Nouveau record pour le prix du baril...

avec "la suite" (ou le début, ou l'ensemble) en texte et interview complète

J'ai pas tout écouté. Ce que dit le gentil Monsieur est certainement intéressant, mais quand il a expliqué que les "différents printemps arabes" étaient liés au pic (et à la subséquente chute) de leur production du pétrole, j'ai zappé.

En effet, le premier printemps arabe s'est produit fin 2010 en Tunisie, pays qui n'a pas de pétrole. Donc pas de "problème" post-pic....

Certes, en pinaillant, on peut dire que le pétrole rapporte un petit peu à la Tunisie qui dispose d'un terminal pétrolier relié à un oléoduc venant d'Algérie.

Jancovici avait détaillé les différentes situations des pays arabes concernant le pétrole et les importations / exportations / problèmes de climat, c'est ici https://jancovici.com/videos/1h30-de-daech-a-la-cop-21/ Chaque pays avait des contraintes différentes.

Sinon le même Pablo Servigne en interview à Mediapart :


et les 2 auteurs du livre en conférence : https://www.youtube.com/watch?v=N_TgyZAOrOU

Dans un autre fil olivier évoquait le Rohloff comme recours durable, c'est pertinent mais il faut quand même résoudre la question de la domination de l'industrie allemande en Europe au prix de la désindustrialisation du reste de l'Europe. Plus d'industrie "locale" ou "nationale", signifie des difficultés d'entretien quand le transport devient trop coûteux.

chabizar a écrit:

... mais il faut quand même résoudre la question de la domination de l'industrie allemande en Europe au prix de la désindustrialisation du reste de l'Europe. Plus d'industrie "locale" ou "nationale", signifie des difficultés d'entretien quand le transport devient trop coûteux.

Entre du matos allemand et de l'asiatique, le choix est vite fait. Outre l'aspect qualitatif, la proximité est un vrai plus. Même si, le prix du transport est généralement minime, hélas d'ailleurs puisque ça encourage les productions lointaines et la multiplication des interventions dans différents pays pour un même article, rien que pour jouer sur les différences de côte de main d'oeuvre.
Quant au reste de l'Europe, ce ne sont à priori pas les Allemands qui empêchent les Français (entre autres) de produire de la qualité. On a une excellente industrie de mécanique de précision, alors à quand le Rohloff français ?

Le jour où il y aura en France un marché de la rando/taff vélo significatif. Mis à part "une poignée" de cyclorandonneurs/cyclotaffeurs, le reste de la population fonctionne en mode "voiture" plus éventuellement "vélo de course pour du sport pur". Pas de rohloff (ni de VC) dans ces cas.

Mais bon, la concurrence est rude même pour rohloff avec les produits plus ou moins similaires de Shimano susceptibles d'être produits en quantités "mondiales".

JoCo a écrit:

Quant au reste de l'Europe, ce ne sont à priori pas les Allemands qui empêchent les Français (entre autres) de produire de la qualité. On a une excellente industrie de mécanique de précision, alors à quand le Rohloff français ?

Il existe des différences de compétitivité entre les pays européens. Notamment, les allemands sont plus compétitifs que les français, et cette difficulté dans les échanges a longtemps été résolue par des dévaluations monétaires : le Franc perdait de sa valeur par rapport au Mark, ce qui rendait les exportations allemandes plus coûteuses pour les français, dont les importations de produits allemands étaient alors limitées par le taux de change.

Je vais être caricaturale mais je m'inspire d'analyses économiques et démographiques (Todd, Sapir, Berruyer) : les allemands travaillent très efficacement mais ne font pas d'enfants, alors que les français maintiennent leur taux de natalité.

La monnaie unique ayant fixé ad vitam aeternam (?) le taux de change entre les anciens Franc et Mark, les produits allemands sont moins chers en Euros que ce qu'ils seraient en Marks, et les produits français sont plus chers en Euros que ce qu'ils seraient en Francs.
C'est comme ça qu'on arrive à un déséquilibre des balances commerciales avec une Allemagne exportatrice qui écrase le reste de l'Europe. Un Rohloff français me semble peu probable dans le contexte actuel.
J'ai travaillé en Allemagne et j'ai beaucoup aimé l'ambiance, mais 15 ans après je pense que les choses ne sont pas aussi simples que "ah c'est trop cool - ach das ist locker".

Heu je m'égare un peu, mais : cherchez "soldes target2" sur ecosia.org ou Qwant (pour changer de gougueule).


hube68 : certes les allemands ont plus recours au vélo utilitaire mais ils adorent aussi les grosses bagnoles qui consomment... Pas d'angélisme en la matière.


[edit] fautes d'orthographe

chabizar, je n'ai pas dit qu'ils n'aimaient pas les grosses caisses pour autoroutes non limitées en vitesse. Il se se trouve que je connais aussi un peu nos voisins, personnellement et professionnellement. Et ce ne sont pas des anges. Parfois, sous des apparences de 'made in Germany' se cache aussi de la sous-traitance à l'Est...

Le principe que la faible natalité favorise la compétitivité, ce qui est vrai à court terme, s'applique aussi au Japon, pays qui a toujours admiré... l'Allemagne.

Certains investissent dans les enfants, d'autres dans les machines!

Oui je me retrouve dans votre analyse de la germanie !

Je trouve que l' euro est plusss adapté aux allemands qu' aux autres !

Pourquoi ?
La production allemande est pour une bonne partie du high tech qui se vend donc plus cher !

Exemple industrie :
*Siemens présent dans : Automation, télécommunications, matériels ferroviaires, équipement médicaux, centrales électriques, mais aussi la santé et l' energie.
*Bosch... etc
Exemple quotidien : Mercedes Benz, Bmw, audi...

Ces produits beneficient ( à tord ou à raison d' une bonne image de qualité ) si vous les voulez, vous devrez mettre la main à la poche, et si l' euro se valorise de 5% cela ne changera rien.

En industrie la productique allemande a le vent en poupe depuis bien longtemps. Si vous souhaitez ces machines vous mettez la main à la poche.
Pour les produits courants, idem. Si les chinois, les Bresiliens, veulent une voiture haut de gamme c souvent une marque allemande. Un euro un peu plus cher ne les dissuadera pas.

Par contre un euro fort ne s' adapte pas aux produits moyens de gammes ou bas de gammes.
Exemple l' Italie. / 3ieme economie de la zone euro.

Imaginez... :
Vous êtes vendeur de fiat Panda en Asie, en amérique du sud et que l' euro se valorise de 10%.
Votre produit souffrira d' avantage de la compétitivité (la panda risque de ne plus se vendre.)
Celui qui veut la mercedes dépensera plus, même 10%.

L' euro est (pour moi) le mark allemand pour tous.

J' espère avoir été "pas trop compliqué"

Oui, pas mal...

Donc ce "Mark" est une bénédiction pour les Français LVMH et consort...

Plutôt que dire que l'Allemagne pénalise les exportations françaises ou italiennes avec son euro-mark fort, on pourrait aussi dire que grâce à l'Allemagne l'Europe a encore quelque chose à exporter.

Je ne suis pas capable de décortiquer l'histoire de la mondialisation, mais j'ai de la peine à imaginer que la France puisse relancer ses exportations juste par la grâce d'un retour à un franc faible. Il faut aussi une culture industrielle, une capacité à prendre des décisions rapides donc de manière pas trop bureaucratique...

Et obtenir l'accord du personnel sur des contraintes de flexibilité rémunérée, grâce à l'action constructive de syndicats dont le maître mot n'est pas "grêve". Les conflits sociaux n'enrichissent personne. Les syndicats allemands, bien représentatifs des personnels car ne se limitant pas à défendre des fonctionnaires, obtiennent bien plus par la négo que ce que les syndicats français du 19ème siècle arrachent par la séquestration, la grêve et la casse des outils.

Et le préjugé ça enrichit qui ?

Ça enrichit au moins les discussions de comptoir...

Velodumatin a écrit:

Plutôt que dire que l'Allemagne pénalise les exportations françaises ou italiennes avec son euro-mark fort, on pourrait aussi dire que grâce à l'Allemagne l'Europe a encore quelque chose à exporter.

A un très gros détail près : l'Europe n'est pas une fédération. Et donc, il n'y a pas d'Europe qui exporte au nom de l'Europe. Il y a l'Allemagne qui exporte au nom de l'Allemagne. Une fédération c'est un budget bien plus conséquent que le budget européen actuel.
Par ailleurs, l'Euro n'est pas égal au Mark, il est tout de même fort que n'était le Mark, et cela profite très bien à l'Allemagne.

Velodumatin a écrit:

Je ne suis pas capable de décortiquer l'histoire de la mondialisation, mais j'ai de la peine à imaginer que la France puisse relancer ses exportations juste par la grâce d'un retour à un franc faible. Il faut aussi une culture industrielle, une capacité à prendre des décisions rapides donc de manière pas trop bureaucratique...

Oh, sans aller jusqu'à exporter, si déjà on pouvait produire pour nous...
Mais tu as raison, la culture industrielle est détruite en France. On a perdu les outils et le savoir-faire.


@O'Leave : le préjugé sur qui ou quoi ?

Je réagissais, de manière épidermique, uniquement aux dernières phrases d'hube68. Je suis "dans" l'industrie française, certes dans une branche qui a ses particularités, mais l'époque des négociations salariales en mode "portails enchaînés et barbecue sauvage" est derrière moi. Pardon pour ce HS, continuez les discussions économiques c'est plus intéressant.

Va-t-on tout droit vers un choc pétrolier en 2020 ?

Effectivement Olivier, il semblerait qu'un nouveau cadre réglementaire fasse bouger les choses :
https://energieetenvironnement.com/2018/11/28/comprendre-la-crise-des-carburants-maritimes/

On a parlé de la non taxation des carburants maritimes, et de leur teneur en soufre. Or au 1er janvier 2020, le mazout soufré sera interdit dans la marine marchande.

Philippe Gauthier le 28/11/2018 a écrit:

La nouvelle norme internationale sur les carburants maritimes est l’un des plus grands défis jamais affrontés par l’industrie pétrolière. Les raffineries ne sont pas prêtes à fournir les quantités voulues de carburant à faible teneur en soufre et ne savent pas que faire des quantités croissantes de brut fortement soufré qui arrive sur le marché. En fait, le carburant diesel pourrait venir à manquer, avec d’importantes répercussions sur les prix de toute la chaîne des produits pétroliers, y compris l’essence. Portrait d’une crise annoncée.

Il est possible que l'on assiste en 2020 à une remontée des cours du pétrole à des niveaux aussi élevés qu'en 2008.

Il ne sera nul besoin d'attendre 2020 pour assister à une remontée du cours du pétrole. Actuellement, l'Iran continue de vendre son pétrole (Trump a laissé 6 mois aux pays importeurs du pétrole iranien pour changer de fournisseur). Une fois que l'Iran dégage du marché, ça va faire un trou dans la raquette et même si Trump demande à ses potes saoudiens et cie de maintenir un prix du baril bas, pas sûr que ça suffise en terme de volume. On verra d'ici le 2ème trimestre... 2019.

Tiens, même les Saoudiens commencent à ramasser leur mise avant qu'il ne soit trop tard...
http://www.rfi.fr/economie/20191103-arabie-saoudite-petrole-aramco-entree-bourse

Il faut reconnaître que les USA ont bien joué...
Qui va subir des pressions pour acheter du gaz de schiste à la place du gaz russe ?

Sachant que le prix du pétrole est inélastique et ne répond absolument pas à la loi de l'offre et de la demande, le titre de ce fil gagnerait à être mis à jour.

On avait loupé un petit topo de Matthieu Auzanneau sur le peak oil :

Il semblerait qu'on ne soit plus si loin de la grosse claque.

JeanMarc38 a écrit:

Il faut reconnaître que les USA ont bien joué...
Qui va subir des pressions pour acheter du gaz de schiste à la place du gaz russe ?

Je ne sais pas de quand date cet article mais le 13 septembre 2019 Le Monde comme d'autre média nous informait que la production américaine stagnait voire baissait légèrement annonçant un resserrement certain de l'offre en pétrole.

https://www.lemonde.fr/blog/petrole/2019/09/13/la-production-americaine-de-petrole-a-cesse-de-croitre/

L'article des échos a la date suivante :
Publié le 5 nov. 2019 à 12h54
Mis à jour le 5 nov. 2019 à 18h07

Il faut bien voir aussi que l'offre s'est effondrée au Vénézuela et en Iran, il y a aussi une baisse. A cela, il faut ajouter que 1/3 des réserves de pétrole dans le monde est sous le coup des sanctions américaines. 25% du pétrole US part en Europe. En matière d'énergie, on est de plus en plus tributaire des US sans parler qu'on paie tout ça en dollars ("leur monnaie, notre problème").
Comme le sous-entend El Gato (si j'ai bien compris), le pétrole devient une composante géopolitique. Cela n'augure rien de bon pour les pays européens et leur fonctionnement tant économique que social.

JeanMarc38 a écrit:

le pétrole devient une composante géopolitique.

Ça fait longtemps que c'est le cas.
Cela dit, on assiste peut-être à une utilisation plus franche ces derniers temps.

Je suis étonné des prévisions de consommation évoquées par l'OPEP pour les années à venir.
Soit je suis trop optimiste soit l'OPEP se garde bien de prendre en compte les prises de conscience actuelles. Ils doivent considérer que des prévisions à la baisse seraient une prophétie auto-réalisatrice mauvaise pour leur business.
On va dire qu'il doit y avoir au moins un peu des deux.

Et du pétrole au prix négatif.

https://www.tradingsat.com/petrole-brent-MP0000000BRN/actualites/petrole-brent-des-prix-negatifs-pour-certains-barils-symptome-d-un-marche-petrolier-qui-se-desagrege-907017.html

Mais ce n'est pas une bonne nouvelle.