. Et je vais bien voir si le ciré est l’arme absolue et je vais bien entendu badigeonner de la pommade pour éliminer les frottements mais en phase préventive.
Je vous tiens au courant des tests et aussi de la prochaine planification de cette diagonale !
D’ici là entrainement pour le BRM de Mouscron … Je retiens une phrase écrite par Laëti : « tu ne peux pas tout réussir » et c’est bien vrai, c’est pour cela que j’aime la longue distance
Encore Merci pour vos encouragements sous diverses formes et à bientôt pour d’autres aventures.