Béjaune, le petit Quest

Ah que...
Je suis le propriétaire de "La Torpille", qui est un Quest, cestui la même qui appartenait à Aurélien Bonneteau.
Ah qu'elle est belle la torpille, ses formes rondes et hydroaérodynamiques, son ronron, son conducteur constellé de moucherons aplatis, mais heureux, une sourire niais et la coiffure "inzeouind".
Tudieu, je suis vraiment heureux de la joie du bonheur d'être content. Avec du rose autour même.

L'utilisation : 3 ou 4 fois par semaine (semaines paires ou impaires; it dipindz), je fais l'aller retour maison, lycée, soit 49.8 km X 2 pour le moment à la vitesse moyenne, arrêts, côtes et feux rouges inclus de 32 km/h. Aucune douleur, juste une lassitude dans les cuisses le soir lorsque dans mon manoir, je rejoins la douce et tendre Emilie, dans le lit sit tout en haut de la plus haute tour. Au premier étage donc.

Maintenant, puisque vous insistez et que vous avez été sages, je vais vous narrer les aventures robancolesques de "La Torpille".
Premier Lundi d'utilisation.
Départ à 6 heures pour le boulot (8 h).
Je monte un peu plus haut que Pujols, descends un vallon, et suis un ruisseau affluent de la Dordogne. Je passe le pont de Pessac sur Dordogne et roule entre des champs labourés.
J'avise une voiturette posée sur le flanc, dans la bouillasse, roues tournant encore. Je quitte la torpille et m'enfonce en sandalettes plus chaussettes dans une boue argileuse profonde. Merdezobiputaincon.
Je vois de conducteur incapable de sortir (l'odeur de pastis, elle, elle parvenait à s'échapper). Je pousse fort et la voiturette retombe sur ses roulettes. L'ivrogne en sort, me remercie, titube, se vautre, fin maquillé du coup pour The Walking Dead, me cause, avise la torpille, s'appuie sur l'arrière et couillon que je suis, les freins n'étaient pas serrés. La Torpille tombe dans le fossé, boueux et riche en orties. Je sors le quest, plus difficilement. Lui aussi est près pour La Nuit Des Morts Vivants à Woodstock. Je m'installe dedans, écope la flotte, fout de la bouillasse partout. Je n'arrive pas à clipser mes pédales, je sors les sandales et les nettoie dans le fossé, en plus la boue empêche les scratch de scratcher.
J'essaye le klaxon, qui ne produit aucun son, il est confit de gadoue. Il me faudra 10 minutes de jet d'eau pour le ressusciter.
Merdezobiputainconculélacondesarace. Qui est une vieux cri de guerre permettant d'exulter.
Reprise du pédalage, arrivée au lycée, traversée du hall que je macule de gadoue en faisant sprritch floutche à chaque pas, je m'excuse auprès de la dame de service qui m'aime beaucoup (si si vous qui salit, si pas grave, pas coum li ilèves qui z'ont pas le rispect). Les élèves présents rigole un bon coup, le look sandalettes, chaussettes, croûtes de boue est effectivement risible.
Journée de travail, pétage de bide chez un collègue marocain à 10 km, retour, travail jusqu'à 18 h.
Retour... La chaine reste bloquée sur le grand pignon... je pédale, teste des solutions comme tirailler sur la gaine du câble, crier un bon coup (sait on jamais), et en forçant pour passer un pont, bam, la chaine pète... Oh con, me dis-je, tel Platon lorsqu'il confondit le verre d'eau avec celui de gnole. Comment que je vais rentrer. Y a encore 45 km. E.T. téléphone maison, personne, pareil chez Aurélien Bonneteau, personne.
Un collègue passe, qui a un véhicule tipetope : un Suzuki wagon, les minuscules trucs pas aérodynamiques et encore moins virils mais où on peut rentrer plein de choses (qui me plait donc). On monte le Quest sur le toit du Suzuki, livraison du quest au lycée, et le collègue se fade  100 bornes pour me ramener.
Oh, vous qui me lisez, priez ce soir pour le salut de Gilles Chaveroux, ce bienfaiteur de la gent cycliste en rade.
Réparation le mardi, et ajout d'une paire de maillons qui devaient manquer.
Reste de la semaine : super et de plus en plus vite.
Mais vient le lundi, jour môôôôdit, et le pont SNCF déjà cité et tueur de maillons.
Au même pont (km 45, si vous suivez), je tourne la poignée des pignons pour remonter la pente, rien ne se passe, je tombe et plateau et je déraille. Je déraille bien, nœud autours du dérailleur arrière, et pour ceux qui ont un Quest, le Quest, c'est bien quand ça roule. Pas pour y bricoler en bord de rocade. Pas pour y bricoler tout court, chez velomobiel.nl, ils emploient des gosses ou des nains et des poulpes. Les autres humains, il leur fout des coudes supplémentaires pour accéder à quoi que se soit.
Coup de fil à l'ami marocain suscité, sauvetage, café et il me mène au bahut en compagnie de son fiston, qui est aussi un élève.
Je récupère la torpille afin de faire changer par Aurélien  le câble dont le plomb s'est desserti et pour faire mettre des manivelles en 165.
Depuis, il fonctionne que c'est un pur plaisir.
J'évite le pont SNCF aussi, il doit y régner un karma bizarre.