- tifoxis a écrit:
- N'est ce pas la Vipère que j'ai croisé à l'entrée de Charavines ce jour? Mais pas reconnu le Trike qui suivait!!!
Bon allez! Bien sûr que c'était moi... et bien sûr derrière la Vipère (qui m'a fait souffler sur les 20 km qu'on a faits pour aller au Bricomarché d'Apprieu (voir plus loin dans ce message)
Et puisque Gérald aime qu'on lui raconte des histoires de vélo, apparemment, voici la mienne...
Ces derniers temps, je me disais que cette période de couvre-feu devait être idéale pour faire du cyclo-camping sauvage :plus de circulation après 18 heures, et possibilité de se planter à peu près n'importe où sans être embêté.
Comme j'avais une semaine devant moi avant mon prochain séjour en montagne pour le ski de rando (Ahhh! la dure vie des retraités...),j'ai décidé de monter un peu vers le Nord, avec comme point de chute Charavines.
Je voulais aussi tester mon VTX sur des distances assez grandes, pour évaluer son confort. J'ai donc commencé par me fabriquer une remorque à deux roues (dont une avec un moyeu-dynamo). Pas d'installation électrique sur le VTX, à part un catadioptre devant et une attache pour la remorque derrière. Construction classique: châssis en alu riveté, plancher en contreplaque 5mm, caisse et couvercle en Coroplast (on ne se refait pas...
)
La dynamo charge la batterie du E-Werk, celle-ci recharge la frontale que j'utiliserai éventuellement la nuit, le problème ne se posant pas cette fois-ci, du fait de l'arrêt de la circulation à 18h. On n'est pas à l'abri, cependant, d'un tunnel non éclairé...Dans la remorque, tente, Thermarest, duvet confort -4°C, popote, réchaud à essence, tenue de soirée, un minimum de bouffe...)
Col d'Ey au démarrage, le 30/32 est un peu long avec la remorque chargée derrière, mais ça passe en forçant.
Même chose pour le Col de la Sausse, et descente sur Bourdeaux, Saoû et Crest.
A Crest, première petite panne: un des caoutchoucs (chambre à air de 18-622) a rendu l'âme et la remorque fait du bruit, et se comporte pas trop bien. Arrêt et réparation de fortune avec un bout de bout, un emplâtre et du chatterton...
C'est bon, ca roule bien de nouveau, bien que la suspension de la remorque ait perdu un peu de souplesse. Dans la plaine, le Mistral est assez fort, de face, naturellement, et assez froid. Mine de rien, j'y laisse pas mal de calories, si bien qu'arrivé à Chabeuil, je commence à envisager un endroit pour planter la tente. Je le trouverai un peu avant Charpey.
A l'entré d'une sorte de domaine, il y a un petit bout de plat un peu protégé du vent par une haie. Je m'installe un peu avant 18 heures, ce qui me vaut les regards amusés ou incrédules des gens qui passent en bagnole pour le dernier déplacement licite...
Il fait vite très froid. La tente est vite plantée, le matelas gonflé, les pâtes cuites et avalées avec deux tranches de jambon. Je me glisse dan mon gros duvet, enfin un endroit où on ne se caille pas...
Au réveil, la gelée n'est pas que blanche. Le siège du VTX est blanc, et sur le capot de la remorque des petites plaquettes de glace se sont formées. Petit déj, je sors la cafetière, mais manque de pot, j'ai oublié le café! Y'a pas à dire, un bol de lait chaud, le matin, ce n'est pas mauvais, mais ça ne vaut pas un bon café!!
Démontage, rangement des affaires dans la remorque, et c'est reparti!
Le relief est un peu plus accidenté,le paysage est sympa, avec le Vercors dans la brume au Sud. Vers Hostun, gros bruit derrière, le trike lui ne bronche pas, mais je vois passer ma roue de remorque côté gauche... Comme la voie de la remorque est plus étroite que celle du VTX, elle vient s'arrêter sur le guidon, et je peux la choper avant l'arrêt complet.
Les deux roues sont vissées dans un essieu, celle de droite se visse donc dans le sens de la marche, mais pas celle de gauche, bien sûr. J'avais bien mis des vis de pression sur le filetage, mais justement celle de gauche s'est dévissée, volatilisée, et du coup la roue gauche s'est dévissée et s'est dégagée de l'essieu.
Séquence Mac Gyver, je vide la remorque en pleine campagne et je commence à me dépanner. De nombreuses voitures s'arrêtent pour me demander si j'ai besoin d'aide, preuve qu'il y a encore des gens qui ne sont pas bouffés par l'individualisme ambiant...
L'idée, c'est de changer le sens de l'essieu, c'est à dire de mettre la roue droite à gauche et vice-versa. Du coup la roue où il n'y a plus de vis de pression se retrouve auto-serrante avec le sens de la marche.
Je m'arrête un peu plus loin, à St Romans, pour m'acheter une viennoiserie et un café dans un distributeur dans une boulangerie. En sortant, je regarde machinalement ma remorque, et horreur, je vois la roue gauche qui ne tient plus que par quelques filets. Quelques centaines de mètres plus loin et je voyais une fois de plus ma roue me dépasser !
La vis de pression s'est barrée également, mais heureusement j'en avais pris de rechange, et je rebloque comme il faut. Comme je n'en ai qu'une, je l'assure avec un bout de chatterton: si elle se dévisse, au moins je ne la perds pas !
Je repars,en espérant ne plus avoir de problème jusqu'à Charavines... St Nazaire en Royans, Tullin, belle montée jusqu'à Renage, Rives, et Charavines enfin. Plaisir d'arriver et de retrouver Zazie et La Vipère.
Le lendemain, petit déplacement express au Bricomarché d'Apprieu pour acheter quoi ?
De la Loctite bleue, bien sûr ! (à ce propos, je me suis aperçu l'an passé lors de mon séjour chez ICE que Loctite, que j'avais toujours prononcé à la française, se prononce "Lock Tight" en anglais, ce qui prend tout son sens).
C'est au retour qu'on a croisé Tifoxis accompagné d'un autre VC et de deux VD.
Remise en état de la remorque, les filetages copieusement collés, les butoirs de suspension remplacés par des bouchons en liège qu'on a dû, Zazie et moi, nous procurer en les extrayant de bouteilles de vin. Réparations oblige...
Mardi matin, je suis reparti vers 9 heures, après avoir tracé mon retour sur VisuGPX, en concertation avec La Vipère qui connaît la région comme sa sacoche de vélo...
Effectivement, j'ai pris au retour des petites routes très sympa dans les noyers jusqu'à St Nazaire (que j'ai évité d'ailleurs). Vers Hostun, j'ai commencé à sentir l'effet du vent qui était, selon la Loi de Murphy, passé de secteur Sud, ce qui fait que je me le suis payé de face une fois de plus. Assez fort, mais pas froid, par rapport au Mistral du samedi. Petite moyenne entre Chabeuil et Crest, mais la remorque roule bien, sans bruit, et c'est assez agréable. Crest, Saoû, Bourdeaux, Bouvières où je fais le plein d'eau, car on approche de 18 heures et le point d'eau suivant est de l'autre côté du Col de la Sausse.
Passage du col un peu avant 18 heures, je décide de descendre et de m'arrêter à 18 heures pile.
Une prairie en pente au dessus des gorges de 30 Pas, avec un petit plat en haut, juste suffisamment pour la tente. Seconde nuit en camping sauvage, mais là, malgré les 160 km que j'ai dans dans les jambes, rien à voir avec la séquence de samedi soir... Petite toilette au gant, les pâtes mélangées à une boite de maquereaux ,à la moutarde (tout est succulent après une bonne journée de vélo), un petit coup de fromage accompagné d'un petit canon de rouge. Je me suis quand même abrité sous l'abside, car après 18h, 18h30 en cette saison, ça caille encore pas mal...
La gamelle de pâtes était énorme, je me suis demandé un moment si j'allais arriver à la finir...
A quatre heures du matin, je me suis réveillé... de faim !!! Incroyable !
Alors j'ai fini le camembert avec un bout de pain, re petit canon (avec le calendos, c'est inévitable), et dodo jusqu'au matin, cette fois-ci.
Le lendemain, je fainéante un peu, profitant de la chaleur du duvet, puis je repars. Le matin, quand ça commence par une descente, finalement ce n'est pas top quand il fait froid. J'ai gardé la grosse polaire, la veste en gore-tex (et bien sûr mon T-shirt Mérinos de l'AFV), ainsi que des grosses moufles aux mains.
A Condorcet, je prends une variante que m'a indiquée VisuGPX, et que je n'avais jamais prise auparavant.
J'en avais parlé à La Vipère, qui m'a dit "Pas de problème, je l'ai déjà prise!"
Je sais, pour le connaître de longue date, que la Vipère est fourbe, mais à ce point !
Effectivement, le début est chouette, mais après 4 ou 5 km, suffisamment loin pour ne pas avoir envie de faire demi-tour, la petite route devient chemin de terre avec des pentes conséquentes. Heureusement, le chemin était sec, sinon ce ne serait pas passé. Les ornières étaient évitables et la garde au sol du VTX était suffisante pour ne pas frotter...
J'ai retrouvé le goudron un km plus loin, et la route de Nyons à Gap . Ste Jalle, Col d'Ey et descente sur Buis.
Fin du voyage. Aucun souci mécanique au retour, ça aide pour la moyenne...
Bilan du voyage:
- Le coup du couvre-feu, c'est génial
- Le camping fin février/début mars, c'est moins génial, on ne profite pas vraiment de la soirée cool en regardant le coucher de soleil... A contrario, pas de problème de conservation du beurre et autres denrées périssables.
- Le VTX est super confortable, même sur une grande distance et plusieurs heures de pédalage
- La remorque, c'est sympa, surtout on gagne un temps incroyable au rangement. Sert également de lieu de stockage à l'abri de la pluie, de l'humidité et des bestioles durant la nuit. Un peu pénalisante en côte (7,1 kg contre les 3,2 kg de mes sacoches Ortlieb de mon Méta), mais géniale sur le plat, même par vent contraire, car elle est "planquée" derrière le trike et n'a que peu de prise au vent.