Nous n'aurons que quelques km a faire pour rejoindre le méandre. Et c'est là que nous découvrons une centrale électrique hydraulique de type "pompage-turbinage".
En fait, son rôle n'est pas de produire de l'électricité mais de servir de stockage pour lisser les pointes de consommation.
Pour se faire, deux bassins ont été construits sur une colline avoisinante a une hauteur de 250 mètres par rapport au méandre, qui sert, en fait, de bassin inférieur.
Lors des périodes de faible consommation (la nuit par exemple), la centrale pompe l'eau du bassin inférieur vers les bassins supérieurs.
Elle consomme donc de l'électricité pour effectuer ce transfert.
Lorsque la demande en électricité augmente brusquement (début et fin de journée), la centrale relache l'eau des bassins supérieurs qui, entrainant des turbines, produit de l'électricité.
petite légende pour mieux comprendre :
en 1 les bassins supérieurs
en 2 la salle des machines (turbines alternateurs)
en 3 le méandre qui est le bassin inférieur
en 4 le transformateur THT pour passer a 380 000 volts
en 5 la ligne 380Kv pour le transport
Je n'ai pas l'habitude d’assommer de chiffres mais je pense qu'ici, ça permet de mesurer l'importance du système.
2 conduites forcées relient les bassins supérieurs aux turbines. Leur diamètre varie entre 6.5 et 8m (en fonction de l'inclinaison) et leur longueur proche du kilomètre. Elles sont souterraines.
Les deux bassins supérieurs totalisent une capacité de 8500000M³ d'eau (8,5 milliards de litres).
6 turbines de type "Francis" à axe vertical couplées a des alternateurs, produisent le courant électrique sous haute tension (20 000 volts).
les 3 "petites" turbines sont traversées chacune par 65m³ d'eau/seconde et produisent chacune 158MégaWatt (soit 474MW pour les trois). Elles ont été mises en service en 1972 et font partie de Coo 1.
Les 3 plus grosses acceptent 109 m³ d'eau par seconde et produisent chacune 230 Méga Watt (soit 690 MW au total). Elles ont été mises en service en 1980 et font partie de Coo 2.
Ensemble, elles fournissent 1164 MW d'électricité.
La production journalière moyenne s'élève a 5000 Mégawatt heure. (juste pour rire, a 10wh/km, ca ferait 12500 tours de la terre pour un vélo électrique)
Si, en sortie des alternateurs, nous avons du 20 000 volts, un transformateur élève la tension a 380 000 volts pour envoyer l'énergie via les lignes a haute tension.
Ceci est nécessaire car pour une puissance donnée, Plus la tension est élevée, plus le courant est faible. Les pertes du transport sont ainsi réduites au minimum.
(vous vous demandiez pourquoi il y a des lignes a haute tension... maintenant, vous le savez...)
Je n'ai pas de photo des bassins supérieurs parce que le site est grillagé et interdit d'accès.
Par contre, dans le cadre de mon job, nous nous sommes servi d'un pylone situé dans l'enceinte.
je me souviens avoir escaladé le talus et découvert cette étendue d'eau assez impressionnante.
N'ayant plus accès, les photos sont absentes mais, une fois n'est pas coutume, j'ai photographié une affiche présente sur site qui montre a quoi ca ressemble.
Par année, la production d'électricité est de 1300 GigaWatt heure (l'équivalent de 370 000 ménages).
A pleine capacité, elle peut fournir une puissance de 1100 MW pendant 6 heures. C'est autant qu'une centrale nucléaire... mais pour une période limitée.
C'est, évidemment, tout relatif et juste pour donner une idée. En fait, elle ne produit rien puisqu'elle consomme (en période creuse) ce qu'elle restitue en heure de pointe.
Et comme le rendement n'est pas de 1, on considère qu'elle restitue les 3/4 de l'énergie nécessaire pour remonter l'eau. C'est du aux pertes dans les alternateurs, pompes, force de l'eau etc...
le grand avantage de ce système est que la puissance maximale peut être atteinte en moins de 2 minutes seulement.
Avec l'arrivée du renouvelable, le lissage de la consommation va prendre plus d'importance.
Pour faire face a ce nouveau défi, une extension est prévue avec un troisième bassin (5 millions de m³) et deux turbines supplémentaires de 300 MW chacune.
6 éoliennes et 17000 panneaux solaires feraient aussi partie du projet. 6 ans de travaux sont quand même a prévoir...
A terme, je pense que ce type de centrale va prendre de plus en plus d'importance (pour stocker l’énergie verte qui est intermittente) et supplanter, petit a petit, la production pure et dur.
c'est une bonne alternative aux batteries même si celles-ci auront un rôle a jouer au niveau local. L'arrivée des voitures électrique et leur batterie auront leur rôle a jouer dans ce stockage.
C'est, du reste, la raison de la norme V2G (réseau) et V2H (hôme pour la gestion photovoltaïque par ex).
la digue qui "ferme" le méandre
une vue du bassin inférieur
les bâtiments de la centrale (les machines sont dans la colline)
coordonnées géographiques : 50.388523, 5.846007 (bassins supérieurs)
coordonnées géographiques : 50.384910, 5.862059 (centrale et bassin inférieur)
Assez parlé, reprenons la route et la direction de La Gleize pour bifurquer vers Roanne.
au gré de la montée, nous découvrons quelques jolies vues et même... un bâtiment connu (normal, la route est pratiquement parallèle a celle empruntée tout a l'heure)
une vue générale
le sanatorium visité tout a l'heure
Un peu plus haut, un chêne pédonculé dont le tronc forme un creux dans lequel une potale fut installée.
coordonnées géographiques : 50.410665, 5.870103
Rien de particulier sur cette route qui nous amène au village de Francorchamps.
Nous n'aurons qu'a tourner a droite pour découvrir l'Eglise moderne de Francorchamps.
Elle est ornée d'un bas relief représentant des personnages.
de gauche a droite son représentés un homme et une femme, un couple puis une famille. Ils sont accueillis à l’extrême droite par Saint Georges tenant la croix et terrassant le dragon...
Heureusement que le bouquin que j'ai lu précise : Seul un œil avisé et observateur y retrouve les personnages représentés.
Moi, j'ai juste compris une chose... je ne comprendrais jamais l'art moderne...
Le clocher est isolé de l'église et supporte 3 cloches mues, semble-t-il, par une commande électrique.
coordonnées géographiques : 50.453711, 5.949786
Étant a Francorchamps, ce serait un sacrilège de ne pas faire un petit détour de 1500m pour ramener une vue du circuit automobile national.
Malheureusement, le circuit n'étant plus accessible, seule une photo de la tour englebert avec le raidillon en arrière plan sera possible. (et encore, avec un téléobjectif costaud)
J'ai vu, sur google map qu'une route contournait une partie du circuit. je ne l'ai jamais parcourue mais peut-être qu'en cherchant bien, quelques photos pourraient être prises... peut-être par le ravel, aussi (je verrais cela l'an prochain).
En attendant, internet vous en dévoilera plus.
coordonnées géographiques : 50.442882, 5.969538
Retour au village et continuons vers Spa.
En bordure du terrain d'aviation, nous nous arrêterons non pas pour laisser un avion décoller mais pour nous engager dans un coupe-feu.
Un coupe-feu ? au milieu des fagnes ? mais qu'est-ce qu'il a découvert là, donc !!!
Ah cà... il faudra laisser le waw a l'entrée mais un vtt pourrait entrer... (finalement, le waw est rentré... mais juste juste)
il faudra s'engager (a pied) sur un bon 500m puis s'éloigner du coupe-feu et s'enfoncer dans le bois sur 100m pour découvrir un étrange machin tout rouillé perdu, caché même, par la végétation.
Et il y en a même deux. (on regrette pas d'être venu...)
Ce sont deux ronds ressemblants a des cibles parées d'épaisses plaques d'acier...
Ca, c'est la théorie... En pratique, ca c'est pas tout a fait passé comme ça...
Lors de la sortie, j'ai voulu voir les cibles 1 et 2 situées a 500m. Je me suis quelque peu éloigné du coupe feu mais sans résultats.
J'y suis retourné quelques jours après, avec cartes préparées, divers repères et... rien. Pas moyen de retrouver ces deux cibles.
Les auteurs de l'article ont bien raison quand ils recommandent de les rechercher en hiver, quand la végétation est pauvre.
la troisième cible, celle de 1000m, était plus facilement localisable et dans un environnement plus dégagé et là, Bingo.
J'avais lu que cette cible était dans un terrain privé... c'est possible, mais rien n'est annoncé
Il faut savoir qu'a cet endroit, début des années 1900, Spa possédait le stand de tir le plus moderne d'Europe.
Des 54 emplacements individuels (répartis sur deux étages), plusieurs type de tirs étaient pratiqués (revolver, fusil, arc a flèches et même arbalètes avec des cibles de 12m a 1000m).
Des performances étonnantes pour l'époque.
L’existence de ce stand de tir fut de courte durée. Dans la guerre 14-18, il sera utilisé par les allemands et par la suite, son entretien sera négligé. L’État abandonne l'usage du champ de tir le 13 octobre 1961.
Des cibles distantes de 400m, 800m et 1000m sont des monstres de métal de 2.4m sur 2.25m. Seules les deux cibles de 400m et celle de 1000m subsistent encore aujourd'hui.
Ces cibles sont dites "Bremer" du nom du capitaine René Brémer qui les inventât.
Plus on tire de loin, plus il est difficile de voir le résultat.
Le génie de René Brémer a été de construire des cibles avec une trentaine de palettes de métal en équilibre sur leur axe.
Quand l'une d'elle était touchée par une balle, elle pivotait sur son axe avant de revenir sur sa position initiale après avoir actionné un contact électrique.
L'information était ramenée au stand de tir par un simple câble électrique "multi-pairs". Quelques paires de réserve étaient prévues dans le câble pour palier a des coupures.
Ramenée au centre de tir, cette information était traduite sur une autre cible miniature placée a proximité du tireur qui pouvait donc connaitre, immédiatement, le résultat de son tir.
Quand je parle de génie... n'oublions pas que nous sommes vers les années 1910.
Des manuels militaires détaillent le fonctionnement des cibles. Ils sont au musée royal de l'armée ainsi qu'au musée du camp de Beverloo.
On retrouve ce type de cible a plusieurs endroits :
3 à spa, 3 à Elsenborn, 12 à Droixhe, 15 à Beverloo (bourg leopold). En 1940, l'occupant allemand transféra les 12 cibles de Droixhe à Beverloo qui en compta donc 27.
Mais on sait, aussi, que cette invention a remporté un certain succès a l'exportation. Des cibles ont été vendues jusqu'en Argentine.
le waw dans le coupe-feu (ca a raclé sur quelque pierres)
la cible 3 vue du coupe-feu (au téléobjectif 300)
vue coté face
et coté pile
vue de profil
arrière supérieur de la cible
coordonnées géographiques stand de tir : 50.475762, 5.910394
coordonnées géographiques bâtiment : 50.474415, 5.908799
coordonnées géographiques cibles 1 et 2 : 50.472858, 5.907183
coordonnées géographiques cible 3 : 50.468344, 5.902741
2 vues du terrain d'aviation tout proche
c'est un centre de parachutisme mais deux chasseurs sont présents. il y a un mirage (presque sûr) mais l'autre...
Reprenons la route et descendons de 1km pour découvrir la source de la sauvenière.
C'est l'une des plus ancienne de Spa puisqu'on en trouve trace au 7ième siècle. La légende voulu qu'elle fut découverte par Saint Remacle.
La présumée empreinte de la sandale du saint figure toujours dans une pierre près de la source.
Selon la croyance, des propriétés concernant la fertilité sont attribuées à la source en buvant l'eau et en plaçant le pied dans l'empreinte de la sandale.
La source de Groesbeek jaillit à quelques mètres de celle de la Sauvenière.
En 1651, le baron de Groesbeek construit une petite structure pour protéger la deuxième source à cet endroit, la source Groesbeek.
Suite à un tremblement de terre en 1692, la source de la Sauvenière était presque tarie au profit de la source Groesbeek mais quelques travaux lui rendirent vie.
vue générale du site
l'empreinte du pied de St Remacle
le pouhon qui abrite l'empreinte du pied de st Remacle et les deux sources (Groesbeek et sauvenière) Ces deux sources partagent le même pouhon mais elles sont bien différentes, la composition est différente.
la source de la sauvenière
la source Groesbeek
coordonnées géographiques : 50.485286, 5.897992
Après une promenade en pleine nature en empruntant le "chemin des fontaines", nous retrouvons la source de la Géronstère visitée au début du périple puis nous descendons la rue de Barisart.
le waw au parking... la source est dans le bâtiment en arrière plan
très curieusement, l'eau ne coule pas...
coordonnées géographiques : 50.474543, 5.863002
Au pied de cette descente, on trouve une glacière...
Bon, non, c'est une blague... en fait il y avait des abattoirs et une glacière a été construite mais celle-ci n'est pas visible de la rue et la personne qui s'en occupe n'était pas là... par contre, le vieux frigo...
mais en réalité, qu'est une glacière ?
Récolter de la glace naturelle durant l'hiver, la stocker dans des glacières, puis en prélever au fil des mois chauds pour pouvoir garder aliments et boissons au frais... C’est une pratique connue dès l'Antiquité.
C'est vers 1757 que Spa s'est dotée d'un abattoir et en 1878, on créa une glacière urbaine d’une capacité de 150 m3, creusée à flanc de colline. Elle possède une cuve circulaire en briques recouverte d'un dôme percé en son centre pour l’approvisionnement en matière première (des blocs de glace découpés, en hiver, dans les étangs avoisinants). Cet orifice était refermé par de la paille et de la terre. Le sol, en pente, permet d’évacuer les eaux de fonte. La viande pouvait être conservée dans des niches aménagées dans la paroi extérieure de la cuve et accessibles par une galerie voûtée encerclant celle-ci.
Elle fut classée comme monument le 2 décembre 1993
Outre la glacière de l'abattoir (pas de photos car pas d'accès au bâtiment), on trouve à Spa, une bonne dizaine de glacières en très bon état.
les clients qui venaient a Spa pour des cures thermales, appréciaient les boissons fraiches en plein été.
Il n'est donc pas surprenant que les plus grands hôtels avaient leur glacières. Certaines pouvaient, parfois, contenir plus de 400 tonnes de glace.
Souvent, elles étaient enterrées se servant de la terre ou de la roche comme isolant naturel.
Bien sur la glace fondait mais, dans les bonnes glacières, on récupérais souvent la moitié de la glace stockée.
Contrairement aux pratiques actuelles, on ne mettait pas de la glace dans la boisson mais on entourait le récipient de glace ce qui rafraichissait le contenu.
Spa possède la plus grande concentration de glacières de Belgique
Avec les techniques actuelles, bien sur, ces glacières ne sont plus utilisées mais leur conservation permet de témoigner de l'imagination dont les hommes sont capables.
la première glacière
et la deuxième 100m plus haut
coordonnées géographiques : 50.494072, 5.858196
et une jolie fontaine juste en face